Par les choses que fit le désespoir dans Carthage désarmée, on peut juger de ce qu’elle aurait pu faire avec sa vertu lorsqu’elle avait ses forces1. […] Le duc d’Argenson jugeait ainsi Montesquieu, son ami : « Montesquieu a bien autant d’esprit que Fontenelle ; mais leurs genres ne se ressemblent pas. […] Voltaire, dans ses lettres, a jugé ainsi l’Esprit des lois.
Rien de plus curieux que de voir les grands hommes jugés par les grands hommes, puisque ceux-ci peuvent seuls les comprendre tout entiers et les apprécier avec une justesse parfaite. […] Corneille jugé par Racine.
Flourens, membre de l’Académie française et secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, a jugé avec tant de compétence celui qui a tout abordé, depuis la pastorale jusqu’aux mathématiques transcendantes : Fontenelle, ou de la Philosophie moderne, relativement aux sciences physiques ; voy. particulièrement les chap. 6, 7 et 8. […] C’était, dans nos anciennes provinces, un tribunal qui jugeait en dernier ressort pour certains cas et certaines sommes : hors de là, on pouvait appeler aux parlements.
En l’accordant, il faut toujours s’exécuter de bonne grâce, lors même qu’on céderait à contre-coeur ; les supérieurs ont seuls le droit de mêler à leur réponse les observations qu’ils jugent utiles. […] Si l’on n’est pas coupable, tout en expliquant les faits il faut prendre certaines précautions pour ne pas irriter le correspondant en lui démontrant trop vivement que le tort est de son côté et qu’il a jugé des choses trop à la légère.
C’est le récit des assises tenues à Clermont par le parlement qui jugeait au nom du roi les crimes commis dans les provinces. […] Comparez Mascaron et jugez : « Vous ne l’avez point encore oublié, messieurs ; cette funeste nouvelle se répandit par toute la France comme un brouillard épais qui couvrit la lumière du ciel, et remplit tous les esprits des ténèbres de la mort.
De l’imitation des anciens au XVIe siècle, usage et abus Si les littératures vivantes portent parfois malheur à ceux qui les adoptent aveuglément, c’est qu’elles sont trop voisines de nous pour être jugées par un goût sûr et définitif. […] Jugez-en : « Vous debviez le payement réserver, l’argent vous demourast en bourse » (quand bien même l’argent vous demeurerait). […] Pour en juger, comparez telle page de Montaigne à telle autre de Pascal se rencontrant sur le même sujet ; vous verrez que la différence ne tient pas seulement aux esprits, mais à la langue, qui n’a plus le même âge, et dont la virilité commence. […] Ce n’est pas que tout soit de même prix dans cette langue que Fénelon jugea « trop verbeuse ».