Tous les amateurs de la poésie savent par cœur, et ne se lassent point de répéter, ces beaux vers du quatrième chant : Chiama gli abitator dell’ombre eterne Il rauco suon de la tartarea tromba : Treman le spaziose atre caverne, E l’aer cieco a quel rumor rimbomba.
Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
Boileau, Art poétique, fin du chant IV : Muses, dictez sa gloire à tous vos nourrissons, etc.
Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux.
Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ?
La lecture de notre poésie doit tenir le milieu entre l’uniformité de la prose et cette sorte de chant rhythmé qui marquerait tous les temps et toutes les cadences du vers. […] Si tu veux entendre nos chants, Rends-nous, peuple cruel, nos époux et nos pères, Nos enfants et nos frères ; Fais sortir Ilion de ses débris fumants. […] Doux sommets de l’Ida, beau ciel de la patrie, Vous entendez nos chants pour la dernière fois. » […] Et si, dans le chemin, rapsode ingénieux, Tu veux nous accorder des chants dignes des cieux, Nous dirons qu’Apollon, pour charmer les oreilles, T’a lui-même dicté de si douces merveilles. […] Sauvez ma lyre, elle est persécutée ; Et si mes chants pouvaient vous attendrir, Mêlez ma cendre aux cendres de Tyrtée : Sous ce beau ciel je suis venu mourir.