Tantôt repoussant toute espèce d’artifice, sans autre parure que sa propre force, elle n’est, pour ainsi dire, que le langage de la passion : c’est celle de l’homme dans l’enfance des sociétés, ou de l’homme civilisé, mais sans instruction ; ce fut celle des premiers Romains, qui n’eurent long-temps qu’un idiome rude et sévère comme leurs mœurs. […] Ici, l’on ne peut pas, comme dans une assemblée nombreuse et composée des diverses classes de la société, employer toutes les ressources de l’art oratoire. […] Par exemple, une société est contractée entre plusieurs personnes avec différentes stipulations. S’il s’élève dans la suite quelque contestation sur l’exécution des conventions, le pacte primitif fera preuve plus directe et plus positive de la constitution de la société, que les actes subséquents qui ne sont que relatifs à cette société. […] Mais, de l’aveu du même poëte, le commerce de la société peut le faire connaître encore mieux2.
Des autels, des fleurs, de l’encens pour l’art, mais qu’on n’aille pas le cacher par delà les nuages, au-dessus de tout contrôle humain, en dehors de toute société humaine.
Mais, ainsi que le praticien s’instruit principalement dans les hôpitaux et au lit des malades, c’est surtout dans les assemblées politiques ou religieuses ; dans la place et la voie publique, au parterre des théâtres, dans la société intime où l’a placé la nature ou le hasard, que l’écrivain étudiera les passions : Segnius irritant animos demissa per aurem, Quam quæ sunt oculis subjecta fidelibus… Un fait dont on a été témoin, un mot, un signe caractéristique, échappés d’instinct à la passion, que l’observation les recueille, que la méditation les mûrisse, et ce travail sera plus utile que tous les commentaires de la philosophie, que tous les modèles de la poésie et de l’éloquence.
Au milieu de la barbarie universelle, il n’appartenait qu’au plus noble génie de concevoir ainsi la royauté hors de l’égoïsme, et de considérer la société, non comme la proie de la force, mais comme le but du pouvoir. […] Les formes de la société du moyen âge existaient encore. […] Cependant le but a été atteint, malgré l’anarchie et malgré le despotisme : l’ancienne société a été détruite pendant la révolution, et la nouvelle s’est assise sous l’empire. […] Sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants, auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans ses études sérieuses parmi les livres, société morte du solitaire. […] Ainsi alarmés, les singes mêlent, du haut des arbres, leurs cris à ceux des grands quadrupèdes ; ils réveillent les troupes d’oiseaux perchés en société, et peu à peu l’alerte se communique à tous les animaux.
» Nous devons aussi à la société des Jésuites, les prédicateurs les plus admirés sous le règne de Louis XV. […] Ce sont ceux que prononce le procureur du roi, ou l’un des avocats-généraux, à la rentrée des parlements, et qui doivent rouler sur l’administration de la justice, ou sur des objets qui y ont quelque rapport ; les Mercuriales, discours dans lesquels le premier président, ou l’un des gens du roi s’élève contre les abus et les désordres qui ont été remarqués dans l’administration de la justice ; enfin les Réquisitoires, discours dans lesquels le procureur du roi demande aux magistrats quelque chose d’intéressant pour la société civile, et qui doivent respirer en tout l’amour du bien public. […] Les sociétés littéraires ont été instituées pour porter les sciences et les arts au plus haut degré de perfection possible.
ils sont ensevelis pour jamais dans une nuit profonde ; l’homme d’alors, replongé dans les ténèbres de l’ignorance, a, pour ainsi dire, cessé d’être homme1 : car la grossièreté, suivie de l’oubli des devoirs, commence par relâcher les liens de la société, la barbarie achève de les rompre ; les lois méprisées ou proscrites ; les mœurs dégénérées en habitudes farouches ; l’amour de l’humanité, quoique gravé en caractères sacrés, effacé dans les cœurs ; l’homme enfin sans éducation, sans morale, réduit à mener une vie solitaire et sauvage, n’offre, au lieu de sa haute nature, que celle d’un être dégradé au-dessous de l’animal.
Ce serait détruire la société au lieu de la conserver, parce que cette contrainte serait trop gênante et que chacun aimerait mieux se tenir en son particulier.
