C’est ce que recommande Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Ce précepte est surtout applicable à la poésie, qui, remarque un critique moderne, « est l’essence des choses : or, il faut bien se garder d’étendre la goutte d’essence dans une masse d’eau ou dans des flots de couleur.
On y est la goutte d’eau dans un océan.
» Regardant un jour des petits poissons qui nageaient tout effarés dans un bassin d’eau claire : « Ils sont comme moi, dit-elle, ils regrettent leur bourbe. » 5.
Ses bois sont souvent des bosquets, et ses fontaines des jets d’eau, à en juger par les pièces qui nous restent de lui. […] Rousseau, invitant, en 1715, les princes chrétiens à se réunir pour défendre Venise menacée par les Turcs, rappelle qu’au temps des croisades les chrétiens vinrent à bout des infidèles ; il le fait au moyen de cette comparaison : Comme un torrent fougueux qui, du haut des montagnes, Précipitant ses eaux, traîne dans les campagnes Arbres, rochers, troupeaux par son cours emportés : Ainsi de Godefroi, les légions guerrières, Forcèrent les barrières Que l’Asie opposait à leurs bras indomptés. […] Il peuple leurs déserts d’astres étincelants ; Les eaux autour de lui demeurent suspendues ; Il foule aux pieds les nues Et marche sur les vents.
Que la terre était pauvre sous les eaux, et qu’elle était vide dans sa sécheresse avant que vous en eussiez fait germer les plantes avec tant de fruits et de vertus différentes, avant la naissance des forêts, avant que vous l’eussiez comme tapissée d’herbes et de fleurs, et avant encore que vous l’eussiez couverte de tant d’animaux2 ! […] Tu arrêtes cette eau d’un côté, elle pénètre de l’autre ; elle bouillonne même par-dessous la terre. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre, il faut encore servir le Roi du ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom3, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
Tels sont humains pour hommes ; forfaits pour crimes ; coursier pour cheval ; glaive pour épée ; ondes pour eaux ; antiques pour ancien ; jadis pour autrefois ; soudain pour aussitôt, etc.
Je sçay des inventions pour les faire venir à raison : je leur donne le frontal de corde liee en cordeliere1 : je les pends par les aisselles, je leur chauffe les pieds d’une pelle rouge, je les mets aux fers et aux ceps2 : je les enferme en un four, en un coffre percé plein d’eau : je les pends en chapon rosty : je les fouette d’estrivieres3 : je les sale : je les fais jeusner : je les attache estenduz dedans un ban : bref j’ay mille gentils moyens pour tirer la quinte-essence de leurs bourses et avoir leur substance pour les rendre belistres4 à jamais, eux et toute leur race.
Ces eaux minérales étaient déjà très-célèbres.
C’est de l’eau prise dans le ruisseau et jetée sur la toile. […] Rousseau a commis la même faute dans la strophe suivante : Et les jeunes zéphyrs, de leurs chaudes haleines, Ont fondu l’écorce des eaux. Outre que l’écorce des eaux est une métaphore peu naturelle, fondre se dit de la glace ou du métal, mais on ne peut fondre une écorce. […] Pour nous montrer qu’une princesse a bien profité des grâces du ciel, Bossuet nous dit : Cette jeune plante, ainsi arrosée des eaux du ciel, ne fut pas longtemps sans porter des fruits. […] Mais vois d’un pied léger Camille effleurer l’eau ; Le vers vole et la suit aussi prompt que l’oiseau.
À l’horizon déjà, par leurs eaux signalées, De Luz et d’Argelès se montraient les vallées. […] Ces montagnes plongeaient leur pied dans une bruine lumineuse et dorée qui flottait au-dessus des eaux. […] Les gerbes capricieuses jaillissaient avec toute l’élégance de ces eaux que l’art fait jouer dans les jardins des rois. […] — Garde ton âme toujours pure Et profonde comme ces eaux. […] … À ton heure fatale, Mes mains n’ont pas sur toi répandu l’eau lustrale !
