Tandis que la tribune athénienne, dominant la ville et le golfe d’Egine, ouvre au regard et à l’imagination de vastes perspectives, le forum, enfermé entre le Capitole et le mont Palatin, arrête la vue de l’orateur sur les monuments de la grandeur romaine et concentre sa pensée dans l’enceinte de la cité. […] Ce Mucius Scævola, la main sur le brasier ; cette Lucrèce qui se poignarde devant sa famille en demandant vengeance ; ce Virginius qui brandit dans la foule le couteau teint du sang de sa fille ; ce Camille qui renverse la balance où Brennus a jeté son épée, tous ces personnages sont des héros sans doute, mais les héros d’un peuple qui ne conçoit guère la grandeur dépouillée de la pompe du décor et du prestige de la scène.
Le second devoir de l’orateur, c’est, dit La Harpe, de planer au-dessus de toutes les grandeurs humaines. […] poursuivait-il, je ne respirais que le service du roi et la grandeur de l’État ! […] quelles grandeurs ! […] Peinture de la grandeur et de l’élévation du chrétien dans toutes les circonstances de la vie. […] Si la Chambre est distraite, ramenez-la par la grandeur de la cause, ou par le sentiment de son devoir.
C’est à d’Aguesseau qu’il appartenait de parler de la grandeur d’âme, et de tracer le portrait du véritable magistrat.
Tout ce que la grandeur a de vains équipages, D’habillements de pourpre et de suite de pages, Quand le terme est échu, n’allonge point nos jours : Il faut aller tout nus où le destin commande ; Et, de toutes douleurs, la douleur la plus grande, C’est qu’il faut laisser nos amours2.
Luynes1, messieurs, est en grandeur la moitié du Palais-Royal ; l’épouvante fut bientôt partout.
Dans ses héroïnes, il combine avec un art exquis les nuances les plus délicates : aveux dissimulés, fins mouvements de pudeur alarmée, insinuations, fuites, retours, caprices de coquetterie hardie et discrète, effusions de sensibilité éplorée, éclats de désespoir, fierté, grandeur d’âme, abnégation prête à tous les sacrifices.
Sans doute le poète compose ses tableaux avec les éléments que lui fournit la nature ; mais, en l’imitant, il lui donne une grandeur, une beauté qu’elle n’a pas réellement, et, en cela, il répond encore à une disposition naturelle.
C’est ce qui arriverait, par exemple, en présence d’un animal d’une grandeur de dix mille stades. […] Grand et petit, beaucoup et peu sont des termes qui se rapportent à la grandeur de nombre d’objets. […] La magnificence est la vertu capable de faire mettre de la grandeur dans les dépenses ; la petitesse d’esprit et la mesquinerie sont ses contraires. […] La louange (ἔπαινος) est un discours qui met en relief la grandeur d’une vertu. […] Il faut examiner chacun de ces cas sous tous les chefs de catégories, car la faveur doit remplir certaines conditions de nature, de grandeur, de qualité, de temps et de lieu.
Je ne parle point ici de l’imitation seulement du beau et du sublime, qui réveille en nous les idées primitives de beauté ou de grandeur, mais la peinture même des objets hideux ou terribles.
Vous les connaissez comme moi, et la grandeur de la patrie qui arme votre bras, n’est pas un tableau qu’il suffise de contempler sous le pinceau de l’orateur.
« Ce fut le 8 juillet de l’année 1709 que se donna cette bataille décisive de Pultava, entre les deux plus singuliers monarques qui fussent alors dans le monde ; Charles XII, illustre par neuf années de victoires ; Pierre Alexiowitz, par neuf années de peines prises pour former des troupes égales aux troupes suédoises ; l’un glorieux d’avoir donné des états, l’autre d’avoir civilisé les siens ; Charles aimant les dangers, et ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne fuyant point le péril, et ne faisant la guerre que pour ses intérêts : le monarque suédois libéral par grandeur d’âme ; le Moscovite ne donnant jamais que par quelque vue : celui-là d’une sobriété et d’une continence sans exemple, d’un naturel magnanime, et qui n’avait été barbare qu’une fois ; celui-ci n’ayant pas dépouillé la rudesse de son éducation et de son pays, aussi terrible à ses sujets qu’admirable aux étrangers, et trop adonné à des excès qui ont même abrégé ses jours.
Massillon, par exemple, ébranle puissamment les âmes par l’éloquence continue qui règne dans son admirable sermon Sur le petit nombre des Élus, et Racine est constamment sublime dans sa tragédie inimitable d’Athalie, où la grandeur des pensées et des sentiments, l’intérêt des situations et la majesté du style tiennent constamment les auditeurs dans l’admiration la plus profonde.
