Depuis dix ans je souffrais la honte, la douleur, la faim ; je nourrissais une plaie qui me dévorait ; l’espérance même était éteinte dans mon cœur. […] Elle vit périr ses vaisseaux, et presque toute l’espérance d’un si grand secours. […] L’époux et l’épouse ne sont plus qu’une même cendre ; et tandis que leurs âmes, teintes du sang de Jésus-Christ, reposent dans le sein de la paix, j’ose le présumer ainsi de son infinie miséricorde, leurs ossements, humiliés dans la poussière du sépulcre, selon le langage de l’Écriture, se réjouissent dans l’espérance de leur entière réunion et de leur résurrection éternelle.
Il les meine et les manie dextrement avec deux timons principaux, la crainte et l’espérance, refrénant avec l’une la fierté et témérité insolente de la commune en prospérité, et avec l’autre reconfortant son ennuy et son découragement en adversité 6. […] Mais toujours insatiable, toujours envahissant, il finira par réveiller les Athéniens, s’ils n’ont pas renoncé à toute espérance. […] Ces moyens peuvent réussir une fois, ils peuvent assurer à celui qui en use une prospérité passagère et enfler ses espérances si le hasard le seconde.
Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l’espérance qui l’enfle et la conduit129. Vous le savez, fidèles, de toutes les passions la plus charmante130, c’est l’espérance. C’est elle qui nous entretient et qui nous nourrit, qui adoucit toutes les amertumes de la vie ; et souvent nous quitterions des biens effectifs plutôt que de renoncer à nos espérances. […] Je veux que vous prolongiez vos jours au-delà même de vos espérances. […] La mort de Louis XIII, la faiblesse d’une minorité, relevaient leurs espérances ; et quand ils virent qu’on ne leur opposait qu’une armée inférieure en nombre, commandée par un jeune homme de vingt et un ans, leur espérance se changea en sécurité.
Mais cet empire formidable qu’il avait conquis ne dura pas plus longtemps que. sa vie, qui fut courte ; à l’âge de trente-trois ans, au milieu des plus vastes desseins qu’un homme eût jamais conçus, et avec les plus justes espérances d’un heureux succès, il mourut sans avoir eu le loisir d’établir ses affaires, laissant un frère imbécile et des enfants en bas âge, incapables de soutenir un si grand poids. […] Des batailles perdues, la diminution du peuple, l’affaiblissement du commerce, l’épuisement du trésor public, le soulèvement des nations voisines, ‘pouvaient faire accepter à Carthage les conditions de paix les plus dures ; mais Rome ne se conduisait point parle sentiment des biens et des maux : elle ne se déterminait que par sa gloire ; et comme elle n’imaginait point qu’elle pût être si elle ne commandait pas, il n’y avait point d’espérance ni de crainte qui pût l’obliger à faire une paix qu’elle n’aurait point imposée.
Elle offre surtout des enseignements et des espérances à ceux qui, nés dans une humble condition, sans appui et sans fortune, sentent en eux le désir d’améliorer leur sort, et cherchent les moyens de se distinguer parmi leurs semblables.
Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.
Corneille comme un des plus rudes coups qui la pût frapper1 ; car bien que, depuis un an, une longue maladie nous eût privés de sa présence, et que nous eussions perdu en quelque sorte l’espérance de le revoir jamais dans nos assemblées, toutefois il vivait, et l’Académie, dont il était le doyen1, avait au moins la consolation de voir dans la liste où sont les noms de tous ceux qui la composent, de voir, dis-je, immédiatement au-dessous du nom sacré de son auguste protecteur2, le fameux nom de Corneille.
La charité est ingénieuse, la foi offre des mystères profonds, et l’espérance peut offrir mille souhaits aimables et touchants.
C’est, de toutes les puissances, elles dont on abuse le moins : c’est la plus sacrée de toutes les magistratures ; c’est la seule qui ne dépend pas les conventions, et qui les a mêmes précédées1 On remarque que, dans les pays où l’on met dans les mains paternelles plus de récompenses et de punitions, les familles sont mieux réglées ; les pères sont l’image du Créateur de l’univers2, qui, bien qu’il puisse conduire les hommes par son amour, ne laisse pas de se les attacher encore par les motifs de l’espérance et de la crainte.