Un chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il y rentre, revient encore ; enfin, il trouve la queue d’un cheval ; il s’y attache : ce cheval le mène à bord ; il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. » Veut-on maintenant juger du cœur de cet écrivain dans un récit touchant, où elle avait à peindre la plus grande douleur qu’une âme humaine puisse ressentir, celle d’une mère à la nouvelle de la mort de son fils ? […] La couleur des eaux devint semblable à celle du verre liquide. […] c’est surtout dans les eaux de l’abîme et dans les profondeurs des dieux que tu as gravé bien fortement les traits de ta toute-puissance !
Les noms qui se terminent au singulier en eau ou en eu, prennent un x au pluriel : = le beau côteau ; les beaux côteaux : le berceau ; les berceaux : l’essieu ; les essieux : le feu ; les feux, etc. […] Les substantifs qui n’ont point de singulier, sont accordailles, ancêtres, annales, appas (charmes) ; armoiries, arrhes, balayures, basses (bancs de sable, ou rochers cachés sous l’eau) ; bésicles (sortes de lunettes) ; brisées, broussailles, caravanes (campagnes que les chevaliers de Malte sont obligés de faire sur mer) ; catacombes (grottes souterraines où l’on enterrait les corps morts) ; confins, conserves (lunettes) ; décombres, ébats, échasses, effondrilles (parties grossières qui restent au fond d’un vase) ; élémens (principes d’un art, d’une science) ; émondes (branches superflues) ; entours et environs (lieux d’alentour) ; entrailles, entraves, épousailles, fastes (tables, ou livres du calendrier des anciens romains) ; fiançailles, frais (dépense, dépens) ; francs (pièce de monnoie) ; funérailles, goguettes (propos joyeux) ; hardes, limites, matériaux, mœurs, obsèques, ossemens, pierreries, pleurs, prémices, ténèbres, us (usages) ; vacances (temps auquel les études cessent) ; vacations (cessation de séances des gens de justice) ; vergettes (époussette) ; vitraux, etc. […] Mais il fait bénit, bénite, lorsqu’on parle de certaines choses, sur lesquelles la bénédiction du prêtre a été donnée : = du pain bénit ; de l’eau bénite.
« — Depuis que l’eau coule, dit un autre chef, depuis que les arbres croissent, le Sioux a toujours rencontré le Paunie sur le chemin de la guerre. […] Les grands mouvements oratoires, les riches expressions coulent de leur âme, enivrée de l’amour de la patrie, comme l’eau d’un vase trop plein. […] Car, je vous le demande, n’est-il pas vrai que, quand vous joindriez à tous les dons de l’intelligence la plus vive le charme de la parole la plus séduisante, si vos auditeurs n’avaient pas confiance en vous, s’ils ne vous regardaient pas comme un homme convaincu et capable, au besoin, de donner sa vie pour ce qu’il croit juste et vrai, vos beaux discours glisseraient sur eux comme l’eau sur le marbre ?
Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil, ou plutôt de la torpeur de la nature : les insectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l’air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers, tout nous présente les images de la langueur et de la dépopulation ; mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante, et les feuillages renaissants, et les bocages revêtus de leur nouvelle parure, sembleraient moins frais et moins touchants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer.
Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer.
Elle périt au milieu des eaux.
On jeta de l’eau sur le reste de l’embrasement, et enfin le combat finit faute de combattants, c’est-à-dire après que le premier et le second étage de l’antichambre, et de la petite chambre, et du cabinet, qui sont à main droite du salon, eurent été absolument consumés.
» Regardant un jour des petits poissons qui nageaient tout effarés dans un bassin d’eau claire : « Ils sont comme moi, dit-elle, ils regrettent leur bourbe. » 1.
mais ainsi périrent, du temps de Noé, tous ceux qui furent ensevelis sous les eaux du déluge ; du temps de Nabuchodonosor, tous ceux qui se prosternèrent devant la statue sacrilège ; du temps d’Élie, tous ceux qui fléchirent le genou devant Baal, etc.
