Ils semblent animés de passions1 Quelquefois un vieux chêne élève au milieu d’eux ses longs bras dépouillés de feuilles et immobiles.
. — Du mot animus, esprit, sont dérivés animosus, courageux ; animositas, animosité ; animare, souffler, animer, etc. — Du mot pars, partie, sont dérivés partiri, partager ; partitio, partition, action de partager ; partitor, qui partage ; partim, en partie ; particula, petite partie, parcelle ; particularis, particulier ; particulatim, par parties. — De l’oriental hur, feu, s’est formé le mot grec πυρ ; d’où, par le changement de p en f, cette famille de mots latins : furor, fureur ; furiosus, furieux ; furens, violent, impétueux ; furibundus, furibond, transporté de fureur, etc.
je reconnais là le ton d’un homme qui a été battu. » Démosthène l’avait piqué à dessein pour lui arracher le récit animé de son insulte. […] Timide et faible à son début, il cherche sa pente : à peine l’a-t-il trouvée, le raisonnement s’anime, il se fortifie de ses affluents, qui sont les preuves ; il devient lui aussi un fleuve qui renverse tous les obstacles et les emporte avec lui dans a mer. […] Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, porter partout la terreur et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. » Voltaire. — « Ce fut lui qui, avec de la cavalerie, attaqua cette infanterie espagnole jusque-là invincible, aussi forte, aussi serrée que la phalange ancienne si estimée, et qui s’ouvrait avec une agilité que la phalange n’avait pas, pour laisser passer la décharge de dix-huit canons qu’elle contenait.
La passion, qui nuit à son jugement, anime ses paroles et les rend souvent éloquentes. […] Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse338. […] Didon ne soupire point en madrigaux, en volant au bûcher sur lequel elle va s’immoler ; Démosthène n’a point de jolies pensées, quand il anime les Athéniens à la guerre ; s’il en avait, il serait un rhéteur, et il est un homme d’État. […] L’espérance anime le sage et leurre le présomptueux et l’indolent, qui se reposent inconsidérément sur ses promesses. […] Animée d’une haine mortelle contre Rodogune, dont ses deux fils se sont disputé la main, Cléopâtre a conspiré non seulement la perte de cette princesse, mais celle de ses propres enfants.
Ce que j’aime en un traité de ce genre, c’est une méthode régulière, mais se détournant à dessein en quelques digressions rapides, et s’écartant, sans s’égarer, des limites rigoureuses ; c’est l’exposition des préceptes consacrés, mais en les expliquant, en les modernant, comme disent les architectes, en donnant toujours le cui bono actuel, en présentant une causerie avec des lecteurs, plutôt qu’une dictée à des élèves ; c’est un style didactique, sans doute, mais animé quand le sujet le comporte, fleuri avec réserve, et qui garde cette couleur individuelle, seul moyen de donner du relief et de la vie aux produits de l’art.
Je m’abreuve surtout des flots que le Permesse, Plus féconds et plus purs fit couler dans la Grèce ; Là, Prométhée ardent, je dérobe les feux Dont j’anime l’argile, et dont je fais des dieux.
Ce roman d’intrigue et de caractères est déjà une revue animée des travers ou des vices que la ville et la cour offraient aux regards d’un observateur dont la malice devance les Lettres Persanes de Montesquieu.
Godeau envoyait souvent des vers à son parent, en le priant de lui donner son avis ; un jour, Conrart invita ses amis à venir lire les poésies de Godeau, et cette première réunion fut si animée qu’on se promit, en se quittant, de se réunir encore. […] Andromaque (1667), qui eut presque autant de succès que le Cid, au témoignage des contemporains, fit une véritable révolution dans notre théâtre, en transportant sur la scène française, jusqu’alors occupée par l’héroïsme cornélien, l’analyse des passions et la tendresse de sentiments qui anime les tragédies d’Euripide. […] III) ; tableau animé de la Fronde Parlementaire (chap. […] Quant au talent de Voltaire, il consiste, dans cet ouvrage, à se montrer narrateur consommé, écrivain facile et élégant, peintre animé et sobre à la fois. […] Le maréchal était en proie à la plus vive anxiété : traîné dans une voiture d’osier, car il était trop faible pour se tenir à cheval, il parcourait le champ de bataille, montrant qu’une âme guerrière est toujours maîtresse du corps qu’elle anime.
