Votre Art poétique montre que vous aviez toute l’étendue des connaissances acquises, et toute la force de génie nécessaire pour exécuter les plus grands ouvrages, soit pour le poëme épique, soit pour la tragédie. […] Je regarde moins cette dernière exactitude que l’essor du génie, la conduite de tout l’ouvrage, la force et la hardiesse des peintures.
Non que le travail n’ait mûri les fruits spontanés du génie de La Fontaine ; mais le comble de l’art fut pour lui, comme pour tous les maîtres, d’en dissimuler la trace : au mérite de plaire il joignit essentiellement, d’après sa propre expression, celui de paraître n’y penser pas. […] « Son génie, dit M.
Nous appuyons à dessein sur ces différences du sens propre au sens figuré, pour faire voir combien les figures de mots ont besoin d’être appropriées au génie particulier de la langue qui les emploie, et dans quelle erreur, par conséquent, s’exposent à tomber ceux qui s’obstinent à juger un auteur d’après une traduction qui se borne à travestir les mots, sans traduire la pensée32. […] car c’est toujours là qu’il en faut revenir, pour avoir en tout genre l’exemple et le modèle du vrai beau ; et quoique de nos jours même on ait prostitué un talent enchanteur, et justement célèbre jusqu’alors, pour essayer d’avilir jusqu’au mérite poétique et littéraire des livres saints,40 il n’en reste pas moins vrai que c’est là, et là seulement que la poésie est constamment un langage céleste, quelque sujet qu’elle traite, et qu’Homère et Pindare sont les seuls qui puissent rivaliser Moïse et les prophètes, par l’élévation de leur génie et la majesté de l’expression. […] Nous pardonnerait-on d’avoir parlé de l’allégorie, sans citer ici la plus riante de toutes, celle de la ceinture de Vénus, l’une des plus belles inventions du génie d’Homère ? […] C’est ce qu’a fait Voltaire à l’égard de Shakespeare, lorsque, lassé de l’avoir admiré pendant soixante ans comme un génie, il jugea à propos de ne plus voir en lui qu’un Gille de foire, et de lui en prêter le langage.
C’est que les œuvres de ces grands peintres ont une touche particulière, qui est le cachet de leur génie. […] Chaque peuple donne à son style l’empreinte de son caractère et de son génie. […] Partout où le génie se manifeste, il marque son passage de l’empreinte du sublime. […] Châteaubriand, dans le Génie du christianisme, voulant peindre les troubles qui agitent l’homme coupable, dit : « Il cherche les lieux déserts, et cependant la solitude l’effraye ; il se traine autour des tombeaux, et cependant il a peur des tombeaux.
Aussi a-t-il besoin, pour réussir dans ce genre, de ces qualité si rares et si précieuses qui, suivant Horace, font le véritable poète : un génie créateur, un esprit presque divin, et une diction toujours riche, noble, majestueuse et souvent sublime. […] Ces hommes incomparables chantaient avec une verve qu’on appellerait génie, dit Marmontel, si ce n’était pas l’inspiration même de l’Esprit divin. […] L’ode héroïque ou pindarique est celle qui célèbre les hauts faits, le génie, les talents, les vertus éclatantes des grands hommes dans tous les genres, des héros vainqueurs dans les combats, des souverains, des hommes d’Etat, des magistrats illustres, etc. […] Une des plus célèbres chansons de ce genre est le Chant de guerre de l’année du Rhin, dont les paroles et la musique furent composées en 1792, à Strasbourg, par Rouget de l’Isle, officier du génie.
Mais les trois orateurs, par là même qu’ils étaient de grands capitaines, étaient de profonds rhétoriciens ; le génie, auquel ils devaient le secret du commandement et de la victoire, leur donnait aussi celui du langage qui convient et qui persuade. […] Cousin, qui joignait a l’esprit le plus positif ces grandes vues où le vulgaire des penseurs ne voit qu’une imagination ardente, et qui ne sont pas moins que le regard rapide et perçant du génie, le vainqueur d’Arcole et de Marengo, rendant compte à la postérité de ses desseins vrais ou simulés sur cette Italie qui devait lui être chère à plus d’un titre, commence par une description du territoire italien, dont il tire toute l’histoire passée de l’Italie et le seul plan raisonnable qui ait jamais été tracé pour sa grandeur et sa prospérité.