Je ne sais comment vous pourriez tant aimer l’air d’Italie, avec lequel on respire si souvent la peste, et où toujours la chaleur du jour est insupportable4, la fraîcheur du soir malsaine, et où l’obscurité de la nuit couvre des larcins et des meurtres.
La barque de mon équipage venait après moi, à l’entrée de la nuit ; et soit que le patron fût ivre, soit qu’il n’eût pas bien pris sa route, il fut entraîné par le cours de cette rivière que les pluies avaient notablement grossie ce jour-là, et je le vis faire naufrage au port.
Voyez la naissance du monde ; Voyez… » Les spectateurs, dans une nuit profonde, Écarquillaient leurs yeux, et ne pouvaient rien voir : L’appartement, le mur, tout était noir.
On dirait que, contraint par quelque lampe merveilleuse, un génie de l’Orient l’a élevé pendant une des mille et une nuits, et l’a dérobé au pays du Soleil, pour le cacher dans ceux du brouillard avec les amours d’un beau prince. […] Il y avait dans la chambre où il couchait une vieille tapisserie à grands personnages, il en détacha un pan qui représentait Armide et Renaud ; il envoie chercher le tailleur du village ; et, lorsqu’il fut arrivé, il lui ordonna de faire un habillement complet, habit, veste et culotte avec ce pan de tapisserie, de passer la nuit, et de le lui rendre le surlendemain de bonne heure. […] Ceux que pend à tort la justice, Par la cruauté du destin (Qui n’est sans doute qu’un lutin Qui fait tout sans poids ni mesure, Et sert ou nuit à l’aventure), Font mille clameurs sans succès Pour faire revoir leur procès ; Ils parlent tous à tue-tête.
La terreur assiégera vos jours et vos nuits : a peine croirez-vous à votre existence.
Puis on entre dans une sorte de palais fantastique et digne des mille et une nuits.
De cette nuit qui le couvre naissent les ridicules persuasions qu’il a de lui-même.
Exercez-la, monsieur, et gouvernez le prince : Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous sa loi, Remplir les bons d’amour et les méchants d’effroi5 ; Joignez à ces vertus celles d’un capitaine : Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille : Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait, Expliquant à ses yeux vos leçons par l’effet. […] Il y a un peu de déclamation dans ce vers, qui nuit d’ailleurs au juste rapport des mots et à l’accord des images que le suivant présente ; car si l’on peut dire l’éclat d’une dignité, on ne saurait dire de même l’éclat d’un précipice. — Dans ses monologues, Corneille n’évite pas en général avec assez de soin le faste et l’exagération des paroles.
D’ailleurs elle ne nous a transmis que les gestes de quelques nations, c’est-à-dire les actes d’une très-petite partie du genre humain : tout le reste des hommes est demeuré nul pour nous, nul pour la postérité ; ils ne sont sortis de leur néant que pour passer comme des ombres qui ne laissent point de traces ; et plût au ciel que le nom de tous ces prétendus héros, dont on a célébré les crimes ou la gloire sanguinaire, fût également enseveli dans la nuit de l’oubli ! […] À peine aperçoit-on leurs pieds, tant ils sont courts et menus : ils en font peu d’usage ; ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pendant le jour, emporter dans les airs ; leur vol est continu, bourdonnant et rapide.
ni ces gardes posées de nuit sur le mont Palatin, ni les sentinelles distribuées dans ta ville, ni la consternation du peuple, ni ce frémissement général des citoyens vertueux, ni ce lieu fortifié où s’assemble le sénat, ni ces visages irrités, ces yeux fixés sur toi, n’ont rien qui puisse t’émouvoir ? […] Tes actions de la nuit dernière et de la précédente, le lieu de l’assemblée, ceux qui la composaient, les projets qu’on y a formés, crois-tu qu’aucun de nous a les ignore ? […] Cette figure, qui nuit à la clarté, nous est rarement permise dans la prose, où elle n’a été bien maniée que par nos grands orateurs. […] Bossuet, en prononçant l’oraison funèbre de la duchesse d’Orléans enlevée à la fleur de son âge, fut obligé de s’arrêter après cette exclamation : « Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle, Madame se meurt, Madame est morte !
