Voyez dans le premier sujet ces beaux vers du début : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. […] que je suis heureux ! […] Mes regards obscurcis n’ont pas encore longtemps à vous parcourir ; bientôt je vous quitterai pour d’autres campagnes plus heureuses. […] -C., a été l’heureux imitateur de Théocrite, et a mérité que tous les siècles éclairés le plaçassent à côté de lui. […] Son délire est toujours naturel et vrai ; ses écarts toujours heureux ; son désordre toujours sage et réglé par la raison.
Elle te portera toi-même en tes travaux, Elle te conduira par le milieu des maux, Jusqu’à cet heureux port3 où la peine est finie ; Mais ce n’est pas ici que tu dois l’espérer. […] Encor s’il commençait un heureux repentir, Que, tout forcé qu’il est, j’y trouverais de charmes ! […] Ce bien heureux moment n’est pas encor venu ; Il viendra2 ; mais le temps ne m’en est pas connu. […] Vivez heureuse au monde, et me laissez en paix1. […] Vos applaudissements font tressaillir sa cendre ; Appelé par vos cris, heureux de les entendre, Pour jouir de sa gloire, il descend parmi nous.
En général, on doit se garder des archaïsmes, mais cela ne doit pas aller jusqu’à la crainte de réintégrer dans la langue quelques mots heureux, utiles, qui n’en auraient pas dû sortir. […] Les expressions qui manquent de dignité et de noblesse, et que la poésie semble devoir rejeter, peuvent être relevées de plusieurs manières : 1° Par une habile préparation, par des rapprochements heureux. […] La convenance produit naturellement la variété, c’est-à-dire cette qualité du style qui, par l’heureux mélange des idées et des tours, empêche l’unité de tomber dans l’uniformité et de produire l’ennui. […] On vit heureux ailleurs ; ici, dans la souffrance. […] La naïveté, chez ces deux écrivains, n’est pas seulement un don de la nature, c’est encore une heureuse imitation du naïf de Joinville et le fruit d’un art très profond.
— Sicos est l’ile heureuse où nous vivons, mon père. […] Les riches sont heureux, Ils gardent des enfants qui leur ferment les yeux ! […] Quelle interruption heureuse pour moi que celle qui vous est utile ! […] Jamais ce parfum qui circule dans tous les appartements d’une maison pieuse et heureuse ne m’a si bien enveloppé. […] Près de l’heureux Sylla ne puis-je rien pour vous ?
Heureux le panégyriste, quand il lui suffit d’être historien exact pour tracer l’éloge de son héros ! […] l’amitié est également inconnue, et chez les infortunés uniquement occupés de leurs travaux et chez les heureux souvent endurcis, et dans le travail des campagnes, et dans les occupations des villes, et dans les intrigues des cours. […] Quel est le citoyen, qui, en voyant cet homme si grand et si simple, ne doive s’écrier du fond de son cœur : Si la frontière de ma province est en sûreté, si la ville où je suis né est tranquille, si ma famille jouit en paix de son patrimoine, si le commerce et tous les arts viennent en foule rendre mes jours plus heureux, c’est à vous, c’est à vos travaux, c’est à votre grand cœur que je le dois »103.
On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route. […] Heureux encore quand une expérience de soixante-quatre ans et demi ne lui aurait pas appris à parler, que cet événement lui apprît au moins à se taire ! […] Je sais que mon désir est difficile à satisfaire, mais rien n’est impossible à ta puissance2. » Enfin, si dans la foule des maux prêts à m’accabler, si dans la nécessité d’un procès aussi bizarre, cet Être bienfaisant m’eût laissé le choix du tribunal, je l’aurais supplié qu’il fût tel que, tout près encore de la naissance de ses augustes fonctions, il pût sentir que l’expulsion d’un membre vicié l’honorait plus aux yeux de la nation que cent jugements particuliers, où les murmures des malheureux balancent toujours l’éloge que les heureux sont tentés de donner. […] Avouons-le de bonne foi, force n’est pas bonheur : il faut une vertu plus qu’humaine pour être heureux étant mésestimé ; mais je n’en ai que mieux goûté depuis combien l’estime publique est douce à recueillir. […] Si j’ajoute à cela les offres multipliées de secours et de services d’une foule d’honnêtes gens, et les consolations particulières de l’amitié, vous conviendrez que l’exemple vivant d’une heureuse compensation du mal par le bien est ici joint aux enseignements de la douce philosophie.