Tels sont les vrais poëmes didactiques qui nous restent de l’antiquité. […] Il ne nous est rien resté de leurs ouvrages. […] Elles sont restées au théâtre ; et on les y voit reparoître avec plaisir, sur-tout la dernière. […] Celles de ses pièces qui sont restées au théâtre français, sont la Surprise de l’Amour, le Legs, et le Préjugé vaincu. […] Nous avons de Pont-de-Vesle une bonne comédie de caractère, le Complaisant, qui est restée au théâtre, ainsi que le Fat puni, et le Somnambule, petite pièce en un acte, qui est très-agréable.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Le boursouflé et le burlesque disparurent ; mais il resta, sous le nom de style soutenu, je ne sais quelle forme guindée, officielle, académique.
Une vive sympathie a généralement accueilli les productions de ces noble jeune homme dont il n’était presque resté qu’un touchant souvenir.
Les sages et les habiles des divers siècles ajoutent sans cesse à ce trésor commun où puise l’humanité, qui sans eux serait restée dans sa pauvreté primitive, c’est-à-dire dans son ignorance et sa faiblesse.
Le traducteur anglais du Tasse est resté ici un peu au-dessous de son modèle : The trumpet now, with hoarse resounding breath, Convenes the spirits in the shades of death : The hollow caverns tremble at the sound : The air re-echoes to the noise around.
Les choses cependant restèrent dans leur état ordinaire, et les éloges funèbres continuèrent de se renfermer dans l’enceinte des temples, où la religion les avait consacrés, et où Bossuet, Fléchier et d’autres orateurs venaient d’en faire une des parties les plus brillantes de notre littérature.
Nous sommes convaincu que la méditation fait jaillir des sources imprévues et qui seraient restées rebelles à toutes les baguettes divinatoires de la rhétorique.
Pendant longtemps le discours de réception resta purement élogieux ; on avait coutume d’y rendre hommage au roi et au cardinal de Richelieu, fondateur de l’Académie.
On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait plus qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité3, et qu’enfin les dernières paroles de Corneille ont été des remercîments pour Louis le Grand.
Cela me fit résoudre à quitter l’habit persan, et à en endosser un à l’européenne, pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d’admirable.
L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. »
Ceux qui restent cachés donnent à peine quelques signes de vie en commençant leur chant qu’ils n’achèvent pas.
En faisant à chacune sa part, nous apprendrons quels écueils doit éviter, ou quelles traditions doit suivre de préférence l’écrivain soucieux de rester fidèle aux instincts natifs de notre race, à la mesure, au goût, à la raison, en un mot à cette logique inconsciente ou réfléchie dont le travail assura victorieusement la précellence du langage français. […] Tel est le moterreur, auquel fut imposé parfois le genre latin, contrairement à la règle qui féminisait tous les masculins latins en or, et dont le souvenir est resté dans le féminin plurield’amour.
Au surplus, c’est toujours avec des armes très inégales que les modernes voudront lutter contre des morceaux d’une perfection aussi achevée ; et Delille est très excusable d’être resté ici au-dessous de Virgile, quand Dryden lui-même, Dryden qui écrivait dans une langue plus riche et plus poétique que la nôtre, est sec, lâche et froid dans ce même morceau8.
Villemain, n’avait été plus violemment dissoute et mêlée que la nôtre, comme il y eut à la fois des passions terribles et des changements profonds, l’empreinte a dû rester dans les expressions ainsi que dans les mœurs. » Joignez à cette cause si puissante tant d’autres qui depuis sont venues ajouter à son action : l’Empire, les mœurs anglo-constitutionnelles qui lui ont succédé, les rapports beaucoup plus fréquents avec les nations étrangères, auxquelles on n’a pu emprunter les choses sans emprunter les mots, l’étude plus approfondie de leur littérature, les progrès des technologies diverses, qui, après avoir envahi le langage commun, s’infiltrent dans la langue littéraire, les doctrines des saint-simoniens, des fouriéristes, des utilitaires, des égalitaires, de tous ceux enfin à qui il a fallu des expressions toutes neuves pour des conceptions inouïes, tout cela a dû nécessairement désorganiser la langue, et y introduire une foule de locutions que ne pouvaient même prévoir les siècles passés.
Il est des personnes qui resteront froides et indifférentes à la lecture du Cid, à la vue d’une belle nuit constellée, d’un tableau de Raphaël ou de la coupole de Saint-Pierre ; d’autres, au contraire, seront émues et transportées.