Ses mémoires, dit Voltaire, sont écrits avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité qui sont l’image de la conduite de l’auteur.
« Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel, reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.
Aimer et préférer ouvertement Corneille, c’est sans doute une belle chose, et sans aucun doute bien légitime ; c’est vouloir habiter et marquer son rang dans le monde des grandes âmes : et pourtant n’est-ce pas risquer, avec la grandeur et le sublime, d’aimer un peu la fausse gloire, jusqu’à ne pas détester l’enflure et l’emphase, un air d’héroïsme à tout propos ?
Il voit qu’il n’y a pas tant de sujet de louange à étendre de cent lieues les bornes d’un royaume qu’à diminuer un sou de la taille1, et qu’il y a moins de grandeur et de véritable gloire à défaire cent mille hommes qu’à en mettre vingt millions à leur aise et en sûreté.
La suite de cette éloquente oraison funèbre se distingue par des beautés d’un ordre aussi élevé, et nous apprend qu’en général le choix des expressions, la tournure des phrases, la coupe des périodes, en flattant agréablement l’oreille, porte dans les ouvrages de ce genre ; un air de grandeur et de majesté dont les pensées seules ne pourraient, jamais les revêtir. […] La Flandre est conquise ; l’Océan et la mer Méditerranée sont réunis ; de vastes ports sont creusés ; une enceinte de forteresses environne la France ; les colonnades du Louvre s’élèvent ; les jardins de Versailles se dessinent ; l’industrie des Pays-Bas et de la Hollande se voit surpassée par les ateliers nouveaux de la France ; une émulation de travail, d’éclat, de grandeur, est partout répandue : un langage sublime et nouveau célèbre toutes ces merveilles et les grandit pour l’avenir.
Le temps, l’expérience et le goût les ont élevés à ce point de grandeur et de beauté où nous les voyons.
« L’homme s’agite et Dieu le mène », a dit Fénelon avec plus de simplicité et de grandeur.
Je m’attristais de vivre seul et sans considération ; et vous m’avez appris que la solitude valait mieux que le séjour des cours, et que la liberté était préférable à la grandeur.
Cependant, quoique le nom de chose ne soit pas dans la même phrase, on se sert bien de son, sa, ses, quand il est régi par une préposition, comme : Paris est beau ; j’admire la grandeur de ses bâtiments.
Vous immolez à votre souveraine grandeur de grandes victimes, et vous frappez quand il vous plaît ces têtes illustres que vous avez tant de fois couronnées.
La concision de Bossuet n’est pas celle de Montesquieu, dont les Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains sont contenues dans quelques pages du Discours sur l’histoire universelle (IIIe partie, chap. […] Le style sublime est celui qu’on emploie dans les discours ou écrits qui demandent de la grandeur et de l’élévation (sublimis, élevé). […] rois, confondez-vous dans votre grandeur ; conquérants, ne vantez pas vos victoires ! […] parallèle de Rome et de Carthage dans Montesquieu (Grandeur et décadence des Romains). […] Son style doit avoir de la noblesse, de la grandeur et de la force.
S’il est difficile de faire une période semblable, il est aisé du moins de l’admirer dans sa grandeur, ses détails et son harmonie. […] Elévation et bassesse, force et faiblesse, grandeur et néant ; voilà tout l’homme. […] Si l’écrivain sait joindre à l’éclat de la forme, de la parole, la grandeur du fond, de la pensée, s’il sait présenter à l’esprit une belle image en termes choisis, il parle avec magnificence. […] Telle qu’elle est, elle offre un remarquable exemple de suspension, et il est facile d’apercevoir l’art de l’écrivain qui fait un tableau magnifique de toute la puissance de Darius, pour offrir ensuite dans ce seul mot, fuyait, un contraste frappant de la grandeur et de l’infortune. […] Il a séparé en deux parties la phrase ; une ligne peint la situation misérable de Darius, et quatre lignes sa grandeur tombée.
La sagesse Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. […] Défendez-vous par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse, La Mort ravit tout sans pudeur2 : Un jour, le monde entier accroîtra sa richesse. […] Sa pitié est orgueilleuse : c’est un protecteur égoïste ; il cherche prétexte à exalter sa grandeur, sa force, sa supériorité.
