Il a fait sentir pourquoi Homère et les prophètes ne sont jamais plus différents que lorsqu’ils semblent le plus se rapprocher par le fond ou les détails du sujet qu’ils traitent ; et nous ne saurions trop inviter les maîtres et les disciples à se pénétrer de l’esprit qui a dicté le Génie du Christianisme, le plus beau trophée que le génie de la sensibilité et l’enthousiasme du vrai beau aient élevé depuis longtemps à la morale et à la religion.
L’histoire n’est pas comme la peinture, qui ne donne que des surfaces et des physionomies ; elle va au fond des choses, elle montre l’homme sous tous les aspects, et, des événements qu’elle analyse, elle doit savoir tirer des conséquences qui présentent à l’esprit un enseignement solide et profitable.
On estime encore ses ouvrages, entre lesquels on remarque ses Mercuriales : néanmoins on regrette qu’une absence trop générale de simplicité, de naturel et de verve se mêle à ce que sa pensée a toujours au fond de sain et de substantiel1.
Mon carrosse même avait été lié avec des cordes, et presque élevé sur le pont ; mais quelques uns de ceux qui le tiraient ayant lâché les câbles, il tomba dans le fond de l’eau et se perdit.
Quelle que soit la forme qu’un écrivain donne au développement d’un sujet, le fond exige toujours le même ordre et la même méthode ; c’est une question de goût et de bon sens. […] Cette figure, qui est le fond même de la construction de la phrase chez les Grecs et les Latins, donne aux langues anciennes une grande souplesse pour l’expression. […] La voix est l’expression des idées et des sentiments (fond de tout discours) au moyen de sons articulés. […] Ce genre de pièces, sérieux par le fond, souvent familier par la forme, admet tous les sentiments et tous les tons compatibles avec le bon goût. […] Ils en ont même transformé le fond, puisqu’elles ont presque toujours un côté tragique.
Le moyen, en effet, pour un homme qui a été mêlé aux misérables intrigues et aux mesquines compétitions d’amour-propre de la Fronde, de croire encore, que l’amour-propre, l’intérêt, l’égoïsme ne sont pas au fond de toutes nos actions, et que les vertus ne vont pas se perdre dans l’intérêt « comme les fleuves dans la mer » ? […] Mais si elle doit refouler au fond de son cœur tous les dehors de son amour, elle n’en est que plus passionnée, plus dévouée ; elle est prête à tout sacrifier ; elle refuse le trône avec simplicité, mais avec des accents fermes et sublimes. […] Philinte représente aussi, dans un autre genre, la modération, mais il perd un peu de notre estime en raison de son scepticisme qui est, plus que la charité, le fond de son caractère. […] Dès lors, les intrigues enchevêtrées, les imbroglios, les fatras inextricables d’invraisemblables aventures, à la manière de Machiavel et de l’Arioste, deviennent le fond obligé de toute comédie. […] C’est donc en observant, finement et profondément, que Molière a renouvelé entièrement, et nous pouvons dire fondé la comédie en France, et il ne l’a pas transformée seulement pour le fond, mais encore pour la forme ; car après Corneille même la langue de la comédie était à trouver, et le style du Menteur, dans les meilleurs endroits, est presque tragique.
Il travaillait encore à diminuer ce chef-d’œuvre de précision, quand il apprit du fond de sa province qu’il y avait une place vacante dans l’Académie silencieuse. […] Le vautour s’en allait le lier, quand des nues Fond à son tour un aigle aux ailes étendues. […] nous creusons, nous doutons pour trouver, au fond de tout, le vide et le néant.
Ce ne sont pas seulement des hommes à combattre : ce sont des montagnes inaccessibles, ce sont des ravines et des précipices, d’un côté ; c’est, de l’autre, un bois impénétrable, dont le fond est un marais, et derrière, des ruisseaux, de prodigieux retranchements : ce sont partout des forts élevés et des forêts abattues qui traversent des chemins affreux ; et au-dedans, c’est Merci avec ses braves Bavarois, enflés de tant de succès et de la prise de Fribourg : Merci, qu’on ne vit jamais reculer dans les combats ; Merci, que le prince de Condé et le vigilant Turenne n’ont jamais surpris dans un mouvement irrégulier, et à qui ils ont rendu ce grand témoignage, que jamais il n’avait perdu un seul moment favorable, ni manqué de prévenir leurs desseins, comme s’il eût assisté à leurs conseils.