Parmi les lamentations de nos Jérémies (j’appelle ainsi mes amis plaintifs), je mêle toujours de bons augures et de bonnes espérances.
L’un voyant croître ses moissons bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre.
La fin de la campagne avait relevé toutes les espérances que son commencement avait fait naître.
François Ier lui-même avait donné le signal ; et nous lisons dans une de ses lettres : « Le cerf nous a menés jusqu’au tartre (tertre)… J’avons espérance qu’il y fera beau temps. […] Il y eut là une heure d’espérance radieuse qui laissa de profonds souvenirs dans l’imagination des contemporains ; et l’on ne doit pas oublier que la Défense et illustration de la langue française 1 fut un généreux chant du départ.
Ils ne pouvaient plus affaiblir la Grèce par des divisions : elle était alors réunie sous un chef qui ne pouvait avoir de meilleur moyen pour lui cacher sa servitude que de l’éblouir par la destruction de ses ennemis éternels et par l’espérance de la conquête de l’Asie.
« Fable charmante, dit Chamfort : quelle légèreté dans le début, et ensuite que de grâce et de naturel dans la peinture, faite par le poëte, de cette faiblesse, si naturelle aux hommes, d’ouvrir leur âme à la moindre espérance !
Pour nippes nous n’avons qu’un grand fonds d’espérance Sur les produits trompeurs d’une réjouissance1 ; Et dans ce siècle-ci, messieurs les usuriers Sur de pareils effets prêtent peu volontiers.
Encore qu’au jugement que je fais de moi-même je tâche toujours de pencher vers le côté de la défiance plutôt que vers celui de la présomption, et que regardant d’un œil de philosophe les diverses actions et entreprises de tous les hommes, il n’y en ait quasi aucune qui ne me semble vaine et inutile, je ne laisse pas de recevoir une extrême satisfaction du progrès que je pense avoir déjà fait en la recherche de la vérité, et de concevoir de telles espérances pour l’avenir, que si, entre les occupations des hommes, purement hommes, il y en a quelqu’une qui soit solidement bonne et importante, j’ose croire que c’est celle que j’ai choisie.
Les espérances sont les nerfs de la vie : dans un état de tension, ils sont douloureux ; tranchés, ils ne font plus de mal.
Couvert des armes de la dialectique, il sonne la charge, fond sur ses adversaires, les saisit, les frappe au visage et ne les lâche pas qu’il ne les ait forcés, le genou sur la gorge, à s’avouer vaincus ; s’ils tournent le talon, il les poursuit, il les bat par devant et par derrière, il les presse, il les pousse, et il les ramène invinciblement dans le cercle impérieux qu’il leur a tracé, comme ces marins qui, sur le pont d’un étroit navire, pris à l’abordage, placent un ennemi sans espérance entre leur glaive et l’Océan… « J’ai dit que ce qui a élevé Mirabeau, sans aucune comparaison, au-dessus des autres orateurs, c’est la profondeur et l’étendue de ses pensées, la solidité de sa dialectique, la véhémence de ses improvisations ; mais c’est surtout la fortune inouïe de ses reparties… Jamais Mirabeau ne reculait devant aucune objection ni devant aucun adversaire.
Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.
Ainsi ils donnent des règles pour allumer ou éteindre la joie ou la douleur, l’admiration ou le mépris, la crainte ou l’espérance, l’honneur ou la honte, la pitié ou la terreur, en un mot, l’amour ou la haine.
Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé.
Si vous êtes résolus d’imiter Philippe, ce que jusqu’ici vous n’avez pas fait ; si chacun veut bien s’employer de bonne foi pour le bien public, les riches en contribuant de leurs biens, les jeunes en prenant les armes ; enfin, pour tout dire en peu de mots, si vous voulez ne vous attendre qu’à vous-mêmes, et vaincre cette paresse qui vous lie les mains, en vous entretenant de l’espérance de quelques secours étrangers, vous réparerez bientôt, avec l’aide des dieux, vos fautes et vus pertes, et vous tirerez vengeance de votre ennemi.
