Si nous avions pour but de profiter3 à ceux que nous contredisons, nous prendrions d’autres mesures et d’autres voies.
Elle excelle par la tenue, le bon sens pratique, la justesse, la mesure et la convenance de la conduite publique ou privée.
A mesure que les langues firent des progrès, elles devinrent plus abondantes, et se dépouillèrent en partie de ces expressions figurées. […] Comment soutiendrez-vous une opinion de manière a interesser ou a convaincre, si vous ne classez pas vos idées avant de parler, ou à mesure que vous parlez ? […] On sent qu’en se servant de l’antilogie, il faut garder une certaine mesure que la raison doit indiquer : il faut qu’il y ait un rapport entre les deux idées, malgré la contradiction apparente qui les sépare. […] En donnant à chaque passion le ton qui lui est propre, il faut savoir s’arrêter à certaines limites : « Même dans le tourbillon de la passion, vous devez, dit Shakespeare, garder une mesure qui en adoucisse l’effet. » (Hamlet, acte III.) […] Dans ces différentes espèces de gestes, il y a une mesure que le goût et la bienséance doivent enseigner.
Mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure ; et, comme ce serait être barbare que de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a sujet, aussi serait-ce faire mal son compte que de ne travailler pas, de tout son pouvoir, à se délivrer d’une passion si incommode. […] Mais autant que53 cette correction est souhaitable, autant est-il difficile d’y réussir, parce qu’elle dépend beaucoup de la mesure d’intelligence que nous apportons en naissant. […] Ils se sont portés les uns sur les autres par un cercle sans fin : étant certain qu’à mesure que les hommes ont de lumière, ils trouvent et grandeur et misère en l’homme, En un mot, l’homme connaît qu’il est misérable. […] Songez, milord, que sans le voyage et les expériences de ceux qu’il envoya à Cayenne en 1672, et sans les mesures de M. […] Cette grandeur périt, j’en veux une immortelle : Un bonheur assuré, sans mesure et sans fin, Au-dessus de l’envie, au-dessus du destin.
Je vous représenterois ce fidèle sujet marchant sur les traces de son maître, qui étaient des pas de géant, et le surpassant par la nouvelle ardeur que lui inspirait l’exemple de ce monarque ; vous le verriez dans un corps usé de travaux, rallumant tout le feu de ses premières années, combattre à la tête de nos troupes, défaire les trois formidables armées de l’Empereur, de l’Espagne et de la Hollande ; partout s’immolant et se sacrifiant ; mais partout triomphant, et remplissant la mesure de cette glorieuse réputation qu’il faisait à la France Mais un objet plus intéressant m’oblige de me taire sur ses triomphes profanes, pour ne parler que de ses victoires sacrées ».
Bientôt l’exagération du style soutenu, et d’autre part l’extrême difficulté de la rime et le peu de ressources que présente la prose aux partisans fanatiques de l’harmonie, firent imaginer la prose métrique ou scandée, mélange prétentieux de vers blancs d’inégale mesure et d’inversions poétiques, genre amphibie et bâtard, qui n’a ni les qualités de la prose, ni celles de la poésie.
Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits : Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits ; Le champ qui les reçut les rend avec usure.
Tout est prêt et rangé dans sa juste mesure, Et la maîtresse, assise au coin d’une embrasure, D’un sourire angélique et d’un doigt gracieux Fait signe à ses enfants de baisser leur beaux yeux.
L’on ne mesure bien, d’ailleurs, la force et l’étendue de l’esprit et du cœur humains que dans ces siècles fortunés ; la liberté découvre, jusque dans l’excès du crime, la vraie grandeur de notre âme ; là, brille en pleine lumière la force de la nature ; là, paraît la vertu sans bornes, le plaisir sans infamie, l’esprit sans affectation, la hauteur sans vanité, le vice sans bassesse et sans déguisement.
Les dix mille, jetés au cœur de l’Asie. sans chefs et sans organisation, se formaient en assemblée dans leur camp, discutaient leurs marches, leurs mouvements de retraite, et exécutaient à la lettre les mesures prises à la pluralité des voix.
