Le nom commun est celui qui convient à plusieurs personnes ou à plusieurs choses semblables : homme, cheval, maison, sont des noms communs ; car le mot homme convient à Pierre, à Paul, etc. […] La plupart des noms terminés au singulier par al, ail, font leur pluriel en aux : le mal, les maux ; le cheval, les chevaux ; le travail, les travaux.
Qu’il faut nettoyer mon carrosse, et tenir mes chevaux tout prêts pour conduire à la foire… Maître Jacques. Vos chevaux, monsieur ! […] Cela me fend le cœur3, de les voir ainsi exténués ; car enfin, j’ai une telle tendresse pour mes chevaux, qu’il me semble que c’est moi-même, quand je les vois pâtir. […] J’enrage de cela, et je suis fâché tous les jours d’entendre ce qu’on dit de vous ; car, enfin, je me sens pour vous de la tendresse, en dépit que j’en aie, et, après mes chevaux, vous êtes la personne que j’aime le plus. […] C’est le type du cocher, qui vit par et pour ses chevaux, qui, s’il les voyait pâtir, s’ôterait pour eux le pain de la bouche.
Qu’il faut nettoyer mon carrosse, et tenir mes chevaux tout prêts pour conduire à la foire… Maître Jacques. Vos chevaux, monsieur ! […] Je ne vous dirai point qu’ils sont sur la litière : les pauvres bêtes n’en ont point, et ce serait fort mal parler ; mais vous leur faites observer des jeûnes si austères, que ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux. […] Car, enfin, j’ai une telle tendresse pour mes chevaux, qu’il me semble que c’est moi-même, quand je les vois pâtir.
Ainsi ferrer un cheval signifie mettre une lame de fer sous le pied d’un cheval ; voici ce qui motive le verbe ferrer ; mais si le fer est remplacé par l’argent, le verbe ferrer doit être remplacé par un autre mot qui pourrait être semblable au verbe argenter ; il n’existe point dans notre langue d’expression pour cette idée ; alors on continue de se servir du mot ferrer, et l’on dira : ce cheval est ferré d’argent ; comme les deux termes ferré et argent sont de nature différente, c’est dans leur rapprochement que consiste la figure, à laquelle on a donné le nom de catachrèse, ou a bus des mots. […] Au moment où l’ambassadeur d’Angleterre fut introduit auprès de la reine, il aperçut les petits princes qui allaient à cheval sur le dos : du roi, complaisamment couché par terre sur ses deux genoux et ses deux mains. […] Nous employons cette figure, lorsque nous disons : ce cheval court plus vite que le vent ; il marche plus lentement qu’une tortue ; des ruisseaux de vin, de lait et de miel, etc. […] Tel est cet épisode, arrivé au Passage du Rhin par l’armée française, sous les yeux de Louis le Grand : Le chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il retourne, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord, il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. […] Il entra dans Athènes sur un cheval superbe qu’on nommait Bucéphale, que personne n’avait pu dompter jusqu’à lui, et qui avait coûté treize talents.
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un coche6. […] Une mouche survient, et des chevaux s’approche ; Prétend les animer par son bourdonhnement, Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher. […] La mouche, en ce commun besoin, Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ; Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire. […] Çà, messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine. » Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S’introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés 4 Liv. […] Ne sent-on pas ici l’effort des chevaux ?
Il y en a qui se rendent fiers et morgants1, pour être sur un bon cheval, pour avoir un panache2 en leur chapeau, pour être habillé somptueusement : mais qui ne voit cette folie ? car s’il y a de la gloire pour cela, elle est pour le cheval, pour l’oiseau, pour le tailleur. Et quelle lâcheté de courage3 est-ce d’emprunter son estime d’un cheval, d’une plume, d’un godron4 ?