Il est, dans celle-ci, plus simple, plus léger, plus rapproché de la conversation47. […] Leur marche était plus légère, parce qu’ils portaient moins que nous.
Agile, dégagé, brisé, coupé, appelant les choses par leur nom, il prépare et annonce les temps nouveaux où les philosophes s’armeront à la légère. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde.
Les esprits légers, frivoles et superficiels, disons même les ignorants, ont applaudi à ce jeu de mots.
Je m’approchais pour la lire, écartant ces plantes, cherchant à poser le pied sans rien fouler, quand M. d’Agincourt, que je n’avais pas vu : « C’est ici, me dit-il, l’Arcadie du Poussin, hors qu’il n’y a ni danses ni bergers ; mais lisez, lisez l’inscription. » Je lus ; elle était en latin, et il y avait dans la première ligne : Aux dieux mânes ; un peu au-dessous, Fauna vécut quatorze ans trois mois et six jours ; et plus bas, en petites lettres : Que la terre te soit légère, fille pieuse et bien-aimée !
Comme Maurice, elle eut aussi le sens profond des harmonies de la nature ; mais son pinceau est plus rapide et plus léger.
Dans les ouvrages les moins importants, il y a un art de combiner les parties, de manière à faire valoir l’ensemble : une élégie, une chanson, une épigramme, enfin la composition la plus légère doit souvent presque tout son charme à une disposition ingénieuse. […] Aussi ces chevaux sauvages sont-ils beaucoup plus forts, plus légers, plus nerveux que la plupart des chevaux domestiques. » Une épithète mal placée surcharge la phrase et l’affaiblit. […] Quelquefois l’allusion est mêlée d’une légère teinte d’ironie. […] M. de Chateaubriand, qui a souvent donné à la prose les allures de la poésie, dit dans les Natchez : « Moins rapide est l’hirondelle effleurant les ondes, moins léger le duvet du roseau qu’emporte un tourbillon. » Ce dernier membre de phrase offre en même temps un heureux exemple de construction elliptique. […] Telle matière, stérile et bornée pour un esprit léger, devient inépuisable pour celui qui réfléchit.
Il n’en était pas de même des rhétoriciens : les philosophes appelaient les orateurs formés à cette école, des ouvriers de paroles à la langue légère. […] Que Quintilien donne à ses disciples à deviner pourquoi les Lacédémoniens représentaient Vénus année, ou pourquoi l’on dépeint l’Amour sous la figure d’un enfant ; pourquoi on lui donne des ailes, des flèches, un flambeau ; avec un peu d’esprit et quelques légères connaissances, ils répondront passablement. […] Il faut avouer même que notre nation n’est guère capable de cette véhémence : on est trop léger, et on ne conçoit pas assez fortement les choses. […] Tous ces monuments, négligés par un vulgaire toujours barbare, et par les gens du monde toujours légers, attirent souvent les regards du dieu. […] Boileau, il est vrai, a dit après Horace : Heureux qui dans ses vers sait, d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !
Il y représente la poésie légère, au lendemain de Malherbe, et le badinage frivole près du solennel Balzac. […] Phèdon ou le pauvre Phédon743 a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre : il dort peu, et d’un sommeil fort léger : il est abstrait, rêveur, et il a, avec de l’esprit, l’air d’un stupide ; il oublie de dire ce qu’il sait ou de parler d’événements qui lui sont connus, et, s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal ; il croit peser à ceux à qui il parle ; il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire ; il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis, il court, il vole pour leur rendre de petits services ; il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide ; il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre744 ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] Les manières, que l’on néglige comme de petites choses, sont souvent ce qui fait que les hommes décident de vous en bien ou en mal : une légère attention à les avoir douces et polies prévient leurs mauvais jugements. […] La mode784 Une personne à la mode ressemble à une fleur bleue 785 qui croît de soi-même dans les sillons, où elle étouffe les épis, diminue la moisson, et tient la place de quelque chose de meilleur ; qui n’a de prix et de beauté que ce qu’elle emprunte d’un caprice léger qui naît et qui tombe presque dans le même instant : aujourd’hui elle est courue, les femmes s’en parent ; demain elle est négligée et rendue au peuple. […] Il y a de légères et frivoles circonstances du temps qui ne sont point stables, qui passent, et que j’appelle des modes, la grandeur, la faveur, les richesses, la puissance, l’autorité, l’indépendance, le plaisir, les joies, la superfluité793.
