Une foule de bavards et d’importuns, rôdant le long des paieries, s’approchent à la hâte du taciturne étranger ; ensuite ils l’accablent, comme c’est la coutume, de mille questions à la fois. […] Devant un de ces autels de deuil, le roi Jacques priait avec ferveur : « Je te rends grâces, ô mon Dieu, s’écriait-il, de ce que tu m’as ôté mes trois royaumes ; tu m’as ainsi réveillé de la léthargie du péché : si ta bonté ne m’avait pas tiré de cet état de misère, j’étais à jamais perdu ; je te rends aussi mes très humbles actions de grâces de ce que, par ton infinie miséricorde, tu m’as exilé dans un pays étranger où j’ai appris mon devoir et le moyen de le pratiquer. » Et le chœur de l’église répétait, avec le son rauque du serpent, l’hymne antique : Vexilla regis prodeunt. […] notre héritage est passé aux étrangers, et notre maison à ceux qui ne nous sont rien.
Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution2 rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs, et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine. […] Que si notre délicatesse, si notre dégoût les contraint à chercher des ornements étrangers, pour nous attirer par quelque moyen à l’Évangile du Sauveur Jésus, distinguons l’assaisonnement de la nourriture solide. […] Cependant il tombera d’une grande chute ; on le verra tout de son long couché sur la montagne, fardeau inutile de la terre1 » ; ou, s’il se soutient durant sa vie, il mourra au milieu de ses grands desseins, et laissera à des mineurs des affaires embrouillées qui ruineront sa famille ; ou Dieu frappera son fils unique, et le fruit de son travail passera en des mains étrangères ; ou Dieu lui fera succéder un dissipateur qui, se trouvant tout d’un coup dans de si grands biens dont l’amas ne lui a coûté aucune peine, se jouera des sueurs d’un homme insensé qui se sera perdu pour le laisser riche ; et devant la troisième génération, le mauvais ménage et les dettes auront consumé tous ses héritages.
Ils ne pouvaient se résoudre à chanter leurs agréables cantiques, qui étaient les cantiques du Seigneur, dans une terre étrangère. […] Pour peu que j’eusse eu d’expérience, je n’aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles987 ; j’aurais bien connu, à ces flatteries outrées, que c’était un de ces parasites que l’on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu’un étranger arrive, s’introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre à ses dépens ; mais ma jeunesse et ma vanité m’en firent juger tout autrement. […] Cet essai me fit connaître ce que je valais réellement ; libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste. […] lorsqu’il fallait faire respecter la nation aux étrangers, lorsque enfin, dans les occasions périlleuses, il fallait animer les soldats, nous remontions cent fois plus haut que nous n’étions descendus ; nous ramenions la fierté sur notre visage, et l’on trouvait quelquefois que nous représentions assez bien. […] On promet de réparer ce malheur ; les temps ne l’ont pas permis : la famille reste dispersée et mendiante dans le pays étranger avec d’autres familles que la misère a chassées de leur patrie.
Non seulement vos amis, mais les personnes étrangères partagent vos douleurs — ….. […] Les habitants d’une ville avaient la coutume singulière de ne choisir pour roi qu’un étranger, mais, après quelque temps de le déposer pour en mettre un autre à sa place. […] Il faudra dire : 1º Ce que c’est que la ville qui fête l’étranger. 2º Quels sont les flatteurs qui entourent le roi. 3º Quel est le sage conseiller qui dicte au roi la conduite à suivre. 4º Enfin, ce que signifie l’île déserte. […] Honain était médecin du calife Mutevekul — … Comme il était étranger, on le rendit suspect au calife — … Celui-ci alarmé, voulut le mettre à l’épreuve, et lui dit d’empoisonner le lendemain à dîner un de ses émirs — Nœud. […] J’ai gagné deux batailles, et ravageant le territoire étranger, j’ai rétabli l’abondance dans la ville.
On les raconte partout : le Français qui les vante n’apprend rien à l’étranger ; et quoique je puisse aujourd’hui vous en rapporter, toujours prévenu par vos pensées, j’aurai encore à répondre au secret reproche que vous me ferez d’être demeuré beaucoup au-dessous.
Toutes les semaines, ils se réunissaient à la table du plus riche d’entr’eux, Pierre Le Roy ; et là, dans des repas assez maigres, (car on jeûnait souvent sous la Ligue), on riait à plaisir et à la gauloise des Seize, des États, des cinq ou six rois de la coalition ; on redisait les bons mots du Diable-à-Quatre, on échangeait des espérances, on agitait toutes les questions du jour ; c’était un feu roulant d’épigrammes contre l’étranger, le reître, l’Italien et l’Espagnol, détestés du même cœur dont Alain Chartier maudissait l’Anglais au lendemain de Poitiers et d’Azincourt.