Enfin, il y a l’ironie amère, dernière expression de la rage ou du désespoir, qui tour à tour est un blasphème, une injure ou imprécation : — Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance.
Si l’idylle exprime une passion, il faut que cette passion s’exhale en plaintes, en reproches modérés, si elle est triste, ou en expression joyeuses, mais toujours pleines de douceur, si elle est inspirée par la joie, la tendresse ou l’espérance.
« La jeunesse vit d’espérance ; la vieillesse de souvenir. » (Montaigne.) […] Au barreau, l’orateur doit rendre personnelle au juge la cause qu’il lui présente, par la considération de ce qui peut en réagir sur lui, en faisant du bien ou du mal, de l’espérance ou de la crainte de ceux qu’il défend, le plaisir ou la peine, l’espérance ou la crainte de ceux qui l’entendent. […] Les anciens ont analysé les motifs propres à exciter l’amour, la haine, l’indignation, la compassion, la crainte, l’espérance, etc…. […] La crainte que produisent les dangers personnels, fait plus d’impression ; pour cette raison, s’il s’agit d’un péril commun, il faut s’attacher à le faire paraître personnel à ceux qui écoutent2. » Espérance, joie, tristesse. Espérance, joie, tristesse.
L’espérance, seul adoucissement des peines des hommes, n’est plus un bien qui me regarde. […] et la France, qui vous reçut avec tant de joie, environnée d’un nouvel éclat, n’avait-elle d’autres pompes et d’autres triomphes pour vous au retour de ce voyage fameux, dont vous aviez remporté tant de gloire et de si belles espérances ? […] Aristote lui-même cédait à cet entraînement, quand trompé dans ses plus légitimes espérances il laissait échapper ces tristes-paroles : « O mes amis ! […] et n’y a-t-il pas en elle un refuge, une espérance, une carrière à la portée de chacun de nous ? […] mon malheur passe mon espérance.
Pour dire que l’homme conserve jusqu’à la mort des espérances qui ne se réalisent jamais, Bossuet, ennoblissant cette idée aussi simple que vraie, la revêt d’une image sublime : L’homme marche vers la tombe, dit-il, traînant après lui la longue chaîne de ses espérances trompées.
Colbert, jaloux de cette nouvelle gloire, voulut que les Français la partageassent ; et, à la prière de quelques savants, il fit agréer à Louis XIV l’établissement d’une Académie des Sciences. » Vous ferez le rapport de Colbert au Roi ; vous y exposerez ses raisons, ses plans, ses espérances pour l’avenir et l’influence de cette institution qui sera le complément nécessaire de l’Académie française. […] Duval justifie les espérances de son bienfaiteur. […] Andromaque accueille tour à tour ou repousse Pyrrhus ; il en résulte que les espérances d’Hermione paraissent tantôt bien fondées et tantôt chimériques ; l’action marche au gré des caractères, et comme ces caractères sont bien humains, ils pèsent le pour et le contre, ils hésitent et leurs hésitations forment les péripéties du drame.
Pouvez-vous donc avoir de meilleurs amis que ceux d’entre nous à qui vous avez accordé la vie, contre toute espérance ?
La religion est la science suprême de la vérité : elle seule peut révéler l’origine et le but de notre existence ; elle élève nos cœurs à Dieu par la foi, elle les touche et les enflamme par la charité, elle les soutient par l’espérance, en proposant comme récompense à nos vertus une immortalité de bonheur.
L’immortalité de l’âme n’est pour eux qu’une espérance un peu vague.
Il a des vers pour la chasse et les chiens, des vers pour un oiseau mort, pour l’Espérance « aux grandes ailes vertes », pour le Dieu des procès.