Il les entend, près de son jeune guide, L’un sur l’autre pressés, tendre une oreille avide ; Et Nymphes et Sylvains sortaient pour l’admirer, Et l’écoutaient en foule, et n’osaient respirer ; Car, en de longs détours de chansons vagabondes, Il enchaînait de tout les semences fécondes, Les principes du feu, les eaux, la terre et l’air, Les fleuves descendus du sein de Jupiter, Les oracles, les arts, les cités fraternelles, Et depuis le chaos les amours immortelles5.
Ils brillent dans la joie, ils s’agrandissent et font remonter les plis du front dans l’étonnement, l’indignation ; ils font les mouvements contraires, et les sourcils se resserrent quand les pensées sont sombres et concentrées ; ils se ferment à demi dans la compassion ; ils sont entourés d’eau dans la douleur et l’attendrissement, etc., etc. […] En vain sous un ciel pur Une eau que rien n’enchaîne Dans une riche plaine Roule ses flots d’azur. […] Voilà l’errante hirondelle Qui rase du bout de l’aile L’eau dormante des marais.
Les philosophes d’un génie vulgaire sont toujours noyés dans les détails : incapables de remonter aux principes d’où l’on voit sortir les conséquences, comme une eau vive et pure de sa source, ils se fatiguent à suivre le cours de mille petits ruisseaux qui se troublent à tout moment, qui les égarent dans leurs détours, et les abandonnent ensuite au milieu d’un désert aride.
J’irai puiser sur ta trace Dans les sources de ta grâce : Et, de ses eaux abreuvé, Ma gloire fera connaître Que le Dieu qui m’a fait naître Est le Dieu qui m’a sauvé.
Un homme se plaignait d’avoir été ruiné l’hiver d’auparavant par une inondation. « Ce que vous me dites là m’est fort agréable, dit alors le géomètre : je vois que je ne me suis pas trompé dans l’observation que j’ai faite, et qu’il est au moins tombé sur la terre deux pouces d’eau de plus que l’année passée. » Un moment après, il sortit, et nous le suivîmes.
Ses eaux sont assombries par la verdure de ses bords.
Il est comme les fleurs et les plantes, a dit un ingénieux critique, qui se nourrissent mieux quand on les arrose modérément ; mais qui sont noyées et suffoquées, quand l’eau est versée avec trop d’abondance.
On voit le renard approcher son oreille de la glace, et il semble dire : « Ce qui fait du bruit se remue ; ce qui se remue n’est pas gelé ; ce qui n’est pas gelé est liquide ; et ce qui est liquide plie sous le faix : donc si j’entends, près de mon oreille, le bruit de l’eau, elle n’est pas gelée, et la glace n’est pas assez épaisse pour me porter. » Aussi voit-on le renard s’arrêter et reculer lorsqu’il entend le bruit de l’eau. […] Diderot nous l’apprendra : « On est naïvement héros, naïvement scélérat, naïvement dévot, naïvement beau, naïvement orateur, naïvement philosophe ; sans naïveté, point de beauté ; on est un arbre, une fleur, une plante, un animal naïvement ; je dirais presque que de l’eau est naïvement de l’eau, sans quoi elle visera à de l’acier poli et au cristal. […] Mais s’il parle de source de feux bouillonnant sur les eaux, et de la foudre qui ouvre à sillons redoublés le ciel et l’onde , il ne touche plus, il devient froid. […] Cette métaphore, l’écorce des eaux, pour dire la glace, est d’ailleurs peu naturelle. […] Neptune éleva son front calme sur les eaux.
Jetons les yeux sur cette terre qui nous porte ; regardons cette voûte immense des cieux qui nous couvre, ces abîmes d’air et d’eau qui nous environnent et ces astres qui nous éclairent.
La Suède ressemblait à un fleuve dont on coupait les eaux dans sa source, pendant qu’on les détournait dans son cours.
Notre bourse est à fond, et par un sort nouveau, Notre amour recommence à revenir sur l’eau.
