Ne craignez jamais de m’importuner.
Nodier lui a consacré une notice où il ne craint pas de l’appeler « le grand satirique du dix-huitième siècle ».
Seulement priez Nostre Seigneur qu’il nous face la grace de ne point fleschir, mais que nous preferions son obeyssance à nostre vie, quand mestier sera6, et que nous craignions plus de l’offenser que d’esmouveoir toute la rasge des meschans contre nous, et en la fin qu’il luy plaise d’apaiser tous les tumultes qui pourroient rompre le cœur des infirmes : car c’est ce qui me poise7 plus que tout le reste.
Des amis qui nous font honorer nous sont toujours chers3, il semble qu’en les aimant nous entrons en part4 avec eux de la distinction qu’ils ont dans le monde ; nous cherchons à nous parer, pour ainsi dire, de leur réputation ; et, ne pouvant atteindre à leur mérite, nous nous honorons de leur société, pour faire penser du moins qu’il n’y a pas loin d’eux à nous5 L’emploi du temps 6 Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers.
Quand il n’y a plus d’enfants, on peut craindre qu’il n’y ait plus d’hommes.
Comment se faire craindre sans infliger de punition ? […] Ce fils que Rome craint ! […] Semblable au bienfaiteur discret Dont la main secourt l'indigence, Tu nous présentes le bienfait, Et tu crains la reconnaissance. […] Dans nos jardins que tes couleurs Pour nous charmer osent paraître : Tu vis au loin ; près de nos fleurs Tu crains de t'éclipser, peut-être ?
Il y a des translations de mots qui ne présentent leur nouvel objet que tel qu’il est en lui-même, par exemple, la clef d’une voûte, le pied d’une montagne ; au lieu que l’expression qui fait image peint avec les couleurs de son premier objet l’idée nouvelle à laquelle on l’attache, comme dans cette sentence d’Iphicrate : Une armée de cerfs conduite par un lion est plus à craindre qu’une armée de lions conduite par un cerf , et dans cette réponse d’Agésilas, à qui l’on demandait pourquoi Lacédémone n’avait point de murailles : Voilà , dit-il en montrant ses soldats, les murailles de Lacédémone. […] Du milieu de cette assemblée auguste, une voix publique, formée par l’amour et par la douleur, s’élève contre moi et me reproche des louanges trop au-dessous de mon sujet, tandis que je parais craindre d’en donner d’excessives. […] Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux ? […] La licence est une figure par laquelle on promet de ne point déguiser à des personnes que l’on doit respecter ou craindre, certaines vérités qui pourraient leur déplaire.
L’emphase est, ici, le défaut le plus à craindre ; on s’en préservera si l’on s’applique à n’exprimer que des pensées justes et solides. […] Que ceux-ci craignent de se donner des maîtres en voulant en imposer à leurs frères d’Amérique. […] A une époque de conquête, Racine, dans un discours de réception à l’Académie, ne craint pas d’égaler la gloire d’un grand écrivain à celle d’un grand capitaine. […] Pascal qui se souciait peu des petites choses et qui ne craignait pas de répéter les mots, a voulu subordonner la forme au fond, convaincu qu’il était, qu’agir ainsi, c’était servir la forme elle-même. […] Sans parler des Indous que nous connaissons mal, la Bible nous offre plus d’une parabole et la Sagesse divine n’a pas craint d’user de l’apologue.
Je crains bien que ceux qui ont reproché aux Français de n’avoir pas un génie caractéristique ne les aient étudiés que superficiellement. […] L’allégorie donne beaucoup d’éclat au discours, mais il faut craindre qu’elle n’y répande de l’obscurité. […] ô qu’il est doux de plaindre Le sort d’un ennemi, lorsqu’il n’est plus à craindre ! […] Je crains au contraire que cette méthode ne l’affaiblisse. […] Nous nous défions des fleurs de l’élocution ; nous sommes sur nos gardes, nous craignons toujours d’être trompés par les fourberies de l’éloquence.
Vous n’avez jamais vu Paris comme il est : tout le monde pleure, ou craint de pleurer : l’esprit tourne à la pauvre madame de Nogent1 ; madame de Longueville fait fendre le cœur, à ce qu’on dit : je ne l’ai point vue, mais voici ce que je sais.
Quand tu voudras, nous irons quelque part Où nous ne craindrons point de chasseur campagnard.