M. de Souvré refusa d’un ton qui ne laissait nulle espérance. […] Pour dire à madame de Rambouillet qu’il lui présente ses remercîments pour des gants qu’elle lui a envoyés, il lui écrit : Quoique la grêle et la gelée aient vendangé nos vignes au mois de mai ; quoique les blés n’aient pus tenu ce qu’ils promettaient, et que la belle espérance des moissons se trouve fausse dans la récolte ; quoique les avenues de l’épargne se soient rendues extrêmement difficile, etc., tous ces malheurs ne me touchent point, et vous êtes cause que je ne me plains ni de l’inclémence du ciel, ni de la stérilité de la terre, ni de l’avarice de l’État.
— Analyse : L’un, voyant croître ses moissons, bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage qu’il a reçu de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre.
Quel sujet peut inspirer des sentiments plus justes et plus touchants, qu’une mort soudaine et surprenante, qui a suspendu le cours de nos victoires, et rompu les plus douces espérances de la paix ?
Mes yeux, ne trompez point ma timide espérance !
Le livre de madame Dacier, annoncé depuis longtemps, parut quelques jours après… Je le lus avec attention pour y chercher mes erreurs, et comme j’avais promis de pardonner les injures à qui me détromperait, je m’accoutumai aisément à celles dont il est plein, dans l’espérance qu’on remplirait la condition.
Passant toujours de l’une à l’autre extrémité, De l’excessive crainte à l’espérance folle ; Parlant, parlant, parlant, puis perdant la parole.
Pour moi, j’irai demain en reprendre chez elle ; car de temps en temps je sens que j’ai besoin de réconfort : ce n’est pas que l’on ne dise mille choses qui doivent donner de l’espérance ; mais, mon Dieu !
Ce temps d’ivresse passé2, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie, la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui.
Il faut alors dans une lettre de félicitation employer ces lieux communs déjà épuisés, qui sont le mérite de la personne, la justice qui lui a été rendue, les espérances qu’elle peut concevoir pour l’avenir, et l’intérêt qu’on prend à tout ce qui la regarde.
Si nous avons le front triste, c’est que nous la voyons. » « Vivez, jeunes élèves, avec la pensée de cette pente que vous descendrez comme nous Faites en sorte surtout de ne pas laisser s’éteindre dans votre âme cette espérance que la foi et la philosophie allument et qui rend visible, par delà les ombres du dernier rivage, l’aurore d’une vie immortelle. » 2.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Selon ces trois qualités, il a donné aux hommes trois lois : une loi d’autorité comme à des esclaves ; une loi d’espérance comme à des mercenaires, et une loi d’amour comme à des enfants. […] C’est en elle que se renferment toutes nos espérances ; et ce que nous découvrons de jour en jour dans votre majesté, nous promet que nous allons voir revivre en même temps les deux plus grands d’entre nos monarques, Louis, à-qui vous succédez, et Charlemagne103, dont on vous a mis la couronne sur la tête ».
Il en est de même des expressions suivantes qui sont employées dans leur sens propre ; la colère d’Achille, le feu brûle, un rayon de soleil, la chaleur du feu ; et dans un sens figuré : la colère des flots, le feu d’un diamant, le feu des yeux, un rayon d’espérance, la chaleur du combat, le torrent bondit, une colonne de feu, le lever du soleil des flots de sang. […] Grâce aux dieux mon malheur passe mon espérance !
. — Un des principaux bienfaits de l’Académie française, qui a si glorieusement justifié toutes les espérances de son fondateur, a été, suivant l’observation de Bossuet lui-même, de fixer notre idiome, « qui devenait jusque-là barbare dans le cours de peu d’années. » Tel fut le fruit des modestes mais très-utiles discussions grammaticales qui occupaient cette assemblée dans le principe, et dont il nous reste un témoignage curieux dans les Remarques de Vaugelas sur la langue française.
