Comme Homère a donné le modèle des poètes héroïques (je le cite seul, non seulement parce qu’il excelle, mais parce que ses imitations sont dramatiques), il a aussi donné la première idée de la comédie, en peignant dramatiquement le vice, non en odieux, mais en ridicule : car son Margitès est à la comédie ce que l’Iliade et l’Odyssée sont à la tragédie. […] La tragédie étant l’imitation du meilleur, les poètes doivent suivre la pratique des bons peintres qui font les portraits ressemblants, et toutefois plus eaux que les modèles. […] En un mot, lorsqu’on voudra justifier un poète qui aura employé l’impossible, on se rejettera sur le privilège de la poésie, ou sur le mieux, ou sur l’opinion : sur le privilège de la poésie, qui préfère l’impossible vraisemblable au possible qui ne l’est point ; sur le mieux, parce que le modèle idéal du peintre doit être plus beau que la nature : les objets sont tels que les peignait Zeuxis ; sur l’opinion, qui admet l’incroyable : cela a pu arriver ainsi dans les temps éloignés.
à qui nous avons cru plus utile encore de donner des leçons de morale, que de citer des modèles d’éloquence, apprenez de bonne heure et n’oubliez jamais, que l’esprit est essentiellement faux, le goût essentiellement dépravé, quand le cœur est corrompu ; et le cœur est corrompu, quand rien de bon ou d’utile n’y a germé dans l’enfance, ou que ces germes précieux ont été tristement étouffés, dans la suite, par la séduction des mauvais exemples et l’empire des mauvaises habitudes.
Sans doute le respect des antiques modèles Eût au vrai ramené les muses infidèles : Eux seuls, de la nature imitateurs constants, Toujours lus avec fruit, sont beaux dans tous les temps.
Le célèbre peintre Zeuxis d’Héraclée ayant été invité par les Crotoniates à représenter dans un tableau une beauté parfaite, pensa bien qu’il ne pourrait pas en trouver un modèle existant dans la nature.
L’admirable dédicace qui en est l’ouverture, et qu’il adresse à François Ier, est un modèle de polémique supérieure.
Tableau de mœurs ou la caricature se mêle au portrait, et l’invective à la raison, elle reflète ce qu’il y eut d’horrible et de risible dans cette explosion de folie qui précéda le règne d’Henri IV, « Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire. » Dans certaines parties impérissables, c’est un modèle d’ironie, de dialectique véhémente et de virils accents mis au service d’une cause, alors nationale, dans une ville ruinée, affamée, fiévreuse et à demi repentante, qui attendait l’avénement de la poule au pot.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.
Ces pages, vraiment patriotiques, sont de celles qui honorent un poëte, et méritent d’être proposées comme un modèle à la jeunesse française.
Né avec des instincts chevaleresques, auxquels les événements infligèrent de cruelles déceptions, galant homme, modèle de politesse, de bravoure et de probité, La Rochefoucauld réfuta lui-même ses Maximes par son caractère ; et au lieu de juger l’homme d’après le philosophe, il est plus sûr de s’en rapporter au témoignage de Madame de Sévigné qui lui prouva son estime par son amitié.
Si ton cœur était droit, toutes les créatures Te seraient des miroirs et des livres ouverts, Où tu verrais sans cesse en mille lieux divers Des modèles de vie et des doctrines pures : Toutes comme à l’envi te montrent leur auteur. […] On sait que Corneille emprunta ce sujet et plusieurs détails à une pièce de l’Espagnol Guilhem de Castro, dont la traduction littérale a même été essayée sur notre scène ; mais on a dit bien à tort que notre grand tragique avait eu un deuxième modèle dans Diamante, tandis que celui-ci n’a fait que traduire le Cid français.
Leur exemple fut négligé par la plupart des poëtes qui les suivirent de près, comme nous l’apprenons d’Aristote qui blâme plusieurs de son temps de ce qu’ils donnaient à leurs poëmes une trop longue durée, ce qui semble l’avoir obligé d’en écrire la règle ou plutôt de la renouveler sur le modèle de ces anciens. » (Pratique du Théâtre, II, 7.
Contentons-nous d’ajouter que les étrangers ont partagé notre admiration pour madame de Sévigné : on sait qu’un des auteurs anglais les plus ingénieux, Horace Walpole, lui rendait une espèce de culte, en l’invoquant, comme son modèle de prédilection, sous le nom de Notre-Dame des Rochers.