La mer, dont le soleil attire les vapeurs, Par ces eaux qu’elle perd voit une mer nouvelle Se former, s’élever, et s’étendre sur elle.
Le chêne un jour dit au roseau : Vous avez bien sujet d’accuser la nature, Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent qui d’aventure Fait rider la face de l’eau, Vous oblige à courber la tâte ; Cependant que mon front au Caucase pareil, Non content d’arrêter les rayons du soleil, Brave l’effort de la tempête. […] Fait rider la face de l’eau.
Ondes Eaux. […] En voici des exemples : Sous des arbres dont la nature A formé de riants berceaux, Entre des tapis de verdure, Que nourrit la fraîcheur des eaux, Serpente avec un doux murmure Le plus transparent des ruisseaux.
Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit.
1° Il choisit un vaste emplacement sur nue colline entourée de bois, de prairies, d’eaux vives, etc., d’où la vue puisse s’étendre sur un vaste horizon. — C’est l’invention d’un sujet fécond, heureux.
Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du Ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout voire sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
Le réservoir d’eau était tari chez eux ; les larmes ne revinrent plus depuis que rares et faibles à force d’occasion.
« J’ai souvent touché du bout des lèvres la coupe où était l’abondance ; mais c’est une eau qui m’a toujours fui.
Parfois, en l’écoutant, on lui eût souhaité le cap Sunium, ou ces fraîches eaux de l’Illissus, où Socrate mouillait ses pieds en parlant à Phèdre de la beauté.
Quelle était donc cette source abondante auprès de laquelle tous les lieux communs des rhéteurs ne lui semblaient que des filets d’eau ? […] Puis par cette eau son corps tout decrepite Transmué fut par maniere subite En jeune gars, frais, gracieux et droit. […] J’arrive d’Allemagne pour vous voir, et j’ai pris la saison du printemps : Car les jeunes zéphyrs de leurs chaudes haleines Ont fondu l’écorce des eaux. […] Théocrite et Virgile ont dû vanter l’ombrage et la fraîcheur des eaux dans leurs églogues. […] Je ne suis pas de ces phosphores qui se conservent dans l’eau.
Le beau feu de son cœur lui fait mépriser l’eau. […] — Ce proverbe : Chat échaudé craint l’eau froide, renferme une pensée on ne peut plus triviale.
Expliquer et développer la phrase suivante : « Les Alpes sont le relief le plus accentué de l’Europe, et, en conséquence, un château d’eau qui alimente quatre grands fleuves ; elles sont, pour la politique, une barrière ; pour l’économie rurale, un pâturage ; pour l’alpinisme, un gymnase ; pour tous ceux qui aiment la nature, un parc sans rival. » (E. […] Le paysan, noir, livide et tout brûlé du soleil, fouille et remue la terre avec une opiniâtreté invincible, il se retire la nuit dans une tanière où il vit de pain noir, d’eau et de racine. […] L’amiral Byng, attaqué dans les eaux de Minorque, a subi une irréparable défaite ; notre armée de débarquement a pu prendre terre et Porte-Mahon qui passait pour imprenable a été enlevé d’assaut par les soldats de Votre Majesté.
Quand Voltaire, à propos de la Saint-Barthélemy, va jusqu’à dire : Et des fleuves français les eaux ensanglantées Ne portaient que des morts aux mers épouvantées, l’idée que nous nous faisons de l’exécrable nuit de 1572 nous empêche de voir aucune exagération dans cette image exagérée.
Néanmoins, dit Quintilien 1, il coule avec douceur, semblable à une belle rivière qui roule tranquillement une eau claire et pure, et que des forêts verdoyantes ombragent des deux côtés.
Mêlant ainsi les lueurs hardies d’une civilisation irrégulière et la pompe d’une société polie, il était à la fois Démosthène, Chrysostome, Tertullien, ou plutôt il était lui-même ; et des sources fécondes où puisait son génie, rassemblant les eaux du ciel et les torrents de la montagne, il faisait jaillir un fleuve qui ne portait que son nom.