On n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu, mais avec cette volonté déterminée dont je vous parle quelquefois : alors on sent qu’il n’y a plus rien à chercher, qu’on est arrivé à ce qui seul est bon sur la terre ; on a des chagrins, mais on a aussi une solide consolation, et la paix au fond du cœur au milieu des plus grandes peines.
. — Le fond de la pièce est la tenue des États, dernier espoir du parti populaire, mais toujours promis et toujours inutilement par Mayenne.
Mais son ciel est triste et s’ennuie ; Mais point de vin, même point d’eau, Si ce n’est celle de la pluie Qui verdit au fond d’un tonneau.
Il est inconstant, et, outre les changements qui viennent des causes étrangères, il y en a une infinité qui naissent de lui et de son propre fond.
On ne peut donc que féliciter l’élève qui aura su comprendre et digérer un enseignement si complet et si solide, et nous ne doutons pas que les professeurs eux-mêmes ne soient heureux de profiter de l’expérience d’un collégue, qui met à leur disposition un aussi riche fond d’études personnelles.
Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Dans ce que j’ai dit ici, j’avais en vue le livre de l’Esprit des lois, ouvrage excellent pour le fond, et auquel on n’a pu faire d’autre reproche que celui des sections trop fréquentes.
Et bien certainement, cette idée de fiction est au fond du précepte des anciens.
Le conte en prose n’est au fond qu’une variété du roman ; pourtant il conserve toujours un ton plus léger, plus vif, une allure plus libre et plus capricieuse.
Nous étions une troupe assez bien assortie, Qui pour courir un cerf avions hier fait partie ; Et nous fûmes coucher sur le pays exprès, C’est-à-dire, mon cher, en fin fond de forêts.
Balzac 1596-1655 [Notice] Né à Angoulême, Jean-Louis Guez de Balzac, membre de l’Académie française, passa presque toute sa vie sur les bords de la Charente, au fond de son château, dans un isolement superbe, qui, loin de nuire à sa renommée, donnait à ses écrits l’autorité d’oracles impatiemment attendus.
. — Tu ne vois pas clairement le fond de la pensée d’Atride. — Il a voulu tenter aujourd’hui les fils des Grecs, demain il les châtiera peut-être. — Nous n’avons pas entendu tout ce qu’il a dit dans le conseil. — Ah ! […] Veut-il les exciter contre Sparte, il leur dit qu’il voit déjà du fond du Péloponèse la guerre qui se lève et qui se met en marche. […] La Guerre Sacrée lui donne un prétexte d’intervention qu’il saisit avidement : il fond sur la Thessalie, le voilà l’arbitre de la Grèce.
La terreur, la pitié, la haine, la colère, le mépris, la douleur, la joie, l’espérance, tout un monde d’harmonies, qui dorment au fond des cœurs mortels, s’éveillera au rhythme savant de vos paroles cadencées. […] Mais à la chaleur du développement, cette glace se fond bientôt : une réaction s’opère, qui exalte les facultés de l’orateur. […] Mais voilà qu’arrivé à la péroraison, l’avocat s’avise de tirer du fond de son sac oratoire ce splendide développement : « Regardez, juges, la misère de la condition humaine ; regardez l’inconstance et la mobilité des événements ; regardez la vieillesse de Fabricius ; regardez… » Comme il disait : « Regardez !
On dirait qu’aux yeux de leurs auteurs dépouiller un instant la robe doctorale et se faire quelque peu de leur temps pour la forme ou pour le fond soit une sorte de sacrilège.
Il ne fait que pomper leur miel, et c’est à cet usage que sa langue paraît uniquement destinée : elle est composée de deux fibres creuses, formant un petit canal, divisé au bout en deux filets ; elle a la forme d’une trompe, dont elle fait les fonctions : l’oiseau la darde hors de son bec, et la plonge jusqu’au fond du calice des fleurs pour en tirer les sucs.
Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fond pour remplir le vide du temps1 sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde.