La rime, au bout des mots, assemblés sans mesure, Tenait lieu d’ornements, de nombre et de césure. […] Horace, peu habile à faire l’hexamètre, a composé les vers latins les plus charmants sur toutes les autres mesures ; Boileau, incapable de faire le petit vers français (le vers de sept ou de huit syllabes), le vers de Lamartine, est d’une force incomparable sur l’alexandrin.
Il est inutile de dire que quand ces fautes dépassent une certaine mesure, l’ouvrage qui les admet devient tout à fait indigne de l’attention des littérateurs. […] Et tout cela est vrai de notre temps comme du sien ; seulement les beaux vers sont de trop, car on ne les entend pas, et, d’ailleurs, il faut bien le dire, à mesure qu’on mêle aux ouvrages de littérature un plus grand nombre d’assaisonnements étrangers, le mérite littéraire s’affaiblit et finit par disparaître.
De moi, de l’univers entier, de tout ce qui est, de tout ce qui peut être, de tout ce qu’a de beau le monde sensible, et d’imaginable le monde intellectuel : je rassemblais autour de moi tout ce qui pouvait flatter mon cœur ; mes désirs étaient la mesure de mes plaisirs. […] Je suis né avec un amour naturel pour la solitude, qui n’a fait qu’augmenter à mesure que j’ai mieux connu le monde.
Sans cesse il vient accuser de témérité, et lier par de timides conseils la noble hardiesse du pinceau créateur : naturellement scrupuleux, il pèse et mesure toutes ses pensées, et les attache les unes aux autres par un fil grossier qu’il veut toujours avoir à la main ; il voudrait ne vivre que de réflexions, ne se nourrir que d’évidence ; il abattrait, comme ce tyran de Rome, la tête des fleurs qui s’élèvent au-dessus des autres : observateur éternel, il vous montrera tout autour de lui des vérités, mais des vérités sans corps, pour ainsi dire, qui sont uniquement pour la raison, et qui n’intéresseraient ni les sens ni le cœur humain.
Il ne s’est point trompé dans ses mesures.
Ils ont coutume de les partager en trois récits, diversifiés par la mesure des strophes, dont les vers sont tantôt plus longs et tantôt plus courts, comme dans les chœurs des anciennes tragédies et dans les odes de Pindare… » « J’ai voulu, par ces pièces, ajoutait-il, réconcilier, à l’imitation des Grecs,l’ode avec le chant.
S’il en est où l’idée de Dieu ne soit mêlée, il s’y trouve toujours quelque défaut ou quelque excès ; il y manque le nombre, le poids ou la mesure, toutes choses dont l’exactitude est divine. » Joubert.
à tout cela ajoutez enfin les rêves de l’imagination, et vous serez loin encore d’avoir atteint la mesure de toutes ces félicités intimes2.
À mesure que la société a fait des progrès en civilisation, le génie et les mœurs ont perdu en force et en sublimité ce qu’ils ont gagné en politesse et en correction.
Les marais desséchés deviennent fertiles ; les sables ne couvrent d’ordinaire que la surface de la terre ; et quand le laboureur a la patience d’enfoncer, il trouve un terroir neuf, qui se fertilise à mesure qu’on le remue et qu’on l’expose aux rayons du soleil.
Walckenaer : « Seul il eût suffi à la gloire de cet écrivain, et il a donné seul la mesure de la force et de la grandeur de son génie. » Voici en quels termes Rivarol, ce grand improvisateur, a parlé aussi de Montesquieu (voy. la Revue des deux mondes, 1er juin 1849) : « Son regard d’aigle pénètre à fond les objets, et les traverse en y jetant la lumière.
Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment3 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir : oui, ce serait faire fort mal son compte que de ne tâcher pas de tout son pouvoir à se délivrer d’une passion si incommode.
Cette mesure extrême et urgente allait être ajournée, quand Mirabeau emporta le vote d’assaut.