La tragédie étant l’imitation du meilleur, les poètes doivent suivre la pratique des bons peintres qui font les portraits ressemblants, et toutefois plus eaux que les modèles. […] — Par ambiguïté : La nuit est passée de plus des deux tiers : ce plus est ambigu. — Par l’abus passé en usage : on appelle vin du vin mêlé d’eau ; ouvriers en airain, ceux qui travaillent en fer ; on dit aussi des bottes d’étain ; que Ganymède verse du vin aux dieux, quoique les dieux ne boivent point de vin : ce qui rentre dans la classe des métaphores.
Le ministre de Dieu, paraissant dans la chaire de vérité pour distribuer la manne céleste à des fidèles altérés de sa parole, comme le cerf des eaux vives, n’a pas besoin de réclamer une faveur dont il est assuré d’avance, car c’est à des frères qu’il s’adresse, ni de se concilier les esprits par la modeste simplicité du langage, car c’est un plus puissant que lui qui commande l’attention.
« Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. […] Méditons donc aujourd’hui, à la vue de cet autel et de ce tombeau, la première et la dernière parole de l’Ecclésiaste : l’une qui montre le néant de l’homme, l’autre qui établit sa grandeur… « Nous mourons tous, disait cette femme dont l’Écriture a loué la prudence au second livre des Rois184, et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour. » En effet, nous ressemblons tous à des eaux courantes. […] Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. […] Pharaon la veut opprimer : les ténèbres deviennent palpables en Égypte ; la terre s’y couvre d’insectes ; la mer s’entrouvre ; ses eaux suspendues s’élèvent comme deux murs ; tout un peuple traverse l’abîme à pied sec, un pain descendu du ciel le nourrit au désert ; l’homme parle à la pierre, et elle donne des torrents : tout est miracle pendant quarante années pour délivrer l’Église captive. […] Le paysan montagnard leur fournit un peu de farine d’orge détrempée dans de l’eau ; mais ils perdirent toute espérance lorsque, ayant passé deux jours dans ce lieu affreux, personne ne vint à leur secours.
Un chevalier de Nantouillet était tombé de cheval ; il va au fond de l’eau, il revient ; il y rentre, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord ; il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée ; reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. » Tout fait image dans ce récit ; et tout y est naturel.
Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S’iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu’il donne aux mers.
Il fallait aviser aux moyens de faciliter l’écoulement des eaux : on en trouva un, et le dôme, en protégeant le temple, ajouta à son imposante grandeur. […] Une action trop fougueuse, dans de telles conditions, serait une tempête dans un verre d’eau.
Attendez qu’on vous en demande plus d’une fois, et vous ressouvenez de porter toujours beaucoup d’eau.
Une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer.
Les divers canaux qui formaient ces îles semblaient se jouer dans la campagne : les uns roulaient leurs eaux claires avec rapidité ; d’autres avaient une eau paisible et dormante ; d’autres, par de longs détours, revenaient sur leurs pas, comme pour remonter vers leur source, et semblaient ne pouvoir quitter ces bords enchantés. » (Télémaque, livre Ier.) […] « Voyez encore ces grands poissons, ces monstres marins qui fendent les eaux avec grand tumulte : il ne reste à la fin aucun vestige de leur passage. […] Il vaut donc beaucoup mieux être enfermé dans ces rets qui nous conduiront au rivage, que de nager et de se perdre dans une eau si vaste, en se flattant d’une fausse image de liberté. » (Bossuet, Panégyrique de saint André, 1re partie.)
Il faut d’abord éviter le galimatias ; il se produit quand la perception intellectuelle n’a pas été parfaite, comme dans cette phrase : La naïveté est une grande ressemblance de l’imitation avec la chose ; c’est de l’eau prise dans le ruisseau et jetée sur la toile. […] En vain sous un ciel pur Une eau que rien n’enchaîne Dans une riche plaine, Roule ses flots d’azur. […] Voilà l’errante hirondelle Qui rase du bout de l’aile L’eau dormante des marais.