Style rapide et animé. […] Dites-nous si cette composition est animée, et si c’est une description ou un tableau. […] Qui avait rendu ce chapeau animé ? […] Quel transport animait ses efforts et ses pas ! […] L’exclamation et l’interrogation animeront le milieu de la harangue, et la fin sera rendue énergique par la commination.
La description est une peinture vive et animée des objets. […] Il est rare que les interlocuteurs soient plus de trois : s’il y a trop d’opinions opposées, ce conflit trouble la conversation et ne l’anime pas. […] Les écrivains sacrés ont été seuls sous l’influence de la Divinité et animés de l’inspiration dans toute sa grandeur et sa plénitude. […] La poésie lyrique, en général, est l’expression animée du sentiment présentée sous la forme d’un chant. […] Hors de ce cas, il faut que le dialogue soit vif, animé, coupé à propos, et que la réplique ne se fasse pas attendre.
À dire vrai, les habitants ne se voient guère plus hors des villes ; par là ces beaux sites sont déserts, et l’on est réduit à imaginer ce que ce pouvait être, alors que les travaux et la gaieté des cultivateurs animaient tous ces tableaux.
Id varia opinio perficit : ali[illisible chars][texte coupé] redituras8 putant animas obeuntium ; alii, etsi9 non redeant, non exstingui tamen, sed ad beatiora transire ; ali[illisible chars][texte coupé] emori quidem, sed id melius esse quam vivere. […] In primis hoc volunt persuadere, non interire animas, sed ab aliis post mortem transire ad alios ; atque hoc maxime ad virtutem excitari putant, metu mortis neglecto. […] Sed multi mortales, dediti ventri atque somno, indocti incultique, ætatem, sicuti peregrinantes, transegere : quibus, profecto contra naturam, corpus voluptati, anima oneri fuit.
Je te loue, ô Destin, de tes coups redoublés, Je n’ai plus rien à perdre, et tes vœux sont comblés ; Pour assouvir encor la fureur qui t’anime, Tu ne peux rien sur moi, cherche une autre victime. […] « Un drame à cent actes divers. » La Fontaine anime tout dans le monde non pensant ; il prête aux êtres qui ne parlent point un langage qui semble réellement leur appartenir. […] Mais à ce grand effort en vain je vous anime : Je ne puis, pour louer, rencontrer une rime. […] Le souffle inspirateur ne l’anime que bien rarement. […] Pour nous en tenir à une appréciation équitable, disons que si Destouches ne prend place qu’à la suite de Molière et de Regnard, plus comiques, plus animés et plus originaux que lui, il a du moins la gloire d’avoir soutenu après eux l’honneur d’un théâtre presque absolument tombé.
Un coloris brillant doit animer tout l’ouvrage.
Le poëte anime tous les objets qu’il peint.
Les inversions, loin d’obscurcir le sens, doivent au contraire le rendre plus clair, en présentant les idées sous une forme plus sensible, plus animée, et en suivant, dans la disposition des mots, la marche que l’esprit lui-même a suivie dans la disposition des idées et des sentiments, dont les mots ne sont que les images. […] Dès lors, la parole, qui doit être l’expression fidèle de nos pensées, se produit avec des couleurs aussi vives, et en un style aussi animé. […] « Les mots, dit Quintilien, sont dans les mains de l’orateur comme une cire molle et flexible qu’il anime, qu’il tourne comme il veut, et à laquelle il fait prendre toutes les formes qu’il lui plaît.
