Charles d’Aubigné, son frère On n’est malheureux que par sa faute : ce sera toujours mon texte1, et ma réponse à vos lamentations. […] Ayez pitié des gens plus malheureux que coupables.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine ; Pour la persuader aux peuples de la Chine, Il leur contait le trait suivant : Dans une ville de l’Asie Il existait deux malheureux, L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux : Ils demandaient au ciel de terminer leur vie ; Mais leurs cris étaient superflus ; Ils ne pouvaient mourir. […] Il n’est tel que les malheureux Pour se plaindre les uns les autres1.
Arrivé trop tôt au milieu du Rhin, et loin des bords, où la glace tenait fortement encore, le malheureux jeune homme est entraîné par le courant. […] On apporta au père de cet infortuné, non cinquante pièces d’or, mais les cent qui étaient dans la ceinture… Le malheureux père ne put survivre à sa douleur. […] L’auteur nous peint les efforts inutiles du malheureux voyageur, luttant avec désespoir contre les tourbillons de neige et la rigueur du froid, ses terreurs affreuses, l’obscurité de la nuit qui vient augmenter son malheur, et enfin sa triste et cruelle agonie, loin de sa femme et de ses enfants qui l’attendent en lui préparant les vêtements chauds et un feu clair pour réchauffer ses membres engourdis. Un Paysan égaré, périssant au milieu des neiges Lorsque les autans furieux soulèvent le fardeau des neiges et les rapportent au travers des airs obscurcis, combien est à plaindre le malheureux qui cherche à regagner sa cabane isolée ! […] La crainte arrête ses pas incertains ; ses forces l’abandonnent ; il tombe au pied d’un monceau de neige mouvante ; il sent toute l’amertume de la mort, et son agonie est mêlée des angoisses cruelles dont la nature perce le cœur du malheureux expirant sans secours, loin de sa femme, de ses enfants, de ses amis.
Il a vu mes pleurs pénitents ; Il guérit mes remords, il m’arme de constance : Les malheureux sont ses enfants. […] malheureux l’auteur dont la plume élégante Se montre encor du goût sage et fidèle amante1 ; Qui, rempli d’une noble et constante fierté, Dédaigne un nom fameux par l’intrique acheté, Et, n’ayant pour prôneurs que ses muets ouvrages, Veut par ses talents seuls enlever les suffrages !
Car qui se trouve malheureux de n’être pas roi, sinon un roi dépossédé ? Trouvait-on Paul Émile malheureux de n’être plus consul ? […] Qui se trouve malheureux de n’avoir qu’une bouche ? et qui ne se trouvera malheureux de n’avoir qu’un œil ? […] Que dis-tu, malheureux ?
La langue italienne est si belle, si harmonieuse, si facile en apparence ; l’attrait du Tasse en particulier est si puissant, qu’il faut pardonner à la médiocrité de ses traducteurs (en vers français) d’avoir trop aisément cédé à l’enthousiasme qu’inspire ce grand poète : c’est une erreur de sentiment, bien plus encore qu’une illusion de l’amour-propre, qui a égaré sur ses pas cette foule malheureuse d’imitateurs. […] La critique a dû relever, dans ce grand ouvrage, bien des morceaux faibles et négligés, des transitions malheureuses, des vers prosaïques, des endroits indiscrètement paraphrasés, d’autres resserrés mal à propos, etc. etc. […] Il faut un grand talent pour en faire supporter la sécheresse, et le public a déjà fait justice de plus d’un imitateur malheureux ou maladroit. […] Du sein qui les fit naître à peine ils sont lancés, Dans ce sein malheureux tout à coup renfoncés, Ils rongent, en hurlant, leur déplorable mère : Ce flanc est leur berceau, ce flanc est leur repaire, Et, de leur faim cruelle éternel aliment, Comme pour leur fureur, renaît pour mon tourment.