Voltaire s’est prononcé formellement à ce sujet, sur lequel il revient en plusieurs endroits de ses ouvrages.
Lisez cette page de Voltaire raconiant son voyage à Berlin : « Bientôt après, j’ai traversé les vastes, et tristes, et stériles et détestables campagnes de la Westphalie.
(Voltaire). Quel qu’ait été le motif de Voltaire en traduisant ce précis de l’Ecclésiaste, nous ne lui en avons pas moins l’obligation de lire en beaux vers des vérités aussi sublimes qu’intéressantes pour nous, et de compter, parmi les monuments distingués de notre poésie, le morceau le plus philosophique, et le plus précieux, sous ce rapport, de toute l’antiquité.
Nous lisons dans Voltaire : L’âne passait auprès, et se mirant dans l’eau, Il rendait grâce au ciel en se trouvant si beau : « Pour les ânes, dit-il, le ciel a fait la terre ; « L’homme est né mon esclave, il me panse, il me ferre, « Il m’étrille, il me lave, il prévient mes désirs. » La Bruyère dit encore : « Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or et de soie. […] Voltaire écrivait : Sur ces monts entassés, séjour de la froidure, Au creux de ces rochers, dans ces gouffres affreux, Je vois des animaux maigres, pâles, hideux, Demi-nus, affamés, courbés sous l’infortune ; Ils sont hommes pourtant ; notre mère commune A daigné prodiguer des soins aussi puissants A pétrir de ses mains leur substance mortelle Et le grossier instinct qui dirige leurs sens.
Voltaire s’est trop peu rappelé, en l’appréciant, l’influence considérable qu’il a exercée sur l’idiome et sur l’esprit français ; il n’a pas été assez frappé, ce semble, de la propriété d’expression, de la pureté soutenue, de la clarté et de la rigueur de langage qui font l’originalité suprême de cet écrivain, et qui devinrent par lui les qualités de notre littérature.
» Ne soyons donc pas, comme le disait Voltaire, « semblables à ces avares qui ne veulent pas convenir de leurs richesses, et crient sans cesse que les temps sont bien durs ».