Je parle d’une hardiesse sage et réglée ; qui s’anime à la vue des ennemis ; qui dans le péril même pourvoit à tout et prend tous ses avantages, mais qui se mesure avec ses forces ; qui entreprend les choses difficiles, et ne tente pas les impossibles ; qui n’abandonne rien au hasard de ce qui peut être conduit par la vertu ; capable enfin de tout oser, quand le conseil est inutile, et prête à mourir dans la victoire, ou à survivre à son malheur, en accomplissant ses devoirs ». […] L’ambitieux ne jouit de rien ; ni de sa gloire, il la trouve obscure ; ni de ses places, il veut monter, plus haut ; ni de sa prospérité, il sèche et dépérit au milieu de son abondance ; ni des hommages qu’on lui rend, ils sont empoisonnés par ceux qu’il est obligé de rendra lui-même ; ni de sa faveur, elle devient amère, dès qu’il faut la partager avec ses concurrents ; ni de son repos, il est malheureux, à mesure qu’il est obligé d’être plus tranquille… L’ambition le rend donc malheureux : mais de plus, elle l’avilit et le dégrade. […] Mais chercher à le faire élever à ce poste, en prenant des mesures pour en déposséder celui qui l’occupe, c’est une chose criminelle et digne de toute censure.
Mais à mesure qu’ils acquirent la connaissance d’un plus grand nombre d’objets, et que leurs idées se multiplièrent par conséquent, le nombre des noms s’étendit dans la même proportion. […] À mesure que les langues se sont perfectionnées, les esprits observateurs ont remarqué quel avantage on pouvait tirer du langage figuré, si commun dans les premiers temps.
Ainsi l’on écrira avec mesure à ses supérieurs ; avec respect aux personnes âgées ; avec franchise à ses égaux ; avec expansion à ses amis ou à ses parents ; ainsi l’on ne pourra prendre un ton de gaieté avec une personne plongée dans la tristesse, un ton de protection ou de hauteur avec un égal, un ton grave avec un enfant, ou un ton de familiarité avec un supérieur. » § III. […] Elles doivent être écrites avec mesure, prudence et douceur.
L’invention n’étant autre chose que l’acquisition des idées, ou du moins la recherche d’un procédé qui en facilite l’acquisition, que l’élève, tout en s’appliquant à l’étude de la langue maternelle et des langues anciennes, s’exerce à saisir les rapports des choses à lui et des choses entre elles ; qu’il apprenne, à mesure que ses facultés s’étendront, à s’observer lui-même, à observer la nature et les hommes qui l’entourent ; qu’il s’interroge souvent sur ses propres impressions ; qu’il s’habitue à s’en rendre compte, à chercher en tout les causes et les effets, à ne point voir d’un esprit distrait et avec indifférence les objets même les plus indifférents en apparence ; car tout ce qui peut occuper l’homme appartient à l’écrivain, et lui est, à l’occasion, sujet de composition ; Quidquid agunt homines, votum, timor, ira, voluptas, Gaudia, discursus, nostri est farrago libelli.
La première, c’est que l’espace à parcourir soit proportionné à la mesure de notre attention.
Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
« La physionomie de la pensée est le signe et la mesure de l’Intelligence : la même idée est ou vulgaire ou noble, selon la vulgarité ou la noblesse de l’esprit qui la met en œuvre.
Dans le premier cas, on suit une gradation ascendante, afin que l’intérêt augmente à mesure que l’action ou le discours avance.
La confirmation et la réfutation sont quelquefois inséparables, lorsque, à mesure qu’il fait valoir ses raisons, l’orateur renverse colles de son adversaire.
On se fâchait autrefois de ce qu’à l’Opéra on entendait le bruit du bâton qui battait les mesures.
. — « Le corps d’un homme a neuf têtes en hauteur : divisez la tête en trois parties : la première pour le front, la seconde pour le nez, la troisième pour la barbe ; faites les cheveux en dehors de la mesure du nez, divisez de nouveau en trois parties la longueur entre le nez et la barbe, etc., etc. » A l’aide de ces principes et d’un compas, on fait un bonhomme, on arrive même par l’habitude à le faire sans compas, mais on ne fait pas une œuvre d’art1.