Ce n’est plus un villageois discourant savamment sur les intérêts publics, c’est Paul-Louis se livrant avec une sorte d’enthousiasme au besoin de dire sa vocation de pamphlétaire et de la venger des mépris d’une portion de la société.
En même temps, ils sacrifient le naturel au goût conventionnel, raffiné, dédaigneux et exclusif d’une société fastueuse. […] Naturellement les modernes étaient mieux accueillis que les anciens dans le monde, et la société polie leur prodiguait les applaudissements3. […] Là, le poète saisit et dépeint en traits ineffaçables cette époque de transition où l’élément chrétien envahissait la société romaine, et où l’élément païen de cette société déchaînait toute sa fureur contre la nouvelle doctrine qui renversait les temples et brisait les idoles de ses dieux. […] Il s’entend surtout à rendre l’image de la brillante société française de cette époque de grandeur et de corruption élégante : lumière et ombre, gloires et hontes, vertus et vices, il reproduit tout. […] Saint-Marc Girardin, représente assez bien la société un peu confuse du dix-huitième siècle, confusion qui ne dérangeait pas l’ordre extérieur de la société, mais qui produisait des contrastes de mœurs et de caractères dignes de la comédie.
L’affectation est aux deux extrêmes de la vie des sociétés, comme la faiblesse aux deux extrêmes de celle des individus.
Pour que l’inspiration revienne, il faut un autre culte, une autre société, un monde renouvelé.
Son cours de littérature dramatique est une histoire de nos travers, de nos idées, de nos mœurs, en un mot de la société française et du cœur humain.
Dans l’ancien testament, le plus ancien, et le plus authentique de tous les livres, sont marquées la propagation du genre humain, la distribution des terres, l’origine des sociétés, des empires et des arts. […] Alors il ne s’agirait plus que de former une société nombreuse de savants, de leur communiquer la même âme, et de la faire passer, par une sorte de métempsycose, dans les continuateurs, jusqu’à la perfection entière de l’entreprise.
On ne saurait trop regretter, avec M. le cardinal Maury, que l’écrivain, beaucoup trop resserré dans les bornes d’une demi-heure de lecture, ne les ait pas franchies, au lieu de sacrifier son sujet à cette loi du concours, et qu’il se soit réduit à une ébauche, en appliquant uniquement les rapports de l’esprit philosophique à la religion, à l’éloquence et à la poésie, tandis qu’il aurait dû en étendre les effets à l’agriculture, aux beaux-arts, à l’administration, à la société, enfin à tous les autres objets scientifiques, moraux, politiques, littéraires, etc., sur lesquels s’exerce visiblement son influence.
Sans doute, la tribune et le barreau ont conservé beaucoup de leurs anciennes prérogatives ; l’éloquence de l’avocat en tout pays, et celle du représentant, dans les gouvernements constitutionnels, sont encore une des voies les plus rapides et les plus sûres pour arriver à la fortune, aux hautes dignités, à la considération nationale, à la célébrité européenne ; enfin la société moderne a vu naître et fleurir une troisième branche d’éloquence inconnue à l’antiquité, celle de la chaire.
L’idée république est comprise dans l’idée gouvernement, état, société.
Entretenir perpétuellement dans une ville telle que Paris une consommation immense dont une infinité d’accidents peuvent toujours tarir quelques sources ; réprimer la tyrannie des marchands à l’égard du public, et en même temps animer leur commerce ; empêcher les usurpations mutuelles des uns sur les autres, souvent difficiles à démêler ; reconnaître dans une foule infinie tous ceux qui peuvent si aisément y cacher une industrie pernicieuse et en purger la société ; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir, et ne punir que rarement et utilement ; être présent partout sans être vu ; enfin mouvoir ou arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse, et être l’âme toujours agissante et presque inconnue de ce grand corps : voilà quelles sont en général les fonctions du magistrat de la police.
Admis dans la congrégation de la Doctrine chrétienne, puis professeur de rhétorique à Narbonne, où il brilla par d’ingénieuses bagatelles que couronnaient des académies de province, il attira l’attention de Conrart, qui se plaisait à produire les talents, et devint par son patronage précepteur chez M. de Caumartin, qui lui fit connaître la société la plus choisie.
Il n’était pas de ces mélancoliques orgueilleux qui se croient composés d’une essence raffinée et se révoltent contre la nature ou la société.
