Florian, qui a laissé très peu de vers, qui est presque sans nom en poésie, nous a donné, dans son églogue de Ruth, le modèle le plus accompli de ce genre d’écrire, le tableau le plus touchant de l’innocence des mœurs patriarchales, et l’imitation enfin la plus heureuse de la candeur, de la simplicité sentimentale du style sacré, admirable partout, mais au-dessus de nos éloges quand il peint les douces affections de l’âme. […] » Quelle sérénité se peint sur ton visage !
Le fameux Largillière avait peint cette dame célèbre, assise dans un char roulant sur des nuages. […] Je pourrai citer aussi ces quatre vers du chevalier de Cailly, sur le portrait de Louis XIV qu’on avait peint sans couronne : Que cette majesté me plaît !
C’est peint d’après nature. […] Goldsmith a peint aussi avec une grâce touchante, dans le vicaire de Wakefield, l’idéal des pasteurs modestes et bienfaisants.
Je lui veux peindre non-seulement l’univers visible, mais l’immensité qu’on peut concevoir de la nature dans l’enceinte de ce raccourci d’atome6. […] L’éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui, après avoir peint, ajoutent encore, font un tableau au lieu d’un portrait2.
Voici comme il distingue cette vertu de la timidité, voilà comme ensuite il la peint d’après son cœur. […] Mais le principal agrément de la physionomie est dû à cette expression mystérieuse dans laquelle viennent se peindre les qualités de l’âme, comme le bon sens, la gaîté, l’esprit, la candeur, la bienveillance, la sensibilité, et les autres affections les plus douces. […] Il est certain et reconnu que ce qui caractérise surtout la beauté de la physionomie de l’homme, est ce qu’on appelle l’expression, cette image où se peignent les dispositions de l’esprit et du cœur. […] Par le secours de ces heureuses inventions, le monde physique ou moral n’a rien qu’on ne puisse peindre à l’esprit avec les couleurs les plus vives et les plus frappantes. […] Ainsi, pour exprimer qu’un individu avait assassiné son semblable, on peignait un homme étendu sur la terre, et auprès de lui un autre homme qui tenait à la main une arme sanglante.
N’ayez point d’esprit, peignez avec la vérité, et votre ouvrage sera charmant. […] On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine4, dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. […] Je vous peindrais l’ingratitude, l’imposture et la rapine, me poursuivant depuis quarante ans jusqu’au pied des Alpes et jusqu’au bord de mon tombeau.
Ce sont là comme les couleurs dont la poésie, qui est une peinture parlante, se sert pour peindre plus vivement les images des choses dont elle parle. […] On peut s’en servir dans les contes, les fables et autres petites pièces, où il s’agit de peindre des choses agréables avec rapidité. […] En voici un très beau, composé pour être mis au bas d’un portrait de La Fontaine : Dans la fable et le conte, il n’eut point de rivaux, Il peignit la nature et garda ses pinceaux.
dit le soleil, tu vois, oiseau superbe, « Si pour moi la montagne est plus haute que l’herbe, « Rien n’est grand ni petit devant mes yeux géants : « La goutte d’eau me peint comme les océans ; « De tout ce qui me voit je suis l’astre et la vie ; « Comme le cèdre altier l’herbe me glorifie ; « J’y chauffe la fourmi, des nuits j’y bois les pleurs. […] Bossuet se peint lui-même en faisant ici le portrait du grand Apôtre.
Le poëte a peint plus volontiers les paysages voluptueux, Naples, Ischia, Baia ; Chateaubriand aime la tristesse de l’horizon sabin. […] M. de Chateaubriand peint les objets comme il les voit, et il les voit comme il les aime.
Crispin rival de son maître, et le Diable boiteux (1707) furent les premiers essais où se revéla sa gaieté spirituelle, son génie inventif, sa connaissance du cœur humain, et sa verve ingénieuse, qui peindra les préjugés ou les ridicules moins pour les corriger que pour s’en égayer.
Dans la seconde classe, on rapprochera ses tragédies historiques, Britannicus (1669), énergique tableau qui nous peint Rome impériale, au moment où Néron devient un monstre ; Bérénice (1670), suave élégie qui fit couler des larmes ; Bajazet (1672), nouveauté hardie qui transporte sur la scène un épisode d’histoire contemporaine ; Mithridate (1673) où Corneille est égalé par son rival.