Pénétrez-vous bien de votre sujet ; à mesure que vous vous échaufferez en le développant, les images naîtront d’elles-mêmes.
On peut y traiter de la morale, de la littérature, des grandes passions, s’y livrer à des sentiments doux et affectueux, peindre les mœurs et les ridicules, plaisanter, disserter, louer, blâmer, raconter, en prenant le ton qui convient à chaque sujet, et en employant la mesure de vers la plus propre et la plus agréable. […] Auteur de tout ce qui doit être Il détruit tout ce qu’il fait naître, À mesure qu’il le produit. […] On peut employer dans les airs des vers de toute mesure, à l’exception de ceux de douze pieds : la majesté du vers alexandrin ne fournirait point assez aux chutes et à la vivacité d’un air de mouvement.
Grâce à cette progression, on sentira un attrait plus puissant à mesure qu’on avancera dans la lecture de la description. […] Elle doit être simple, afin de disposer le lecteur à la bienveillance, et de permettre à l’auteur de s’élever à mesure qu’il avance, pour rendre l’intérêt de plus en plus vif. […] Les convenances épistolaires demandent que l’on respecte la distance que mettent entre les individus l’âge, le sexe, le rang, la dignité, le caractère, et qu’on leur écrive avec cette mesure qui est la règle des conversations soignées.
Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît, et à mesure qu’il y comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer, il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. […] Heur se plaçait où bonheur ne saurait entrer ; il a fait heureux, qui est si français, et il a cessé de l’être ; si quelques poètes s’en sont servis, c’est moins par choix que par la contrainte de la mesure. […] On voit qu’ils ont eu bien de la peine à trouver de quoi remplir leurs discours : il semble même qu’ils ne parlent pas, parce qu’ils sont remplis de vérités, mais qu’ils cherchent les vérités à mesure qu’ils veulent parler. […] Il en est de l’action et de la voix comme des vers : il faut quelquefois une mesure lente et grave, qui peigne les choses de ce caractère, comme il faut quelquefois une mesure courte et impétueuse, pour signifier ce qui est vif et ardent. Se servir toujours de la même action et de la même mesure de voix, c’est comme qui donnerait le même remède à toutes sortes de malades.
Les vertus d’un grand général ne se bornent pas à celles qu’on leur attribue pour l’ordinaire : application aux affaires, courage dans les périls, ardeur dans l’action, sagesse dans les mesures, promptitude dans l’exécution ; vertus que Pompée réunit seul dans un plus haut degré qu’aucun des généraux que nous ayons vus, ou dont nous ayons entendu parler.
Quand un auteur, avant même de s’être tracé un plan, et n’ayant parfois que quelques idées premières, s’est engagé à remplir chaque jour, du 1er janvier au 31 décembre, dix colonnes d’un roman-feuilleton, faut-il bien encore que, pour donner à chaque numero la mesure exigée, il profite de tout et ne laisse rien echapper, sauf, la dernière quinzaine venue, à tronquer et à mutiler le dénoûment.
Tout ce que nous apprenons, à mesure que nous avançons en âge, forme ce qu’on appelle l’instruction.
L’imagination, la sensibilité et l’esprit y sont dans une mesure exquise.
On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route.
La meilleure manière de donner au sorite de la force et de la vérité, c’est d’en motiver les moyens à mesure qu’on les emploie. […] En voici le développement : Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits ; Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits ; Le champ qui les reçut les rend avec usure. […] , c. 26), den’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent ; il manquerait aux convenances. […] Le peuple sans doute ne connaît ni les pieds ni les nombres ; il ne saurait dire comment ni pourquoi son oreille est blessée ; mais la nature a mis en nous la juste mesure des longues et des brèves, comme celle des tons graves et des tons aigus, et nous en jugeons par sentiment. » Denys d’Halicarnasse, dans son traité de l’arrangement des mots, c. 11, a développé ainsi l’observation de Cicéron129 : « Dans nos immenses théâtres, où se rassemble de toutes parts une foule ignorante, j’ai cru me convaincre que nous avons le sentiment inné de la mélodie et de la cadence ; j’ai vu de fameux joueurs de cithare hués par la multitude, pour avoir manqué une note et troublé la mesure ; j’ai vu tel joueur de flûte, non moins habile dans son art, également sifflé pour avoir mal ménagé son haleine et fait entendre des sons durs et discordants. […] Il n’y a point de figure dont l’usage s’étende plus loin que la périphrase, pourvu qu’on ne la répande point partout sans choix et sans mesure ; car aussitôt elle languit et rend le discours lâche et diffus191.