À peine a retenti la trompette éclatante, À peine sur les tours de l’antique Laurente Turnus a de la guerre arboré les drapeaux, Frappé son bouclier, animé ses chevaux ; En tumulte à sa voix tous les Latins s’unissent, De leurs cris conjurés les champs au loin frémissent.
Ici l’orateur n’avait plus, pour soutenir et pour animer sa marche, le tableau toujours intéressant des troubles des nations, des révolutions des empires : ici, tout l’intérêt repose sur une princesse aimable, qui réunissait toutes les qualités du cœur aux talents de l’esprit le plus cultivé, et qui ne mit entre la santé la plus florissante et la mort la plus affreuse, que l’intervalle de quelques heures !
On peut lire le même récit, non moins animé et non moins dramatique, dans les Mémoires de Mme de Motteville, qui, en avouant la grande frayeur que cette sédition lui a causée, nous dit ingénument « qu’elle n’eût pas cru que jamais dans ce Paris, le séjour des délices et des douceurs, on pût voir la guerre, ni des barricades, autre part que dans l’histoire et la vie de Henri III ».
Entretenir perpétuellement dans une ville telle que Paris une consommation immense dont une infinité d’accidents peuvent toujours tarir quelques sources ; réprimer la tyrannie des marchands à l’égard du public, et en même temps animer leur commerce ; empêcher les usurpations mutuelles des uns sur les autres, souvent difficiles à démêler ; reconnaître dans une foule infinie tous ceux qui peuvent si aisément y cacher une industrie pernicieuse et en purger la société ; ignorer ce qu’il vaut mieux ignorer que punir, et ne punir que rarement et utilement ; être présent partout sans être vu ; enfin mouvoir ou arrêter à son gré une multitude immense et tumultueuse, et être l’âme toujours agissante et presque inconnue de ce grand corps : voilà quelles sont en général les fonctions du magistrat de la police.
Vous voulez, dites-vous, faire renaître parmi nous ces illustres morts, et j’avoue que vous leur donnez bien un corps ; mais vous ne leur rendez pas la vie ; il y a manque toujours un esprit pour les animer.
L’homme Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants ; il se soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel1 et présente une face auguste2 sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité ; l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin3 les traits de son visage ; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang4 ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin5, et semble la dédaigner ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre, et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe ; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourrait nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens.
Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore.
Par les passions ou le pathétique (πάθος), l’orateur fait passer dans notre âme les sentiments dont il est animé ; nous sentons ce qu’il sent, nous aimons ce qu’il aime, nous voulons ce qu’il veut. […] L’orateur doit prendre des tons appropriés aux passions dont il est animé et aux sentiments qu’il veut communiquer, il faut qu’il soit simple dans l’exposition des faits, animé dans la discussion, véhément ou touchant dans les circonstances pathétiques. […] Laissons de côté le détail de toutes ces règles étroites, qui entravent le génie au lieu de le diriger, les machines épiques (songes, descriptions de tempêtes, etc.), qui remplissent un poème sans l’animer.
Ses descriptions de combats, le feu dont il les anime, l’intérêt qu’il y répand, offrent au lecteur de l’Iliade une foule de traits et d’images sublimes.
Indépendamment de la pureté, qui est une qualité purement grammaticale, et qui appartient indistinctement à tous les genres d’écrire, le style peut être considéré comme ayant pour objet l’entendement qu’il veut éclairer, l’imagination qu’il doit frapper, les passions qu’il se propose d’exciter, l’oreille enfin qu’il ne doit jamais négliger ; et, sous ces divers rapports, il sera clair pour l’entendement, vif et animé pour l’imagination, fort ou véhément pour la passion, et nombreux pour l’oreille.
« Il se rendit au temple de Castor ; il annonça au consul des auspices contraires, quand tout à coup cette troupe de Clodius, qui avait déjà triomphé plus d’une fois dans le massacre des citoyens, pousse un cri, s’anime, se jette sur le tribun désarmé et sans défense ; les uns l’attaquent avec des épées, les autres avec des bâtons et des débris de barrières.
