J’ai ouï dire qu’un homme d’un très-bon esprit tira une conséquence toute contraire sur ce qu’il voyait dans cette grande ville, et conclut qu’il fallait que la religion chrétienne fût toute sainte et toute miraculeuse de subsister ainsi par elle-même au milieu de tant de désordres et de profanations. […] Les hommes ne pensent point ainsi : lisez saint Augustin dans la Vérité de la Religion ; lisez l’Abbadie 2, bien différent de ce grand saint, mais très-digne de lui être comparé, quand il parle de la religion chrétienne (demandez à l’abbé de Polignac s’il estime ce livre) ; ramassez donc toutes ces idées, et ne jugez point si frivolement ; croyez que, quelque manége qu’il y ait dans le conclave, c’est toujours le Saint-Esprit qui fait le pape ; Dieu fait tout, il est le maître de tout, et voici comme nous devrions penser (j’ai lu ceci en bon lieu) : « Quel trouble peut-il arriver à une personne qui sait que Dieu fait tout, et qui aime tout ce que Dieu fait ?
Sainte institution, s’il en fut jamais et qui fait honte aux Chrétiens, à qui un Dieu venu au monde pour pacifier toutes choses, n’a pu inspirer la charité et la paix. […] C., je parle d’un chrétien éclairé des lumières de la foi. […] Voyez comme Fénelon, par la seule puissance de l’imagination et de la mémoire, et avec la sensibilité d’une âme chrétienne, a su deviner les gémissements de l’amour paternel. […] La vérité de la religion se fonde sur trois grands caractères qui distinguent éminemment la religion chrétienne : 1° elle est raisonnable ; 2° elle est glorieuse ; 3° elle est nécessaire. […] La religion chrétienne est glorieuse : 1° Par les promesses qu’elle renferme pour l’avenir ; 2° par la situation où elle met le fidèle, pour le présent ; 3° par les grands modèles qu’elle lui propose à imiter.
Voici maintenant une interruption dans Bossuet, en parlant de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu humblement de deux grandes grâces : l’une de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ? […] En voici un dans son admirable lettre sur la mort de Turenne : « Chacun conte l’innocence de ses mœurs, la pureté de ses intentions, son humilité éloignée de toutes sortes d’affectations, la solide gloire dont il était plein, sans faste et sans ostentation, aimant la vertu pour elle-même, sans se soucier de l’approbation des hommes, une charité généreuse et chrétienne. » L’énallage est une figure de syntaxe.
Outre ses Lettres et diverses dissertations, Balzac a laissé trois traités de morale mondaine, religieuse et politique, Aristippe, le Socrate chrétien, le Prince, dans lesquels il trouve souvent la juste expression de pensées élevées, sinon bien originales. […] Quand il mourut, en 1662, à trente-neuf ans, après avoir passé dans des souffrances continuelles les dernières années de sa vie, il laissait des fragments d’un grand ouvrage, qui devait être intitulé Apologie de la religion chrétienne ; ce sont ces fragments, auxquels on a joint des notes et des réflexions diverses trouvées dans ses papiers, qui ont été publiées (1670) sous le nom de Pensées. […] Horstius, professeur en médecine dans l’Université de Helmstad937, écrivit en 1595 l’histoire de cette dent, et prétendit quelle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu’elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation et quel rapport de cette dent aux chrétiens ni aux Turcs938 !
Ses conseils de modération chrétienne eussent sauvé la France s’ils avaient pu être entendus.
Les lettres à Mme de Chantal sont un des plus précieux monuments de l’esprit chrétien au xvii e siècle.