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40. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

Aussitôt qu’il eut porté de rang en rang l’ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l’aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier les Français à demi vaincus, mettre en fuite l’Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. […] Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants ; trois fois il fut repoussé parle valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime ; mais enfin il faut céder. […] Péroraison de l’Éloge funèbre du Prince de Condé Jetez les yeux de toutes parts ; voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend.

41. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Maintenon. (1635-1719.) » pp. 76-82

Vous ne penserez pas bien tant que vous vous porterez mal ; dès que le corps est dans l’abattement, l’âme est sans vigueur1. […] Je voudrais vous porter à vous y préparer. […] On m’a porté sur votre compte, mon cher frère, des plaintes qui ne vous font pas honneur.

42. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Ce pséphisma ou décret portait le nom de celui qui l’avait proposé, et était toujours cité par le nom de son auteur, et la date du jour où il avait été rendu. Avant d’avoir reçu cette sanction, il portait provisoirement le nom de προϐούλευμα, et n’avait force de loi que pendant un an. […] On s’y prenait de la même manière dans les délibérations sur une loi à porter, ou dans les décisions judiciaires. […] Ce qui prouve que Cicéron savait se plier à tous les tons de l’éloquence, et donner, quand il le fallait, à son style, la force et la véhémence auxquelles il était cependant naturellement moins porté que Démosthène. […] Mais d’autres lois portent qu’on ne fera point mourir les citoyens condamnés, et qu’on leur permettra de vivre dans l’exil.

43. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu’à l’infini. […] S’ils cessaient de la soutenir, le Tout-Puissant la porterait lui-même. […] Vous trouverez encore chez moi le javelot que j’avais à Orchomène et le bouclier que je portai sur les murailles d’Athènes. […] Les protestants qui ont quitté ses États ont porté chez vous-mêmes une industrie qui faisait la richesse de la France. […] La même barque qui les avait portés au continent les transporte donc dans cette île ; ils marchent vers la maison de ce gentilhomme.

44. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

C’est par là qu’il gagnera l’estime et la confiance, et qu’il réussira, plus aisément, à porter la conviction et la persuasion dans les âmes. […] » Ils sont timides à l’excès, et portés à craindre tous les maux qui peuvent arriver ; d’autant plus attachés à la vie, qu’ils touchent de plus près à son terme ; toujours mécontents et portés à se plaindre, même sans sujet ; plus attachés à l’utile par avidité, qu’à l’honnête par amour-propre ; peu sensibles à la honte, parce que plus susceptibles d’intérêt que d’honneur, ils comptent pour rien l’opinion des hommes. […] Ainsi les passions sont bonnes, lorsqu’elles nous portent à quelque chose d’honnête ; mauvaises, lorsqu’elles nous portent à quelque chose de vicieux, ou même à quelque chose d’honnête d’une manière vicieuse. […] Contre la liberté des mers et la fidélité du commerce, des armateurs français leur avaient enlevé, et leurs richesses, et le vaisseau qui les portait. […] C’est à elle que l’éloquence doit principalement cette puissance irrésistible, ces charmes victorieux qui portent la lumière, la conviction dans les esprits, et qui la rendent la souveraine des cœurs.

45. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

La critique Lorsque la critique est devenue nécessairement un genre de littérature ; souvent ceux qui l’exerçaient n’ont pas respecté dans les autres un titre qu’il portaient eux-mêmes. […] Il est des innovations malheureuses, qui ne sont que le désespoir de l’impuissance ; il en est qui, dans leur singularité même, portent un caractère de grandeur. […] C’est là que nous apparaît le trait distinctif du siècle de Louis XIV, l’esprit religieux, non ce faux zèle, cette pieuse imposture, dont Molière vengeait la société, mais un esprit grave et sincère, nourri par la méditation et l’étude, illustré souvent par de touchants sacrifices, puissant même au milieu des faiblesses et des vices, et porté dans quelques âmes jusqu’à la vertu la plus sublime. […] Mêlant ainsi les lueurs hardies d’une civilisation irrégulière et la pompe d’une société polie, il était à la fois Démosthène, Chrysostome, Tertullien, ou plutôt il était lui-même ; et des sources fécondes où puisait son génie, rassemblant les eaux du ciel et les torrents de la montagne, il faisait jaillir un fleuve qui ne portait que son nom.

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