Il suffit de dire, à son éloge, qu’il s’est une fois rapproché de ce modèle : une fois son éloquence, souvent trop ornée, a puisé dans l’importance du sujet et la sincérité du deuil public une sérieuse et véritable grandeur.
L’antiquité ne saurait lui opposer avec avantage Aristophane ou Plaute ; et les modernes ne nous disputent point l’honneur d’avoir produit le premier des comiques, aussi bien que le modèle des fabulistes 2 Le Val-de-Grâce : éloge du peintre Pierre Mignard 1.
Dans un dialogue qui rappelle Monsieur de Crac, la comédie de Collin d’Harleville, d’Aubigné le met aux prises avec un protestant de vieille roche, modèle de valeur, de désintéressement, de savoir et de patriotisme.
Tout reconnut ses lois : et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Ses proclamations ont créé un genre nouveau d’éloquence dont elles resteront les modèles. […] Villemain marqua l’avènement de Cette forme supérieure de critique dont Mme de Staël avait la première offert d’admirables modèles. […] À cette règle que Buffon prétend dictée par le génie, il en joint une autre, dont il offre surtout le modèle : c’est le scrupule sur le choix des expressions, l’attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux. […] La garde du roi avait seule des chevaux et portait des lances du modèle romain ; le reste des troupes était à pied, et leur armure paraissait misérable. […] Sa vie est un modèle à suivre.
C’est un grand peintre qui va parler de coloris, qui avait fait d’avance tout ce qu’il va nous conseiller, et dont les ouvrages offraient des modèles, bien avant qu’il songeât à donner des préceptes.
De sorte que le poème de Virgile nous représente la langue et la poésie latine à son plus haut degré de perfection, et que les Géorgiques sont données comme le type et le modèle éternel des poèmes didactiques. […] Le poème badin diffère du poème héroï-comique en ce que l’on n’y affecte pas du tout cette forme héroïque et majestueuse dont Boileau nous donne le plus beau modèle.
Un autre3, plus égal que Marot et plus poëte que Voiture, a le jeu, le tour et la naïveté de tous les deux ; il instruit en badinant, persuade aux hommes la vertu par l’organe des bêtes, élève les petits objets jusqu’au sublime : homme unique dans son genre d’écrire ; toujours original, soit qu’il invente, soit qu’il traduise ; qui a été au delà de ses modèles, modèle lui-même difficile à imiter.
Donnons de cette femme célèbre une lettre écrite à sa fille, le 20 février 1671, sur un incendie dont elle a été témoin ; ce sera, en même temps, un exemple de sa manière et un modèle pour les jeunes gens : Vous saurez qu’avant-hier au soir mercredi, après être revenue de chez M. de Coulanges, où nous faisions nos paquets les jours d’ordinaire, je songeai à me coucher.
Dans son livre, pratique avant tout, mais brillant de verve gasconne, il a voulu se proposer pour modèle à la jeune noblesse, et a fait profession d’être docteur ès-armes.
Passionnée des œuvres de Ronsard, de du Bellay, de Desportes, de Bertaut, de du Perron, ses maîtres, ses modèles, ses oracles en poésie, elle ne croyait pas qu’on pût faire mieux ni autrement qu’eux. […] Dans cette comédie-ballet, Molière renferma dix types d’importuns, dont les originaux étaient à la cour, se reconnaissaient eux-mêmes, et étaient flattés d’avoir servi de modèles au grand comique. […] Ne vous étonnez pas qu’il donne pour modèle À des ultramontains95 un auteur sans brillants. […] Les premiers chants sont un modèle de franche gaîté, de douce satire, de verve spirituelle. […] D’ailleurs, il reproduit à merveille la solidité, la netteté, la justesse de ses modèles, leur manière fine et vive de s’exprimer, et le tour précis qu’ils savaient donner aux vers.
La littérature grecque est peut-être la seule qui fasse exception, pourvu qu’on l’ouvre par Homère et qu’on la ferme sur Théocrite, les éternels modèles du naturel et de la vérité.
Mais saints ou démons, elle prend toujours ses modèles hors de la terre ; car, quand elle ne peut plus s’élever au-dessus de l’homme, elle aime encore mieux s’abaisser au-dessous que de rester dans les limites de l’humanité, l’homme ne pouvant pas se décider à être homme, c’est-à-dire imparfait et médiocre1.