Dans les sociétés modernes, la tribune et les journaux sont les organes principaux de ce genre d’éloquence. […] Or, dans Dieu sont réunis comme dans leur centre tous les devoirs et toutes les obligations qui lient les hommes entre eux par le commerce d’une étroite société. […] La religion chrétienne est raisonnable : En ce qu’elle repose : 1° sur l’autorité la plus grande, la plus respectable et la mieux établie qu’il y ait sur terre ; 2° sur les idées les seules dignes de Dieu et de l’homme, les seules conformes aux principes de l’équité, de l’honnêteté, de la société, de la conscience ; 3° sur les motifs les plus décisifs, les plus triomphants, les plus propres à soumettre les esprits les moins crédules. […] Rousseau a fondé toutes ses utopies sociales sur un cercle vicieux : il prouve ; que l’homme n’est pas né pour l’état de société ; parce que l’homme a vécu, à l’état sauvage, et il prouve que l’homme a dû vivre à l’état sauvage, parce qu’il n’est pas né pour l’état social14.
D’ailleurs, c’est par un effet de la providence divine que nulle terre ne porte tout ce qui sert à la vie humaine ; car le besoin invite les hommes au commerce pour se donner mutuellement ce qui leur manque, et ce besoin est le lien naturel de la société entre les nations : autrement tous les peuples du monde seraient réduits à une seule sorte d’habits et d’aliments ; rien ne les inviterait à se connaître et à s’entrevoir.
C’est presque l’histoire de toute société humaine. » 6.
Une vie romanesque et aventureuse, en lui faisant voir bien des pays1, éprouver bien des conditions diverses, l’avait initié à cette science du cœur humain sans laquelle on ne saurait offrir un tableau véritable de la société.
A me servir aussi cette voix empressée, Loin de moi, quand je veux, va porter ma pensée : Messagère de l’âme, interprète du cœur, De la société je lui dois la douceur.
Du sein des voûtes qui me couvrent, je puis mal voir ; mais ceux qui voient mieux que moi n’ont-ils pas l’obligation de me tendre la main, de guider mes pas, de me mettre en état, puisque j’en ai l’extrême désir, de mériter d’eux et de la société ?
Le discours oratoire est le vaste champ où l’éloquence peut étaler ses plus grandes richesses les distribuant, néanmoins, d’une manière proportionnée au sujet qu’elle traite, et. au lieu où elle se montre ; soit que, dans nos temples, elle annonce aux peuples les vérités augustes de la religion, et qu’elle loue les saints et les héros ; soit que, dans le sanctuaire de la justice, elle défende la fortune, la vie et l’honneur des citoyens ; soit que, dans les sociétés littéraires, elle embrasse des objets relatifs aux sciences et aux arts ; soit qu’enfin, dans les assemblées des nations, ou dans les cabinets des rois, elle discute les intérêts des peuples et des souverains. […] Là, sur ce théâtre changeant et mobile, où la scène varie à chaque instant ; où, sous les apparences du repos, règne le mouvement le plus rapide : dans cette légion d’intrigues cachées, de perfidies ténébreuses, de méchanceté profonde et réfléchie : dans cette région, où l’on respecte, sans estimer ; où l’on applaudit, sans approuver ; où l’on sert, sans aimer ; où l’on nuit, sans haïr ; où l’on s’offre par vanité ; où l’on se promet par politique ; où l’on se donne par intérêt : où l’on s’engage sans sincérité ; où l’on se retire, où l’on s’abandonne sans bienséance et sans pudeur : dans ce labyrinthe de détours tortueux, où la prudence marche au hasard ; où la route de la prospérité mène si souvent à la disgrâce ; où les qualités nécessaires pour avancer, sont souvent un obstacle qui empêche de parvenir ; où vous n’évitez le mépris, que pour tomber dans la haine ; où le mérite modeste est oublié, parce qu’il ne s’annonce pas ; où le mérite qui se produit, est écarté, opprimé, parce qu’on le redoute ; où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux : là, dès les premiers pas que l’abbé de Fleuri fait dans ces sentiers embarrassés, on croirait qu’il les a parcourus mille fois… Il apporte à la cour les talents qu’on vient y chercher ; il n’y prend aucun des vices qu’elle a coutume de donner… Les sociétés du goût le plus fin, le plus délicat et le plus difficile, le reçoivent, l’appellent et l’invitent… Il se concilie tous les esprits ; il obtient tous les suffrages ». […] Au reste, s’ils ont en partage la prudence, la maturité, et quelques autres qualités louables, elles sont bien compensées par l’humeur brusque et chagrine, par un esprit difficile et caustique, par une affectation presque continuelle à contredire, à censurer ; défauts, pour ne rien dire de plus, qui les rendent peu agréables à la société.