J’avais tenu en espérance mes créditeurs339 qu’ils seraient payés de l’argent qui proviendrait des pièces de la dite fournée, qui fut cause que plusieurs accoururent dès le matin, quand je commençais à désenfourner. […] Toutefois, l’espérance que j’avais me faisait procéder en mon affaire si virilement que plusieurs fois, pour entretenir les personnes qui me venaient voir, je faisais mes efforts de rire, combien qu’intérieurement je fusse bien triste. […] Mes désirs, mes craintes et mes espérances cessent tout d’un coup ; tous les mouvements dé mon âme se relâchent, et je n’ai point de passions, ou, si j’en ai, je les gouverne comme des bêtes apprivoisées.... […] La connaissance que ses emplois lui donnaient de la nécessité des dépenses1034, et du peu d’espérance que le roi fût pour1035 retrancher celles de splendeur et d’amusements, le faisait gémir de ne voir point de remède à un accablement qui augmentait son poids de jour en jour. […] Les grâces de la jeunesse, jointes à ce don supérieur, le firent regarder comme le jeune homme de la plus grande espérance....
Le sage n’achète pas l’espérance argent comptant. — 6. […] Cicéron s’écrie en rapportant la mort imprévue de ce personnage : « O trompeuses espérances des hommes ! […] Sa vaste imagination rêvait sans cesse des espérances sans bornes, inouïes, démesurées.
Je ne vous reproche point de souper tous les soirs avec M. de la Poplinière1 ; je vous reproche de borner là toutes vos pensées et toutes vos espérances.
Ce n’est pas néanmoins cette espérance qui m’a inspiré ce dessein.
L'amitié renferme des avantages très-grands et très-nombreux ; mais le premier de tous, c’est qu’elle embellit notre avenir d’une douce espérance, et qu’elle ne laisse pas les esprits s’affaiblir et succomber dans les revers. […] Etre excité à l’étude par des espérances plus flatteuses et de plus grandes récompenses.
Les soins qu’elle exige sont autant de moments dérobés à la volupté ; le désir de parvenir suspend du moins des passions qui de tout temps en ont été l’obstacle : on ne saurait allier les mouvements sages et mesurés de l’ambition avec le loisir, l’oisiveté, et presque toujours le dérangement et les extravagances du vice ; en un mot la débauche a toujours été l’écueil inévitable de l’élévation ; et jusqu’ici les plaisirs ont arrêté bien des espérances de fortune et l’ont rarement avancée.
Ne voyons que le poëte, né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, y grandissant librement, en dehors de toute imitation, n’écoutant que la muse intérieure, et devenu, à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse.
Il vaut mieux cent fois se taire que de trahir leurs espérances.
Pour celui qui conçoit un désir ou une espérance, si la chose à venir doit être agréable, elle lui paraît devoir s’accomplir, et, dans de bonnes conditions. […] Ils sont enclins à l’espérance ; cela vient de ce que la nature donne de la chaleur à la jeunesse, comme aux gens abreuvés de vin368, et, en même temps, de ce qu’ils n’ont pas encore été beaucoup éprouvés par la mauvaise fortune. Ils vivent surtout d’espérance, car l’espérance a trait à l’avenir, et le souvenir au passé ; or, pour les jeunes gens, le passé est encore peu de chose, et l’avenir beaucoup. En effet, aux premiers jours (de l’existence), on trouve que le souvenir n’est rien et que l’espérance est tout. […] Ils vivent plutôt par le souvenir que par l’espoir ; car il leur reste peu de temps à vivre, et leur vie passée est déjà longue : or l’espérance a trait à l’avenir, et le souvenir au passé.
Chateaubriand peint ainsi l’espérance : Il est dans le ciel une puissance divine, compagne assidue de la religion et de la vertu. […] La Foi et la Charité lui disent ma sœur, et elle se nomme l’Espérance. […] Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] Il doit tenir le lecteur continuellement suspendu entre l’espérance et la crainte, l’attacher à la suite du récit, lui réserver pour le dénouement ou une agréable surprise, ou une catastrophe imprévue qui gravera dans sa mémoire le fait ou la leçon qu’il faut retenir. […] Pour que l’intérêt se soutienne jusqu’à la fin, il faut que l’âme du lecteur reste comme suspendue entre la crainte et l’espérance.
