Sainte-Beuve dit : « Parler de La Fontaine, c’est parler de l’expérience même, du résultat moral de la vie, du bon sens pratique, fin et profond, universel et divers, égayé de raillerie, animé de charme et d’imagination, corrigé et embelli par les meilleurs sentiments, consolé surtout par l’amitié. » 1.
L’admirable fiction du dieu Qui d’aiguillons pressait leurs flancs poudreux est toute poétique et atteste combien l’imagination de Racine était plus riche que celle de Pradon.
Victor Hugo a les défauts de ses qualités, si ses amis mêmes ont pu lui reprocher de la bizarrerie ou de l’excentricité, s’il inquiète le goût par ses audaces, son relief exorbitant, ou la prodigalité de son pinceau, il n’en faut pas moins dire très-haut qu’il est la plus merveilleuse imagination dont s’honore notre littérature.
Ambitieux d’être un apôtre et un prophète, il eut l’imagination apocalyptique, le don de l’invective amère, de la colère sinistre, du sarcasme indigné, de l’ironie corrosive.
Le génie du poëte consiste à amuser l’imagination par des images qui, au fond, se réduisent souvent à une seule pensée présentée sous une forme plus étendue, plus gracieuse ou plus noble. […] L'imagination se plaît ainsi à grossir les objets, et, selon qu’elle est plus ou moins vive, le langage est aussi plus ou moins hyperbolique. Voilà pourquoi les jeunes gens font un si grand usage de cette figure ; voilà aussi pourquoi elle est plus familière aux Orientaux, qui ont une imagination plus ardente que les Européens. […] L'imagination du lecteur n’est point toujours disposée à s’élever jusqu’au ton de l’hyperbole ; elle en est même souvent blessée, parce qu’elle sent qu’on lui fait violence et qu’on exige d’elle un effort qui lui est pénible et désagréable.
L’imagination religieuse y fait défaut ; mais des portraits, des caractères, des sentences politiques, et des vers heureux nous y dissimulent les faiblesses d’une invention trop assujettie à la routine des procédés classiques.