Le combat s’engagea sur la place publique, et le sang coula en abondance. […] Faut-il vous retracer le Tibre rempli des corps de vos concitoyens, les égouts qui en regorgeaient, et le sang étanché sur la place publique avec des éponges ? […] Mais ce n’est pas sa faute ; il ne lui a manqué que le dernier coup, le coup qui aurait épuisé le reste de son sang et de sa vie.
Quand par d’affreux sillons l’implacable vieillesse A sur un front hideux imprimé la tristesse ; Que dans un corps courbé sous un amas de jours Le sang comme à regret semble achever son cours ; Lorsqu’en des yeux couverts d’un lugubre nuage Il n’entre des objets qu’une infidèle image ; Qu’en débris chaque jour le corps tombe et périt, En ruines aussi je vois tomber l’esprit. […] il arrive au tombeau, Plus faible, plus enfant qu’il ne l’est au berceau La mort, du coup fatal, frappe enfin l’édifice : Dans un dernier soupir achevant son supplice, Lorsque vide de sang le cœur reste glacé, Son âme s’évapore, et tout l’homme est passé. » Sur la foi de tes chants, ô dangereux poëte ! […] Je trouve donc qu’en moi, par d’admirables nœuds, Deux êtres opposés sont réunis entre eux : De la chair et du sang, le corps, vil assemblage ; L’âme, rayon de Dieu, son souffle, son image… Le corps, né de la poudre, à la poudre est rendu, L’esprit retourne au ciel dont il est descendu.
« On ne sait que trop quelles funestes horreurs suivent les batailles ; combien de blessés restent confondus parmi les morts ; combien de soldats, élevant une voix expirante pour demander du secours, reçoivent le dernier coup de la main de leurs propres compagnons, qui leur arrachent de misérables dépouilles couvertes de sang et de fange ; ceux mêmes qui sont secourus, le sont souvent d’une manière si précipitée, si inattentive, si dure, que le secours même est funeste : ils perdent la vie dans de nouveaux tourments, en accusant la mort de n’avoir pas été assez prompte. […] L’ordre, la prévoyance, l’attention, la propreté, l’abondance de ces maisons que la charité élève avec tant de frais, et qu’elle entretient dans le sein de nos villes tranquilles et opulentes, n’étaient pas au-dessus de ce qu’on vit dans les établissements préparés à la hâte pour ce jour de sang.
… » « Nous devons, dit le vieux, notre sang à la France. […] C’est au prix de son sang que la postérité Doit recueillir un jour la sainte liberté. […] Mais, par deux fois, la France venait d’en faire la triste expérience, il en était sorti pour elle un joug de fer et des flots de sang, le joug démocratique de la Convention nationale, le joug militaire de l’empereur Napoléon. […] J’appellerai vertu guerrière Une vaillance meurtrière Qui dans le sang trempe ses mains ? […] Un autre sang d’Hélène, une autre Iphigénie Sur ce bord immolée y doit laisser sa vie.
Un jeune homme serait bien tenté d’ajouter ici quelques pensées : Pourras-tu tremper tes mains dans le sang d’un père ? […] La vapeur d’un peu de sang ne peut guère servir à former le tonnerre. […] Dans son sang inhumain les chiens désaltérés. […] A-t-il trempé ses mains dans le sang innocent ? […] Satisfais ma haine, et que ton sang apaise ma colère.
Voyez comme Racine sait ennoblir les détails d’un hideux tableau : Et je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi ; C’est le sang des martyrs… Voltaire. […] Rome entière noyée au sang de ses enfants.