Citoyen de toutes les républiques, habitant de tous les empires, le monde entier est sa patrie. […] disais-je, tirer un homme de sa patrie ; comme le seul homme qui puisse venger la Grèce, et puis l’abandonner dans cette île déserte pendant son sommeil ! […] L’exorde du discours de Périclès, lorsqu’il fait l’oraison funèbre des héros morts pour la patrie, est de la même espèce. […] Ce Romain conspirait contre sa patrie ; le sénat, instruit de ses complots, était assemblé. […] Hors de là, on peut bien trouver un orateur disert ; ce ne sera pas un homme qui puisse donner un avis utile à sa patrie ni mériter ainsi une reconnaissance immortelle.
« Des bords du Pô jusqu’à ceux du Danube, on bénit de tous côtés, au nom du même Dieu, ces drapeaux sous lesquels marchent des milliers de meurtriers mercenaires, à qui l’esprit de débauche, de libertinage et de rapine ont fait quitter leurs campagnes ; ils vont, ils changent de maîtres ; ils s’exposent à un supplice infâme pour un léger intérêt ; le jour du combat vient, et souvent le soldat qui s’était rangé naguères sous les enseignes de sa patrie, répand sans remords le sang de ses propres concitoyens ; il attend avec avidité le moment où il pourra, dans le champ du carnage, arracher aux mourants quelques malheureuses dépouilles qui lui sont enlevées par d’autres mains. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ?
Cicéron emploie ce lieu commun, lorsqu’il dit que le consulat est caractérisé, non par les haches, les faisceaux, les licteurs, la robe prétexte, en un mot, par l’appareil extérieur qui l’accompagne, mais par l’activité, la sagesse, la vigilance, l’amour de la patrie, etc. […] Bientôt leurs cœurs sont embrasés de la même flamme qui échauffe l’orateur : les voilà prêts à tout sacrifier à la gloire et aux intérêts de la patrie. […] Ce fier Romain conspirait contre sa patrie. […] Vous, magistrats, et sur les raisons que vous venez d’entendre, et sur celles que suppléera votre sagesse, prononcez en faveur de la patrie un jugement, tel que l’exacte justice le prescrit, et que l’utilité publique le demande ». […] Quant au gouvernement, dès que je commençai à y avoir part, je suivis la droite et juste voie de conserver les prérogatives, les forces, la gloire de ma patrie, de les accroître, et de me consacrer entièrement à ce soin.
Mon cœur, cependant, vous envoie ses vœux ; il demande pour vous, sinon le bonheur qui n’est point d’ici-bas, du moins ces secrètes consolations que la Providence fait couler d’en haut sur les âmes malades, ces joies intimes qui n’ont point de nom, parce qu’elles passent sur la terre comme quelque chose d’un autre monde, comme le souffle lointain de la patrie. […] Nous nous en allons vers notre vraie patrie, vers la maison de notre père.
Démosthène défendit par les foudres de son éloquence, la liberté de sa patrie, contre la politique et les armes de Philippe. […] L’Arioste enrichit sa patrie d’un poème admirable.
Né simple citoyen d’une république, il forma, dans une condition privée, le projet d’assujettir sa patrie. […] Ceux qui estiment plus le mérite d’avoir défendu sa patrie, et l’avantage d’avoir acquis un royaume sans aucun droit de la nature, de s’y être maintenu sans être aimé, d’avoir gouverné souverainement la Hollande sans la subjuguer, d’avoir été l’âme et le chef de la moitié de l’Europe, d’avoir eu les ressources d’un général et la valeur d’un soldat, de n’avoir jamais persécuté personne pour la religion, d’avoir méprisé toutes les superstitions des hommes, d’avoir été simple et modeste dans ses mœurs ; ceux-là, sans doute, donneront le nom de grand à Guillaume plutôt qu’à Louis. […] Or, un historien n’en doit point avoir d’autre que celle de la vérité ; il est censé n’avoir ni amis, ni ennemis, ni parents, ni patrie. […] Son idée est indivisiblement liée avec celle d’une grande difficulté vaincue, d’une grande utilité subséquente au succès, et d’une égale augmentation de bonheur pour l’univers ou pour la patrie. […] Tite-Live, né à Padoue l’an 59 avant notre ère, passa une grande partie de sa vie à Rome, à la cour d’Auguste, et retourna dans sa patrie après la mort de cet empereur.