Thémistocle d’Athènes fut d’une prodigieuse grandeur de vues et de génie. — 12. […] Alexandre était d’un grand cœur ; mais chez lui l’extérieur ne répondait pas à la grandeur d’âme. […] Ils rapportent leurs blessures à leurs mères, à leurs épouses, et celles-ci ne craignent pas de compter les plaies ou d’en mesurer la grandeur ; elles portent aux combattants des vivres et des encouragements. […] Je ne mets personne au-dessus de Thrasybule pour la bonne foi, la fermeté, la grandeur d’âme. — 9. […] O courage, ô grandeur d’âme extraordinaire du peuple Romain !
Ce n’est pas pour nous élever ici-bas à des dignités frivoles et à des grandeurs humaines ; hélas !
La ville est petite, et c’est encore sans blesser la grandeur ; le nombre des monuments y tient lieu de maisons et la fait paraître vaste.
Monsieur Jourdain. — « Votre Grandeur ! […] A moi « Votre Grandeur ! […] Tenez, voilà pour Ma Grandeur. […] que de grandeur ! […] Ne sois plus marquis ; toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami.
Il est cependant plus facile encore de feindre une certaine exaltation d’esprit (parce que la grandeur peut être factice, et qu’il est dans les mots, ainsi que dans les choses, une espèce de majesté d’emprunt), que de descendre à propos aux grâces légères et faciles, de parcourir successivement tous les tons, et de traiter tous les genres avec le style et les ornements qui leur sont propres. […] Peu de temps après, le Génie du christianisme étonna par la grandeur de son objet et la richesse d’un plan qui embrassait sans effort une prodigieuse variété de connaissances en tout genre : on y admira surtout le parti que l’imagination et la sensibilité de l’auteur avaient su tirer d’un sujet qui semblait ne devoir offrir que des discussions arides, que des raisonnements secs et abstraits ; et on lui sut gré de nous avoir donné un cours presque complet d’histoire naturelle, de poésie, d’éloquence, une poétique enfin de tous les beaux arts, au lieu de traités théologiques sur la nécessité et la vérité de la religion chrétienne.
Racine, voulant faire comprendre toute la grandeur du génie de Corneille, commence par rappeler l’état du théâtre français avant l’apparition de ce grand poëte : Vous savez en quel état se trouvait la scène française, lorsqu’il commença à travailler. […] quand on la regarde de loin, on ne voit que grandeur, éclat et délices, mais de près tout est épineux. […] Fontenelle, dans son ingénieux ouvrage sur la pluralité des mondes, dit, après avoir comparé la grandeur respective de la terre et de Jupiter : « Si la terre est si petite à l’égard de Jupiter, Jupiter nous voit-il ? […] L’empire se maintint par la grandeur du chef. […] Avec quelle magnificence Bossuet expose l’interêt et la grandeur des enseignements de l’histoire !
« Nobles rejetons de tant de rois, lumières de la France, mais aujourd’hui obscures et couvertes de votre douleur comme d’un nuage, venez voir le peu qui vous reste d’une si auguste naissance, de tant de grandeur, de tant de gloire.
En lisant ces beaux vers, on ne peut s’empêcher d’admirer avec lui la grandeur et la variété des jouissances de la campagne. […] Semblable à la foudre qui, retirée dans la profondeur des nuages, semble éclater avec plus de grandeur et de majesté ; c’était du fond de son labyrinthe que le monarque dictait ses volontés. » Les comparaisons doivent être claires et de nature à mieux faire concevoir l’objet auquel elles s’appliquent.
Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire.
Dernièrement, à un inventaire, une statue de bronze de grandeur médiocre ne monta-t-elle pas à cent vingt mille sesterces ? […] Sa grandeur faisait comprendre qu’il avait été fait pour orner, non la demeure des mortels, mais le temple le plus majestueux de l’univers. […] Les rois, les villes libres, les plus riches particuliers de l’univers, sont sans doute dans l’intention d’orner le Capitole, comme l’exigent la majesté de ce temple et la grandeur du nom romain. […] Vous avez cru sans doute diminuer la gloire et la grandeur de cette illustre famille. […] Quant à son avarice, ses vols, ses rapines, sa cruauté, son arrogance, son impiété, son audace, vous tâchez de les couvrir par la grandeur des exploits et par l’éloge du général ?
Il n’y a rien dans notre nature de plus général que le sentiment de la beauté sous toutes ses formes variées d’ordre et de proportion, de grandeur, d’harmonie, de nouveauté.