Si l’on veut consoler une personne, il ne faut pas prendre un ton léger qui semble insulter à sa douleur.
Fermée à l’ennemi1, la maison s’ouvre au jour, Légère comme un kiosk, forte comme une tour.
Il aime la force : ses plus légères nouvelles sont comme sculptées sur l’airain.
C’est cette qualité qui fait apercevoir les moindres nuances, et saisir les beautés les moins apparentes ainsi que les plus légers défauts.
Tout y est décent, régulier ; les mœurs y sont peintes dans le vrai, avec une charge si légère, qu’elle ne s’aperçoit presque point. […] Les comédies-vaudevilles, ou plus brièvement, comme on dit aujourd’hui, les vaudevilles, sont des comédies d’un genre léger, entremêlées de couplets, de petits duos, de petits trios, le plus souvent sur des airs connus.
Les chaînes qu’on lui donne-ici sont aisées à porter, et ne doivent paraître trop pesantes qu’aux esprits vains et légers.
Originaire de Rouen et neveu du grand Corneille, il voulut d’abord marcher sur les traces de son oncle et travailler pour le théâtre : mais ses compositions dramatiques ne réussirent que fort peu ; et, pour ses vers en général, si quelques-uns eurent de son vivant plus de succès, on peut dire qu’à l’exception d’un petit nombre de pièces légères ils ne le méritaient pas davantage : Fontenelle manquait de naturel et de cette émotion vraie qui est l’âme de la poésie.
Si l’on n’est pas coupable, tout en expliquant les faits il faut prendre certaines précautions pour ne pas irriter le correspondant en lui démontrant trop vivement que le tort est de son côté et qu’il a jugé des choses trop à la légère.
Rien n’est encore plus opposé à la véritable éloquence que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité2.
Elle ne laisse pas toutefois de se parer, quand il est besoin, quoiqu’elle soit moins curieuse de ses ornements que de ses armes, et qu’elle songe davantage à gagner l’âme pour toujours par une victoire entière, qu’à la débaucher pour quelques heures par une légère satisfaction… L’antiquité appelait cela puiser ses discours dans l’estomac1 et avoir l’âme éloquente : elle a donné cette qualité à Ulysse, après lui avoir donné la doctrine et l’expérience, comme si la vertu de discourir devait être l’effet et la créature2 de celle de connaître et de savoir.
Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse !
Étrange contradiction de leur conduite : très sensibles au plus léger préjudice qui leur est causé, ils ne s’inquiètent pas de leurs plus grands intérêts. […] Ils sont tout autres à l’égard de toutes les autres choses : ils craignent jusqu’aux plus légères, ils les prévoient, ils les sentent ; et ce même homme qui passe tant de jours et de nuits dans la rage et dans le désespoir pour la perte d’une charge, ou pour quelque offense imaginaire à son honneur, c’est celui-là même qui sait qu’il va tout perdre par la mort, sans inquiétude et sans émotion. […] Le prince aborde dans cette même île de Wist où il était venu prendre terre lorsqu’il arriva de France : il y trouve un peu de secours et de repos ; mais cette légère consolation ne dura guère : des milices du duc de Cumberland arrivèrent au bout de trois jours dans ce nouvel asile. […] Ayez autant d’esprit que vous voudrez, ou que vous pourrez, dans un madrigal, dans des vers légers, dans une scène de comédie, qui ne sera ni passionnée ni naïve ; dans un compliment, dans un petit roman, dans une lettre, on vous vous égayerez, pour égayer vos amis. […] Rien n’est encore plus opposé à la véritable éloquence que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité.