On cite ce vers comme modèle d’ellipse ; Racine seul a pu le faire passer. […] Dans le second cas, on compare ceux dont on parle aux modèles que nous trace l’histoire. […] Pour les aider à se familiariser avec ces consonnances étrangères et à retenir leur signification, je les ai toutes réunies dans les vers suivants que je ne donne point comme des modèles, mais qui appris par cœur peuvent rappeler facilement à l’esprit l’usage de toutes ces figures. […] Cette strophe est digne de Racine : Elle offre d’un bout à l’autre un modèle de style sublime, parce que la pensée sublime raccompagne partout. […] Delille a fait certainement des vers charmants qu’on cite comme modèles et qu’on admire en détail ; il est impossible pourtant de lire ses ouvrages pendant plusieurs heures consécutives, et pourquoi ?
Puisse-t-on ne point adresser ce reproche à nos essais, qui composent une collection de modèles appropriés à tous, les degrés de l’enseignement ! […] L’ensemble de ces modèles, qui s’enchaînent, se continuent et s’expliquent les uns les autres, devient ainsi l’abrégé d une histoire agissante et vivante, qui nous permet de suivre les progrès ou les transformations de la langue nationale, comme on descend le cours d’un beau fleuve dont les eaux s’abandonnent à leur pente, et reflètent les paysages de leurs rives. […] C’est un modèle de netteté, de justesse et d’exactitude. […] Que si mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas, pour cela, que je veuille conseiller à personne de l’imiter Ceux que Dieu a mieux partagés de ses grâces auront peut-être des desseins plus relevés ; mais je crains bien que celui-ci ne soit déjà que trop hardi pour plusieurs. […] Ses plans sont des modèles de dextérité.
« La nature est riche, dit Vico dans ses Institutions oratoires, l’art pauvre, l’exercice et le travail invincibles… Aussi, ajoute-t-il, les peintres qui veulent devenir excellents ne s’arrêtent pas aux longues et subtiles discussions sur leur art, mais ils passent des années entières à copier les tableaux des grands maîtres. » La meilleure leçon pour l’écrivain est l’étude approfondie des bons modèles, et les travaux qui ont pour but de reproduire les formes de leur style.
« Sparte, modèle de frugalité, de tempérance et des plus hautes vertus, a disparu, et nous espérons que nos empires seront éternels !
L’émotion du cœur qui produit l’éloquence est le résultat d’une passion ; mais nous n’admettons comme bonnes et légitimes que les passions qui ont une noble aspiration vers le bien ; celles qui conduisent au mal peuvent avoir aussi une éloquence à elles ; mais cette éloquence, loin de pouvoir être proposée pour modèle, doit être combattue, comme tout ce qui a un principe vicieux et funeste.
Mais amendé par la disgrâce1, qui fut le seul fruit de ses intrigues ambitieuses, il mérita dans les loisirs de la retraite, où le consolait l’amitié ingénieuse de madame de Sévigné, une gloire plus solide que celle qu’avait rêvée sa jeunesse, celle d’écrivain : il mourut en 1679, laissant dans ses Mémoires un des monuments les plus remarquables de cette éloquence naturelle dont César a offert chez les anciens le modèle le plus frappant2.
Aussi la France, sous son règne, ne se ressent en rien ni de l’air grossier de nos pères, ni de la rudesse qu’une longue guerre apporte d’ordinaire avec soi : on y voit briller une politesse que les nations étrangères prennent pour modèle et s’efforcent d’imiter.
Dans son Histoire de l’Académie des sciences, qui renferme les Eloges des académiciens et passe pour le modèle du genre, Fontenelle s’est dégagé des défauts dont ne sont pas exempts ses autres ouvrages, l’affectation et la subtilité : car il y a eu, comme on l’a fort bien dit, deux hommes en lui, l’un qui, faute de ce goût élevé que le cœur inspire, s’est attiré les justes railleries de Racine, de Boileau et de La Bruyère ; l’autre, et c’est celui qui doit nous occuper, disciple de Descartes, mais sans abdiquer son indépendance, que Vauvenargues a honoré de ses éloges, dont l’esprit s’est montré vaste, lumineux, universel, et qui a peint avec vérité les physionomies de ses savants confrères, en présentant avec intérêt une analyse fidèle de leurs écrits.
Cette œuvre est un modèle de controverse émue, vaillante, courtoise et approfondie.
