On voyait près de lui briller tous ces guerriers, Compagnons de sa gloire et ceints de ses lauriers : D’Aumont, qui sous cinq rois avait porté les armes ; Biron, dont le seul nom répandait les alarmes, Et son fils, jeune encore, ardent, impétueux, Qui depuis… mais alors il était vertueux1 : Sully, Nangis, Crillon, ces ennemis du crime, Que la Ligue déteste, et que la Ligue estime2 ; … D’Ailly, pour qui ce jour fut un jour trop fatal. […] Bourbon tourna sur eux des regards pleins de grâce, Où régnaient à la fois la douceur et l’audace : « Soyez libres, dit-il ; vous pouvez désormais Rester mes ennemis ou vivre mes sujets… Choisissez. » A ces mots d’un roi couvert de gloire, Sur un champ de bataille, au sein de la victoire, On voit en un moment ces captifs éperdus2, Contents de leur défaite, heureux d’être vaincus : Leurs yeux sont éclairés, leurs cœurs n’ont plus de haine ; Sa valeur les vainquit, sa vertu les enchaîne ; Et, s’honorant déjà du nom de ses soldats, Pour expier leur crime, ils marchent sur ses pas. […] O crime !
il n’y a chose si innocente où les hommes ne puissent porter du crime, point d’art si salutaire dont ils ne soient capables de renverser les intentions, rien de si bon en soi qu’ils ne puissent tourner à de mauvais usages. […] Les choses mêmes les plus saintes ne sont point à couvert de la corruption des hommes, et nous voyons des scélérats qui, tous les jours, abusent de la piété et la font servir méchamment aux crimes les plus grands. […] Je ne vois pas quel grand crime c’est que de s’attendrir à la vue d’une passion honnête ; et c’est un haut étage de vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent faire monter notre âme.
Devant un tribunal, l’avocat prouve le juste et l’injuste ; il discute une question de droit ; il poursuit la punition d’un crime : il défend la fortune ou la tête d’un accusé. […] Le vieil Horace, dans le procès de son fils, définit le crime en ces termes : Aimer nos ennemis avec idolâtrie De rage en leur trépas maudire la patrie, Souhaiter à l’État un malheur infini, C’est ce qu’on nomme crime, et ce qu’il a puni. […] Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes. […] Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés.... […] Xipharès dit à Mithridate : J’irai… j’effacerai le crime de ma mère.
On dirait qu’on ne peut, sans crime, avoir deux avis dans une des questions les plus délicates et les plus difficiles de l’organisation sociale. […] Si elle partagea les nobles espérances de 1789, elle protesta contre les crimes de 1793 et honora sa plume par une éloquente défense de Marie-Antoinette. […] L’espérance ne lui manquait point : il dédaignait ses adversaires, avait bien étudié les charges, et ne doutait pas qu’il ne réussît à se laver du crime de haute trahison. […] Si donc le genre humain pense comme Helvétius, il jugera que cette action est mauvaise moralement il jugera que c’est un crime, puisqu’au lieu de servir elle nuit. […] lui demande le président. — Ses crimes. — Qu’entendez-vous par ses crimes ?
. — Je demande, à supposer qu’il ait eu seulement la pensée de ce crime, comment il a pu l’accomplir. […] Autre exemple : — Si le parjure est un crime, le mensonge est répréhensible.
Crébillon en fournit un exemple dans cet endroit de sa tragédie d’Atrée, où Thieste, après avoir reconnu le sang de son fils dans la coupe qui lui a été présentée par Atrée, son frère, lui parle ainsi : Monstre, que les enfers ont vomi sur la terre, Assouvis la fureur dont ton cœur est épris : Joins un malheureux père à son malheureux fils, À ses mânes sanglants donne cette victime, Et ne t’arrête point au milieu de ton crime. […] … Pouvez vous donc faire un crime à Rabirius de s’être joint à ceux qu’il ne pouvait ni attaquer sans folie, ni abandonner sans déshonneur ? […] Il n’attirera point sur ses États le fléau de la guerre, parce qu’il regardera comme un crime de la porter sans raison dans les États étrangers. […] Mon cœur de soins divers sans-cesse combattu, Ennemi du forfait, sans aimer la vertu, D’un amour malheureux déplorable victime, S’abandonne au remords, sans renoncer au crime.