Suivent les portraits de Racine et de Boileau, tracés avec cette supériorité de trait et cette vigueur de manière qui caractérisent le grand maître.
Notons aussi ce portrait de La Bruyère : « Je le sais, Théobalde, vous êtes vieilli ; mais voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé, que vous n’êtes plus poëte ni bel esprit, que vous êtes aussi mauvais juge de tout genre d’ouvrage que méchant auteur, que vous n’avez plus rien de naïf et de délicat dans la conversation ?
Sainte-Beuve a dit de Molière et de ses pareils : « Ces heureux mortels couchent à terre en une fois des milliers de gerbes ; après eux, autour d’eux, les autres s’évertuent, épient et glanent. » Les classiques du dix-huitième siècle, en effet, au lieu des types généraux qu’ils n’osent plus aborder après Molière, mettent sur la scène des caractères plus particuliers, des travers de circonstance : Destouches, par exemple, à qui manque la gaieté, mais dont le Philosophe marié et surtout le Glorieux sont des portraits pris sur le vif et d’une empreinte durable ; Piron, qui, dans la Métromanie, fait la peinture, mais avec verve et naturel, d’un ridicule plus que d’un caractère ; Gresset, l’auteur du Méchant, si bien appelé par Villemain « la médaille des salons du dix-huitième siècle. » La Noue, Desmahis, Barthe, appartiennent encore à ce groupe resté fidèle ou à peu près à la distinction des genres. […] Nisard, elle est chez Saint-Marc Girardin une étude du cœur, qui conduit à une leçon morale ; Sainte-Beuve, peintre de portraits avant tout, conçoit la critique comme une sorte d’histoire naturelle des esprits. […] Si on faisait ce portrait fidèle de Henri IV à un étranger de bon sens, qui n’eût jamais entendu parler de lui auparavant, et qu’on finît par lui dire : C’est ce même homme qui a été assassiné au milieu de son peuple, et qui l’a été plusieurs fois ; il ne le croirait pas. […] Les portraits de Vauvenargues, sans égaler ceux de La Bruyère, sont souvent d’une analyse fine et pénétrante : parfois aussi (et leur intérêt n’en est que plus grand) ils sont la confidence involontaire d’une âme naturellement trop active pour ne pas ressentir douloureusement les langueurs pesantes de la maladie.
Mais si on avait pu rire dans une si triste occasion, quels portraits n’aurait-on pas faits de l’état où nous étions tous ?
On peut voir deux Études sur Eugénie de Guérin, Causeries sur les femmes et les livres, in-12, par Gustave Merlet ; Portraits d’hier et d’aujourd’hui, in-12, id.
Ce portrait est physique. […] Ce portrait est littéraire. […] Tous les traits caractéristiques me semblent indiqués dans le portrait : Aimable autant qu’utile. […] Ce portrait est moral ; il peint les qualités du chien. […] Le style s’arrête aussi et l’auteur suspend son mouvement pour faire en quelques mots le portrait du taureau ; mais admirons comment le tableau devient vivant quand le combat commence.