Quand ces impressions sont légères, elles produisent tout ce qu’on appelle passions douces, sentiments, comme l’amitié, la gaieté, le goût. […] Voici comment il exprime sa joie : Il se lève, il retombe, et soudain se relève ; Se traîne quelquefois sur de vieux ossements, De la mort qu’il veut fuir horribles monuments, Quand tout à coup son pied trouve un léger obstacle, Il y porte la main.
I, ode 13) : L’homme, en sa course passagère, N’est rien qu’une vapeur légère, Que le soleil fait dissiper ; Sa clarté n’est qu’une nuit sombre, Et ses jours passent comme l’ombre, Que l’œil suit et voit échapper. […] Écoutons l’abbé Delille, ce gracieux auteur du poème des Jardins, du poème des Champs, l’heureux traducteur des Géorgiques de Virgile ; il va nous donner tout à la fois le précepte et l’exemple, dans ces vers imités de Pope : Peignez en vers légers l’amant léger de Flore, Qu’un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore. […] Mais vois d’un pied léger Camille effleurer l’eau, Le vers vole et la suit, aussi prompt que l’oiseau. […] Mais le zéphyr léger et l’onde fugitive, Ont bientôt emporté les serments qu’elle a faits. […] Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents et les vents incertains : Le Ciel, pour aborder cette terre étrangère, Accorde à tout mortel une barque légère.
Les beautés légères sont donc à leur place, quand on n’a rien de solide à dire ; mais le style fleuri serait ridiculement employé dans un sermon, dans un plaidoyer, etc.
Et si vous lui dites que ce bruit est faux et qu’il ne se confirme point, il ne vous écoute pas ; il ajoute que tel général a été tué ; et bien qu’il soit vrai qu’il n’a reçu qu’une légère blessure, et que vous l’en assuriez, il déplore sa mort, il plaint sa veuve, ses enfants, l’Etat ; il se plaint lui-même : il a perdu un bon ami et une grande protection.
Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait, Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville2 Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile, Cotillon simple et souliers plats3 Notre laitière ainsi troussée, Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait ; en employait l’argent ; Achetait un cent d’œufs ; faisait triple couvée : La chose allait à bien par son soin diligent.
« La fortune offre aux yeux des brillants mensongers : « Tous les biens d’ici-bas sont faux et passagers ; « Leur possession trouble et leur perte est légère : « Le sage gagne assez lorsqu’il peut s’en défaire. » Lorsque Sénèque fit ce chapitre éloquent, Il avait, comme vous, perdu tout son argent.
Si c’est le matin, quelles nuées légères s’élèvent !
L’horrible vent qui nous menaçait était plus léger que nous ; soudain, de l’extrémité du désert accourt un tourbillon.
Il faut se rappeler surtout qu’il parlait devant un peuple léger par caractère, injuste par conséquent, et qui avait déjà payé plus d’une fois par l’exil et même par la mort, les services d’une foule de grands hommes.
croit-on que ce titre si emphatique, cette dénomination si ambitieuse ait été adoptée à la légère, et que l’étymologie ne soit ici qu’une lettre morte ?
Sans cesse en écrivant variez vos discours… Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.
Trouvez sur votre palette ces mille espèces de vert et de bleu que vous donne la nature ; trouvez-les dans un style à la fois net et flexible, dans une profonde connaissance et une grande habitude des ressources de la langue, dans un vocabulaire d’une étendue considérable, qui permette de rendre, tout en évitant le néologisme, les nuances les plus légères et les plus fugitives.
Ou comprend aisément que l’on ne peut s’élever à des vues très-générales dans un sujet commun et léger, et en même temps que là où l’on s’élève aux vues générales, on ne peut garder un ton simple et vulgaire.
On voit que l’ironie qui blâme en paraissant louer est très-fréquente, celle qui loue en paraissant blâmer est plus rare, et ne s’admet d’ailleurs que dans les ouvrages légers.
Le dénouement doit soutenir l’intérêt de l’exposition et du nœud, c’est-à-dire que, s’il s’agit d’un fait sérieux, ce serait une faute, après avoir fait quelque chose de grave, d’amener un dénouement puéril ; de même qu’en matière légère, on serait répréhensible, après avoir préparé le lecteur à rire, de lui présenter un dénouement tragique.