Une chose dont je suis bien persuadé, c’est qu’ivre de sa grandeur et de ses succès, Philippe a pu rêver tous ces grands projets, en voyant surtout que personne ne songe à le troubler dans ses conquêtes ; mais qu’il ait pris ses mesures de manière à ce que les plus vides de sens d’entre nous (car rien de moins sensé qu’un fabricateur de nouvelles) soient instruits de ses démarches ultérieures, c’est ce que je ne saurais jamais croire. […] S’il en était ainsi, jamais elle n’eût été plus florissante qu’entre nos mains, puisque nous avons plus d’alliés, de citoyens et de troupes en tout genre qu’ils n’en eurent jamais ; mais ils la durent, cette grandeur, à des avantages qui nous manquent totalement.
qu’il y a de grandeur à se rabaisser ainsi, pour se proportionner à tout ce qu’on peint, et pour atteindre à tous les divers caractères ! […] Que votre grandeur ne vous empêche jamais de descendre avec bonté jusqu’aux plus petits pour vous mettre en leur place, et que cette bonté n’affaiblisse jamais ni votre autorité, ni leur respect.
» Penser d’après soi-même : caractère plein de force et de grandeur ; qualité la plus rare peut-être et la plus précieuse de toutes les qualités de l’esprit.
« Avec le sentiment de la Divinité, s’écrie-t-il, tout est grand, noble, invincible dans la vie la plus étroite ; sans lui, tout est faible, déplaisant et amer au sein même de la grandeur… » Et il continue à faire comprendre ainsi la nécessité de cette opinion consolatrice, par ses effets dans l’une et l’autre hypothèse.
Il fut choisi, avec Bouguer et Godin, pour aller à l’équateur, déterminer la grandeur et la figure de la terre.
Ce qu’il nous faut pleurer sur ta tombe hâtive, Ce n’est pas l’art divin, ni ses savants secrets : Quelque autre étudiera cet art que tu créais ; C’est ton âme, Ninette, et ta grandeur naïve, C’est cette voix du cœur qui seule au cœur arrive1, Que nul autre, après toi, ne nous rendra jamais.
« Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.
Tout ce qui est relatif à la beauté, à l’harmonie, à la grandeur, à l’élégance, tout ce qui peut polir l’esprit, satisfaire l’imagination, exciter des affections, est soumis à leur juridiction. […] Parlons d’abord du plaisir qui naît de la sublimité et de la grandeur ; nous nous occuperons ensuite de ceux qui résultent de la beauté et de la nouveauté. Il faut distinguer soigneusement la grandeur des objets en eux-mêmes, et l’expression de cette grandeur par les discours et les écrits. […] Le désordre, lorsqu’il existe entre de grands objets, des masses énormes, n’est pas incompatible avec la grandeur, el souvent même l’exalte. […] L’ardeur que le prédicateur doit éprouver, la grandeur et l’importance de son sujet, justifient et exigent même des expressions brillantes et animées.
Tâchez de saisir ce ton de grandeur, qui est fort au-dessus du style épistolaire, mais qui convient à un évêque qui parle du péché, de la justice de Dieu, de la pénitence et de la miséricorde divine. […] — Mais le vain éclat des grandeurs ? […] Il s’adressa à lui et lui dit ; « Dites-moi donc, la grandeur à laquelle je me vois élevé subitement est-elle véritable, ou bien, tout ce qui se passe n’est-il qu’un songe ? […] Imaginez les circonstances du fait, étendez-vous surtout dans le nœud sur les malheurs d’Auffrédi, sur sa grandeur d’âme, sur l’ingratitude de ses premiers amis, sur le respect de ses amis nouveaux, portefaix comme lui. […] Cette simplicité de style vous permettra de vous élever jusqu’au sublime, quand vous exposerez les motifs surnaturels, et que vous parlerez de la force et de la grandeur du Dieu de la victoire.
L’auteur commence sur un ton fort imposant, conforme à la grandeur de son sujet ; mais il n’aura garde de s’y tenir : il nous ménage un peu plus loin des contrastes pleins d’intérêt.
Son langage, naïf et viril, sévère et hardi, trouve la grandeur dans la clarté.
Diderot dit ailleurs de Vernet : « Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que l’artiste se rappelle ces effets à deux cents lieues de la nature, et qu’il n’a de modèle présent que dans son imagination ; c’est qu’il peint avec une vitesse incroyable ; c’est qu’il dit : Que la lumière se fasse, et la lumière est faite ; que la nuit succède au jour, et le jour aux ténèbres, et il fait nuit, et il fait jour ; c’est que son imagination, aussi juste que féconde, lui fournit toutes ces vérités ; c’est qu’elles sont telles, que celui qui en fut spectateur froid et tranquille au bord de la mer en est émerveillé sur la toile ; c’est qu’en effet ces compositions prêchent plus fortement la grandeur, la puissance, la majesté de la nature, que la nature même.