Oui, ce don suffit aux enfants ; il suffit même au commun des hommes, dans les débats de la société. […] On repoussait rudement ces ennemis obscurs de tout mérite éclatant, ces insectes de la société, qui ne sont aperçus que parce qu’ils piquent. […] Quand il n’y a pas de société, l’esprit est rétréci, sa pointe s’émousse, il n’a pas de quoi se former le goût. […] Si vous examinez à présent nos mœurs, nos lois, notre gouvernement, notre société, vous trouverez que mon compte est juste. […] Le commerce commençait à naître ; mais on n’en goûtait pas encore les avantages ; la société était sans agréments : les villes, sans police : toutes les consolations de la vie manquaient en général aux hommes.
Au xviiie siècle, le théâtre s’essaya à représenter ainsi, au lieu des passions, les rapports de famille ou de société.
Pourquoi admettez-vous qu’Alexandre a vaincu les Perses, et que le castor vit eu société ?
Il le rendra bienveillant, si l’orateur donne à ceux qui l’écoutent une bonne opinion de son caractère, s’il parle avec probité, franchise et modestie ; il le rendra attentif, s’il fait envisager l’affaire dont il parle comme importante et capable d’intéresser la société.
En suivant cette comparaison, j’ajouetrai que le Génie du christianisme (1802) fut l’arc-en-ciel, le signe brillant d’alliance et de réconciliation entre la religion et la société française.
tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles.
Au lendemain des jours néfastes, il compta parmi les représentants les plus délicats de cette société polie qu’avait dispersée la terreur et qui s’étonna de renaître au milieu des ruines.
Les bergers peuvent avoir le désir de plaire, l’émulation dans les jeux, l’ambition d’entretenir un troupeau nombreux et fécond, des passions douces, tendres et modérées, mais jamais de ces passions violentes et cruelles qui sont le fléau de la société.
Les fleurs, les fruits, les grains perfectionnés, multipliés à l’infini ; les espèces utiles d’animaux transportées, propagées, augmentées sans nombre ; les espèces nuisibles réduites, confinées, reléguées ; l’or, et le fer plus nécessaire que l’or, tirés des entrailles de la terre ; les torrents contenus, les fleuves dirigés, resserrés372 ; la mer même soumise, reconnue, traversée d’un hémisphère à l’autre ; la terre accessible partout, partout rendue aussi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes prairies, dans les plaines de riches pâturages ou des moissons encore plus riches ; les collines chargées de vignes et de fruits, leurs sommets couronnés d’arbres utiles et de jeunes forêts373 ; les déserts devenus des cités habitées par un peuple immense qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu’aux extrémités ; des routes ouvertes et fréquentées, des communications établies partout comme autant de témoins de la force et de l’union de la société : mille autres monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l’homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il en partage l’empire avec la nature. […] Dans toute société, soit des animaux, soit des hommes, la violence fit les tyrans ; la douce autorité fait les rois384 ; le lion et le tigre sur la terre, l’aigle et le vautour dans les airs, ne règnent que par la guerre, ne dominent que par l’abus de la force et par la cruauté, au lieu que le cygne règne sur les eaux à tous les titres qui fondent un empire de paix, la grandeur, la majesté, la douceur. […] Aux avantages de la nature le cygne réunit ceux de la liberté ; il n’est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer : libre sur nos eaux, il n’y séjourne, ne s’établit qu’en y jouissant d’assez d’indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité ; il veut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s’éloigner au large ou venir, longeant la rive, s’abriter sous les bords, se cacher dans les joncs, s’enfoncer dans les anses les plus écartées ; puis, quittant sa solitude, revenir à la société, et jouir du plaisir qu’il paraît prendre et goûter en s’approchant de l’homme, pourvu qu’il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans. […] On ne m’a laissé passer guère que deux mois dans cette île ; mais j’y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l’éternité, sans m’y ennuyer un moment, quoique je n’y eusse d’autre société que celle du receveur, de sa femme et de ses domestiques, qui tous étaient, à la vérité, de très bonnes gens et rien de plus : mais c’était précisément ce qu’il me fallait.