« Prince, tu vas attaquer des peuples qui ne sont vêtus que de peaux, qui mangent ce qu’ils peuvent, la stérilité de leur pays ne leur permettant pas de manger ce qu’ils veulent ; des peuples qui ignorent l’usage du vin, et n’ont que de l’eau pour boisson ; qui ne connaissent ni les figues, ni aucun autre fruit agréable.
Ajoutons à ces échantillons les désinences des termes géographiques en dun (élévation de terre), en dor (cours d’eau), en van et ven (montagne).
En l’État où je suis, tous les princes du monde jouent des comédies pour me faire rire ; toutes les richesses de la nature sont à moi, depuis le ciel jusqu’à l’eau des rivières, et j’obtiens aisément de la modération de mon esprit ce que je ne puis avoir de la libéralité de la fortune. » 1.
L’enfance, la vieillesse, l’infirmité dans l’indigence, la ruine d’une famille honnête, la faim, le désespoir, sont des situations très touchantes ; une grêle, une inondation, un incendie, une femme et ses enfants prêts à périr ou dans les eaux ou dans les flammes, sont des tableaux très pathétiques ; les hôpitaux, les prisons et la grève sont des théâtres de terreur et de compassion si éloquents par eux-mêmes, qu’ils dispensent l’auteur qui les met sous nos yeux d’employer une autre éloquence. […] Aussi quelle douceur, quelle mélodie dans les vers suivants : Fontaine, qui, d’une eau si pure, Arrosez ces brillantes fleurs, En vain votre charmant murmure Flatte le tourment que j’endure : Rien ne peut adoucir mes mortelles douleurs.
Les amateurs d’anecdotes littéraires n’ont point oublié que Brébeuf avait d’abord commencé la traduction de l’Énéide, et que, fatigué à chaque instant par les contrariétés que lui faisait éprouver la dissonance perpétuelle de son ton boursouflé, avec la douce mélodie et le charme continu de l’expression de Virgile, il alla confier son embarras à Ségrais son ami, qui, de son côté, suait sang et eau pour se monter au ton de Lucain qu’il essayait de traduire, et que les deux amis se proposèrent et firent un échange, dont les deux poètes latins n’eurent guère à s’applaudir, mais dont Virgile surtout se trouva fort mal.
car vous n’exécutiez point vos danses sur le penchant des montagnes où résidaient vos anciens bardes, les célèbres druides, ni sur les sommets touffus de Mona, ni sur les bords qu’arrosent les eaux enchantées de la Deva. » Au milieu de ces scènes sauvages : « les eaux enchantées de la Deva, » produisent un effet admirable. […] Aussi, pour peindre le malheur, ils font souvent allusion à « une terre sèche, altérée, ou privée d’eau depuis longtemps. » Pour exprimer le changement de l’adversité au bonheur, leurs métaphores sont : une averse inattendue, ou une source qui jaillit dans le désert. […] D’un autre côté, comme la Judée était un pays montueux, elle était exposée, pendant la saison des pluies, à de fréquentes inondations occasionnées par la chute soudaine des torrents qui ravageaient tout ce qu’ils rencontraient sur leur passage ; et le Jourdain, la seule rivière un peu considérable qui arrosât ce pays, se débordait chaque année, et couvrait de ses eaux une étendue considérable. Voilà pourquoi l’on trouve dans l’Écriture de si fréquentes allusions au bruit des torrents et à la violence des eaux débordées ; voilà pourquoi les grandes calamités étaient si souvent assimilées aux ravages d’un torrent, et, dans ces contrées, de semblables images devaient être très frappantes. […] Aussi faisaient-ils de fréquentes allusions à la vie pastorale, aux verts pâturages, aux eaux paisibles, aux soins et à la vigilance d’un berger pour son troupeau, allusions qui nous paraissent encore belles et pleines de douceur dans le vingt-deuxième psaume, et dans un grand nombre d’autres passages des saintes Écritures.