Les contes arabes des Mille et une Nuits et les contes persans des Mille et un Jours sont une preuve de cette extrême fertilité de l’invention orientale.
On soupa, il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners à quoi2 l’on ne s’était pas attendu ; cela saisit Vatel, il dit plusieurs fois : « Je suis perdu d’honneur ; voici un affront que je ne supporterai pas. » Il dit à Gourville : « La tête me tourne, il y a douze nuits que je n’ai dormi ; aidez-moi à donner des ordres » ; Gourville le soulagea en ce qu’il put.
Demain, ô conquérant, c’est Moscou qui s’allume, La nuit, comme un flambeau.
. : la reine des nuits pour la lune. […] Tout ce qui n’est pas convenablement exposé nuit à la beauté du style ; mais il y a certaines imperfections qui choquent plus particulièrement. […] … — De la terre étrangère, Seul dans la nuit, et pâle de frayeur, S’en revenait un riche voyageur. […] N’avez-vous point de nuit fiévreuse et déliran—te, Où la voix du désir, tout le jour expiran—te, Parle à votre chevet… —— Grâce à vous, échappant à cette mort affreu — se, Affermissant ses pas sur la route pierreu — se, Comme un guide il vous suit… —— Puis, quand il est sorti de ces gorges maudi — tes, Vous vous tournez vers lui, mon père, et vous lui di — tes ; (A. […] Qu’il est doux, quand du soir l’étoile solitaire, Précédant de la nuit le char silencieux, S’élève lentement dans la voûte des cieux, Et que l’ombre et le jour se disputent la terre, Qu’il est doux de porter ses pas religieux Dans le fond du vallon, vers ce temple rustique, Dont la mousse a couvert le modeste portique, Mais où le ciel encor parle à des cœurs pieux.
Le soleil brille pendant le jour, la lune pendant la nuit. […] Le loup rôde pendant la nuit autour des troupeaux. — 9. […] Annibal se reposait souvent par terre pendant la nuit, au milieu des postes et des sentinelles, recouvert du simple manteau militaire. […] Elles travaillent pendant le jour, elles se reposent pendant la nuit jusqu’au matin. […] L’homme de bien rend service à qui il peut, et ne nuit à personne. — 7.
Vous supposerez qu’étant encore à Domrémy, Jeanne d’Arc eut, une nuit, un songe où elle entrevit vaguement et comme dans un brouillard confus, les futurs et principaux événements de sa vie. […] On fera le discours d’un orateur de la noblesse proposant la suppression des privilèges, dans la nuit du 4 août. […] Chaque mot y est à sa place et produit tout son effet : Tout le jour il avait l’œil au guet, et la nuit Si quelque chat faisait du bruit, Le chat prenait l’argent. […] Le paysan, noir, livide et tout brûlé du soleil, fouille et remue la terre avec une opiniâtreté invincible, il se retire la nuit dans une tanière où il vit de pain noir, d’eau et de racine. […] Une administration mauvaise nuit à la nation tout entière, il est juste que tous s’efforcent de concourir à une bonne administration.
Le poète Lebrun (le lyrique) avait entrepris, il n’a pas achevé, un poème intitulé les Veillées du Parnasse, dont il expose le plan dans les premiers vers que voici : « Pendant l’hiver, dit-il, Il est sur l’Hélicon de charmantes veillées : Là, sous l’abri secret des grottes reculées, Les muses, tour à tour, d’un récit enchanteur Trompent des longues nuits l’importune lenteur. Une nuit que Phébus, jaloux de les surprendre, À l’insu de Thétis près d’elles vint se rendre, La sensible Érato voulut chanter l’amour ; Pour la tendre amitié Calliope eut son tour, Et la vive Thalie au folâtre sourire Joignit son luth badin à leur touchante lyre.
Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous la loi, Remplir les bons d’amour, et les méchants d’effroi ; Joignez à ces vertus celles d’un capitaine : Montrez-lui comme il faut s’endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu’à soi le gain d’une bataille ; Instruisez-le d’exemple, et rendez-le parfait, Expliquant à ses yeux vos leçons par l’effet1. […] Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits : On me vit, ce que vous êtes, Vous serez ce que je suis.