La société des livres est pleine d’enseignements pour tous les âges ; mais, pour le jeune littérateur surtout, elle a une foule d’avantages et d’attraits. […] Il diffère de la tragédie en ce qu’il remplace les infortunes royales ou héroïques par les aventures de la vie bourgeoise et de la société privée. […] L’objet de la comédie est donc de corriger les vices et les travers de la société ; le ridicule et la plaisanterie sont les armes dont se sert le poète pour atteindre ce but. […] La comédie populaire est une petite pièce dont le but est de faire rire par une peinture familière des ridicules et des vices de la société.
L'homme pauvre, s'il appartient aux dernières classes de la société, et s'il est dépourvu de talents, est timide et rampant quand il est sans appui ; mais, enhardi par l'impunité, il est audacieux et bassement cruel. […] C'est au bas de la lettre que l'on met ordinairement la date. — On met sous enveloppe les lettres qu'on écrit aux personnes des premières classes de la société. […] Il faut faire parler les personnages selon leur caractère, selon les opinions qu'ils ont émises dans la société ou dans leurs écrits.
« Loin du commerce des affaires et de la société des hommes, — les âmes sans force aussi bien que sans foi, — qui ne savent pas retenir leur langue indiscrète ! […] Le prince, dont le jugement, dit Bossuet, était une règle toujours sûre, encourageait les grands écrivains par de nobles bienfaits, par une attention flatteuse et souvent docile, par des conseils de goût ; il donnait le ton à la société la plus brillante, la plus éclairée, la plus polie qui fut jamais. Éloquence de la chaire ; son influence sur la prose française. — C’est pour ce maître d’un esprit si judicieux, pour cette société si délicate et ensemble si religieuse, que se forma cette grande éloquence de la chaire, inconnue des anciens, dont les modèles appartiennent à notre littérature. […] Pendant que les grands orateurs instruisaient la société par leurs discours, leurs livres, leur correspondance, La Bruyère travaillait silencieusement à la peindre. […] Enfin, les révolutions bouleversent le langage comme la société, forgent les mots, ou tout au moins les dénaturent, pour servir les passions et les intérêts.
c’est que la religion est dans Massillon ce qu’elle devrait être partout, et ce qu’on la trouve en effet, quand on la considère dans le véritable esprit de ses maximes ; c’est qu’il n’est pas une classe de la société, pas une circonstance dans la vie, où l’on ne puisse faire ce que nous prescrit cette religion par la bouche de l’orateur : tous les devoirs qu’il nous impose, en son nom, se trouvent si essentiellement liés à notre félicité temporelle, que l’on court volontiers au-devant d’un joug qui n’a rien d’effrayant dans la perspective, rien de pénible dans la pratique.
Ce n’est pas que la philosophie n’ait des droits incontestables aux hommages des princes de la terre ; ils ont besoin de ses lumières, comme elle a besoin de leur appui et de leur protection : mais elle ne doit approcher du trône que pour l’affermir, que pour le rendre plus vénérable ; et je ne vois plus que la sédition raisonnée, dans cette audacieuse philosophie qui, sous prétexte de donner des leçons aux rois, relâche insensiblement tous les liens de la subordination naturelle, et ébranle par conséquent la société dans ses premiers fondements.
Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92.
Si l’on se sent un talent décidé pour ce genre de poésie, il faut, ou attaquer des personnages imaginaires, ou s’armer contre les vices généraux de la société, et faire des épigrammes morales, telles que celle-ci de J.
magnificence, illumination, toute la France, habits rebattus et brochés d’or, pierreries, brasiers de feu et de fleurs, embarras de carrosses, cris dans la rue, flambeaux allumés, reculements et gens roués1 ; enfin le tourbillon, la dissipation, les demandes sans réponses, les compliments sans savoir ce que l’on dit, les civilités sans savoir à qui l’on parle, les pieds entortillés dans les queues ; du milieu de tout cela, il sortit quelque question de notre société, à quoi ne m’étant pas assez pressée de répondre, ceux qui les faisaient sont demeurés dans l’ignorance et dans l’indifférence de ce qui est.