Aucun n’a parlé aux passions un langage plus propre à les captiver et à les soumettre ; aucun n’a mieux connu le cœur humain et ne l’a peint avec plus d’éloquence.
Miroir, peintre et portrait, qui donnes et reçois, Et portes en tous lieux avec toi mon image, Qui peux tout exprimer, excepté le langage, Et pour être animé n’as besoin que de voix : Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois, Toutes mes passions peintes sur mon visage.
Voilà certes des traits d’éloquence remarquables qui peignent fortement les mouvements de l’âme, et qui en sont comme les éclairs rapides et brûlants ; mais ces lueurs éloquentes qui ont suffi quelquefois pour entraîner tout un peuple, comme le fit Scipion, et pour faire tomber à genoux des assassins, comme le fit Coligny, selon le poète, n’auraient pas suffi à nos grands orateurs, à nos illustres auteurs dramatiques pour émouvoir une assemblée, ou pour tenir, pendant plusieurs heures de suite, tout un auditoire sous le charme.
Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet.
Tout cela rassemblé dans un point de vue lui trace l’idée la plus agréable, et peint à son imagination l’objet le plus conforme aux vœux de son cœur ; mais dans le fond, ce n’est qu’une idée, et voici ce qu’il y a de plus réel ; c’est que, pour atteindre jusque-là, il y a une route à tenir, pleine d’épines et de difficultés : mais de quelles épines et de quelles difficultés !
Il s’en faut bien que ce début vaille celui de Tite-Live ; et cet arrangement symétrique est bien loin du défaut sublime de construction qui peint si heureusement le trouble de l’âme, et le désordre des idées dans un pareil moment : « Per ego te, fili, quæcumque jura liberos jungunt parentibus, precor, quæsoque, ne ante oculos patris facere et pati omnia infanda velis » ! […] C’est Caton l’ancien qui le cite, dans ce petit traité si précieux, si philosophique, où la vieillesse est peinte de couleurs si aimables et si intéressantes !
Il y a une faiseuse de bouquets, je ne l’ose nommer Eloquence, qui est toute peinte et toute dorée, qui semble toujours sortir d’une boîte, qui n’a soin que de s’ajuster et ne songe qu’à faire la belle ; qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert2, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir.
Content de ce succès, notre singe saisit Un verre peint qu’il met dans la lanterne ; Il sait comment on le gouverne, Et crie en le poussant :« Est-il rien de pareil4 !
Le président Hénault peint ainsi le cardinal de Retz : « On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de véritable objet.
Qui peindra des grands bois le studieux silence, La liberté des champs et leur indépendance, Et les prés pleins de fleurs, et le petit chemin Qu’on suit, entre les blés, son Horace à la main ?
C’est senti, c’est peint d’après nature, et de loin, à grands coups de pinceau.
« C'est une chose merveilleuse, dit Rollin, comment des mots qui sont à la disposition de tout le monde, et qui par eux-mêmes n’ont aucune beauté particulière, étant choisis avec goût, maniés avec art et appliqués avec discernement, acquièrent tout d’un coup une beauté, un éclat qui les rend méconnaissables. » Il n’y a rien de remarquable dans les mots suivants : « C'est à Cadmus que la Grèce est redevable de l’invention des caractères ; c’est de lui qu’elle a appris l’art de l’écriture. » Mais on est charmé, lorsqu’on entend la même chose exprimée de cette manière si noble et si gracieuse : « C'est de lui que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux, Et, par des traits divers de figures tracées, Donner de la couleur et du corps aux pensées. » En latin, le mot ædificare, employé dans le sens propre, est un terme fort simple. […] « Est-il possible, dit Rollin, de peindre d’une manière plus courte et plus vive les rudes épreuves que les gens de bien ont à essuyer dans la prospérité ? […] XI Dans le choix des verbes, il faut préférer ceux qui font image, surtout quand il s’agit de peindre l’action. […] De même, quand on veut peindre une situation, un évènement, on met le présent de l’infinitif au lieu du présent de l’indicatif, pour donner plus de rapidité au récit.