Ces nues ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d’écume, ou formaient dans les cieux des bancs d’une ouate éblouissante, si doux à l’œil, qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur élasticité2.
Il est subtil, il est léger, mais d’une subtilité de nature, et non de pratique.
Il proteste de son innocence, et à toutes les questions qu’on lui adresse, répond invariablement : « Non, je ne suis pas coupable. » Pas de témoins du crime, pas de complices, des charges légères : une présomption morale seulement.
Tel est, outre le tableau déjà cité : Fortunate senex, le passage suivant de Segrais : Qu’en ses plus beaux habits, l’aurore au teint vermeil Annonce à l’univers le retour du soleil, Et que, devant son char, ses légères suivantes Ouvrent de l’Orient les portes éclatantes ; Depuis que ma bergère a quitté ces beaux lieux, Le ciel n’a plus ni jour ni clarté pour mes yeux.
Quelques définitions ont été éclaircies, de légères lacunes ont été comblées, un certain nombre de citations nouvelles sont venues se placer dans le corps de l’ouvrage. […] Les orateurs et les poètes font un fréquent usage de ces deux arguments, et il suffit d’ailleurs de légères modifications pour leur donner une forme oratoire. […] Il est commuable lorsque avec de légers changements on peut le rétorquer avec avantage contre celui qui l’emploie. […] L’œil du lecteur, toujours plus subtil que l’oreille de l’auditeur, lui permet de saisir les plus légers défauts et les moindres négligences. […] La susceptibilité est grande dans le métier des armes ; et trop souvent les querelles particulières, nées du plus léger oubli des convenances, ont influé d’une manière funeste sur le bien public.
Cette œuvre modeste, qui n’a pas paru inutile, se complète par deux recueils du même genre, où domine, avec de légères modifications de méthode, une pensée commune : d’un côté, par un recueil plus simple, rédigé pour les classes élémentaires ; de l’autre, par le présent recueil plus élevé, spécialement destiné aux classes supérieures2. […] Tous ils ont eu le goût antique ; et il suffit d’une légère connaissance de l’antiquité pour reconnaître que tous ils n’ont entrepris d’écrire qu’après s’être enrichis des dépouilles de Rome et d’Athènes. […] C’étaient, disaient-ils, près d’expirer, et faisant à la vie un adieu triste et tendre, que le cygne rendait ces accents si doux et si touchants, et qui, pareils à un léger et douloureux murmure, d’une voix basse, plaintive et lugubre, formaient son chant funèbre. […] De temps à autre naissait quelque faible et courte réflexion sur l’instabilité des choses de ce monde, dont la surface des eaux m’offrait l’image408; mais bientôt ces impressions légères s’effaçaient dans l’uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui, sans aucun concours actif de mon âme, ne laissait pas de m’attacher, au point qu’appelé par l’heure et par le signal convenu, je ne pouvais m’arracher de là sans efforts. […] D’un autre côté, le public, c’est-à-dire la plus saine partie de la nation, se laissa quelquefois éblouir par de légères beautés éparses dans des ouvrages médiocres ; mais il ne tarda pas à mettre les hommes de génie à leur place, lorsqu’il fut averti de leur supériorité par les vaines tentatives de leurs rivaux et de leurs successeurs.
