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116. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXII. » pp. 122-123

Le même savant (note 176) propose de lire au vers suivant : ϰεράμενος, en faisant la première syllabe longue  en faisant de ἐλλέϐορον quatre longues, on aura ainsi un mauvais hexamètre, plein des ὲϰτάσεις dont se moquait Euclide.

117. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Chacun sur son damier fixe d’un œil avide Les cases, les couleurs, et le plein et le vide. […] Les poètes épiques anciens ayant donné à leurs poèmes une forme particulière et pleine de majesté, tous ceux qui sont venus après eux les ont imités ; et ainsi se sont établies les règles suivantes sur la forme de l’épopée. […] Le Roland amoureux de Boïardo fournit à L’Arioste, né à Reggio, en 1474, l’idée de son Roland furieux, poème où toutes les règles sont foulées aux pieds, mais admirable dans ses détails et dans son style, et plein de tableaux tour à tour sublimes et riants.

118. (1873) Principes de rhétorique française

Fénelon exprime dans des termes pleins de charme la joie de Télémaque retrouvant Mentor : Je courais vers lui, tout transporté, jusqu’à perdre la respiration ; il m’attendait tranquillement sans faire un pas vers moi. […] Il a les traits réguliers, le teint beau et vermeil, le nez aquilin, les yeux grands, pleins de feu, les cheveux blonds et bouclés, la tête haute, mais un peu penchée vers l’épaule gauche, la taille moyenne, fine et dégagée, le corps bien proportionné et fortifié par un exercice continuel. […] L’incise est une proposition qui s’introduit dans une autre proposition pour la rendre plus pleine en y ajoutant une idée nouvelle. […] Chénier dans six allégories poétiques : c’est l’épi qui demande à mûrir, c’est le pampre qui veut attendre l’automne, c’est le voyageur qui désire poursuivre sa route, le convive qui refuse de laisser la coupe encore pleine, c’est l’année qui doit parcourir le cercle des saisons, c’est la fleur qu’il ne faut pas cueillir dès le matin. […] C’est ce rapport qui fait l’unité de l’œuvre et qui laisse le lecteur ou l’auditeur dans un état de pleine satisfaction d’esprit.

119. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

que j’aime bien mieux cet auteur plein d’adresse, Qui, sans faire d’abord de si haute promesse, Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux… etc. […] Tout plein du Dieu qui parle par sa bouche, il peut, dès l’abord, entonner le chant du prophète : Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.

120. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Pour plaire aux habiles, la période doit se dérouler avec aisance, abondance et harmonie ; qu’elle ne se prolonge pas indéfiniment comme ces phrases allemandes dont on ne trouve la fin qu’en sautant au moins un feuillet ; que les suspensions et les repos y soient ménagés avec assez d’art pour permettre au lecteur de respirer librement et à propos81 ; qu’elle se termine, autant que possible, par des sons pleins et soutenus, qui, tout en évitant le ridicule de l’esse videatur 82, empêchent la voix de tomber trop brusquement ; que pour flatter l’oreille et faciliter la prononciation, les membres en soient savamment balancés et proportionnés. […] Ronsard, du Bartas et bien d’autres poëtes du xvie  siècle en sont pleins ; et au xviiie , le chevalier de Piis, écrivain assez médiocre, a publié un poëme sur la matière, où elles sont tellement prodiguées que dans le chant troisième, par exemple, il n’y a guère de vers qui n’en soit une.

121. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Racine est plein de ces expressions dont il a enrichi la langue. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ? 

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