Il est curieux de rapprocher du caractère de Dorante la manière dont Bossuet a peint le menteur (voy. ses Sermons choisis, Didot, 1844, p. 469) : « Celui qui s’est engagé dans cette faiblesse honteuse, dit-il, ne trouve plus d’ornements qui soient dignes de ses discours que la hardiesse de ses inventions etc. » 1. […] On voit ici, dit Voltaire, « la même main qui peignit le vieil Horace et D.
Les efforts et les angoisses de Palissy à la recherche des émaux Sache238 qu’il y a vingt et cinq ans passés239 qu’il me fut montré une coupe de terre, tournée et émaillée d’une telle beauté240 que dès lors j’entrai en dispute avec ma propre pensée, en me remémorant plusieurs propos qu’aucuns241 m’avaient tenus en se moquant de moi lorsque je peignais les images242. […] C’est un pays à souhaiter et à peindre, que j’ai choisi pour vaquer à mes plus chères occupations et passer les plus douces heures de ma vie. […] Ces lettres, que leur auteur ne destinait pas à la publicité, n’en sont que plus précieuses à nos yeux : car, en y racontant tout ce qu’elle a vu, tout ce qu’elle a appris, tout ce qu’elle a entendu dire, Mme de Sévigné s’y peint surtout elle-même avec sa tendresse maternelle, toujours profonde, parfois déçue, avec ses vertus et ses faiblesses, ses hautes qualités et ses petits travers ; prenant place ainsi, sans l’avoir cherché, parmi les écrivains français les plus originaux, parmi ceux qu’on égale peut-être, mais qu’on n’imite et qu’on ne surpasse pas. […] Cela est peint. […] Des censeurs me reprochent que j’ai déjà parlé de ces désastres1113 : oui, j’ai peint et je veux repeindre ces tableaux nécessaires, dont il faut multiplier les copies....
Déjà de son temps, Mme de La Fayette l’avait peinte avec autant de finesse que de grâce.
L’auteur s’attache à y peindre et y développer un ou deux caractères par le simple exposé des sentiments, sans presque y mêler aucune action.
Comparez ce paysage de Maurice de Guérin : c’est peint de prés, sur place, d’après nature.
Le centième décembre a les plaines ternies1, Et le centième avril les a peintes de fleurs, Depuis que parmi nous leurs brutales manies2 Ne causent que des pleurs.
Ainsi, quand on dit ignis amoris, le feu de l’amour ; ignis iræ, le feu de la colère ; le mot ignis n’offre plus à l’esprit l’idée d’un feu matériel ; mais il peint sous une forme sensible l’ardeur d’une âme qui éprouve de vifs sentiments d’amour ou de colère.
Il ne démontre pas, il peint, il personnifie ses idées, il les fait agir et parler. […] Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai dit tant de fois dans le cours de ce travail, que pour persuader il faut peindre, c’est-à-dire représenter ses idées par des images sensibles. […] Les principes du dessin peuvent s’apprendre dans les ateliers des maîtres, mais non le coloris ; avant de conseiller à un orateur de peindre, il faut lui conseiller d’avoir de l’imagination22.
Les premiers poètes formèrent le génie de leur langue ; les Grecs et les Latins employèrent d’abord la poésie à peindre les objets sensibles de toute la nature.
La fauvette à tête noire est de toutes les fauvettes celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu : il tient un peu de celui du rossignol, et l’on en jouit plus longtemps ; car, plusieurs semaines après que ce chantre du printemps s’est tu, l’on entend les bois résonner partout du chant de ces fauvettes ; leur voix est facile, pure et légère, et leur chant s’exprime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées : ce chant semble tenir de la fraîcheur des lieux où il se fait entendre ; il en peint la tranquillité, il en exprime même le bonheur : car les cœurs sensibles n’entendent pas sans une douce émotion les accents inspirés par la nature aux êtres qu’elle rend heureux.
Crispin rival de son maître et le Diable boiteux (1707) furent les premiers essais où se révéla sa gaieté spirituelle, son génie inventif, sa connaissance du cœur humain, sa verve pétulante, qui peindra les préjugés et les ridicules moins pour les corriger que pour s’en égayer.
Hugo peint un bon écrivain : Ses idées sont faites de cette substance particulière qui se prête, souple et molle, à toutes les ciselures de l’expression, qui s’insinue, bouillante et liquide, dans tous les recoins du moule où l’écrivain la verse, et se fige ensuite, lave d’abord, granit après. […] On peut en dire autant de Saint-Amand lorsqu’il peint un petit enfant qui, au passage de la mer Rouge, va, saute, revient : Et joyeux à sa mère offre un caillou qu’il tient.