Il est aisé de sentir qu’ici le génie n’a rien à créer pour le fond.
Il est bien entendu, d’ailleurs, que cette différence dans le moyen employé peut entraîner des différences dans la forme des ouvrages mêmes et dans l’expression ; mais la nature en est, au fond, la même, et il est inutile de chercher pour ce qu’on écrit d’autres règles que celles qui ont été données précédemment pour les diverses situations où se trouvent ceux qui ont à parler.
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même : Un songe, un rien, tout lui fait peur, Quand il s’agit de ce qu’il aime.
Ce poème a toute la forme extérieure de la grande épopée, tandis qu’il ne présente au fond qu’une aventure comique et de peu d’importance.
Comparez les passages suivants : En nous montrant les hommes tels qu’ils sont, De notre cœur elle éclaire le fond, Nous peint en eux nos propres injustices, Et nous fait voir la vertu dans leurs vices.
Nous ne pouvons un peu que parce que nous voulons beaucoup, et nous n’arrivons au bien que parce que nous avons l’idée du mieux : tant éclate partout, dans nos actions comme dans nos sentiments, ce contraste de grandeur et de misère, de faiblesse et de force, qui fait le fond du cœur et de l’esprit humain2 !
Il allait l’y porter ; mais la roche obstinée S’échappait, et soudain vers l’abîme entraînée, Dans le fond du vallon roulait en bondissant23.
La folie des sophistes, ce fut de toucher au fond, quand ils devaient se borner à la forme, et, si j’ose employer cette expression, de composer la recette, quand on ne leur demandait que la manière de s’en servir.
Après l’énumération des parties même du sujet, c’est sur celle des circonstances que roulent presque tout entiers les tableaux, les descriptions, les récits, que le fond en soit réel ou fictif, les portraits des hommes fameux en quelque genre que ce soit, etc.
Fond.
Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes.
Balzac 1596-1655 [Notice] Né à Angoulême, Jean-Louis Guez de Balzac, membre de l’Académie française, passa presque toute sa vie sur les bords de la Charente, au fond de son château, dans un isolement égoïste et superbe, qui, loin de nuire à sa renommée, donnait à ses écrits l’autorité d’oracles impatiemment attendus.
L’homme a un grand empire sur l’homme, et de tous les maux qu’il peut faire à ses semblables, le plus grand peut-être est de placer le fantôme du ridicule entre les mouvements généreux et les actions qu’ils peuvent inspirer. » « Il n’y a que les gens médiocres qui voudraient que le fond de tout fût du sable, afin que nul homme ne laissât sur la terre une trace plus durable que la leur. » « Le talent a besoin de confiance.
ou faut-il croire, avec ses ennemis, que la forme n’est barbare que parce que le fond est absurde ?
Il est trop vivement touché des intérêts de sa patrie pour s’amuser à tous les jeux d’esprit d’Isocrate ; c’est un raisonnement serré et pressant, ce sont les sentiments généreux d’une âme qui ne conçoit rien que de grand, c’est un discours qui croît et qui se fortifie à chaque parole par des raisons nouvelles, c’est un enchaînement de figures hardies et touchantes : vous ne sauriez le lire sans voir qu’il porte la république dans le fond de son cœur ; c’est la nature qui parle elle-même dans ses transports ; l’art est si achevé, qu’il n’y paraît point ; rien n’égala jamais sa rapidité et sa véhémence2.
Jusqu’au fond de leur sein lentement répandus, Dans leurs veines errants, à leurs pieds descendus, On les en voit enfin sortir à pas timides ; D’abord faibles ruisseaux, bientôt fleuves rapides.
Si j’étais riche Si j’étais riche, je n’irais pas me bâtir une ville en campagne, et mettre au fond d’une province les Tuileries devant mon appartement.