Une longue maladie semble être placée entre la vie et la mort, afin que la mort même devienne un soulagement et à ceux qui meurent et à ceux qui restent.
Les Troglodites périrent tous ; de tant de familles il n’en resta que deux qui échappèrent aux malheurs de la nation.
Il est de plus resté, mais en partie seulement, un commentaire de cet auteur par Chamfort.
quels titres avez-vous à la liberté, quels moyens vous resteront pour la maintenir, si dès vos premiers pas vous surpassez les turpitudes des gouvernements les plus corrompus, si le besoin de votre concours et de votre surveillance n’est pas le garant de votre constitution ?
Il disait : Si quelque pouvoir sur la terre pouvait, ou si le grand pouvoir au-dessus de la terre voulait élever le drapeau de l’infaillibilité en fait d’opinions politiques, il n’y a, parmi les habitants de ce globe, pas un être qui fût plus empressé que moi d’y recourir, aussi longtemps que je resterai le serviteur du public.
Cette dernière traduction est restée fort estimée, malgré la disposition au moins singulière que lui donna son auteur. […] Les transformations de la tragédie, ainsi que leurs auteurs, ne sont pas restées ignorées ; mais celles de la comédie le sont, parce qu’on n’y a pas prêté d’attention dans le principe. […] De là ce mot : Quelle gloire resterait à Priam220 ! […] Définition de ce qui tient à l’opinion : c’est ce que l’on ne serait pas disposé à faire si l’action devait rester ignorée. […] Si donc le cas est resté indéterminé et qu’il soit nécessaire d’établir une loi, il faut s’exprimer en termes généraux.
Voltaire reprochait à Voiture de courir après l’esprit, et de croire trop souvent l’avoir rencontré, tandis que, malgré ses efforts, il en restait toujours fort éloigné. […] Ceux qui s’en vont sont plus heureux que ceux qui restent ; ils n’ont plus rien à pleurer.
Ce tour d’esprit n’a rien perdu dans la suite, et est toujours resté le même en France : témoin ce couplet sur la déroute de Rosbach, si prompte et si imprévue ; c’est le général qui parle : Mardi, mercredi, jeudi, Sont trois jours de la semaine ; Je m’assemblai le mardi ; Mercredi, je fus en plaine : Je fus battu le jeudi. […] Mais ils doivent toujours rester dans les limites de la vraisemblance.
j’ai secouru l’état de tout mon pouvoir ; et si mon accusation a répondu aux crimes qu’elle attaque, j’ai rempli mon objet : si je suis resté au-dessous de ma cause, j’ai tâché du moins de la remplir.
« Ce jour, dit-il, Milon se rendit au sénat, il y resta jusqu’à la fin de la séance.
Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout Le reste eu déroule, et lançaient des feux de toutes ports.
L’ermite les avait roulés dans une pièce de lin d’Europe, filé par sa mère ; c’était le seul bien qui lui restât de sa patrie, et depuis longtemps il le destinait à son propre tombeau.
s’écrie-t-il, vous avez cru que votre crime resterait enseveli dans l’ombre et que Dieu seul serait témoin de ce qui s’est passé entre votre victime et vous.
Les légendes elles-mêmes et l’histoire de l’Église pourraient devenir une source inépuisable d’inspirations : Marie, la divine bergère, conduisant parmi les lis les blanches brebis de son Fils ; sainte Agnès, au nom si doux, qui fait entre ses bras un lit pour le céleste Agneau ; sainte Madeleine, visitée dans la Sainte-Baume par les anges, et chantant avec eux les louanges de Dieu sept fois le jour ; saint François d’Assise parlant aux oiseaux et les faisant taire lorsqu’il récitait son bréviaire ; sainte Germaine marchant sur les flots, quand le torrent voisin de Pibrac, grossi par l’orage, l’empêchait de se rendre à l’église, et commandant à ses brebis de rester paisible autour de sa houlette pendant son absence, — ou bien obtenant du ciel, pour apaiser sa marâtre, le changement en fleurs admirables, au milieu de l’hiver, de quelques morceaux de pain qu’elle destinait aux pauvres.
Les Pensées, quoique restées imparfaites, ont mis le comble à la gloire de Pascal comme écrivain. […] En cet état, chrétiens, où la foi même est perdue, c’est-à-dire où le fondement est renversé, que restait-il à notre princesse, que restait-il à une âme qui, par un juste jugement de Dieu, était déchue de toutes les grâces, et ne tenait à Jésus-Christ par aucun lien ? qu’y restait-il, chrétiens, si ce n’est ce que dit saint Augustin ? Il restait la souveraine misère et la souveraine miséricorde : Restabat magna miseria et magna misericordia. […] Il semblait qu’ils ne conquissent que pour donner : mais ils restaient si bien les maîtres, que, lorsqu’ils faisaient la guerre à quelque prince, ils l’accablaient, pour ainsi dire, du poids de tout l’univers.