Il fit pour la langue française ce que son maître Henri IV avait fait pour la France1 En lisant ses prédécesseurs, on comprend le soupir d’aise qui échappe à Boileau dans ce vers : Enfin, Malherbe vint… S’il eut peu de sensibilité, d’imagination et d’invention, s’il ne craignit pas d’être appelé le tyran des mots et des syllabes, il façonna l’instrument et le moule de la poésie.
Ne crains plus tant ces jours de courses vaincs Où notre destin fut pareil : Ces jours mêlés de plaisirs et de peines, Mêlés de pluie et de soleil.
Je comprends bien que ces rhéteurs étaient à craindre dans les républiques de la Grèce, où ils pouvaient séduire le peuple et s’emparer de la tyrannie. […] Ne craignez pas de vous engager trop ; les harangues de ces grands hommes ne sont pas divisées comme les sermons d’à présent. […] Nous avons même dans le Bréviaire romain un discours de lui sur la tête de saint Jean, qu’Hérode respecte et craint encore après sa mort : prenez-y garde, vous en trouverez la fin sublime. […] Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, et aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] Je vous en montrerais vingt exemples, si je ne craignais d’être long.
De secrètes inquiétudes, des attentions incommodes, des agitations continuelles, des mouvements souvent inutiles troublent toute la vie de l’un ; l’autre voit couler ses jours dans une heureuse paix, et ne craint que ce qui pourrait donner atteinte à sa vertu. […] On n’y voit que les malheureux que les tempêtes y ont jetés, et on n’y peut espérer de société que par les naufrages ; encore même, ceux qui venaient en ce lieu n’osaient me prendre pour me ramener ; ils craignaient la colère des dieux et celle des Grecs. […] Leur élévation en est la cause ; et il les épargne si peu qu’il ne craint pas de les sacrifier à l’instruction du reste des hommes.
que j’ai craint de voir à cette mer, un jour, Typhis donner ton nom et plaindre mon amour !
Ne crains pas d’être franc et sincère.
Votre politesse ne doit point craindre, monsieur, de renouveler ma douleur… Je suis persuadé que vos larmes ont coulé — … Vous avez perdu une amie incomparable — -…Et moi ! […] — Comment se faire craindre ? […] Quel est l’excès de l’art de se faire craindre ? […] Qu’un homme comme cela mériterait bien ce qu’il craint, et que j’aurais de joie de le voler ! […] Mais ce jour-là même ses troupes furent repoussées, et il craignit le désespoir des assiégés.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d’un corps tout de glace inutile ornement, Fer jadis tant à craindre et qui, dans cette offense, M’as servi de parade, et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains ; Passe, pour me venger, en de meilleurs mains. […] Je sais de quel repos cette peine est suivie, Et ne crains point la mort qui conduit à la vie.
Elle vit paraître ce que Jésus-Christ n’a pas craint de nous donner comme l’image de sa tendresse, une poule devenue mère , empressée autour de ses petits qu’elle conduisait ; un d’eux s’étant écarté, notre malade le voit englouti par un chien avide , elle accourt, etc. […] et vous ne craignez pas Que du fond de l’abîme entr’ouvert sous ses pas Il ne sorte à l’instant des feux qui vous embrasent, Ou qu’en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ?
Cependant on a vu des critiques, qui faisant un parallèle entre les deux maîtres de notre scène, n’ont pas craint de ne citer que les endroits médiocrement beaux de Corneille ; de citer les plus beaux qu’ils avaient pu trouver dans Racine, et de se prévaloir de ces exemples, pour donner la préférence à ce dernier.
Je ne crains pas de dire que c’est la seule philosophique et, par conséquent, la seule vraie que l’antiquité nous ait transmise. […] On aime encore : Ceux qui font l’éloge de nos bonnes qualités et, principalement, de celles que nous craignons de ne pas avoir. […] Par suite, ceux qui se rendent complices d’une action dangereuse donnent à craindre qu’ils ne trahissent, ou fassent défection. […] Ceux qui redoutent des gens plus puissants que nous sont à craindre, pour la même raison. […] En effet, ils sont à craindre dès maintenant, ou le seront quand leur puissance sera devenue plus grande.
Ne louons en lui que les dons de Dieu, et déplorons les fragilités de l’homme ; n’excusons pas ce qu’il a condamné, et dans le temps que l’église offre ici la victime de propitiation, et que ses chants lugubres demandent au Seigneur qu’il le purifie des infirmités attachées à la nature, ne craignons pas de parler comme elle prie, et d’avouer qu’il en a été capable.
Etudiez ce langage si éminemment français, sachez vous l’approprier, et quand vous en serez bien pénétré, laissez-vous aller à votre spontanéité, et, quoi qu’en dise Buffon, ne craignez pas le premier mouvement ; vous serez alors original, sans y tâcher, et précisément parce que vous serez naturel et vrai.
