Il sied mal d’en verser où l’on voit tant d’honneurs ; On pleure injustement des pertes domestiques Quand on en voit sortir des victoires publiques. […] C’est cette sorte d’éloquence qui dominait autrefois souverainement à Athènes et à Rome, et qui s’y était rendue maîtresse absolue des délibérations publiques ; c’est elle qui enlève et qui ravit l’admiration et les applaudissements ; c’est elle qui tonne, qui foudroie, et qui, semblable à un fleuve rapide, impétueux, entraîne et renverse tout ce qui lui résiste. » On regretterait que Rollin n’ait cherché les modèles du sublime que dans l’antiquité, s’il n’avait commenté à part, avec plus d’âme encore et plus d’enthousiasme, les beautés des Pères de l’Église et des Livres saints. […] Au reste, l’habileté de l’orateur et de l’écrivain consiste à employer a propos toutes les formes de la pensée et du langage, selon la différence des sujets : la chaire, le barreau, les affaires publiques, la philosophie, les sciences, l’histoire, les lettres, demandent avant tout lu simplicité, la solidité et la force, sans exclure l’agrément et le sublime. […] Le public subit cet empire, quelquefois avec des murmures, plus souvent avec une pieuse docilité, jusqu’au moment où Molière et Boileau détruisirent l’autorité des puristes, réduite à ses abus, et tournée au ridicule par l’exagération.
Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4.
Ne voyons que le poëte, né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, y grandissant librement, en dehors de toute imitation, n’écoutant que la muse intérieure, et devenu, à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse.
Si Votre Majesté veut se rendre compte des effets de la guerre, elle verra qu’ils seront de révolutionner1 l’Europe en accroissant partout la dette publique et le mécontentement des peuples.
Ainsi, le public pouvait comparer les originaux avec leurs copies.
— Relativement aux débats excités par cette merveille, que l’admiration du public soutint contre les mécontentements de Richelieu, les attaques de Scudéry et même les critiques de l’Académie naissante, on peut consulter le tome XII des OEuvres de Corneille, édition Lefèvre (in-8°, 1824, collection des classiques français), où toutes les pièces du procès ont été soigneusement recueillies.