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103. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

C’est surtout à la fin qu’elle éclate, lorsqu’il s’agit de frapper les derniers coups et de décider la victoire. […] Dans la passion, ses mouvements sont plus hardis, ses attaques plus franches, ses coups plus violents et plus irrésistibles. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !  […] Glaive du Seigneur, quel coup vous venez de faire ! […] Mais que nous sert ce brillant qui nous étonne, si nous ne prévenons le coup qui nous tranche ? 

104. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Emporté par la fougue de son imagination brûlante, et par les mouvements de son cœur vivement ému, il prend un essor rapide, et chante tout à coup sur un ton élevé. […] Images de Dieu sur la terre, Est-ce par des coups de tonnerre Que leur grandeur doit éclater ? […] Tantôt ce sont des traits historiques ou fabuleux, que le poète mêle tout à coup à son sujet. […] Rousseau adresse à Malherbe contre les détracteurs de l’antiquité, la Fable du serpent Python, né du limon de la terre, et tué à coups de flèches par Apollon. […] C’est un voyageur qu’on a vu d’abord s’engager dans une grande et belle route : il a ensuite suivi tous les sentiers agréables et riants dont elle est bordée : on le croyait égaré, perdu dans ces labyrinthes fleuris ; et on le voit tout à coup arriver à son terme.

105. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

J’eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique ; car j’entrai tout à coup dans un néant affreux. […] Quand Sylla voulut rendre à Rome la liberté, elle ne put plus la recevoir : elle n’avait plus qu’un faible reste de vertu ; et comme elle en eut toujours moins, au lieu de se réveiller après César, Tibère, Caïus, Claude, Néron, Domitien, elle fut toujours plus esclave ; tous les coups portèrent sur les tyrans, aucun sur la tyrannie. […] vous voulez parler comme vous, je veux que vous parliez comme moi. » Va-t-on prendre l’essor, ils vous arrêtent par la manche ; a-t-on de la force et de la vie, on vous l’ôte à coups d’épingle ; vous élevez-vous un peu, voilà des gens qui prennent leur pied ou leur toise, dressent la tête, et vous enjoignent de descendre pour vous mesurer ; courez-vous dans votre carrière, ils voudront que vous regardiez toutes les pierres que les fourmis ont mises sur votre chemin2.

106. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Il me serait impossible de vous dire ce qu’on éprouve lorsque Rome vous apparaît tout à coup au milieu de ses royaumes vides 1. […] Telle est la scène sur le bord occidental ; mais elle change tout à coup sur la rive opposée, et forme avec la première un admirable contraste2. […] Si tout est silence et repos dans les savanes, de l’autre côté du fleuve, tout ici1, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient entre leurs dents les noyaux des fruits ; des bruissements d’ondes, de faibles mugissements, de sourds beuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie.

107. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Sans doute ce triste spectacle des vanités humaines nous imposait ; et l’espérance publique, frustrée tout à coup par la mort de cette princesse, nous poussait trop loin. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! 

108. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Ce coup de rigueur, fait dans un temps où l’autorité était si douce qu’elle était comme imperceptible, fit un grand effet, quoique cet effet fût aussi presque incroyable. Il n’y avait rien de si facile que ce coup par toutes les circonstances que vous avez vues ; mais il paraissait grand ; et tout ce qui est de cette nature est heureux, parce qu’il a de la dignité et n’a rien d’odieux.

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