Le vers se plie, comme la musique, à toutes les émotions de l’âme; il se modifie selon les sujets et les genres, soit pour exprimer les passions humaines, soit pour peindre et animer la nature, soit pour donner un corps et une image aux idées abstraites et métaphysiques.
Détail pittoresque qui achève d’animer toute cette description.
Pour assouvir encor la fureur qui t’anime, Tu ne peux rien sur moi : cherche une autre victime.
Intéressé, c’est-à-dire animé par une action qui l’intéresse.
Ils semblent animés de passions1.
Alors il se tourna vers son oncle, animé de sentiments plus conformes à la nature et à l’équité ; mais le bailli, dominé par l’ascendant de son frère, n’osait montrer qu’à demi sa pitié pour le cruel châtiment infligé à son neveu, et ne lui répondait qu’après avoir pris les inspirations de ce père si dur, qui se parait du titre fastueux d’Ami des hommes, qu’il s’était décerné à lui-même.
Un style simple, vif et animé s’il est possible, convient surtout à la dissertation. […] Un résumé est toujours nécessaire ; quant à la péroraison, il faut qu’elle soit courte et animée. […] La forme doit être vive et animée. […] Ses personnages s’animent et vivent ; il nous les montre tels qu’ils ont été. […] Nous occupons le Canada et Votre Majesté sait de quel amour pour la mère-patrie sont animés nos colons.
Nous portons autant de jugements différents, selon que nous anime un sentiment de tristesse ou de joie, d’amitié ou de haine. […] Le plaisir est un bien, car les êtres animés le recherchent, chacun suivant sa nature. […] Ajoutons la crainte que nous inspirent ceux qui peuvent nous faire quelque mal, car il arrive nécessairement qu’une personne animée d’une telle crainte prend ses mesures en conséquence. […] C’est ainsi que, dans les dangers de la vie maritime, une même confiance dans l’avenir anime ceux qui n’ont pas l’expérience de la tempête et ceux qui puisent les moyens de salut dans cette expérience. […] Voilà pourquoi les jeunes gens et les esprits élevés sont animés de ce sentiment.
On comprend sous le nom générique de narration toutes ces compositions de médiocre étendue, qui consistent en un récit plus ou moins vif et animé, et qui n’admettent qu’accessoirement le discours direct et le dialogue. […] Une allégorie trop prolongée devient froide ; pour la soutenir, on anime son style par de gracieuses figures ; nulle composition n’y prête davantage. […] La harangue militaire est un discours par lequel un général d’armée anime ses soldats avant le combat, ou les félicite de leur valeur après une bataille. […] — Dans ces tableaux trompeurs, | par eux seuls animés, — Il reprend ses travaux, | ses jeux accoutumés.
L’imagination du peintre invente d’abord les principaux traits du tableau ; son jugement met ensuite chaque partie à sa place ; mais le coloris lui est nécessaire pour animer tout l’ouvrage, donner aux objets de l’éclat, et rendre l’expression parfaite. […] Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte ; il se fait au bruit des armes, il l’aime, il le cherche, et s’anime de la même ardeur.
Mais c’est surtout dans l’épopée et dans l’ode que les pensées doivent prendre un caractère de hardiesse qu’elles n’ont nulle part ailleurs ; tout y est image, tout y est animé. […] Le serpent rongeait la lime ; Elle disait cependant : Quelle fureur vous anime, Vous qui passez pour prudent ?
Et le langage, pour le même motif, était ici précis et palpable ; là, énergique et animé ; plus loin, trivial et pittoresque.
Pour y parvenir, l’écrivain rattachera la description tantôt aux héros du poëme, du drame, du roman, du discours, par l’harmonie ou les contrastes qu’il établit entre la nature extérieure et les sentiments qui les animent ; tantôt au lecteur lui-même, en mettant l’action en lui, en réveillant, pour les lui faire partager ou du moins comprendre, les émotions humaines qui dorment au sein de la nature, en faisant pénétrer enfin dans les objets physiques un élément moral.
