Si, avant le xv e siècle, quelques mots grecs se glissèrent dans l’usage, ils ne nous ont été transmis que par voie détournée, comme chère, somme, parole, bourse, bocal, qui proviennent de cara, sagma, parabola, byrsa, baucalis, empruntés par le latin vulgaire à κάρα, σάγμα, παραβόλη, βύρσα, βαυκάλιον1. […] Tel est l’emploi d’icel (ecce-ille), et d’icest, celui, celle, traités comme adjectifs démonstratifs dans ces locutions : « Icelle puissance…Celuy temps où…Celle tant renommée victoire… » 5° Tels sont les cas nombreux où figurent les pronoms relatifs qui ou que, usités alors pour ce qui et ce que dans les exemples suivants : « Nous nommons l’armet habillement de teste, qui est (quod est) une vraye sottie de dire par trois paroles ce qu’une seule nous donnoit. » — « Les bourgeois demandoient que (quid) c’estoit. » Nous trouvons encore un parfum de latinité dans ce tour si familier à Montaigne. […] A cette heure d’adolescence, la parole était moins posée, moins stricte : on ne mettait pas les points sur les i ; j’entends par là qu’on allait au plus pressé, sans trop se soucier des entraves qui ralentissent le débit, ou embarrassent l’action du discours. […] Ce serait donc aller contre la nature que de rêver pour la parole humaine je ne sais quelle perfection stationnaire.
Le genre épique (ἔπος, parole, récit, vers), considéré dans son extension la plus grande, embrasse tout récit poétique qui forme une composition à part, une œuvre distincte. […] Les mœurs ne sont donc autre chose que le caractère qui se traduit au dehors par les paroles et par les actions. […] Quelle sublime grandeur, en effet, dans ce Dieu qui crée l’univers d’une parole, qui voit tout, qui comprend tout, qui donne seule la vie à tout ce qui existe ! […] Ces paroles, qui montrent que la versification est la forme naturelle et ordinaire, quoique non absolument essentielle de la poésie, nous fournissent la réponse à la question posée plus haut.
Elle a presque devancé la parole, et les premiers vocabulaires n’auraient été, sans doute, qu’un recueil d’onomatopées. […] Les noms consacrés aux objets matériels ont sans doute précédé ceux qui expriment les abstractions, comme dans le discours les gestes ont précédé la parole, comme les hiéroglyphes ont précédé l’écriture alphabétique.
Promptement excité par la tribune et la présence de ses contradicteurs, son esprit s’enflammait : d’abord ses premières vues étaient confuses, ses paroles entrecoupées, ses chairs palpitantes, mais bientôt venait la lumière ; alors son esprit faisait en un instant le travail des années ; et à la tribune même, tout était pour lui découverte, expression vive et soudaine. […] La dernière réponse du bailli à Mirabeau portait un post-scriptum ainsi conçu : « Votre commerce de lettres avec moi ne doit pas vous paraître assez doux pour chercher à le continuer ; ainsi ne fatiguez pas vos yeux à m’écrire, parce que je ne puis rien. » Mirabeau commence par répondre à ces paroles, dont il devinait l’origine et l’inspiration, et demande ensuite pardon de sa conduite passée.
Ce prince magnifique et généreux s’étant souvenu un soir qu’il n’avoit rien donné dans la journée, dit cette parole à jamais mémorable : Mes amis, voilà un jour que j’ai perdu.
6° Les verbes ait, inquit, quand on cite les paroles d’un autre. […] Assentatio nonnunquàm auget contemptum. — Blandiri (de blandus, doux), flatter par des paroles doucereuses. […] Facultas dicendi, le talent de la parole. […] Fort en reparties ingénieuses. — Facetiæ, facéties, enjouement, soit dans les paroles, soit dans les actions. […] Cic. — Compellare, adresser la parole à quelqu’un, interpeller.