Eudore s’évanouit ; on s’empresse autour de lui ; les soldats qui l’environnent se saisissent de la lettre ; le peuple la réclame un tribun en fait lecture à haute voix ; les évêques restent muets, consternés ; l’assemblée s’agite en tumulte. […] Ce dernier récit a été critiqué par Fénelon et par Marmontel qui l’ont trouvé trop pompeux et trop long pour la circonstance qui en est l’objet ; cependant il restera comme un chef-d’œuvre de narration fabuleuse. […] Si, dans la conversation, un mot imprudent nous échappe, il passe rapidement et s’oublie ; mais quand nous prenons la plume, nous devons nous souvenir que les traits qu’elle aura tracés resteront.
Janin, il y a peu de règles pratiques dont un homme de génie ne puisse s’accommoder ou s’affranchir ; et il est aussi absurde de rester obstinément dans les routes battues que d’en sortir à tout propos. […] Le monologue est le discours d’un personnage resté seul sur le théâtre où il se parle à lui-même. […] Ainsi, dans l’Avare, au moment où le père usurier rencontre en face son fils emprunteur, les deux personnages qui les introduisent prennent soudain la fuite, et les deux acteurs, restés en présence, font tableau par leur stupéfaction et leur mutuelle colère.
Partout Massillon persuade, parce que l’intérêt de ses auditeurs est le seul qui l’occupe ; parce qu’il semble n’être monté en chaire que pour les prévenir du danger qui les menace ; et ce danger, il en est lui-même si pénétré, il le peint de couleurs si vraies, soutenues de preuves si convaincantes, toujours puisées dans la nature et dans le cœur de l’homme, que l’on ne peut pas ne pas rester convaincu avec lui de la réalité et de l’importance des vérités qu’il annonce.
Ainsi vos ennemis sont restés sur le champ de bataille, ou sont devenus vos amis les plus fidèles.
De telles circonstances sont heureusement fort rares ; aussi, et quel que soit l’entraînement de l’imagination ou de la passion, en général, si vous passez la croyance, ne passez pas la mesure, et ne pouvant être dans la vérité, restez du moins dans la vraisemblance : quamvis est omnis hyperbole ultra fidem, non tamen debet esse ultra modum.
Et nous avons répondu à mon Seigneur : Nous avons un père fort âgé, et un jeune frère qui est né dans sa vieillesse ; son frère qui est né de la même mère est mort : il est resté seul, et son père l’aime tendrement.
Ame chevaleresque, elle resta fidèle à l’infortune trop méritée de Fouquet, et à la vieillesse assombrie de Corneille que désertait l’ingratitude publique.
« Laquelle somme je lui rendrai dans ce château, où je l’épouserai. » C’est ainsi qu’on dirait, messieurs : « Vous vous ferez saigner dans ce lit, où vous resterez chaudement » ; c’est dans lequel. « Il prendra deux grains de rhubarbe, où vous mêlerez un peu de tamarin » ;dans lesquels on mêlera. « Ainsi château où je l’épouserai », messieurs, c’est « château dans lequel… » Figaro.
Tant qu’il leur restera du sang, elles viendront l’offrir ; et bientôt une rare jeunesse se fera raconter ces guerres désolatrices produites par les crimes de ses pères3 La guerre est donc divine en elle-même, puisque c’est une loi du monde4.
Les premières dépendent du sens, des mouvements de la passion ou du tour de l’esprit ; quelles que soient les expressions, elles restent toujours. […] « Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, etc. » (Bossuet, Oraison funèbre de Condé.) […] La plus célèbre de toutes, la Chanson de Roland, en est restée le type le plus populaire. […] Elle obtient quelques succès avec Marie-Joseph Chénier, dont le Tibère est resté au théâtre, grâce à quelques scènes très belles. […] Après les moralités les farces, les sotties du moyen âge, mélange des deux, étaient des pièces étranges dont L’Avocat Patelin est resté le meilleur type.
L’auteur a dû s’attacher à unir ces parties de telle manière que le passage de l’une à l’autre n’ait rien de choquant, rien de brusque, et cependant soit assez senti pour qu’elles restent distinctes. […] Mais ceux qui restaient attendaient avec effroi ce que déciderait le prince. […] Tout ce que nous avons aimé d’Agricola, tout ce que nous en avons admiré, reste et restera dans la mémoire des hommes, dans l’éternité des siècles, par le récit de ses grandes actions. […] Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, et lançaient des feux de toutes parts !