Irais-je, adulateur sordide, Encenser un sot dans l’éclat, Amuser un Crésus235 stupide, Et monseigneuriser un fat ; Sur des espérances frivoles, Adorer avec lâcheté Ces chimériques fariboles De grandeur et de dignité, Et, vil client de la fierté, À de méprisables idoles, Prostituer la vérité ? […] Déjà la vieillesse s’avance ; Et je verrai dans peu la mort Exécuter l’arrêt du sort Qui m’y livre sans espérance.
dico) ô trompeuse espérance des hommes ! […] Votre amour pour la patrie me fait concevoir de bonnes espérances.
Des émotions fortes, des tableaux absolument neufs, de nouveaux cieux, une terre nouvelle, un langage et des sentiments qui ne ressemblaient à rien de ce que l’on avait senti, voilà ce qu’offrait l’épisode d’Atala ; et voilà ce qu’il fallait pour donner à l’âme, de ces distractions puissantes qui l’arrachent malgré elle au charme douloureux de ses souvenirs, et même aux illusions de ses espérances.
Sans doute ce triste spectacle des vanités humaines nous imposait ; et l’espérance publique frustrée, tout à coup, par la mort de cette princesse, nous poussait trop loin.
Mais il n’a plus besoin de foi ni d’espérance : Un éternel amour en est la récompense.
Ceux que mes hautes espérances, ceux que les liens du sang, ceux même que l’envie intéressait à mon sort, donneront des larmes à un prince qui, naguère florissant, n’a survécu à tant de combats que pour succomber sous les intrigues d’une femme. […] Elles n’étaient pas encore essuyées, nos larmes, et une princesse aimable (Adélaïde de Savoie) qui délassait Louis des soins de la royauté, est enlevée dans la plus belle saison de son âge, aux charmes de la vie, à l’espérance d’une couronne et à la tendresse des peuples qu’elle commençait à regarder et à aimer comme ses sujets. […] Les cendres du jeune prince (duc de Bourgogne) se hâtent de s’unir à celles de son épouse : il ne lui survit que les moments rapides qu’il faut pour sentir qu’il l’a perdue, et nous perdons avec lui les espérances de sagesse et de piété qui devaient faire revivre le règne des meilleurs rois et les anciens jours de paix et d’innocence. […] Oreste qui, pour obéir à Hermione, a immolé Pyrrhus, apprend que cette princesse n’a pu lui survivre et s’écrie : Grâce aux cieux, mon malheur passe mon espérance !
Désespérer, signifiant perdre l’espérance, cesser d’espérer, est neutre, et a un régime composé avec de : = il ne faut pas désespérer de l’état. […] Verbes neutres : = dans cette douce espérance, tous les cœurs avaient tressailli de joie ; et cette joie avait éclaté sur tous les visages.
Écoutez Bossuet accablé de douleur et pénétré d’espérance devant le cercueil d’Henriette d’Angleterre ; écoutez les menaces foudroyantes qu’il adresse aux impies en racontant les égarements d’Anne de Gonzague, les accents d’amour divin que lui inspire la piété de la reine Marie-Thérèse, les adieux attendrissants par lesquels il prend congé du grand Condé et de la chaire chrétienne : vous aurez entendu le langage le plus puissant, le plus sublime, le plus pur qu’aient jamais parlé la passion et le sentiment. […] On a donné à l’exclamation le nom d’épiphonême, quand elle exprime une réflexion et termine un tableau un récit, un raisonnement. ’ « Notre siècle a vu un roi se servir de ces deux grands chefs, et profiter du secours du ciel ; et, après qu’il en est privé par la mort de l’un et les maladies de l’autre, concevoir de plus grands desseins, et exécuter de plus grandes choses, s’élever au-dessus de lui-même, surpasser et l’espérance des siens et l’attente de l’univers : — tant est haut son courage, tant est vaste son intelligence, tant ses destinées sont glorieuses ! […] Écoutons Massillon décrire la mort du pécheur : « Il sort de ses yeux mourants je ne sais quoi de sombre et de farouche, qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse du fond de sa tristesse des paroles entrecoupées de sanglots, qu’on n’entend qu’à demi, et on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées ; il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou l’espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment ; il entre dans des saisissements, où l’on ignore si c’est le corps qui se dissout, ou l’âme qui sent l’approche de son juge ; il soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs, ou le désespoir de quitter la vie.