Grand lecteur de Rabelais, d’Amyot et de Régnier, idolâtre du siècle de Louis XIV, écrivain châtié, savant et scrupuleux, il a une finesse littéraire qui fait le régal des gourmets.
[Notice] Si la simplicité, le naturel, la grâce et la délicatesse sont des mérites classiques par excellence, on ne s’étonnera pas de voir figurer ici quelques pages du cahier où Eugénie de Guérin notait ses plus intimes pensées, sans songer qu’elle aurait des lecteurs.
En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur. […] L’accent est la modification du son qui résulte de l’émotion même du lecteur ; il est la conséquence naturelle des sentiments et des dispositions de l’âme. […] Le lecteur doit toujours rester maître de sa diction et ne jamais laisser dégénérer l’excitation oratoire ou poétique en une émotion réelle et trop profonde. […] » Les enfants et les jeunes gens sont fort exposés à cet entraînement qui substitue l’émotion véritable à l’émotion artistique, enlève au lecteur la direction de sa pensée, de ses mouvements et de sa voix. […] Il fallait que vous fussiez bien hardi pour vous reposer sur vos lecteurs du soin de mettre des allégories dans vos poèmes.
Disons un mot de celles qui sont relatives aux lecteurs et aux auditeurs.
Cet arrangement sert à éviter les répétitions qu’on peut épargner au lecteur ; mais il ne retranche aucune des répétitions par lesquelles il est essentiel de ramener souvent l’auditeur au point qui décide lui seul de tout. […] On veut trop éblouir et surprendre, on veut avoir plus d’esprit que son lecteur, et le lui faire sentir, pour lui enlever son admiration ; au lieu qu’il faudrait n’en avoir jamais plus que lui, et lui en donner même, sans paraître en avoir.
Elle présente l’énumération des attributs ou caractères de l’objet qu’il s’agit de peindre : elle en fait le tableau et le met sous les yeux du lecteur. […] Pour bien faire sentir toute l’importance des passions dans le discours, jetons les yeux sur quelques exemples qui nous feront voir comment les bons écrivains ont su être pathétiques, quand ils voulaient exprimer des sentiments dont ils étaient pénétrés eux-mêmes, et qu’ils voulaient faire partager à leurs lecteurs ou à leurs auditeurs.