» Puis, lui repoussant les genoux avec les siens, et le relevant pardessous les bras, il ajouterait : « On dirait que vous êtes de cire, et que vous allez fondre, Allons, nigaud, tendez-moi ce jarret ; épanouissez-moi cette figure ; ce nez un peu au vent. » Et quand il en aurait fait le plus insipide petit-maître, il commencerait à lui sourire, et à s’applaudir de son ouvrage. […] Vous académiserez2, vous redresserez, vous guinderez toutes vos figures. […] Figure humaine de tous les âges, de tous les états, de toutes les nations : arbres, animaux, paysages, marines, perspectives ; toute sorte de poésie, rochers imposants, montagnes, eaux dormantes, agitées, précipitées ; torrents, mers tranquilles, mers en fureur ; sites variés à l’infini ; fabriques grecques, romaines, gothiques ; architectures civile, militaire, ancienne, moderne ; ruines, palais, chaumières ; constructions, gréements, manœuvres, vaisseaux ; cieux, lointains, calme, temps orageux, temps serein ; ciel de diverses saisons, lumières de diverses heures du jour ; tempêtes, naufrages, situations déplorables, victimes et scènes pathétiques de toute espèce ; jour, nuit, lumières naturelles, artificielles, effets séparés on confondus de ces lumières, aucune de ses scènes accidentelles qui ne fit seule un tableau précieux. » 1.
Sa muse est la figure vaporeuse et à demi angélique d’Elvire. […] mon Dieu, non ; au pied de l’escalier Qui conduisait de l’aire au rustique palier, Comme un pauvre accroupi sur le seuil d’une église, Une figure noire était dans l’ombre assise, Immobile, le front sur ses genoux couché, Et dans son tablier le visage caché. Elle ne proférait ni plainte ni murmure ; Seulement, du drap noir qui couvrait sa figure Un mouvement léger, convulsif, continu, Trahissait le sanglot dans son sein retenu3. […] Dans notre toit d’enfant presque rien de changé1 ; Le temps, si lent pour nous, n’avait rien dérangé : C’était toujours la salle ouvrant sur la pelouse, Le réduit qu’obscurcit la liane jalouse, La chambre maternelle où nous vînmes au jour, Celle de notre père, à côté, sur la cour ; Ces meubles familiers qui d’une jeune vie, Sous notre premier toit, semblent faire partie, Que l’on a toujours vus, connus, aimés, touchés2 ; Cette première couche où Dieu nous a couchés, Cette table où servait la mère de famille3, Cette chaise où la sœur, travaillant à l’aiguille Auprès de la fenêtre, en cet enfoncement, Sous ses cheveux épars penchait son front charmant ; Sur les murs décrépits ces deux vieilles gravures Dont les regards étaient toujours sur nos figures ; Et, près du vieux divan que la fleur nuançait, L’estrade où de son pied ma mère nous berçait.
La description de la figure, de l’extérieur d’une personne, est un portrait physique ; la description de ses mœurs, de ses qualités, est un portrait moral. […] Ceux-ci ont une ressource de plus ; c’est l’antithèse, mais il faut ici, comme ailleurs, user sobrement de cette figure dont la répétition devient monotone ; on y parviendra en opérant les rapprochements d’une manière saillante et naturelle. […] Les deux justices sont représentées avec des attributs fort opposés, et sont accompagnées de figures allégoriques mises dans l’ombre par un seul mot, d’un côté le désespoir, ami cruel et mauvais conseiller, est le seul compagnon de la justice des hommes. […] Un bourreau, ministre de sang, un prêtre, ministre de paix, agissent et parlent au nom de ces figures muettes, la victime est au milieu de ce cortège qui marche et se meut sur un échafaud. […] La grande figure de Mérovée domine du haut d’un char de triomphe la scène de meurtres qui l’environne, L’épithète immobile semble lui donner ce sang-froid naturel aux grands courages : on voit de suite qu’il s’agit d’un héros qui a vaillamment combattu, et pour que le lecteur ait une haute idée de la force et de la valeur du héros, l’auteur le compare à un lion qui vient d’égorger un troupeau.
L’expérience nous apprend, par exemple, que certaines figures du corps nous paraissent plus belles que d’autres : en poussant plus loin l’examen, nous découvrons que la régularité de quelques figures et l’agréable variété des autres, sont le principe des beautés que nous y trouvons.
J’avais pour compagnon un jeune homme d’une figure… ma foi, comme ce monsieur que nous vîmes au Raincy7 ; vous en souvenez-vous ? […] Tenez, je ne vous flatte point ; c’est votre figure qui nuirait à l’effet de ce récit.
C’est ce que savent bien les peintres de mérite : il est très rare de voir un beau paysage sans quelque figure humaine qui anime le tableau. […] Non seulement il peut embellir les figures historiques, mais encore il peut en présenter de tout à fait fictives : on ne lui demande que la vraisemblance. […] L’hypotypose réunit, pour ainsi dire, tous les ornements, tout l’éclat, tout le coloris des figures. […] Le poète emploiera donc toutes les beautés du langage, la finesse, la richesse, la magnificence, les figures, les pensées nobles ou profondes, les tours vifs, élégants et variés. […] Les peintures magnifiques, les grandes figures, les périphrases poétiques y seraient déplacées, ainsi que les peintures banales que rien ne relèverait.