Qui ne serait pas frappé, au premier coup d’œil, de l’espèce de grandeur que présente cette pensée de Pitcairn, au sujet de la Hollande conquise sur la mer ? […] c’est qu’ils réunissent la grandeur de la pensée à la beauté, à la justesse de l’image.
., laissant 150 psaumes, où il célèbre les grandeurs de Dieu par la plus belle et la plus sublime poésie. […] Les Cyclopes, hommes d’une grandeur énorme, et qui n’ont qu’un œil tout rond au milieu du front, y fabriquent sous ses ordres les foudres de Jupiter.
Quelques moments après, le roi dit au dauphin, en le tirant du chevet du lit de la princesse qui expirait : Voilà ce que deviennent les grandeurs. […] Il éleva la monarchie à un point de grandeur où on ne l’a jamais vue, et fut couronné empereur d’Occident en 800.
Pour réduire toute la fable à sa plus simple expression, il suffirait de dire : Un jour le chêne dit au roseau : Vous êtes faible et chétif ; je suis grand et fort, pourquoi la nature vous a-t-elle si mal partagé, — Le roseau répond — je ne me plains pas de mon sort, votre grandeur peut vous nuire, ma faiblesse me protégera. — Après cet entretien, un vent violent s’élève et déracine le chêne. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans des langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée.
Comme, dans les genres élevés, les acteurs qui parlent ont des idées et des connaissances supérieures à celles du vulgaire, l’élévation, la force, la grandeur, la finesse, la richesse des pensées doivent y régner : tout y doit être or et pourpre. […] Les stances n’ont été introduites dans la poésie française que sous le règne de Henri III, par Jean de Lingendes. — Ou donne encore le nom de stances à des poésies composées d’un certain nombre de strophes, comme les stances de Malherbe sur la vanité des grandeurs d’ici-bas : N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde !
Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.
Cousin, qui joignait a l’esprit le plus positif ces grandes vues où le vulgaire des penseurs ne voit qu’une imagination ardente, et qui ne sont pas moins que le regard rapide et perçant du génie, le vainqueur d’Arcole et de Marengo, rendant compte à la postérité de ses desseins vrais ou simulés sur cette Italie qui devait lui être chère à plus d’un titre, commence par une description du territoire italien, dont il tire toute l’histoire passée de l’Italie et le seul plan raisonnable qui ait jamais été tracé pour sa grandeur et sa prospérité.
Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ?
Elle procède de même pour les autres membres dont se compose le corps de l’écrit ou du discours : narration ou thèse, description des choses, description des hommes, présentée sous la forme du portrait, du parallèle ou du dialogue, amplification, quand elle est demandée par la grandeur des tableaux ou l’entrainement des passions, argumentation qui contient la confirmation et la réfutation, et qui fait passer dans la rhétorique toute la rigueur de la méthode syllogistique.
L’orateur nous y fait connaître son héros par les qualités du cœur considérées sous un autre point de vue : son humanité, sa bonté, sa simplicité et sa grandeur morale.
Non, les amis que nous avons perdus ne sont point honorés par ces douleurs excessives, qui n’honorent personne, parce qu’elles supposent plus la faiblesse et l’entêtement des âmes qui les éprouvent que la grandeur des pertes qu’on a faites.
Mazure, c’est d’animer et d’élever le tableau par la présence de l’homme avec ses sentiments et ses passions, autrement toute description n’est que décoration sans vie et sans vertu ; c’est de montrer dans les objets de cette nature que l’on décrit, l’œuvre de Dieu, le miroir de sa grandeur et de sa providence. […] Aussi naïf qu’un enfant, quand il était abandonné à la seule nature, il semblait avoir tout oublié ou ne rien connaître du monde, de ses grandeurs, de ses peines, de ses plaisirs ; mais quand Dieu descendait dans son âme, Paul devenait un génie inspiré, rempli de l’expérience du présent et des visions de l’avenir. […] Il n’est pour le poète, qui se jette au milieu de l’action et fait un choix parmi les circonstances, qu’un moyen de toucher le cœur, d’exciter l’imagination et de remuer fortement tous les nobles sentiments de l’âme, comme l’enthousiasme pour les œuvres de Dieu, pâles reflets de sa grandeur et de sa puissance, l’admiration et l’amour pour le bien, l’horreur pour le mal.
La richesse et l’élégance ne sont pas les seuls caractères de l’éloquence et du style de Massillon : ses discours offrent aussi de la grandeur et de l’énergie, et s’élèvent, quand il le faut, à l’éloquence la plus sublime.
La vertu seule nous sied bien ; nous l’exerçons avec grâce, et presque en nous jouant ; nous faisons les plus nobles actions et les plus hauts sacrifices avec aisance, simplicité, grandeur.