Couvert des armes de la dialectique, il sonne la charge, fond sur ses adversaires, les saisit, les frappe au visage et ne les lâche pas qu’il ne les ait forcés, le genou sur la gorge, à s’avouer vaincus ; s’ils tournent le talon, il les poursuit, il les bat par devant et par derrière, il les presse, il les pousse, et il les ramène invinciblement dans le cercle impérieux qu’il leur a tracé, comme ces marins qui, sur le pont d’un étroit navire, pris à l’abordage, placent un ennemi sans espérance entre leur glaive et l’Océan… « J’ai dit que ce qui a élevé Mirabeau, sans aucune comparaison, au-dessus des autres orateurs, c’est la profondeur et l’étendue de ses pensées, la solidité de sa dialectique, la véhémence de ses improvisations ; mais c’est surtout la fortune inouïe de ses reparties… Jamais Mirabeau ne reculait devant aucune objection ni devant aucun adversaire.
Elle porte en tous lieux son immortel flambeau, Plane au sommet des monts, plonge au fond des abîmes, Et souvent fonde un temple où manquait un tombeau.
Et quand on se verrait même assez à l’abri de toutes parts, l’ennui, de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir au fond du cœur, où il a des racines naturelles, et de remplir l’esprit de son venin60. […] Mon dessein est de convaincre votre raison, et de vous dire quelque chose encore de plus solide, qui désormais serve de fond à tous les sentiments de piété que ce mystère peut inspirer. […] Il n’appartient qu’à un Dieu de connaître distinctement et par soi-même le fond des cœurs et d’en révéler les plus intimes secrets, les intentions les plus cachées, jusqu’à savoir mieux ce qui est ou ce qui sera dans la pensée et dans la volonté de l’homme que l’homme même. […] Leur amour pour la maison d’Autriche s’est conservé pendant deux générations ; mais cet amour était au fond celui de leur liberté. […] Voit-on dans une rue ou sur un chemin quelque acte de violence et d’injustice : à l’instant un mouvement de colère et d’indignation s’élève au fond du cœur, et nous porte à prendre la défense de l’opprimé.
La métaphore diffère de la comparaison par la forme seulement ; car le fond est évidemment le même. […] In this was ev’ry art, and ev’ry charm, To win the wisest and the coldest to warm ; Fond love, the gentle vow, the gay desire, The kind deceit, the still-reviving fire.
On distingue ordinairement plusieurs parties dans une narration ; les unes sont essentielles, et constituent le fond du sujet : on les nomme Parties principales ; les autres, que nous regardons comme non moins importantes que les premières, leur sont subordonnées et en dépendent : elles sont appelées Parties accessoires ou Détails. […] « Le chevalier de Nantouillet était tombé de cheval ; il va au fond de l’eau, il revient, il retourne, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache.
1º Une loi défend de couronner aucun citoyen chargé d’une administration quelconque, avant qu’il ait rendu ses comptes, et Démosthène se trouve dans le cas de la loi ; Ctésiphon a donc évidemment violé la loi ; 2º Une autre loi ordonne que le décret de couronnement soit proclamé dans le sénat, et jamais ailleurs ; et le décret de Ctésiphon devait l’être au théâtre, seconde infraction ; 3º Enfin, et c’est ici le vrai but d’Eschine, et le fond de toute la cause : le décret porte que la couronne est décernée à Démosthène, pour prix des services qu’il a rendus à l’état, et Eschine s’engage à prouver qu’il n’a jamais fait que du mal à la république.
« Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles.
Ainsi, quand la Phèdre de Racine, poursuivie par les remords, fuit jusqu’au fond des enfers, et y trouve son père qui tient l’urne fatale et juge tous les pâles humains ; ainsi quand le Fabricius de Jean Jacques cherche vainement dans la Rome de marbre et d’or, esclave et énervée, ces toits de chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ; ainsi quand tout à l’heure Massillon nous montrait, en frissonnant lui-même, le tableau terrible du jugement dernier.
. — Pourquoi la forme de la phrase ne chercherait-elle pas à exprimer un contraste que comporte si bien le fond de l’idée ?
C’est à dessein que Delille a amené l’enjambement suivant : Soudain le mont liquide, élevé dans les airs, Retombe ; un noir limon bouillonne au fond des mers, L’enjambement est défendu dans le vers français à cause de la rime, qu’il tendrait à faire disparaître ; il choque l’oreille et le goût : tel est ce vers : Consultons un devin, un prêtre, un interprète Des songes ; car souvent… Depuis Malherbe, le vers sur le vers n’osa plus enjamber ; nos meilleurs poètes ont évité l’enjambement, surtout dans les genres élevés ; on est moins sévère pour les genres simples.