On doit les regarder plutôt comme des jeux littéraires, comme des passe-temps de société, que comme des productions dignes d’un vrai talent poétique.
Une des lumières du barreau de Paris, Me Chaix-d’Estange, défendait à Bruxelles un jeune homme de la haute société, accusé d’homicide.
Pourquoi donc faire un crime aux chats de ce qui, dans la société, est à vos yeux le plus grand de tous les mérites ?
Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; son investigation philosophique a parcouru tous les rangs de la société ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeoiset nobles, marchands, médecins et hommes de lois ; pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter les ridicules ou les vices de toutes les conditions et de tous les caractères : bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot son siècle et avec lui l’humanité tout entière.
Vous savez encore notre voyage de Bourgogne, et avec quelle franchise je vous redonnai toute la part que vous aviez jamais eue dans mon amitié : je revins entêtée de votre société.
La confiance, si nécessaire entre les hommes, est le lien de la société et de l’amitié. […] Jetons les yeux sur l’Église, c’est-à-dire sur cette société visible des enfants de Dieu qui a été conservée dans tous les temps : c’est le royaume qui n’aura point de fin. […] Considérons cette société sous Moïse. […] Je ne me suis jamais piqué d’être l’esclave ni l’idolâtre de la société de mes pareils ; et cet amour tant vanté est une passion trop populaire pour être compatible avec la hauteur de mon âme. […] Qui dit une société, dit un corps qui subsiste par l’union de divers membres et confond l’intérêt particulier dans l’intérêt général : c’est là le fondement de toute la morale.
Le moraliste qui peint les travers de la société vivante, l’écrivain qui retrace quelque grande scène de la nature, prennent leurs sujets dans le monde existant ; l’annaliste s’empare du monde historique, le romancier vit dans le monde idéal ; quant au monde fabuleux, il est aujourd’hui presque abandonné.
Il n’en fut pas moins l’oracle de toute la société polie du temps. […] Le sol de la patrie La société humaine demande753 qu’on aime la terre où l’on habite ensemble : on la regarde comme une mère et une nourrice commune, on s’y attache, et cela unit. […] Les cœurs sont à ce prix ; et les grands dont la bonté n’est pas le partage, par une juste punition de leur dédaigneuse insensibilité, demeureront privés éternellement du plus grand bien de la vie humaine, c’est-à-dire des douceurs de la société. […] Ce succès ne s’est pas démenti : les Caractères, où la société de la fin du xviie siècle revit, saisie et jugée par un esprit singulièrement personnel et perspicace, sont en effet un des livres les mieux écrits, les plus fins et les plus variés de notre langue. […] Recherché dans les sociétés les plus délicates du temps pour l’agrément de sa conversation, Fontenelle passa à juste titre pour un homme d’un esprit brillant, mais d’un cœur sec et dénué de toute passion généreuse.
Je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu’elle puisse vivre après une telle perte. » Les lettres familières forment une partie essentielle des, relations de famille et des rapports de société ; on ne saurait donc trop y exercer la jeunesse, et surtout les jeunes personnes. […] Dans l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui entra jamais dans l’esprit humain, savoir : que tous les droits de la société sont suppléés par la bravoure ; qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur ; qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité ; que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le lue.
Si l’histoire ou la société actuelle fournit au poëte une action, qui puisse, avec toutes ses circonstances, être mise sur la scène, il la présentera sans y rien changer. […] C’est là qu’on doit peindre les caractères, non tels qu’ils sont ; réellement, mais tels qu’ils peuvent être vraisemblablement, et, pour cela, réunir en un seul tous les traits d’un caractère, distribués entre plusieurs membres de la société civile. […] Le poète parle pour tous les spectateurs que renferment les diverses classes de la société. […] Le style de la comédie, quel que soit le ton qu’on prenne, sera donc vraiment simple et naturel, si l’on fait parler un personnage, comme on doit supposer qu’il parle (lorsqu’il parle bien) dans la société ordinaire. […] Poinsinet n’a fait que le Cercle, petite pièce, où le ridicule de certaines sociétés est bien peint, et qu’on voit toujours avec un nouveau plaisir.
