Avant le temps où Florian exprimait déjà dans cette fable ses craintes et ses inquiétudes, et combattait les optimistes de 1789, en des jours plus heureux et plus confiants, il partageait ses fables entre les deux moralités que j’ai indiquées, la moralité privée et la moralité politique, faisant dans l’une la leçon aux individus, comme s’il espérait la corriger, et faisant dans l’autre la leçon au gouvernement et à la société, comme s’il espérait les réformer.
Dans la tragédie de Polyeucte, Sévère parle des chrétiens en homme politique ; il est précis : Ils font des vœux pour nous qui les persécutons. […] Toutes les institutions périssent ; la royauté s’en va ; le monde politique s’agite dans des convulsions de mort ; au milieu de ce désordre moral, un fait immense survit encore : c’est la puissance du Catholicisme, puissance de mystères, de pompes, de famille, d’arts et de saintes mémoires. […] Toute une civilisation est dans cette croix de bois qui marque sur la terre le triomphe de l’égalité des races et de la liberté politique.
Mais le sage revient aisément à soi ; et il y a dans la politique, comme dans la religion, une espèce de pénitence plus glorieuse que l’innocence même, qui répare avantageusement un peu de fragilité par des vertus extraordinaires, et par une ferveur continuelle ».
Les grands traits de sagesse et de politique qui brillent dans la conduite de Moïse avec les Hébreux ; le code le plus heureusement adapté aux circonstances locales, au caractère et aux mœurs du peuple auquel il était destiné, ont fait constamment regarder cet homme prodigieux comme le législateur le plus habile et le moraliste le plus profond qui ait jamais donné des lois ou des leçons au genre humain.
Dans le politique vertueux à faire peur qui créa sa république austère et bourgeoise, on retrouve le légiste nourri de chicane, l’avocat, l’aigre Picard, dont l’unique passion fut l’ambition de convaincre et de dominer.
Mais elle va devenir tout-à-coup éloquente et sérieuse, lorsque retentit la voix du Tiers-État dans le discours de d’Aubray, l’Ariste de la pièce, le chef des politiques, ce vrai patriote qui, réfutant tous les sophismes, démasquant tous les mensonges, domine un odieux charivari par sa raison, sa droiture et l’autorité d’un Démosthène bourgeois, aussi honnête qu’habile.