L’action dramatique, comme les divers événements de la vie humaine qu’elle a pour objet de mettre sous les yeux, peut avoir deux caractères distincts : ou elle est illustre, héroïque, sérieuse, touchante ; ou bien elle est commune, enjouée et légère. […] Ce sera un magistrat qui, oubliant la décence et la gravité de son état, ne s’occupera que de puérilités ; un homme ruiné qui voudra apprendre aux autres à s’enrichir ; une personne âgée, en qui on retrouve les goûts légers et frivoles de la jeunesse ; un homme d’une condition ordinaire, qui voudra prendre le ton, les manières des grands seigneurs, et qui ne parlera que de rois et de personnages illustres ; un homme, en un mot, qui choquera, par sa manière d’être, la raison, les bienséances ou les usages reçus. […] Pour réussir dans le vaudeville, il faut posséder l’art de saisir ces transformations si rapides et si variées de la société qui échappent à un œil inattentif, et qui fournissent une foule de traits piquants ; il faut être doué de ce tact observateur auquel ne peuvent échapper ces erreurs légères et fugitives de l’esprit humain qui se cachent sous le vernis uniforme de la société .polie, les forcer, par l’art de la composition, à se déceler, et tourner surtout avec agrément ces couplets si gais, si pleins de sel attique, si finement aiguisés de bons mots, où l’épigramme ne va pas au delà de la malice.
C’est avec un pareil langage que l’on touche, que l’on pénètre les cœurs les plus indifférents, et que l’on porte la persuasion dans les moins disposés à se laisser persuader ; parce qu’avec un léger retour sur soi-même, il est impossible qu’on ne trouve passa conscience d’accord avec l’orateur, et que l’on ne se rende pas à sa voix.
Tout ce que La Harpe a dit de Voltaire poète, littérateur et historien, n’a besoin, pour être la vérité, que de quelques restrictions légères ; et si l’enthousiasme de l’amitié l’a tant soit peu égaré dans l’éloge du philosophe, c’est un excès que son motif rend excusable.
Un homme peut réunir plusieurs sortes de talents : ainsi Voltaire a excellé dans la tragédie, dans l’histoire, dans la poésie légère ; Léonard de Vinci se distingua à la fois comme peintre, sculpteur, mécanicien et architecte.
À la vérité, ces tissus brillants se faneront vite ; la trame en est légère et la couleur peu solide.
Que l’admiration de nous à eux, des modernes aux vrais Anciens, à ceux qui ont le mieux connu le beau, s’entretienne de phare en phare, de colline en colline, et ne s’éteigne pas ; que l’enthousiasme de ce côté n’aille pas mourir, — ce serait une diminution du génie humain lui-même ; — non un enthousiasme crédule, aveugle et indigne d’eux comme de nous, mais un enthousiasme léger, clairvoyant, intelligent, divinateur et réparateur, qui n’est que l’émotion la plus délicate et la plus vivé en face de tant de belles choses, accomplies une fois en leur juste cercle et à jamais disparues1.
Les anciens appellent vulgaire l’exorde qui peut appartenir à plusieurs sujets ; commun ou commuable, celui dont l’adversaire peut faire usage ou qu’il peut même, à l’aide de légers changements, retourner contre nous ; étranger ou emprunté, non-seulement celui qui ne convient pas au sujet, mais surtout celui qui semble amener une conséquence tout opposée à celle qu’on a en vue : tel cet exorde d’Isocrate dont Longin fait si justement la critique dans son Traité du sublime.
Présentez l’histoire des dieux païens et de leur entourage sous la forme de Lettres à Emilie, je le veux bien, le correspondant est à la hauteur du sujet ; mais s’il s’agit de chimie ou d’astronomie, faites-moi grâce de votre prose légère et de vos bouquets à Chloris.
Il faut aussi faire un choix parmi les preuves, négliger celles qui sont légères, et ne s’attacher qu’à celles qui peuvent vraiment influer sur la conviction de l’auditeur.
Il faut comprendre : « Je suis d’autant plus disposé à tout autre amusement, si léger qu’il soit, que mes livres, étant sous ma main, ne sauraient me faire défaut, en cas d’ennui. » 6.
Que Milon, ce défenseur intrépide des bons, cet irréconciliable ennemi des méchants, ait été constamment en butte aux orages, aux tempêtes soulevées, dans ces assemblées tumultueuses, par le vent des différentes factions, c’est ce que j’avais facilement prévu ; mais j’étais bien loin de croire que dans un jugement, dans un tribunal où siégent les principaux personnages des premiers ordres de l’état, les ennemis de Milon pussent concevoir l’espérance, je ne dis pas de consommer sa ruine, mais de porter la plus légère atteinte à sa gloire, par le ministère de juges tels que vous ».