. — Pourtant songez-y, vous dirai-je ; Nous avons abattu le dernier privilége : Que reste-t-il encor qui puisse être emporté, Sinon les fondements de la société ?
La forme de notre gouvernement, l’esprit d’indépendance qui se manifeste dans toutes les classes de la société, doivent engager le plus grand nombre de jeunes Français à étudier de bonne heure ; l’art oratoire quelle que soit la carrière à laquelle ils se destinent, cette étude ne sera jamais sans fruit, et elle peut être d’un grand avantage à quelques-uns d’entre eux, en leur facilitant les moyens de se présenter un jour avec honneur au milieu de nos assemblées législatives. […] C’est parmi les anciens auteurs que nous devons chercher les exemples les plus fréquents du sublime : Une société encore grossière et à demi civilisée paraît favoriser plus particulièrement les émotions du sublime. […] C’est ainsi qu’il suffit qu’un seul individu entre dans une société avec des marques non équivoques de mélancolie ou de joie empreintes sur sa figure, pour répandre ce sentiment dans toute l’assemblée. […] La conséquence évidente de ce qui précède est que l’éloquence est un talent élevé, important pour la société, qui exige du génie naturel et le perfectionnement de l’étude. […] On la gouvernait sans la persuader ; et aucune de ces sociétés où l’art oratoire est un objet important n’existait encore.
Les derniers siècles du moyen âge avaient donc commencé à initier la société laïque aux lettres antiques, comme à l’émanciper dans l’ordre politique et religieux par la décadence de la féodalité, les défaites de la théocratie pontificale et les essais de l’esprit d’examen. […] Odes pindariques ou horatiennes, ou anacréontiques ; dans les « Amours », sonnets italiens par centaines, chansons ou élégies, poésies légères de toute espèce, épîtres sous les titres de Poèmes, Bocage royal, Discours qui sont souvent une éloquente intervention dans ce qui passionnait et divisait la société politique et religieuse ; tout haussait sa gloire.
Ces quatre mondes sont : 1° le monde existant, où puisent le moraliste qui peint la société et l’écrivain qui retrace une scène de la nature ; 2° le monde historique, qui est le domaine de l’analyste ; 3° le monde idéal, où vivent les conteurs et les romanciers ; 4° le monde fabuleux, qui nous rappelle la mythologie. […] Une description se puise à quatre sources : 1° dans la nature, lorsqu’on représente une de ses scènes variées ; 2° dans la société, en peignant les actions des hommes ; 3° dans le cœur humain, en parlant des passions ; 4° dans la religion, en retraçant les faits auxquels la foi nous initie. […] L’orateur choisi par ses concitoyens pour défendre la société contre les méchants, et faire des lois qui sauvegardent les droits et le bonheur de tous, a reçu une mission noble, importante, sacrée même : car sa personne est inviolable.
Peut-être serait-ce là, et là seulement que l’on pourrait étudier avec fruit cette partie essentielle de l’histoire de l’homme en société.
et que deviendrait la société, si cette étrange philosophie était celle de tous ceux qui peuvent se rendre utiles à leurs semblables ?
Molière voulant tracer le vrai caractère de l’avare, n’en chercha point un parfait modèle dans la société, c’est-à-dire, qu’il ne s’appliqua point à y découvrir un homme qui eût fait tout ce que fait on peut faire un avare.
En suivant cette comparaison, j’ajouterai que le Génie du christianisme (1802) fut l’arc-en-ciel, le signe brillant d’alliance et de réconciliation entre la religion et la société française.
Ses conseils en Italie vont, par-dessus les Alpes, apprendre à la France les conditions d’une société réglée. » (M.
Partisans tous deux de la bonne école, et admirateurs passionnés des grands maîtres ; ayant puisé tous deux d’excellentes leçons dans la société de Louis Racine ; partis enfin des mêmes principes, et près que du même point, ils ont suivi l’un et l’autre une carrière différente, mais également distinguée par des succès honorables.
Cette idée, exécutée avec tout l’esprit que M. de Marivaux pouvait y mettre, avait eu le plus grand succès dans les sociétés particulières où il avait lu son ouvrage.