Je commande à la nuit de déchirer ses voiles ; Ma bouche par leur nom a compté les étoiles. […] Nous citerons comme modèles de style énergique la peinture de la puissance de Dieu dans le livre de Job : Ubi eras quando ponebam…, et dans Esther : L’Éternel est son nom… ; les stances de Malherbe sur la vanité des grandeurs de ce monde : N’espérons plus, mon âme… ; les beaux vers de Lamartine sur la résignation du juste accablé de maux : Je ressemble, Seigneur, au globe de la nuit…, et ce passage du sermon de Massillon sur le petit nombre des élus : Tout change, tout s’use, tout s’éteint : Dieu seul demeure toujours le même.
Mais, dans la nourriture du corps, l’on distingue d’ordinaire par le goût même ce qui nuit à la santé.
Guitaut était nu en chemise, avec des chausses ; Mme de Guitaut était nu-jambes et avait perdu une de ses pantoufles ; Mme de Vauvineux était en petite jupe, sans robe de chambre ; tous les valets, tous les voisins en bonnet de nuit ; l’ambassadeur était en robe de chambre et en perruque, et conserva fort bien la gravité de la Sérénissime.
Non, c’est trop tard, la nuit est faite pour dormir, à moins qu’on ne soit Philomèle ; et puis, quand je commencerais quelque chose, demain peut-être je le laisserais aux rats.
Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits : Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits ; Le champ qui les reçut les rend avec usure.
Il déroule la longue lignée de ses aïeux pour les replonger aussitôt dans la nuit.
J’ajoute que ce qui nuit encore à la bizarrerie, c’est qu’elle est trop aisément imitable.
— Période. — L’harmonie des phrases est plus importante que celle des mots ; car souvent l’absence d’harmonie nuit à l’unité, à la force, à l’agrément de la pensée. […] « O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! […] Que le sage se demande dans de sublimes réflexions sur le Créateur ; Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? […] Le temps, qui toujours marche, avait pendant deux nuits Échancré, selon l’ordinaire, De l’astre au front d’argent la face circulaire.
Xénophon rapporte que, la nuit ayant surpris le peuple au milieu d’une délibération importante, on fut obligé de remettre au jour suivant, pour éviter toute espèce de confusion au moment des suffrages. […] La nuit suivante, Catilina sortit de Rome et alla se mettre à la tête des troupes de Manlius.
Il ne connaissait point à l’égard du travail la distinction des jours et des nuits ; les affaires avaient seules le droit de disposer de son temps, et il n’en donnait à tout le reste que ce qu’elles lui laissaient de moments vides, au hasard et irrégulièrement.
Bien des gens me font de pareilles questions ; mais vous voyez bien que je n’irai pas lire tous ces livres pour les satisfaire ; j’ai mon bibliothécaire qui vous renseignera peut-être ; car il s’occupe nuit et jour à déchiffrer tout ce que vous voyez là.
J’entends, la nuit, et de mon lit, le bruit des vagues ; et ce son monotone et sourd m’invite doucement au sommeil.
La fraîcheur et les rosées de la nuit viennent ensuite, et réjouissent ce qui languirait sur la terre sans leur secours ; mais, ayant plutôt abattu la poussière que fait de la boue, il faut avouer qu’elles ne contribuent pas peu aux belles matinées dont nous jouissons1.
Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ?
Mais s’éveiller à minuit, aux cris de la tempête, être assailli dans les ténèbres par une harmonie sauvage et furieuse qui bouleverse le paisible empire de la nuit, c’est quelque chose d’incomparable en fait d’impressions étranges ; c’est la volupté dans la terreur. » (Journal, p. 65.)
Provoquant la moquerie et la risée, le ridicule nuit aux qualités les plus solides, et diminue même l’influence que donne la vertu. […] La simplicité consiste à rendre en peu de mots, et avec les termes ordinaires, la pensée que l’on veut exprimer : rien ne nuit tant à la fable que l’appareil et l’air composé.
Avec des gens armés, dont la plupart étaient des esclaves, ils s’emparent, bien avant dans la nuit, de tout le Forum, de la salle du sénat et du comice ; ils se jettent sur Fabricius, le frappent, tuent quelques-uns de ceux qui l’accompagnaient, en blessent en graud nombre ; ils repoussent avec violence M.