« Ne crains point, disent-ils, malheureux étranger (Si plutôt, sous un corps terrestre et passager, Tu n’es point quelque Dieu protecteur de la Grèce, Tant une grâce auguste ennoblit ta vieillesse !)
Car voici la chaleur, et voici le printemps4. » Le colibri Souvent dans les forêts de la Louisiane5, Bercé sous les bambous et la longue liane, Ayant rompu l’œuf d’or par le soleil mûri, Sort de son lit de fleurs l’éclatant colibri ; Une verte émeraude a couronné sa tête, Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête, La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur, Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur… Il promène en des lieux voisins de la lumière Ses plumes de corail qui craignent la poussière1 ; Sous son abri sauvage étonnant le ramier, Le hardi voyageur visite le palmier.
Je voudrais bien que cette lettre fût assez ridicule pour vous faire rire vous-même ; mais je crains qu’elle n’ait que ce qui est nécessaire pour vous ennuyer un quart d’heure, car il faut bien cela pour la lire.
Un tel sort n’est sans doute pas à craindre pour le pays qui conserve l’amour des nobles études ; qui, après s’être mis à la tête de la civilisation intellectuelle de l’Europe, sait toujours s’y maintenir ; qui a vu depuis cinquante années les grands talents au service des grandes affaires, et qui promet à l’esprit la gloire comme autrefois, et de plus qu’autrefois le gouvernement de l’État.
Stoïcien, ce n’est point pour plaire à la divinité que vous êtes vertueux, c’est par respect pour vous-même ; vous ne craignez, vous n’espérez rien du ciel, et l’âme de Thraséas traite de pair avec les dieux.
Les plus justes et les plus sensibles reçoivent la première impression ; ils la communiquent aux plus faibles, et l’étendent en la redoublant de proche en proche ; la conscience agit dans tous, dans les uns, le courage dit tout haut : oui, dans les autres, la honte craint de dire : non ; et s’il reste un petit nombre de rebelles opiniâtres, ils sont renversés, attérés, étouffés par cette irrésistible impulsion, par ce rapide contre-coup qu’ébranle toute la masse d’une assemblée, et comme la première lame des mers du nouveau-monde pousse le dernier flot qui vient frapper les plages du nôtre, de même la vérité partant de l’extrémité d’un vaste espace, accrue et fortifiée dans sa route, vient frapper à l’extrémité opposée son plus violent adversaire, qui, lorsqu’elle arrive avec toute cette force, n’en a plus assez pour lui résister. […] Qui cherche vraiment Dieu dans lui seul se repose, Et qui craint vraiment Dieu ne craint rien autre chose.
Quelle femme n’oserait faire mourir un citoyen pernicieux, un scélérat, si elle n’avait rien à craindre ? […] Bien que je craigne, ô juges, qu’il ne soit honteux pour moi de manifester de la crainte, en commençant à défendre la cause du citoyen le plus courageux. […] Nous craignons non seulement les reproches publics, mais même les pensées les plus secrètes.
Le style, quelque matière que l’on traite d’ailleurs, lettres, récits, dialogues, descriptions, dissertations, résumés, drames, mœurs, passions, polémique, est de son ressort ; elle ne doit pas craindre même d’aborder la poésie, du moins en ne la considérant que sous les faces qui lui sont communes avec la prose, et sans empiéter sur le domaine de la poétique proprement dite.
La reine, qui ne craignait rien parce qu’elle connaissait peu, s’emporta, et elle lui répondit avec un ton de fureur plutôt que de colère : « Je sais bien qu’il y a du bruit dans la ville ; mais vous m’en répondrez, messieurs du parlement, vous, vos femmes et vos enfants. » En prononçant cette dernière syllabe, elle rentra dans sa petite chambre grise et elle en ferma la porte avec force.
Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de le dire à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de M. votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse.
Justes, ne craignez point le vain pouvoir des hommes, Quelqu’élevés qu’ils soient, ils sont ce que nous sommes : Si vous êtes mortels, ils le sont comme vous1.
Chose admirable, je trouvais de mes portraits partout ; je me voyais multiplier dans toutes les boutiques, sur toutes les cheminées, tant on craignait de ne m’avoir pas assez vu.
« Il faut craindre de se tromper en poésie, quand on ne pense pas comme les poëtes ; et en religion, quand on ne pense pas comme les saints. » Joubert.