Dans les combats ces astres ont brillé ; Et maintenant, ombres légères, De sa splendeur leur front est dépouillé, etc.
Que le ton soit léger et badin, grave et sérieux, selon les choses qu’on raconte.
C’est tiré d’un peu loin, c’est très-mythologique ; mais la leçon, aussi légère qu’ingénieuse, est proportionnée à la contrariété et au chagrin du prince, qui très-probablement avait été un peu grognon.
Les lieux exercent une influence sur ceux qui les habitent : glissons ici une description de la Chenaie, faite par Maurice de Guérin : « Nous sommes entourés, cernés, pressés et comme étouffés par les bois ; les mouvements du terrain sont si légers que c’est presque une plaine, en sorte qu’il est rare de trouver un horizon un peu large, et, quand on le trouve, c’est l’immense uniformité que présente la surface des forêt ; les arbres gris se perdent dans un ciel gris.
Jésus-Christ nous l’a proposée comme un joug léger et doux à porter. […] Le premier ayant tout le temps de réfléchir sur un ouvrage, en saisit jusqu’aux plus légers défauts, jusqu’aux plus petites négligences.
Ce bon peuple d’Athènes est le plus aimable de tous les peuples, mais aussi le plus léger et le plus inconséquent ; il a des retours plus soudains et des caprices plus inexplicables que ceux de la mer ; il a pour ses favoris la passion violente et meurtrière d’un enfant pour ses jouets ; il les jalouse, les épie, les accuse, les condamne avec l’emportement de la passion et la joie de la vengeance satisfaite ; les plus heureux sont ceux qu’il laisse à l’abandon, comme ses vieilles galères dont les cadavres gisent çà et là, épars sur le sable désert du rivage. […] Si cette perte vous paraît légère, à la bonne heure !
Certains arbres, comme les ormeaux et une infinité d’autres, renferment leurs semences dans des matières légères que le vent emporte ; la race s’étend bien loin par ce moyen, et peuple les montagnes voisines.
Cette nourrice donne à cette mère de famille des conseils bien légers ; on peut en sourire.
Le mouvement de bas en haut est plus agréable que le mouvement contraire ; le mouvement ondoyant et léger de la flamme ou de la fumée peut être cité comme un objet particulièrement agréable. […] La grande source de ce genre de diffusion est l’usage peu judicieux de ces mots appelés synonymes, qui expriment une idée générale, mais le plus souvent ont quelque légère variété dans leur signification. […] Les figures sont d’un grand effet dans le style, elles l’enrichissent et le rendent plus abondant ; elles multiplient la signification des mots, font ressortir les plus petites différences, les plus légères nuances et couleurs de pensées. […] Ceux où l’on veut captiver et émouvoir les juges se tirent presque toujours des endroits de la cause qui sont le plus susceptibles de mouvements oratoires ; néanmoins, prenez garde de les prodiguer, et contentez-vous de donner au juge une impulsion légère, afin qu’une fois ébranlé, le reste du discours achève de l’entraîner. » (Cicéron, de Orat. […] Ce début ne manque jamais de donner à l’adversaire un avantage considérable, lorsque, par un léger changement dans le tour de notre exorde, il montre que les principes que nous avons avancés en commençant notre attaque lui sont tous favorables.
Frappé d’un jour nouveau, je vis du haut des cieux Les immortels descendre et planer sur ces lieux : De leurs corps transparents, vêtus de légers voiles, Où l’or parmi l’azur rayonnait en étoiles, Le soleil nuançait l’ondoyante vapeur ; Ils suspendent leur vol ; et, réunis en chœur, Ils chantent à l’envi ces puissantes prières Qui soulagent des morts les peines passagères ; Ils consolent nos rois chassés de leurs tombeaux, Et souhaitent que Dieu pardonne à leurs bourreaux.
Elle ne proférait ni plainte ni murmure ; Seulement, du drap noir qui couvrait sa figure Un mouvement léger, convulsif, continu, Trahissait le sanglot dans son sein retenu3.