Voltaire a fait une faute dans ces vers à l’empereur de la Chine : Ton peuple est-il soumis à cette loi si dure, Qui veut qu’avec six pieds d’une égale mesure, De deux alexandrins, côte à côte marchants, L’un serve pour la rime, et l’autre pour le sens ? […] Si l’on marque une affirmation ou une espèce de certitude, on met le second verbe à l’indicatif, comme dans ces phrases : = je vous assure qu’il est digne de votre estime : = vous conviendrez que j’ai pris de justes mesures pour réussir : = il croit que vous voudrez bien l’aider de vos conseils. […] Prendre garde, signifiant prendre ses mesures, veut ne avec le que qui le suit = Prenez garde qu’on ne vous trompe.
Denys d’Halicarnasse, qui s’en est spécialement occupé, distingue dans l’harmonie oratoire, comme dans la musique, la mélodie, le nombre, la variété, la convenance ; il calcule la portée de la voix, les intervalles, les chutes, la mesure composée d’un certain nombre de pieds, formés eux-mêmes d’un certain nombre de syllabes longues ou brèves, et présentant chacun leur caractère spécial, si bien que tout l’effet est manqué, même en prose, si vous mettez un dactyle au lieu d’un spondée, et un trochée au lieu d’un ïambe, etc.
La gravité du style, à mesure que le sujet s’élève et s’agrandit, peut arriver à la noblesse, à la richesse, à la magnificence : la noblesse, qui n’emploie que les termes les plus généraux et les tournures les plus polies et les plus dignes ; la richesse, qui y ajoute l’éclat des images, l’abondance des ornements, le nombre de la phrase, ou qui encore renferme sous peu de mots des idées fécondes ; la magnificence, qui est la grandeur dans la richesse.
C’est-à-dire qu’à mesure que l’étude et la science avancent, on s’aperçoit que les travaux des devanciers n’ont pas été complets, qu’ils ont fait disparaître certaines erreurs, mais qu’ils en ont conservé d’autres qu’il s’agit aujourd’hui d’ébranler et de déraciner, et que c’est ce qu’ont fait successivement tous ceux qui ont eu à modifier profondément les systèmes de philosophie reçus généralement avant eux.
Mesure prise de l’extrémité du pouce à celle du petit doigt, quand la main est ouverte.
À mesure que les hommes avancèrent dans l’art de raisonner et de réfléchir, ils multiplièrent ces signes de relation. […] À mesure que les langues se perfectionnent elles acquièrent plus de précision et même plus de timidité. […] La première règle que j’indiquerai, c’est qu’il ne faut pas multiplier outre mesure les tropes, et qu’ils ne doivent être ni au-dessus ni au-dessous du sujet. […] Lorsqu’il attaque les orateurs ses contemporains, qui étaient vendus à Philippe et conseillaient la paix, il ne garde plus de mesures ; il leur reproche avec amertume de trahir leur patrie. Il ne se borne point à conseiller des mesures vigoureuses, il trace le plan qu’on doit suivre ; il entre dans les détails, et justifie avec exactitude ses moyens d’exécution.
On a reproché à presque toutes les rhétoriques ou d’attacher trop peu d’importance aux figures, ou de les multiplier sans mesure, comme sans motif.
A mesure que le sujet s’élève, on peut arriver à la richesse et à la magnificence : La richesse qui ajoute à la noblesse l’éclat des images, l’abondance des ornements, le nombre de la phrase, ou qui encore renferme sous peu de mots des idées fécondes ; La magnificence qui est la grandeur dans la richesse.