Il est des personnes qui resteront froides et indifférentes à la lecture du Cid, à la vue d’une belle nuit constellée, d’un tableau de Raphaël ou de la coupole de Saint-Pierre ; d’autres, au contraire, seront émues et transportées.
Un homme qui vit sans réflexion ne pense qu’aux espaces qui sont auprès de lui, ou qui ont quelque rapport à ses besoins : il ne regarde la terre entière que comme le plancher de sa chambre, et le soleil qui l’éclaire pendant le jour que comme la bougie qui l’éclaire pendant la nuit : ses pensées se renferment dans le lieu étroit qu’il habite.
Tout le jour il avait l’œil au guet ; et la nuit, Si quelque chat faisait du bruit, Le chat prenait l’argent.
Renommée (la), divinité poétique, messagère de Jupiter, et qui habitait jour et nuit les lieux les plus élevés, pour voir ce qui se passait, et pour aller ensuite le publier partout. […] Mais le Seigneur touché des prières du prophète Isaïe, et du vertueux Ézéchias, roi de Juda, envoya son ange exterminateur, qui dans une seule nuit, mit à mort cent quatre-vingt-cinq mille Assyriens, c’est-à-dire, toute leur armée, à la réserve du roi et de quelques-uns de ses courtisans.
Au nom d’Apollon, tenez-vous-en à votre premier sujet ; ne l’étouffez point sous un amas de fleurs étrangères : qu’on voie bien nettement ce que vous voulez dire ; trop d’esprit nuit quelquefois à la clarté. […] Envoyez prier l’abbé d’Olivet de vous prêter son bonnet de nuit, sa robe de chambre, et son Cicéron, et lisez Rome sauvée dans cet équipage.
Dieu dit, et le jour fut ; Dieu dit, et les étoiles De la nuit éternelle éclaircirent les voiles ; Tous les éléments divers A sa voix se séparèrent ; Les eaux soudain s’écoulèrent Dans le lit creusé des mers ; Les montagnes s’élevèrent, Et les aquilons volèrent Dans le libre champ des airs. […] Dans le genre gracieux, la cantate de Céphale offre les images les plus douces et les plus riantes : La nuit d’un voile obscur couvrait encore les airs, …………………………… goûter la douceur.
« Qui ne sait traiter que l’espèce, dit Vico, diffère autant de celui qui s’élève jusqu’au genre que l’homme qui voit les objets de nuit et au flambeau diffère de celui qui les contemple à la lumière du soleil. » Quand on peut, dans une cause particulière, dans une discussion actuelle, rattacher son argumentation à quelque grand principe, à quelque vérité d’un ordre élevé, soit en morale, soit en politique, on lui donne une gravité, une autorité, une abondance, que les spécialités ne comportent pas.
Etudiez sans doute nuit et jour les exemplaires grecs et latins, pour l’invention et la disposition, mais n’allez point former votre style sur la période livienne ou cicéronienne, ou sur la concision de Tacite, notre langue y répugne ; autant vaudrait prendre pour modèles de diction française Gœthe ou Walter Scott.
Prétérition : Pendant la nuit de la Saint-Barthélemy on n’entendit que le tumulte et les cris, le sang ruisselait de tous côtés dans Paris ; on trouvait le fils assassiné sur le corps de son père, le frère mort avec la sœur et la fille avec mère Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ; Le fils assassiné sur le corps de son père Le frère avec la sœur, la fille avec sa mère… Voltaire, Henriade.
Nuit et jour, à tout venant, Je chantais, ne vous déplaise.
Pas plus qu’un songe de la nuit.
Voici comment La Fontaine peint l’heure de l’affût, c’est-à-dire le matin et le soir : A l’heure de l’affût, soit lorsque la lumière Précipite ses flots dans l’humide séjour, Soit lorsque le soleil entre dans sa carrière Et que, n’étant plus nuit, il n’est pas encor jour. […] Le récit de la nuit affreuse que Molina passa dans la caverne des serpents est un beau modèle de brièveté : pas une idée de trop, pas un mot inutile : tout est nécessaire pour la perfection du tableau. […] Brumoi au cardinal de Gesvres peut servir de modèle : Il n’est question ici, Monseigneur, que de votre nouvelle dignité : tout parle de vous nuit et jour, jusqu’aux fifres, aux tambours, aux cloches même, qui, je vous jure, ont réveillé bien d’honnêtes gens en votre honneur : connu ou non connu, chacun vous félicite à sa manière.
