La France a eu son siècle de Louis XIV, précédé, par un rare privilége, du siècle de la Renaissance et suivi du siècle de Montesquieu et de Voltaire. […] Littérairement, la France est blasée ; il ne lui reste qu’à jouir d’une fortune toute faite ; maussade bonheur !
On sait d’ailleurs, du moins en France, que notre confrère a étudié avec le même soin les textes de la Rhétorique, de la Politique et des Météorologiques d’Aristote.
La beauce 3 La Beauce avait jadis des monts en abondance, Comme le reste de la France : De quoi la ville d’Orléans, Pleine de gens heureux, délicats, fainéants, Qui voulaient marcher à leur aise, Se plaignit, et fit la mauvaise ; Et messieurs les Orléanais Dirent au sort tout d’une voix, Une fois, deux fois et trois fois, Qu’il eût à leur ôter la peine De monter, de descendre, et remonter encor. […] Trouve-moi dans Paris Deux mortels aussi vieux ; trouve-m’en dix en France. […] Je trouve dans le vingt-deuxième volume de l’Histoire littéraire de la France, un fabliau ou un récit qui raille l’exagération des voyageurs. […] Quelles délices de dîner tous les trois à notre petit table ronde, aux lumières : de manger du potage et de boire du vin rouge de France, et de ne bouger de là que pour aller dans la chambre de notre père, laissant les autres chercher du plaisir hors de leur maison, et nous, restant dans la nôtre, autour du feu, à nous conter les accidents de notre séparation les uns aux autres !
Ses mains, autour du trône avec confusion, Semaient la jalousie et la division, Opposant sans relâche, avec trop de prudence, Les Guises aux Condés et la France à la France ; Toujours prête à s’unir avec des ennemis, Et changeant d’intérêt, de rivaux et d’amis, Esclave des plaisirs, mais moins qu’ambitieuse, Infidèle à sa secte et superstitieuse, Possédant en un mot, pour n’en pas dire plus, Les défauts de son sexe et peu de ses vertus. […] Ainsi Voltaire, imitant Virgile, le Tasse et Milton, a commencé sa Henriade par ces mots : Je chante ce héros qui régna sur la France, Et par droit de conquête et par droit de naissance ; Qui par de longs malheurs apprit à gouverner, Calma les factions, sut vaincre et pardonner, Confondit et Mayenne, et la Ligue et l’Ibère, Et fut de ses sujets le vainqueur et le père.
Avec toute la France aisément je le croi1. […] Et ne savez-vous point avec toute la France D’où ce titre d’honneur a tiré sa naissance, Et que la vertu seule a mis en ce haut rang Ceux qui l’ont jusqu’à moi fait passer dans leur sang ? […] Bossuet dit de la reine d’Angleterre : « Elle fut contrainte de paraître an monde, et d’étaler à la France même, au Louvre où elle était née, toute l’étendre de sa misère. » 2.
Quand il y avait une noblesse en France, il y avait en même temps un excellent adage : Noblesse oblige ; c’est-à-dire les prérogatives que la société attache à une haute naissance exigent de ceux à qui le hasard les a données un courage, une élévation, une générosité, certaines qualités enfin, en quelque sorte héréditaires, dans les actes, dans les sentiments, dans les habitudes, qui doivent les distinguer du commun des citoyens et se refléter dans leur langage. […] Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science.