L’illustre auteur des Martyrs ne craint pas d’affirmer que le Dieu des chrétiens est poétiquement supérieur au Jupiter antique. […] C’est ici principalement que la poésie doit être comme la peinture ; c’est ici qu’elle doit déployer tous ses trésors, sans craindre d’être accusée d’une magnificence déplacée.
Elle précédera, si celui qui parle le second, s’aperçoit que l’adversaire a produit beaucoup d’effet et qu’il ait lieu de craindre qu’on l’écoute avec moins de faveur, si la prévention n’est par avance dissipée. […] Arbitre de leur sort, sans craindre de reproche, Je les tourne, retourne et règle entr’eux les rangs. […] La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde Et l’Africain, tremblant, craint la chute du monde. […] Tel est encore le mot fameux de César, au pilote que la tempête effrayait : « Que crains-tu ? […] Et vous ne craignez pas Que du fond de l’abîme, entr’ouvert sous ses pas, Il ne sorte, à l’instant, des feux qui vous embrasent, Ou qu’en tombant sur lui ces murs ne vous écrasent ?
Ainsi, quand tu fonds sur mon âme, Enthousiasme, aigle vainqueur, Au bruit de tes ailes de flamme Je frémis d’une sainte horreur ; Je me débats sous ta puissance, Je fuis, je crains que ta présence N’anéantisse un cœur mortel ; Comme un feu que la foudre allume, Qui ne s’éteint plus, et consume Le bûcher, le temple et l’autel.
Je suis accoutumé aux peines, et crains peu les difficultés ; lorsqu’on veut acheter quelque chose, on dit : Mettez-y le prix.
Il savait croire fermement à sa propre pensée, et agir résolûment selon ce qu’il pensait, sans craindre la responsabilité.
La prudence oratoire est la vertu par laquelle un orateur inspire toute confiance à son auditoire, qui ne craint point de s’égarer en suivant les conseils qu’on lui donne. […] Mais il est certains cas exceptionnels de position où le style peut varier ainsi que la pensée : c’est lorsqu’on a des parents qui craignent Dieu, lorsqu’une famille a éprouvé des malheurs pendant l’année, etc. ; il ne faut pas négliger alors le sentiment religieux et les souvenirs d’un bon cœur. […] Qui cherche vraiment Dieu dans lui seul se repose, Et qui craint vraiment Dieu ne craint rien autre chose.
Il part avec trente mille hommes de pied seulement, et cinq mille chevaux ; entre dans l’Asie mineure (ou Natolie) ; défait au passage du Granique (fleuve de Bithynie) une armée de cent mille Perses ; gagne ensuite sur Darius, leur roi, la bataille d’Issus (petite ville de Cilicie) ; se rend maître, dans la Phénicie, de la fameuse ville de Tyr, après un siège de sept mois ; pénètre dans la Judée (contrée célèbre de la Syrie) ; marche vers la ville de Gaza dont il s’empare ; arrive à Memphis, capitale de l’Égypte ; se remet à la poursuite de Darius, qu’il défait en bataille rangée, près d’Arbelles dans l’Assyrie ; entre triomphant dans Babylone, et puis dans Suze, capitale du royaume de Perse ; réduit en cendres Persépolis, ancienne demeure de ces rois ; traverse les déserts, franchit les fleuves et les montagnes ; pousse ses conquêtes jusqu’aux Indes ; ramène son armée par une autre route ; subjugue de nouveaux peuples ; revient à Babylone, craint, respecté, adoré comme un Dieu, et y meurt l’an 513 avant J. […] Ce héros paraissait craindre alors de compromettre sa réputation si solidement établie.
Ne craignez point que plus tard l’individualité de vos idées perde quelque chose à cette étude.
mettez-vous à la place du lecteur, et si vous pouvez craindre que celui-ci, encore mal éclairé sur votre dessein, ou trop vivement préoccupé de l’action, ne comprenne pas l’utilité de votre tableau, ou n’y accorde qu’une médiocre attention, quelque intéressant, quelque brillant qu’il vous paraisse, ajournez-le jusqu’à ce que, plus rassis, mieux disposé, le lecteur l’appelle lui-même aussi vivement que vous.
Qu’il respecte surtout l’amitié, la dignité ; qu’il craigne de faire des blessures mortelles ; que tous ses traits soient tournés contre l’ennemi ; et encore ne doit-il pas attaquer toutes sortes d’adversaires, ni toujours, ni par tous les moyens.