Si nous avons à décrire les phénomènes de la nature, les splendeurs du soleil à son lever ou à son coucher, la lumière se jouant en mille nuances autour de notre globe, le calme d’une belle nuit, un orage, la mer et ses mille aspects merveilleux, la campagne et ses charmes enivrants ; si nous voulons peindre l’homme et la société avec les vertus, les passions ou les travers qui nous présentent sans cesse un drame ou une comédie vivante, il vaut mieux interroger notre mémoire et nos impressions que les livres ; nos compositions auront une couleur plus vraie, nous y ferons circuler davantage la chaleur et la vie.
Je demanderais surtout qu’infidèle à ses amis, ingrat envers ses protecteurs, odieux aux auteurs dans ses censures, nauséabond aux lecteurs dans ses écritures, terrible aux emprunteurs dans ses usures, colportant les livres défendus, espionnant les gens qui l’admettent, écorchant les étrangers dont il fait les affaires, désolant, pour s’enrichir, les malheureux libraires, il fût tel enfin dans l’opinion des hommes, qu’il suffît d’être accusé par lui pour être présumé honnête, d’être son protégé, pour devenir à bon droit suspect : donne-moi Marin 1 « Que si cet intrus doit former le projet d’affaiblir un jour ma cause en subornant un témoin dans cette affaire, j’oserais demander que cet autre argousin fût un cerveau fumeux, un capitan sans caractère, girouette tournant à tous les vents de la cupidité, pauvre hère qui, voulant jouer dix rôles à la fois, dénué de sens pour en soutenir un seul, allât, dans la nuit d’une intrigue obscure, se brûler à toutes les chandelles, en croyant s’approcher du soleil ; et qui, livré sur l’escarpolette de l’intérêt à un balancement perpétuel, en eût la tête et le cœur étourdis au point de ne savoir ce qu’il affirme, ni ce qu’il a dessein de nier : donne-moi Bertrand.
La frivolité qui nuit au développement de ses talents et de ses vertus le préserve en même temps des crimes noirs et réfléchis.
Éclairer, signifiant faire des éclairs, est impersonnel : = il a éclairé toute la nuit. […] Racine a dit, en parlant de Junie : Cette nuit je l’ai vue arriver en ces lieux. […] Elle serait cependant très fausse, suivant tous les grammairiens, et Wailly lui-même, qui dit que Racine n’a point dérogé à la règle, quand il a fait dire à Néron, en parlant de Junie : Cette nuit je l’ai vue arriver en ces lieux.
Réaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature, M’apprendra-t-il jamais par quels subtils ressorts L’éternel artisan fait végéter les corps ? […] Pour lui, les plus beaux jours sont de secondes nuits ; Les soucis dévorants, les regrets, les ennuis, Hôtes infortunés de sa triste demeure, En des gouffres de maux le plongent à toute heure.
Aujourd’hui surtout que l’on nous donne en mille romans la monnaie du vieux poëme épique, comme en mille lithographies et en mille statuettes, celle de la peinture et de la sculpture, le plus mince fabricant de nouvelles croirait déroger en débutant tout bonnement comme les contes de fées : « Il était une fois un roi… ou un bûcheron. » Ouvrez le premier roman venu, vous êtes sûr d’y trouver, après un titre plus ou moins prétentieux, quelque chose comme ceci : « Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal… » ou, pour varier : « Vers la fin du mois de septembre 1800, un étranger arriva devant le palais des Tuileries… » ou bien : « Assez, Caroline, voici la nuit ; remettons à demain vos réflexions sur cette lecture… » ou encore : « Voyez ce brick !
Le sublime, c’est Dieu, l’éternité, l’océan, la nuit dans les plaines immenses, ou les glaciers des Alpes resplendissant au soleil, opposés à l’humanité si chétive et si bornée, et capable pourtant, en dépit de son infirmité, de sentir une telle grandeur ; c’est aussi le courage, le dévouement, la générosité, la grandeur d’âme extrêmes de quelques-uns, opposés à la crainte, à l’amour de la vie et de la personnalité, à la répulsion instinctive de la douleur et du sacrifice, communs à l’humanité si égoïste, et à laquelle pourtant, en dépit de son égoïsme, appartiennent ces âmes d’élite.
