Guidée par la religion véritable, elle donne une forme sensible aux êtres invisibles, au monde moral ; mais il y a, dans sa pensée et dans sa forme, quelque chose de moins grossier et de moins terrestre, comme on peut le voir dans les poésies de saint Grégoire de Nazianze, et surtout dans le portrait qu’il a tracé de la Pureté et la Tempérance.
Les tableaux littéraires ont pour objet, dans notre pensée, de permettre au jeune lecteur de rattacher les écrivains dont il étudie les plus beaux passages au mouvement des esprits et au progrès littéraire du siècle auquel ils appartiennent, de replacer dans un cadre général des portraits isolés : les notices sont ces portraits, le tableau est ce cadre. […] Réunis ainsi dans le tableau préliminaire du siècle qu’ils conduisent, chacun d’eux reste seul ensuite dans le chapitre spécial qui lui est consacré, chapitre qui commence par son portrait et qui est rempli par les extraits de ses ouvragés. […] Nous ne prétendons point que nos quatre tableaux littéraires, les portraits des grands écrivains que nous présentons successivement au premier plan et les groupes de fond sur lesquels ils ressortent, constituent par leur réunion et leur ensemble une histoire de la littérature française ; nous croyons seulement pouvoir dire que notre recueil donnera aux élèves, d’abord un résumé, puis les principaux documents de cette histoire, ceux-ci encadrés dans celui-là ; qu’il suppléera, dans la mesure modeste que limite un seul volume, à des histoires, œuvres de science littéraire et de critique, dont la lecture serait pour eux prématurée, et à une bibliothèque d’œuvres complètes qui ne peut être mise à leur disposition. […] Le poëme dramatique est une imitation, ou, pour en mieux parler, un portrait des actions des hommes ; et il est hors de doute que les portraits sont d’autant plus excellents qu’ils ressemblent mieux à l’original. […] Si nous ne pouvons la renfermer dans ces deux heures, prenons-en quatre, six, dix : mais ne passons pas de beaucoup les vingt-quatre heures, de peur de tomber dans le dérèglement et de réduire tellement le portrait en petit, qu’il n’ait plus ses dimensions proportionnées et ne soit qu’imperfection… Quant à l’unité de lieu, je n’en trouve aucun précepte dans Aristote ni dans Horace : c’est ce qui porte quelques-uns à croire que la règle ne s’en est établie qu’en conséquence de l’unité de jour, et à se persuader ensuite qu’on le peut étendre jusques où un homme peut aller et revenir en vingt-quatre heures.
Sainte-Beuve est avant tout un peintre de portraits.
Ce peut bien être-là le portrait de la Pythonisse s’agitant sur son trépied, pour s’élever au ton prophétique ; mais ce n’est pas, à coup sûr, celui de l’homme de lettres méditant paisiblement un ouvrage utile ; à moins que ce ne soit celui de Thomas lui-même.
On aime à y trouver un ton de liberté vif et animé, des portraits pittoresques, des anecdotes piquantes, des détails intimes de mœurs ; l’auteur peut s’y mettre en scène, et cette communication familière avec le lecteur donne un charme de plus au récit ; mais les mémoires ne doivent pas dégénérer en bavardage inutile.
C’est comme lorsque le portrait qu’on a fait d’une personne, ressemble à la personne même.