Après avoir lancé contre ce dernier la plus terrible philippique, pendant laquelle il avait toujours tenu en réserve le nom maudit de son ennemi, comme s’il eût craint de souiller ses lèvres en le prononçant, Louvet termine ainsi : « J’insiste surtout pour qu’à l’instant vous prononciez sur un homme de sang, dont les crimes sont prouvés.
… et par dessus tout cette scène 3 de l’acte II, où Corneille a donné tout le grandiose de la tragédie à un caractère comique que la comédie elle-même semble avoir craint de toucher après lui, le railleur.
Craignez d’un vain plaisir les trompeuses amorces.
Elle avait bien raison de craindre ; la fourmi est mécontente de cet emploi futile du temps.
Je crains bien d’avoir fait fausse route en choisissant la profession d’avocat, et il ne tient à rien que je ne jette ma toge aux orties et ma toque par-dessus les moulins.
Il craint du doux zéphyr les trembles agités ; Le moindre oiseau l’étonne ; il a peur de son ombre, Il a peur de lui-même et de la forêt sombre.
Ne craignons point ici de multiplier les exemples. […] Albea, où j’ai commencé de respirer le jour, Albe, mon cher pays et mon premier amour, Lorsqu’entre nous et toi je vois la guerre ouverte, Je crains notre victoire autant que notre perte.
Sa piété eût craint d’introduire la critique littéraire dans les livres saints. […] Jésus nous en a montré l’exemple : les Juifs mêmes le reconnaissaient pour un si bon citoyen, qu’ils ne crurent pouvoir donner auprès de lui une meilleure recommandation à ce centenier, qu’en disant à notre Sauveur : Il aime notre nation… Fidèle au prince comme à son pays, il n’a pas craint d’irriter les Pharisiens en défendant les droits de César, etc. » (Oraison funèbre de M. […] Vous-même, de vos soins craignez la récompense, Et que dans votre sein ce serpent élevé Ne vous punisse un jour de l’avoir conservé. […] S’il fuit, que craignez-vous ? […] « Que ne doit-on pas craindre de ses vices, — si les bonnes qualités sont si dangereuses ?
Mais, rassuré sur le compte de vos amis, peut-être vous objectera-t-on ce qu’il faut craindre de vos ennemis.
Nous avons dans l’esprit beaucoup plus de ressources que nous ne pensons : il faut avoir en soi-même quelque confiance, se mettre à l’œuvre sans trop craindre de mal faire, et se persuader que si l’on ne réussit pas tout d’abord, c’est faute d’exercice et de pratique : tout viendra avec le temps, le travail et la persévérance.
Vous n’avez jamais vu Paris comme il est ; tout le monde pleure, ou craint de pleurer !
Il dit ailleurs : « Ce qui multiplie les libelles est la faiblesse de les craindre ; ce qui fait vivre les sottises est la sottise de les défendre » 1.
Ne craignez pas, Monsieur, que je veuille vous louer longuement de cette destinée1 ; mais permettez-moi d’en chercher la cause dans une question plus générale que vous vous êtes proposée tout à l’heure, et que vous avez décidée avec plus d’esprit et de succès que de vérité.
Si que je crains que n’ayez rien du nôtre Quand il s’agit de mettre une œuvre au jour, Promettre est un, et tenir est un autre.
Vous n’avez pas à craindre, je l’ai déjà prouvé, de nuire ainsi à la spontanéité de vos idées ; mais vous restât-il quelque scrupule à cet égard, il est un moyen facile d’éviter dans les applications particulières les inconvénients de l’érudition.
« Et il ne suffit pas de le dire, ajoute Quintilien, il faut savoir l’exagérer. » Je crains bien qu’ici l’un et l’autre n’exagèrent à leur tour.
Ne mettez pas la gravité dans les sujets qui ne la méritent pas, ne craignez pas de la mettre dans ceux qui la comportent.
« Pendant qu’avec un air assuré il s’avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque ; leur effroyable décharge met les nôtres en furie.
Ainsi, lorsque des monts séparés par Alcide Les aquilons fougueux fondent d’un vol rapide, Soudain les flots émus de deux profondes mers D’un choc impétueux s’élancent dans les airs : La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde, Et l’Africain tremblant craint la chute du monde2.
Cependant, on a vu des critiques qui, faisant un parallèle entre les deux maîtres de notre scène tragique, n’ont pas craint de ne citer que des passages médiocres de Corneille, d’y opposer les plus beaux qu’ils avaient pu trouver dans Racine, et de se prévaloir de ces exemples pour donner une préférence exclusive à ce dernier : c’est là évidemment manquer, en fait de critique, à toutes les règles de l’équité.