Après l’avoir comparé à une beauté négligée qui a des grâces d’autant plus touchantes qu’elle n’y songe pas ; à un repas sans magnificence, mais où règne le bon goût avec l’économie ; « on n’y trouve, dit-il, aucune de ces figures de rhéteur qui semblent des piéges tendus pour séduire. » Les figures de répétition, qui veulent une prononciation forte et animée, ne s’accorderaient pas non plus avec ce ton modeste et simple ; mais il n’exclut pas les autres figures de mots, pourvu que les phrases soient coupées et toujours faciles, et les expressions conformes à l’usage, que les métaphores ne soient pas trop hardies, ni les figures de pensée trop ambitieuses.
. — Moyen habile employé fréquemment par les orateurs pour animer le raisonnement, en lui donnant la forme du dialogue.
Elle se distingue de l’églogue en ce qu’elle est moins animée : ordinairement elle n’admet même pas d’action, et consiste en un tableau gracieux présentant des images, des récits, une réflexion ou un sentiment développé, ou enfin la peinture d’une passion pastorale.
Ainsi, le dialogue doit être rapide, animé, naturel, suivi et coupé à propos. […] C’est pourquoi le style doit en être riche, brillant, animé, et surtout pathétique. […] La musique y fait le charme du merveilleux, le merveilleux y fait la vraisemblance de la musique : on est dans un monde nouveau ; c’est la nature dans l’enchantement et visiblement animée par une foule d’intelligences dont les volontés sont ses lois.
Son ombre, dit Bossuet en parlant du grand Condé, son ombre eût pu encore gagner des batailles, et voilà que, dans son silence, son nom même nous anime. […] On dit que l’âme s’élève, que les idées s’étendent, que le génie étincelle, que Dieu vole sur les ailes des vents, que son souffle anime la matière, que sa voix commande au néant.
Fénelon en a donné l’idée la plus complète et la plus heureuse, en disant : « La parole animée par les vives images, par les grandes figures, par le transport des passions et par le charme de l’harmonie, fut nommée le langage des dieux. » (lettre à l’ Académie, § V.) […] Ainsi donc, les caractères et les conditions de la poésie sont : — la vérité et la beauté idéales ; — l’expression de cette vérité, par des traits qui animent tout, qui donnent à la nature, même insensible, la pensée, le sentiment et la vie ; par des couleurs riantes et des grâces qui éveillent la sensibilité et enchantent l’imagination ; — l’intention morale, c’est-à-dire le goût du bien, qui anime le poëte, et qui développe dans les âmes les sentiments honnêtes et les pensées généreuses. […] On voit, par cette courte revue, que les lieux communs, ramenés des formules arides de l’école à l’expression animée et vraie de la vie, sont d’un emploi journalier dans la philosophie, dans la science, dans la conversation même du monde. […] Mais que la passion dérange, transforme, anime cette simplicité qui deviendrait bientôt monotone ; que l’imagination varie l’ordre et le tour des mots, qu’elle change, par des emprunts hardis et brillants, le sens primitif et vulgaire des termes ; que Philinte dise, avec la spirituelle noblesse d’un honnête homme : Cette grande raideur des vertus des vieux âges Heurte trop notre siècle et les communs usages.
« Il est triste, sans doute, dit-il, de venir prouver à des hommes à qui l’on a annoncé Jésus-Christ, que leur être n’est pas un assemblage bizarre et le fruit du hasard ; qu’un ouvrier sage et tout-puissant a présidé à notre formation et à notre naissance ; qu’un souffle d’immortalité anime notre boue ; qu’une portion de nous-mêmes nous survivra, etc. » Il est triste en effet, que de pareilles idées aient besoin d’être rappelées au souvenir des hommes ; plus triste encore qu’elles aient besoin de preuves !
