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32. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mézeray. (1610-1683.) » pp. 12-14

Ce qui lui semblait si facile et si indubitable qu’il écrivit partout, et même en Espagne, qu’il tenait le Béarnais enfermé en un lieu d’où il ne lui pouvait échapper à moins que de sauter dans la mer. […] Les capitaines de son armée, les religionnaires mêmes, dont le courage endurci par les coups de la fortune ne rebroussait pas facilement contre le danger, comparant les forces de son ennemi avec les siennes, ne voyaient pas bien quel expédient les pourrait tirer de ce péril, et appréhendaient extrêmement pour le salut du roi, duquel dépendait celui de tout l’Etat ; de sorte que dans un conseil qu’il tint le cinquième de septembre, la plupart concluaient que, laissant ses troupes à terre fortifiées dans des postes où elles pourraient aisément soutenir les attaques de l’ennemi et attendre les renforts qui lui devaient arriver, il mît sa personne sacrée en sûreté, et qu’il s’embarquât au plus tôt pour prendre la route d’Angleterre ou de la Rochelle, de peur que, s’il tardait davantage, il ne se trouvât investi par mer aussi bien que par terre : ce que les vaisseaux que le duc de Parme avait tout prêts pourraient faire bien aisément, avec les barques qui descendaient de Rouen en très-grande quantité. […] Ceux qui nous pensent envelopper sont ou ceux même que nous avons tenus enfermés si lâchement dans Paris, ou gens qui ne valent pas mieux, et qui auront plus d’affaires entre eux-mêmes que contre nous.

33. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Il s’élève une question sur la nature des richesses, et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! […] On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celle de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs.

34. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

La tribune sainte est pour l’éloquence un théâtre auguste, d’où elle peut de toute manière dominer sur les hommes ; mais il faut que l’orateur sache y tenir sa place. […] Quand on songe quelle était l’admiration du soldat pour Napoléon, et combien il tenait à mériter ses éloges, on ne sera pas surpris de l’effet que devait produire ces simples mots. […] Il faut éviter de les tenir pendants et allongés, trop serrés le long du corps.  […] Excepté des cas rares, comme dans la fatigue et le découragement, il ne faut pas les tenir sur la même ligne. […] Mais si parfois l’auditoire est à gauche, on doit prendre la position contraire, c’est-à-dire se tenir sur la jambe droite et avancer la gauche ; c’est le bras gauche alors qui fait les gestes.

35. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

Elle tient tout le royaume en état, comme Dieu y tient tout le monde. […] Vous oubliez l’embarras de vos affaires, et vous vous applaudissez de tenir seul vos conseils.

36. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

D’autres ont donné à leurs reproches un caractère plus grave encore ; ils ont prétendu que les acteurs introduits dans le grand drame de l’histoire, n’ayant pas tenu précisément le discours que leur prête l’historien, c’est se jouer mal à propos de la crédulité du lecteur, faire prendre le change à sa bonne foi, et l’induire gratuitement en erreur. […] si tu as une si grande envie d’éprouver les forces contre celles des Massagètes, ne te donne pas tant de peine pour construire un pont ; nous nous retirerons à trois journées du fleuve, afin que tu puisses passer sur nos terres ; ou, si tu aimes mieux nous recevoir sur les tiennes, fais ce que nous te proposons de faire nous-mêmes ». […] Il faut bien connaître le peuple à qui l’on parle, et être bien sûr de son ascendant, pour tenir un pareil langage ; mais c’est précisément avec cette noble confiance, avec ce ton ferme et tranchant, que l’on établit cet ascendant, et que l’on commande, par le droit le mieux fondé et le moins humiliant pour ceux qui obéissent, la supériorité des lumières et le courage du génie. […] Ce ne sont pas des alliés que nous allons secourir dans un pays où nous puissions trouver aisément les secours nécessaires : nous partons pour une contrée absolument ennemie, où quatre mois suffiront à peine, en hiver, pour recevoir des nouvelles. — Si nous ne partons pas avec des forces capables de résister à la cavalerie sicilienne, et de tenir contre leur pesante infanterie, le succès est impossible, puisqu’en nous supposant même mieux équipés que nos ennemis, nous aurons encore de la peine à les vaincre et à défendre nos alliés. […] Il ne tient qu’à toi de nous avoir pour gardiens de tes limites d’Europe et d’Asie : nous ne sommes séparés des Bactriens que par le Tanaïs ; au-delà, du côté opposé, nous touchons à la Thrace, qui confine, dit-on, à la Macédoine.

37. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Les ouvrages de critique, en matière de littérature, se rapportent au genre didactique, parce que l’écrivain y mêle toujours à la discussion le développement de quelques préceptes ou plusieurs observations utiles qui en tiennent lieu. […] Qu’est-ce encore que ces idées naturelles et distinctes que les cartésiens ne doivent pas abandonner, comme si, en ce qui tient à la nature physique, aucune idée distincte et naturelle pouvait contrarier l’observation constante ? […] Comment ne voit-il pas, surtout, que les disciples de Newton jouaient alors, à l’égard de ceux de Descartes, le même rôle que ceux-ci avaient joué à l’égard des péripatéticiens, et que les péripatéticiens avaient tenu, de leur côté, à l’égard des platoniciens ? […] Gibert tient beaucoup de celle d’Aristote, et M.  […] Tenez votre parole en grand homme, et laissez faire Ménas, qui n’a rien promis.

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