Un soir, M. de Souvré lui dit que les dames les plus considérables du voisinage devaient dîner chez lui le surlendemain. « J’espère, ajouta-t-il, que vous voudrez bien quitter ce vilain habit de voyage et vous habiller convenablement. » M. de Louvois se garda bien de dire qu’il ne lui restait plus que le vêtement qu’il avait sur lui ; mais il déclara qu’il n’avait apporté que de vieux habits, et qu’il désirait en faire faire un neuf ; et il saisit cette occasion de demander de l’argent. […] Le roi restait sans connaissance, et la paralysie avait atteint un de ses membres ; les gémissements de sa famille vinrent se mêler aux chants de deuil, et l’on entendait les pleurs d’une femme et d’un fils se mêler aux hymnes du Christ sur la croix.
L’homme est égal à l’écrivain, et sa gloire si pure doit rester toujours une des religions de la France. […] Le mot amour est resté féminin, surtout en poésie 5.
Vous n’avez pas à craindre, je l’ai déjà prouvé, de nuire ainsi à la spontanéité de vos idées ; mais vous restât-il quelque scrupule à cet égard, il est un moyen facile d’éviter dans les applications particulières les inconvénients de l’érudition.
Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, et lançaient des feux de toutes parts.
Il ne voulait que « passer en repos et à part ce peu qui lui restait de vie ».
Que de vers, restés proverbes, ont été frappés par Boileau comme des médailles !
En tout cas, la Sorbonne était digne de recruter pour Notre-Dame, et si on lui en donne la louange, c’est un honneur que ne refuserait pas la philosophie la plus jalouse de rester distincte de la religion.
., restent brèves en composition, à moins qu’elles ne soient suivies de deux consonnes.
Voltaire, qui écrivait dans un temps et chez un peuple observateur bien plus scrupuleux des bienséances, n’a pas craint de comparer, dans sa Henriade, les troupes françaises à une meute de chiens : sûr de la justesse de la comparaison et du rapport vrai des idées, il ne restait plus qu’à ennoblir les détails par la richesse et l’harmonie de la diction ; et c’est l’art des grands poètes.
Je pourrais multiplier les exemples ; je me contenterai de citer une phrase de Fléchier : « Déjà prenait l’essor, pour se sauver vers les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces122 ; » et cette belle construction de Bossuet déjà citée, qui reproduit si bien, par la hardie transposition du verbe et par le poids de toute la phrase la formidable pesanteur de l’objet à peindre : « Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne… etc. » Souvent, sans inversion précise, la construction de Bossuet donne à sa parole un charme extrême.
Il ne vous restera plus qu’à méditer bien sérieusement les bons principes contenus dans ces livres ; à vous les graver bien profondément dans l’esprit et dans le cœur, et à les regarder à jamais comme la seule règle, la règle invariable de votre conduite.
Il ne me restait plus qu’à condamner mon fils.
Des trois harangues qui nous restent de lui, la plus belle est celle de la Couronne. […] On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité ; et qu’enfin, les dernières paroles de Corneille ont été des remerciements pour Louis-le-Grand ».
Les Déserts de l’Arabie Pétrée Qu’on se figure un pays sans verdure et sans eau, un soleil brûlant, un ciel toujours sec, des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l’œil s’étend et le regard se perd, sans pouvoir s’arrêter sur aucun objet vivant ; une terre morte, et pour ainsi dire, écorchée par les vents, laquelle ne présente que îles ossements, des cailloux jonchés, des rochers debout ou renversés ; un désert entièrement découvert où le voyageur n’a jamais respiré sous l’ombrage, où rien ne l’accompagne, rien ne lui rappelle la nature vivante : solitude absolue, mille fois plus affreuse que relie des forêts ; car les arbres sont encore des êtres pour l’homme qui se voit seul plus isolé, plus dénué, plus perdu dans ces lieux vides et sans bornes : il voit partout l’espace comme son tombeau ; la lumière du jour, plus triste que l’ombre de la nuit, ne renaît que pour éclairer sa nudité, son impuissance, et pour lui présenter l’horreur de la situation, en reculant à ses yeux les barrières du vide, en étendant autours de lui rabane de l’immensité qui le sépare de la terre habitée ; immensité qu’il tenterait en vain de parcourir : car la faim, la soif et la chaleur brûlante pressent tous les instants qui lui restent entre le désespoir et la mort. […] Le célèbre sonnet de Scarron, dans lequel le poète débute sur un ton noble et pompeux, et où il finit portrait plaisant, restera toujours comme un modèle de suspension badine.
Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute et lançaient des feux de toutes parts.
Cette belle pensée doit rester gravée dans la mémoire du bon sens.
D’autres découvertes précoces et restées célèbres prouvèrent qu’en tout ordre de connaissances son regard avait une intuition divinatrice.
Ainsi il faut donc nécessairement que la chute complète du méchant justifie la providence aux yeux de l’homme ; et Claudien restait invinciblement dans son scepticisme, si Rufin n’avait conspiré contre Stilicon, et si sa conspiration découverte n’eut ouvert les yeux de l’Empereur, et entraîné la ruine et la mort du favori.
Le mot amour est resté féminin au pluriel, surtout en poésie 5.
Ils allaient entendre dans la Grèce ce qu’il y restait d’orateurs ; ils lisaient les écrits de ceux qui n’étaient plus ; en les lisant ils s’enflammaient du désir d’égaler leurs maîtres. […] La raison sans doute aurait droit de persuader par elle-même : mais combien de vérités utiles, froidement et négligemment énoncées dans des écrits judicieux, y seraient restées ensevelies si l’éloquence n’était venue les retirer comme du tombeau, et les rendre à la vie, en leur communiquant tout son charme et tout son pouvoir ! […] Mais quand les factions furent éteintes, il ne resta à la tragédie de Caton que de très-beaux vers et de la froideur. […] Le nom de Père du peuple est resté à Louis XII ; mais ce père eut des enfants bien malheureux, et le fut lui-même : chassé de l’Italie, dupé parle pape, vaincu par Henri VIII, obligé de donner de l’argent à son vainqueur pour épouser sa sœur, il fut bon roi d’un peuple grossier, pauvre et privé d’arts et de manufactures. […] Il nous resterait l’histoire ; mais un génie naturellement éloquent veut dire la vérité, et en France on ne peut pas la dire.
VII), voulant détourner Télémaque de rester dans l’île de Calypso, lui explique d’abord quelle est l’adresse des passions à se déguiser sous des prétextes spécieux ; puis, prenant le ton d’autorité et de reproche, il lui dit : « Lâche fils d’un père si généreux ! […] L’orateur qui parle avec concision et ne s’élève jamais, peut donc instruire les juges, mais il ne peut émouvoir leur âme, et c’est là toute l’éloquence48. » L’auteur de ces préceptes sur les deux plus grandes ressources de l’art oratoire, parle ainsi de lui-même49 : « Tout médiocre que je suis, c’est par cette noble véhémence (le pathétique) que j’ai souvent terrassé mes adversaires ; c’est par elle que j’ai réduit au silence Hortensius, cet illustre orateur, défendant un ami ; c’est elle qui m’entraînait quand j’accusai en plein sénat le plus audacieux des hommes, Catilina, qui resta muet ; c’est elle encore qui, dans une cause particulière, mais importante et grave, me fit presser si vivement Curion le père, qu’obligé de s’asseoir sans pouvoir répondre un seul mot, il s’écria qu’on l’avait ensorcelé. […] « Milon, étant resté ce même jour au sénat jusqu’à la fin de la séance, revint à sa maison ; il changea de chaussure et d’habits, il attendit quelque temps que sa femme fut prête, comme c’est l’usage73. » Ce récit n’annonce aucun art, il en a pourtant beaucoup. […] Dans un discours du même auteur à l’Académie française, vous lisez : On croira ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits le grand Corneille, et que même deux jours avant sa mort, lorsqu’il ne lui restait plus qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité. […] Il pouvait dire, et que même deux jours avant la mort de ce grand homme, lorsqu’il ne lui restait plus, etc.
Le jugement commence par le premier-né64 : sa bonté nous promettait des jours heureux ; et nous répandîmes ici nos prières et nos larmes sur ses cendres chères et augustes : mais il nous restait encore de quoi nous consoler. […] Cette fleur naissante, et dont les premiers jours étaient si brillants, est moissonnée69 ; et si la cruelle mort se contente de menacer celui qui est encore attaché à la mamelle, ce reste précieux que Dieu voulait nous sauver de tant de pertes, ce n’est que pour finir cette triste et sanglante scène, par nous enlever le seul des trois princes70, qui nous restait encore, pour présider à son enfance, et le conduire ou l’affermir sur le trône ».