Les encyclopédistes reprochent à Montesquieu de s’en être tenu, dans la philosophie de l’histoire, à la raison des faits accomplis, d’avoir cherché moins les principes absolus que les moyens pratiques de la réforme politique, moins le modèle abstrait d’une législation parfaite que les conditions immédiatement applicables de justice et de progrès social. […] L’imitation des modèles était recommandée, considérée comme un mérite ; bref, rien n’était plus aisé que de jeter dans les moules officiels d’un genre quelconque une œuvre quelconque. […] C’est le jugement que ce grand philosophe portait de l’un des plus illustres citoyens d’Athènes, qui avait longtemps gouverné la République avec une réputation extraordinaire, qui avait rempli la ville de temples, de théâtres, de statues, d’édifices publics ; qui l’avait ornée par les monuments les plus célèbres et rendue toute brillante d’or ; qui avait épuisé ce que la sculpture, la peinture et l’architecture ont de plus beau et de plus grand, et avait établi dans ses ouvrages le modèle et la règle du goût de toute la postérité. […] Je vois de tous côtés des gens qui parlent sans cesse d’eux-mêmes ; leurs conversations sont un miroir qui présente toujours leur impertinente figure : ils vous parleront des moindres choses qui leur sont arrivées, et ils veulent que l’intérêt qu’ils y prennent les grossisse à vos yeux ; ils ont tout fait, tout vu, tout dit, tout pensé : ils sont un modèle universel, un sujet de comparaisons inépuisables, une source d’exemples qui ne tarit jamais. […] Modèle de narration simple, rapide, élégante, l’ouvrage de Voltaire (1731) marque en outre l’avènement de l’esprit moderne dans l’histoire.
Il y appelle, au nom de la patrie (il est le premier qui popularisa ce mot), les Français « à illustrer la langue maternelle et, pour ce, à devorer les anciens, à les convertir en sang et nourriture », et aussi à imiter les modèles italiens. […] Ses Lettres, publiées en 1624, ont été, avec les Négociations de Jeannin, comme lui parti de bas, comme lui élève de Cujas, le modèle classique de la diplomatie française avant l’âge nouveau des Lyonne et des Torcy. Elles sont un modèle de style admiré par Fénelon. […] Mais les hommes de génie, ses amis ou ses contemporains, n’avaient pas attendu les lois qu’il édicta, pour donner, de leur côté, des modèles. […] Que si, mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas pour cela que je veuille conseiller à personne de l’imiter.
1° Exemple à pari, ou de parité : François Ier mit tous ses soins et son orgueil à protéger les lettres et les arts en France : aussi Louis XIV, prenant ce prince pour modèle, favorisa-t-il les artistes, les hommes de lettres, et les génies de tout genre, pour rendre son nom et son règne à jamais célèbres. […] Notre judicieux Boileau nous recommande ainsi de tenir compte de toutes ces nuances : Étudiez la cour, et connaissez la ville ; L’une et l’autre est toujours en modèles fertile.
Nous y surprenons au vif tantôt le pédantisme d’une érudition qui s’assouvit brutalement jusqu’à l’ivresse, tantôt la féconde originalité d’une émulation indépendante, qui, inspirée par l’étude pratique et intime des modèles, rivalise au lieu de copier, et finit presque par égaler ou surpasser ceux dont elle croit suivre pieusement les traces. […] Des formes archaïques et de l’orthographe au XVIe siècle S’il est utile de pratiquer nos modèles antiques, pour apprendre d’eux le parler franc, énergique, pittoresque et coloré, il serait puéril de faire dévier cette étude vers un pastiche artificiel qui étonnerait l’oreille ou les yeux, sans profit pour l’expression ou le sentiment.
On aurait cru voir un de ces anciens Romains, un de ces vieux républicains, un modèle des premiers temps de Rome, une image fidèle des vieilles mœurs, une colonne de la république.
La Fontaine connaissait à fond notre antiquité française : il était même remonté fort au delà de Rabelais et de Marot dans l’histoire de notre littérature ; et, comme l’observe le compte de Caylus dans un mémoire sur les fabliaux, « il n’eût pas été ce qu’il sera éternellement, c’est-à-dire un auteur d’un goût exquis, s’il n’avait pas puisé à ces sources des exemples et des modèles » 2.
Regnard a composé aussi des satires, et dans l’une d’elles, dans le Tombeau de Boileau, il eut même l’imprudence d’attaquer le modèle du genre ; mais, par une épitre placée en tête de la comédie des Ménechmes, il fit amende honorable : le successeur de Molière ne pouvait demeurer injuste pour Boileau, l’ancien ami et le panégyriste de ce grand homme.