En nous traçant les moyens de connoître les hommes, l’auteur nous apprend parfaitement la manière de nous bien conduire avec eux ; c’est-à-dire, de ne pas nous engager dans de fausses démarches, et de bien prendre nos mesures, pour réussir dans les affaires, autant qu’il est possible, sans violer les règles de la probité.
La Bruyère veut définir le Distrait : chaque pensée est un trait caractéristique de la distraction, et mesure que les idées se succèdent, nous voyons le portrait se compléter jusqu’à son entière perfection.
Et pensais dès lors avoir une perfection entière de l’émail blanc ; mais je fus fort éloigné de ma pensée : cette épreuve était fort heureuse d’une part, mais bien malheureuse de l’autre, heureuse en ce qu’elle me donna entrée à ce que289 je suis parvenu, et malheureuse en ce qu’elle n’était mise en dose ou mesure requise290. […] Je songeai que c’était la centième sottise qu’il m’avait faite, qu’il n’avait ni cœur, ni affection ; en un mot, la mesure était comble. […] L’homme de mauvais ton J’entends Théodecte 820 de l’antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu’il s’approche. […] Tel a été célèbre par son esprit à l’âge de cinq ans, qui est tombé dans l’obscurité et dans le mépris à mesure qu’on l’a vu croître.... […] Boisguilbert voulait laisser quelques impôts sur le commerce étranger et sur les denrées à la manière de Hollande, et s’attachait principalement à ôter les plus odieux, et surtout les frais immenses1049, qui, sans entrer dans les coffres du roi, ruinaient les peuples à la discrétion des traitants et de leurs employés, qui s’y enrichissaient sans mesure, comme cela est encore aujourd’hui et n’a fait qu’augmenter sans avoir jamais cessé depuis.
Ceux-là commandent avec sécurité, qui n’inspirent pas la crainte par des mesures cruelles, mais font pénétrer par la bonté l’affection dans les cœurs de ceux qui leur sont soumis. […] Le maître de l’ordre des chevaliers, Philippe Villiers de L’Isle Adam, après avoir préparé toutes les choses nécessaires à la guerre, et pris toutes les mesures de précaution, convoque auprès de lui les citoyens dans le prétoire, et leur parle en ces termes : Première partie. […] Grâce à cette modération, nous sommes propres aux combats et aux mesures prudentes ; nous ne critiquons pas en phrases pompeuses les plans de nos ennemis, sans nous inquiéter si nos actions seront d’accord avec nos paroles. […] Pendant que les flatteries étaient de toutes parts prodiguées à Xerxès, Démarate, le Lacédémonien, osa lui adresser les paroles suivantes : « Grand roi, permettez-moi de vous dire que la trop grande multitude des soldats est souvent redoutable pour le chef ; ce sont des masses presque toujours désordonnées qui ont moins de force que de poids ; or, ce qui n’a point de mesure ne peut être dirigé, et ce qui ne peut être dirigé ne saurait avoir une durée bien longue.
Elle n’est permise qu’aux poètes qui sont quelquefois obligés, pour la mesure ou la rime, d’introduire quelque désordre dans l’arrangement des mots. […] Cic. 2° Règle, mesure. […] Il est une mesure dans les choses, il y a des limites déterminées, en deçà et au delà desquelles le bien ne saurait être. 3° Fin, borne. […] Moderari (de modus, mesure), modérer, prescrire des bornes, retenir.
Ils ont des avis à ouvrir, des sentiments à proposer, à faire prévaloir, des représentations à faire, des dépêches à expédier, des conférences à soutenir, des mesures et des résolutions à prendre, des obstacles à lever, enfin des mémoires, des conventions, des traités à dresser29. […] BruneI, son ami ; et probablement il contribua à se faire donner le prix comme il avait peut-être contribué à faire proposer le sujet qu’il était plus que personne en mesure de traiter.
En tous lieux, en tous temps, dans toute la nature, Nulle part tout entier, partout avec mesure ; Et partout passager, hors dans son seul auteur.
Leur révolution se mesure à leur taille.