Permis à vous, monsieur, qui êtes accoutumé au langage naturel et noble de l’antiquité, de trouver ces expressions trop fleuries ou même trop fardées ; mais je n’en sais pas d’assez tristes pour vous peindre l’état de délabrement, de misère et d’opprobre où est tombée cette pauvre Rome que vous avez vue si pompeuse, et de laquelle, à présent, on détruit jusqu’aux ruines.
Heureux celui qui trouve toujours son modèle en lui-même, et qui, pour faire aimer la vertu, n’a qu’à peindre son propre cœur ! […] Qu’il soit vraiment probe, prudent, bienveillant et modeste : ces vertus prêteront du charme à ses discours et viendront d’elles-mêmes se peindre dans son langage. […] Voulez-vous acquérir le talent de peindre par la parole, étudiez Cicéron et Virgile, Bossuet, Racine, Massillon et tous les grands écrivains qui possédaient éminemment ce privilège. […] Voulez-vous, au contraire, soulever la haine contre un objet, efforcez-vous de le peindre sous des trait nuisibles et repoussants. […] Ardents et enflammés dans la colère, terribles dans la menace, sévères dans les reproches, tendres dans la pitié, baissés et obscurcis dans la honte, ils peignent admirablement toutes les émotions de l’âme.
Il a peint la vie telle qu’elle est ; les bons, chez lui, ont leurs faiblesses et personne ne se hausse jusqu’au sublime. […] Il y a donc plus d’une manière d’exciter le rire et de peindre les ridicules. […] Tout est dit, et tout est peint à merveille, parce que tout est bien choisi. […] Il n’a point de procédé, point de méthode, il peint comme d’instinct ; nulle part le don de la nature ne se révèle avec plus d’éclat. […] Les meilleurs écrivains épistolairesse sont peints tout entiers dans leurs lettres.
« Quand un discours naturel, dit-il, peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’on entend, qui y était sans qu’on le sût, et on se sent porté à aimer celui qui nous le fait sentir, car il ne nous fait pas montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable : outre que cette communauté d’intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l’aimer.
Comparez les passages suivants : En nous montrant les hommes tels qu’ils sont, De notre cœur elle éclaire le fond, Nous peint en eux nos propres injustices, Et nous fait voir la vertu dans leurs vices.
Elle demande beaucoup de vivacité et de force dans l’entendement, et une facilité peu commune à peindre promptement les impressions qui lui ont été transmises.
Il revient ensuite à la conduite de Philippe, qu’il peint de couleurs encore plus énergiques. […] Ils ont fait une longue énumération de tout ce que la guerre entraîne de calamités : ils nous ont peint les jeunes filles, les jeunes garçons indignement enlevés ; les enfants arrachés des bras de leurs pères ; les mères de famille en proie à la brutalité d’un vainqueur forcené ; les temples des dieux, les maisons des particuliers abandonnés au pillage et aux flammes : partout enfin le carnage, la mort et le désespoir.
C'était pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée ; Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ; Même elle avait encor cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage, Pour réparer des ans l’irréparable outrage : « Tremble, m’a-t-elle dit, fille digne de moi ; Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi. […] J’ai vu ce même enfant dont je suis menacée, Tel qu’un songe effrayant l’a peint à ma pensée.
Pour faire connaître le chameau, Buffon décrira l’Arabie ; il peindra le printemps pour y placer la fauvette.
Dans son Histoire de l’Académie des sciences, qui renferme les Eloges des académiciens et passe pour le modèle du genre, Fontenelle s’est dégagé des défauts dont ne sont pas exempts ses autres ouvrages, l’affectation et la subtilité : car il y a eu, comme on l’a fort bien dit, deux hommes en lui, l’un qui, faute de ce goût élevé que le cœur inspire, s’est attiré les justes railleries de Racine, de Boileau et de La Bruyère ; l’autre, et c’est celui qui doit nous occuper, disciple de Descartes, mais sans abdiquer son indépendance, que Vauvenargues a honoré de ses éloges, dont l’esprit s’est montré vaste, lumineux, universel, et qui a peint avec vérité les physionomies de ses savants confrères, en présentant avec intérêt une analyse fidèle de leurs écrits.
Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir : je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie, qu’il appelle sa bibliothèque. » 2.
La vraie et la fausse éloquence Il y a une faiseuse de bouquets et une tourneuse de périodes, je ne l’ose nommer éloquence, qui est toute peinte et toute dorée1 ; qui semble toujours sortir d’une boîte2 ; qui n’a soin que de s’ajuster, et ne songe qu’à faire la belle : qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité, et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir.
Fléchier peint par lui-même 2 Vous voulez que je vous trace le portrait d’un de vos amis et des miens, d’un original que vous connaissez aussi bien que moi.
Pardon de vous peindre un éclat1 si maladif de l’âme, quand vous êtes vous-même dans une situation où tout votre courage vous est nécessaire ; mais il faut, avant tout, que vous sachiez ce qui se passe en moi.
Peindre et rêver, telle fut sa vocation ; mais il ne put la satisfaire en sécurité.
L’homme éperdu frissonne, est bien faible auprès de mortalia corda humilis stravit pavor, qui joint à la force et à la beauté de l’expression, le mérite de peindre par le mouvement et par la coupe du vers ; et cette belle chute dejicit !
Il avait cependant été attaché à la cour ; mais chargé d’enseigner l’histoire au petit-fils du grand Condé, qui tira trop peu de fruit des leçons d’un tel maître, il ne profita de sa situation auprès du prince, qu’il ne quitta plus, que comme d’un poste favorable d’observation, pour étudier et peindre les sentiments et les passions des hommes, surtout leurs prétentions et leurs travers.
Comme La Fontaine excelle a peindre par les sons !
On a prétendu qu’il avait connu par lui-même cette passion qu’il a peinte en traits si frappants et si propres à nous en défendre.
Tout s’y peint tour à tour.
Monseigneur13 n’était plus : on le savait, on le disait ; nulle contrainte ne retenait plus à son égard ; et ces premiers moments étaient ceux des premiers mouvements, peints au naturel et pour lors affranchis de toute politique, quoique avec sagesse, par le trouble, l’agitation, la surprise, la foule, le spectacle confus de cette nuit si rassemblée. […] À tes ondes immaculées Comme les neiges des sommets : Dans la source et l’âme troublées Les cieux ne se peignent jamais. […] Peignez de leurs couleurs la vieillesse et l’enfance.
Oui, mais on le lui a refusé : on lui a permis seulement de se faire peindre à la tête de l’armée, exhortant ses troupes.
Peins-toi, dans ces horreurs, Andromaque éperdue ..
Le poëte avait à peindre le monde tel qu’il est ; or, dans le monde, l’astuce, l’égoïsme, l’impudence triomphent presque toujours de la bonne foi obstinée et maladroite.
Montesquieu, embrassant dans ses méditations toutes les sociétés et toutes les législations, condamné pour tout peindre à tout abréger, trouvera dans la nécessité d’une concision extraordinaire la source de beautés inattendues.
Cette transition mène naturellement la description de la guerre des pirates ; et de quelles couleurs l’orateur se sert pour la peindre !
La tourbe des conteurs peint des monstres, ou des images vagues, confuses, dont il ne reste point de traces ; elle descend dans des détails puérils et minutieusement affectés54 ; elle tombe encore dans un autre vice, c’est de multiplier ses portraits à l’infini.
On appelle ainsi un tableau peint d’une seule couleur.
Il me semble qu’un prophète, d’un seul trait de son fier pinceau, vous a peints d’après nature, il y a vingt-cinq siècles, lorsqu’il a dit : « Chaque parole de ce peuple est une conjuration2 » ; l’étincelle électrique, parcourant, comme la foudre dont elle dérive, une masse d’hommes en communication, représente faiblement l’invasion instantanée, j’ai presque dit fulminante, d’un goût, d’un système, d’une passion parmi les Français qui ne peuvent vivre isolés.
Votre théâtre s’est rapproché de ces proverbes de salon, où la société se peint d’autant mieux qu’elle les fait elle-même, et qu’elle y met son langage.
C’est du trésor de leur cœur que sortent tant de généreux mouvements, tant de pures et brillantes images où sa peint leur amour du juste et du vrai.