C’est un modèle de netteté, de justesse et d’exactitude.
Mais, des contemporains plus encore peut-être que des écrivains du xviie et du xviiie siècle, je n’ai voulu admettre que le bon, l’excellent, l’exquis ; il ne s’agit point de faire une galerie complète d’histoire littéraire, mais un choix de modèles ; ce livre est un musée classique et non une collection d’amateur. […] Plus les moyens de s’instruire sont aujourd’hui répandus et popularisés, plus il faut parer aux dangers d’une instruction malsaine et corruptrice ; plus les œuvres de l’esprit se multiplient, plus on doit choisir les passages à proposer en modèles. […] C’est un roi que l’équité guide, Et dont les vertus sont l’appui ; Qui, prenant Titus pour modèle, Du bonheur d’un peuple fidèle Fait le plus cher de ses souhaits ; Qui fuit la basse flatterie ; Et qui, père de sa patrie, Compte ses jours par ses bienfaits.
Les modernes ont mieux réussi, assurément ; le christianisme, qui assigne à la femme son véritable rang, les a mieux éclairés sur sa nature, et c’est chez eux qu’on la retrouverait tout entière, si l’on recueillait çà et là les traits les plus exquis et les plus énergiques de leurs écrits, de ceux surtout où le peintre et le modèle appartiennent au même sexe.
. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion.
La Renaissance est l’époque où les lettres et les arts s’épanouirent parmi nous, sous l’influence des modèles antiques.
Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir.
« Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.
. — On accorde à son adversaire les points qui ne sont pas discutés, pour avoir le droit de lui refuser celui qui est en question : Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité ; Qu’on prise sa candeur et sa civilité ; Qu’il soit doux, complaisant, officieux, sincère, On le veut, j’y souscris, et suis prêt à me taire, Mais que pour un modèle on montre ses écrits !
Rousseau, est un des modèles que Voltaire aimait à citer : Le Nil a vu, sur ses rivages, Les noirs habitants des déserts Insulter, par leurs cris sauvages, L'astre éclatant de l'univers. […] Les pensées sublimes sont des modèles parfaits du beau ; elles élèvent l'âme ou la frappent comme un éclair. […] C'est parmi les chansons de Béranger qu'il faut chercher les modèles de ce genre.
Nous citerons comme modèle de supposition le passage suivant du sermon sur le Petit nombre des élus : Je vous le demande : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de cette assemblée la plus auguste de l’univers, pour nous juger, pour faire le terrible discernement des loups et des brebis, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ? […] On peut lire comme modèle d’enchaînement des pensées dans une composition périodique, le commencement de l’exorde de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre : Celui qui règne… son autorité suprême. […] Un beau modèle de style périodique est le début de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre.
De pareils chefs-d’œuvre sont rares, il en faut convenir ; et ceux qui, après les jours de la décadence et le triomphe du faux goût, ont le mérite du moins de sentir celui des autres, et de s’apercevoir que ce sont là les modèles qu’il faut se proposer, forment une nouvelle classe, une espèce de second ordre en littérature, qu’on n’étudie pas sans fruit, après avoir admiré le premier.
Les plus beaux modèles du genre fleuri chez les anciens, sont la plupart des Oraisons de Cicéron, et le Panégyrique de Trajan par Pline.
Cette lettre est un modèle de fantaisie charmante.
Nous ne donnons pas ce billet comme un modèle d’urbanité, mais il a du moins le mérite de montrer vivement la blessure d’un amour-propre.
Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires ne cesse d’être considéré de nous et compris.
En voici quelques exemples ; le premier peut être regardé comme le modèle des logogriphes latins : Sume caput, curram ; ventrem conjunge, volabo ; Adde pedes, comedes ; et sine ventre, bibes.
Nous offrons comme modèles de pureté de style, deux sujets entièrement opposés l’un à l’autre quant au sens. […] Quelques fragments de La Fontaine et de Racine pris au hasard nous offriront des modèles de Naturel.
Ceux de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, de l’Oraison funèbre de Turenne, du Sermon de Bourdaloue pour le jour de Pâques, Surrexit, non est hie, sont d’admirables modèles.
Voici un modèle de ces reconnaissances, qui sont, d’après Aristote (voy. le ch.