Ecquidem de te dies noctesque, ut debeo, cogitans, casus duntaxat humanos, et incertos eventus valetudinis, et naturæ communis fragilitatem extimesco ; doleoque, quum respublica immortalis esse debeat, eam in unius mortalis anima consistere.
Ainsi Voiture, s’adressant au due d’Enghien, lui dit : « Trouvez bon, ô César, que je vous parle avec cette liberté, recevez les louanges qui vous sont dues, et souffrez que l’on rende à César ce qui appartient à César. » Boileau s’intitule lui-même grand chroniqueur des gestes d’Alexandre, et cet Alexandre n’est et ne peut être que Louis XIV ; et le Gilbert de notre âge, Hégésippe Moreau, fait répondre par Joseph Bonaparte à ceux qui voulaient l’arracher à sa retraite, pour lui donner un trône : … Insensés, quel espoir vous anime ?
Un des effets de l’imagination, c’est d’animer le style d’images saisissantes ; il y a image quand le mot ou la phrase peint quelque chose à l’esprit.
On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie, un style noble et animé, et un certain enthousiasme.
Puis, quand ils sont bien animés, j’écris sous leur dictée rapide, sûr qu’ils ne me tromperont pas, que je reconnaîtrai Bazile, lequel n’a pas l’esprit de Figaro, qui n’a pas le ton noble du comte, qui n’a pas la sensibilité de la comtesse, qui n’a pas la gaieté de Suzanne, qui n’a pas l’espièglerie du page, et surtout aucun d’eux la sublimité de Brid’oison : chacun y parle son langage.
Son principal ouvrage, Les soirées de Saint-Pétersbourg (1814), nous montre un docteur altier qu’anime une verve sombre, et l’éloquence convaincue d’une logique passionnée.
L’orgueil, mais un noble orgueil, les anime.
O vous qu’un noble orgueil anime, qui avez pris à votre tour possession de la vie et des splendeurs du soleil, qui vous sentez hautement de la race et de l’étoffe de ceux qui ont le droit de se dire : « Et nous aussi, soyons les premiers et excellons !
Moraliste aussi profond que Molière et La Bruyère, il nous offre des trésors d’observations, d’expérience, de vérité, de bon sens pratique égayé par une malice enjouée, et animé par une imagination où tous les objets se réfléchissent comme en un miroir sympathique. […] Femmes, moines, vieillards, tout était descendu : L’attelage suait, soufflait, était rendu5 Une mouche survient, et des chevaux s’approche, Prétend les animer par son bourdonnement ; Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher.
Et qu’y avait-il de moins animé et de plus vide que l’air, avant que vous y eussiez répandu tant de volatiles ? […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre, il faut encore servir le Roi du ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom3, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef dont ils ne savent pas les intentions ; c’est une multitude d’âmes pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la confiance. » Vous pressentez la conclusion, et vous voyez comment la définition de l’idée armée sert de développement à cette proposition : le commandement est chose difficile.
Car on éprouve du plaisir à mesurer le chemin qu’on a fait et rien n’anime plus à poursuivre ce qu’on a commencé, que de savoir ce qui reste à faire : on ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme. » Quistil.
Si elle ne fait qu’un corps animé par une seule âme… 10.
car je vais te parler, cette fois, non plus avec la haine qui doit m’animer, mais avec la pitié dont tu es si peu digne. […] Eux, en hommes animés envers la patrie des plus nobles et des plus généreux sentiments, se chargèrent, sans hésitation, sans retard, de l’exécution. […] Je ne crois pas non plus inutile, pères conscrits, de vous faire connaître l’ardeur qui anime les affranchis. […] Sur-le-champ ils rendirent un arrêté, premièrement qui donnait à mon frère « le droit d’être logé aux frais du public, » en reconnaissance de ce qu’il était animé pour eux des sentiments que j’avais toujours eus moi-même. […] Ces hommes s’animent à leur propre défense pendant que Verrès est encore presque endormi et reste dans la stupeur.