« À la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, le duc d’Enghien reposa le dernier, mais jamais il ne reposa plus paisiblement.
Tout ce qui la guinde lui nuit ; en forcer les ressorts, c’est le perdre.
Il ne put y pénétrer, mais il s’arrêta sur le seuil, ses pleurs coulèrent avec amertume, et « sans la nuit, on n’aurait pu, dit-il, l’arracher de cet endroit ».
Telle sur un rameau, durant la nuit obscure, etc.
Le poëte s’adresse à Dieu : Les ombres de la nuit à la clarté du jour, Les transports de la rage aux douceurs de l’amour, A l’étroite amitié la discorde et l’envie, Le plus bruyant orage au calme le plus doux, La douleur au plaisir, le trépas à la vie, Sont bien moins opposés que le pécheur à vous.
D’un autre côté, une trop grande réserve nuit bien souvent à nos propres intérêts : la connoissance des hommes nous donne de la confiance, et nous apprend jusqu’à quel point nous devons la porter.
Or, si nous mesurons le courage non d’après le nombre qui, étant excessif, nuit aux opérations militaires, mais d’après nos cœurs et nos bras, vous comprendrez que ce n’est pas un vain pressentiment de ma part qui vous promet une victoire certaine. […] Assurément les ennemis n’auront pas assez d’audace, étant d’ailleurs très inférieurs en infanterie, pour nous attendre ; ils se retireront pendant la nuit, et demain, à l’aube de jour, le passage ne présentera aucune difficulté : car nous l’effectuerons trop vite, pour qu’ils aient le temps de ranger leur armée en bataille. […] Où trouver des jours préférables à une telle nuit, et si l’éternité lui ressemble, est-il un homme plus heureux que moi ? […] Si tu adoptes le premier parti, tu sauveras un suppliant qui vient se livrer à toi ; en prenant le second, tu perdras un homme devenu l’ennemi déclaré des Grecs. » Sans répondre immédiatement à Thémistocle, le roi pénétré d’admiration pour sa grandeur d’âme et sa hardiesse, se félicitant d’ailleurs, en présence de ses amis, de l’immense bienfait qu’il devait à la fortune, offrit un sacrifice aux dieux, et, la nuit, pendant son sommeil, transporté de joie, il s’écria trois fois : « J’ai Thémistocle l’Athénien. » Traduit de Plutarque.
. — A a surpris B, la nuit, en armes, dans sa maison, et l’a tué. […] Un célèbre chef de bandes fait à la jeunesse ce singulier appel : « A ceux qui voudront me suivre je promets des marches forcées, des alertes, des surprises, des nuits sans sommeil, la faim, le froid, la fatigue, et pour repos la fusillade. » Et les volontaires accourent en foule sous ses drapeaux.
A la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, le duc d’Enghien3 reposa le dernier, mais jamais il ne reposa plus paisiblement.
La nuit n’a pas encor fourni son premier quart, Et je veux achever de filer cette laine Avant d’éteindre enfin la lampe deux fois pleine.
Les bienfaits de Dieu, voilà l’idée générale ; en voici le développement par l’énumération des parties : Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits ; Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits : Le champ qui les reçut les rend avec usure. […] Que le jeune prédicateur les feuillette donc jour et nuit ; il trouvera surtout dans saint Chrysostome, saint Augustin et saint Bernard, des richesses vraiment inépuisables. […] puisse ta bienheureuse âme être montée dans les cieux, pour s’aller reposer au sein d’Abraham, contempler les chœurs des anges, la gloire et la clarté des prédestinés, te mêler à leur sainte joie, jetant du haut de la céleste gloire un œil de mépris sur toutes les choses de ce monde, sur ce qu’on appelle ses richesses, sur ses dignités mensongères, sur ses vains honneurs, sur les illusions de nos sens et les agitations de cette vie, que l’on pourrait comparer à des combats de nuit, parce qu’elles en ont le désordre et l’ignorance ! […] Soit qu’il les ramène de la nuit des tombeaux, et qu’il les ravisse sur les ailes de son éloquence et qu’il leur ouvre les arcades du firmament.