/ 186
99. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

En ces songes profonds où flottait mon esprit, Un homme par la main hasardément me prit, Ainsi qu’on pourrait prendre un dormeur par l’oreille, Quand on veut qu’à minuit en sursaut il s’éveille. […] Un art profond et caché, une force sobre et contenue, une grandeur sans ostentation, le talent de satisfaire également l’oreille, l’esprit, le cœur, enfin la réunion de deux qualités en apparence incompatibles, l’imagination la plus brillante et la raison la plus parfaite, la sensibilité la plus exquise et le bon sens le plus invariable, voilà Racine. […] De tels vers ne satisfont pas toujours l’oreille ; mais ils frappent l’esprit, le tiennent en éveil, le surprennent, le charment, l’égayent et provoquent un franc rire. […] Louange à Dieu, repos au mort, Et paix sur terre à nos oreilles ! […]        Sur des raisons si concluantes, Qu’un peu de sens commun prit soin de m’indiquer,        Dans la plus douce des attentes Je poussais un projet qui ne pouvait manquer ; Mais, puisque la terreur qu’imprime le supplice        Fait soupçonner ma bonne foi,        Que mon secret s’ensevelisse        Dans le même tombeau que moi. » Orcam prête au captif des oreilles avides ; Car, malgré le bonheur qui le met sur les rangs, C’était un homme épais, un Scythe des plus francs Qui fût jamais sorti des Palus-Méotides.

100. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Et la voix I, en rapprochant encore davantage les mâchoires l’une de l’autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles ; A, E, I. […] Mais qui les pourrait supporter lorsque, aussitôt qu’ils se sentent un peu de talent, ils fatiguent toutes les oreilles de leurs faits et de leurs dits ? […] Il sait assortir les nuances du sentiment et de la pensée, caresser l’oreille et charmer l’esprit par l’heureux choix des mots et l’harmonie d’une période savante. […] Il m’a été comme ma conscience, et m’a dicté à l’oreille beaucoup de bonnes honnêtetés et maximes excellentes pour ma conduite et pour le gouvernement de mes affaires. […] Auprès de ce chêne sacré et antique se cachait un jeune faune, qui prêtait l’oreille aux vers que chantait l’enfant, et qui marquait à Silène, par un ris moqueur, toutes les fautes que faisait son disciple.

101. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Saluez-le donc en passant, et qui que vous soyez, chrétien et même saint, aimez entendre à votre oreille, et surtout au fond de votre conscience, cette belle parole, que vous êtes un honnête homme.

102. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Tantôt c’est l’agrément et la vivacité : Je vois fuir aussitôt toute la nation              Des lapins, qui sur la bruyère,              L’œil éveillé, l’oreille au guet, S’égayaient, et de thym parfumaient leur banquet. […] Il faut que sa douceur flatte, chatouille, éveille, Et jamais de grands mots n’épouvante l’oreille. […] Profanant l’aimable harmonie, Irais-je, par de vains accents, Chatouiller l’oreille engourdie De cent ignares importants, Dont l’âme massive, assoupie Dans des organes impuissants, Ou livrée aux fougues des sens, Ignore les dons du génie Et les plaisirs des sentiments ? […] Rois, soyez attentifs ; terre, prête l’oreille ; Que l’univers se taise et m’écoute parler.

103. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Tout-à- coup le son de a trompette aiguë frappe son oreille : son instinct belliqueux en est augmenté, il semble se dresser et dit : Allons ! […] Je te baillerai par les oreilles est une hypallage. Il serait plus naturel de dire je te donnerai sur les oreilles. […] Il a l’oreille basse, et a pris la chose au sérieux. […] D’une cloche il a cru reconnaître le bruit ; Le bruit augmente à son oreille ; Une clarté subite a brillé dans la nuit.

104. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Un autre Poète, dont le nom m’est échappé, offre aussi un bel exemple de posographie dans ces vers où il peint l’attitude d’une personne qui va écouter à une porte : Cependant il hésite, il approche en tremblant, Posant sur l’escalier une jambe en avant, Étendant une main, portant l’autre en arrière, Le cou tendu, l’œil fixe, et le cœur palpitant, D’une oreille attentive avec peine écoutant. […] Il grossit sa voix à mesure qu’il s’approche ; le voilà entré : il rit, il crie, il éclate : on bouche ses oreilles ; c’est un tonnerre : il n’est pas moins redoutable par les choses qu’il dit, que par le ton dont il parle : il ne s’apaise, et il ne revient de ce grand fracas, que pour bredouiller des vanités et des sottises.

/ 186