Il se fait alors des silences terribles, menaçants comme le calme qui précède les grands orages, Qu’un homme alors monte sur une borne, qu’il trouve le mot de la situation, le mot qui grondait sourdement au fond de tous les cœurs, et qui tout à l’heure éclatera comme un tonnerre sur la cité en feu, aussitôt voilà les passions déchaînées.
Quelquefois elle rapproche violemment deux expressions étonnées de se trouver ensemble, et les fond, pour ainsi dire, en une seule.
Si le fond du caractère des bergers doit être une aimable simplicité, il n’est nullement nécessaire qu’ils poussent cette qualité jusqu’à l’excès ; ils peuvent avoir du bon sens et de la réflexion, un esprit vif et prompt, mais toujours naturel, ennemi de l’affectation, de la recherche, des jeux de mots et des subtilités.
Il sort de ses yeux mourans je ne sais quoi de sombre et de farouche qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse, du fond de sa tristesse, des paroles entrecoupées de sanglots, qu’on n’entend qu’à demi, et qu’on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées ; il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou l’espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment : il entre dans des saisissements ou l’on ignore si c’est le corps qui se dissout, ou l’âme qui sent l’approche de son juge : il soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs, ou le désespoir de quitter la vie.
c’est un abîme de je ne sais pas quoi ; car il n’a aucune fantaisie, mais sa main est un creuset où l’argent se fond.
Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté.
Duclos représentait ainsi le caractère français : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère ; il allie les qualités héroïques avec le plaisir, le luxe et la mollesse ; ses vertus ont peu de consistance, ses vices n’ont point de racines.
Le fond des choses est seul resté dans leur mémoire : quant à l’expression, c’est à eux de la trouver. […] Il ne faut pas s’étonner que Vesins et ses compagnons soient allés de Paris au fond du Quercy sur les mêmes chevaux, dans un moment où cependant il leur importait d’aller avec beaucoup de célérité. […] Il nous reste de lui un fragment d’une lettre écrite du fond de sa prison aux fidèles d’Antioche. […] Naguère, l’empereur Frédéric Barberousse, vainqueur des Guelfes, avait détruit de fond en comble la ville de Milan, et avait fait semer du sel sur ses ruines. […] Cédant à la terreur, elle obéit ; mais, dans le fond de son cœur, elle jura de venger son père en immolant son époux.
Si des faits mêlés à ces préliminaires leur donnent de la valeur aux yeux de l’écrivain, les auditeurs à qui l’initiation manque, n’ont aucun motif pour s’intéresser à des choses vagues et générales dont l’explication leur est inconnue… « Débuter par préparer longuement et en multipliant les explications le dénoûment d’un drame que les lecteurs ne soupçonnent pas encore, c’est les rebuter, c’est fatiguer leur mémoire, c’est risquer enfin d’établir entre ces préambules et le fond du sujet une disproportion qui lui soit défavorable et le rende moins important.
Sûr de lui-même et du lendemain, Condé s’est endormi à Rocroi comme il eût fait à Chantilly, et Bossuet, pour le peindre, trouve des phrases aussi calmes, aussi reposées que le sommeil du héros ; la première qui s’éteint mollement avec l’adverbe final, l’autre qui se fond en quelque sorte dans les liquides dont elle abonde.
« Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts.
Il est aisé de sentir qu’ici le génie n’a rien à créer pour le fond.
Soubdain se descharge, et vous iecte Dodin en pleine eau la teste au fond.
c’est un abîme de je ne sais pas quoi ; car il n’a aucune fantaisie, mais sa main est un creuset où l’argent se fond.
Les préceptes de l’invention viennent eu aide à la mémoire pour retrouver le fond des idées ; Ceux de la disposition au jugement pour établir l’ordre dans les idées ; Ceux de l’élocution à l’imagination pour donner la forme aux idées.
Un chevalier de Nantouillet était tombé de cheval ; il va au fond de l’eau, il revient ; il y rentre, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord ; il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée ; reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. » Tout fait image dans ce récit ; et tout y est naturel.