On croit en eux, parce qu’ils croient en eux-mêmes, parce qu’ils parlent et agissent, sans songer au spectateur qui les regarde, qui les écoute.
Ceux qui exprimèrent leurs pensées et leurs sentiments avec plus de justesse et d’énergie, captivèrent l’attention des autres et se firent écouter avec plaisir.
Ch. 4) Si nous n’écoutions que le plaisir de parcourir et de citer de beaux vers, il nous serait aisé, sans doute, de multiplier les exemples.
L’œil s’exerce à connaître l’étendue et la distance dans les corps, l’alliance et les contrastes dans les couleurs ; l’oreille, à distinguer le plus ou moins d’éloignement, d’intensité, d’harmonie ou de discordance des sons ; le goût et le tact, à apprécier la nature et les degrés de la saveur, l’aspérité ou le mœlleux des surfaces ; tout le monde convient qu’il faut longtemps regarder pour voir, et écouter pour entendre.
N’oublions pas ces belles paroles de Fénelon : « L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu. » § II.
Rois, soyez attentifs ; peuples, ouvrez l’oreille : Que l’univers se taise et m’écoute parler3.
Vous qui près du tombeau venez pour m’écouter, Je suis un cygne aussi : je meurs, je puis chanter (Mort de Socrate.)
Un homme qui a vu et qui a écouté longtemps avec de l’attention et du dessein3, qui a fait diverses réflexions sur les vérités universelles, qui a considéré sérieusement les principes et les conclusions de chaque science, qui a fortifié son naturel de mille règles et de mille exemples, qui s’est nourri du suc et de la substance des bons livres ; un homme, dis-je, si plein, a bien de quoi débiter ; ayant tant de fonds et tant de matière de parler, il a de grands avantages quand il parle ; et personne ne peut trouver étrange que d’une infinité de hautes et de rares connaissances sortent et fleurissent les diverses grâces de ses paroles comme de leur tige et de leur racine.
Il écoute les autres paisiblement ; il leur pardonne aisément d’avoir peu d’esprit, pourvu qu’ils ne veuillent pas lui faire accroire qu’ils en ont beaucoup.
J’ai vécu dans les assemblées, et j’ai été frappé d’une chose : c’est que, dès qu’un orateur faisait ce qu’on appelle une phrase, l’auditoire souriait avec un indéfinissable dédain, et cessait d’écouter.
. — Ecoutez ma voix. — Que je suis affligé de voir coupable un empereur jusqu’à présent modèle de toutes les vertus ! […] Vous le saluez, il ne vous voit pas ; vous lui parlez, il ne vous écoute pas ; vous parlez à un autre, il vous interrompt. 11 lorgne, il persifle au milieu de la société la plus respectable et de la conversation la plus sérieuse. […] Il dit à Hamlet de l’observer et de l’écouter. […] Mais la foudre se tait ; écoutez… Des concerts De cette plaine en deuil s’élèvent dans les airs, La harpe, le clairon, la joyeuse cymbale Mêlent leur voix d’airain, montent par intervalle ; S’éloignent par degrés et sur l’aile des vents Nous jettent leurs accords et les cris des mourants… De leurs brillants éclats les coteaux retentissent, Le cœur glacé s’arrête et tous les sens frémissent. […] Quasimodo se place derrière le traître — … et le pousse dans l’abîme — … Frollo tombe, mais il s’accroche à une gouttière — … Son désespoir, ses efforts pour remonter — … Impassibilité de Quasimodo, oui, sans faire attention à sa victime, pleure en voyant le supplice… Situation de Frollo, qui n’osant demander du secours à son meurtrier, sent le plomb ployer sous lui, entend ses habits craquer, voit ses mains saignantes, regarde la place avec terreur, écoute les cris des curieux placés sur le parvis, fixe des yeux égarés sur tout ce qui l’entoure — … Enfin, par un dernier effort, il rassemble ce qu’il a de force, et s’aide de ses pieds et de ses mains, il va remonter, mais le plomb de la gouttière ploie — … Dénouement.
Il repose sur une de ces vérités rationnelles sur lesquelles tous les hommes sont d’accord, sur un fait attesté par le témoignage de tous, et à l’aide desquels on fait reconnaître et accepter une proposition, qui, sans cela, ne serait point admise par ceux qui l’écoutent, et formerait un obstacle à la conviction à laquelle on veut arriver. […] Notre célèbre Despréaux nous recommande donc avec justice d’agir fortement sur les cœurs de ceux qui nous écoutent, de les ébranler, de les embraser du feu des passions pour les maîtriser à notre gré.
Dans ce genre de poésie, le rôle du poète est celui d’un sage dont on écoute les leçons. […] Ainsi le renard dit au corbeau : Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Écoutons Brébeuf : Quitte, quitte, dit-il, la terreur qui te presse.
Nous venons d’entendre le grand orateur : écoutons maintenant le publiciste consommé établir avec autant de justesse que de profondeur les principes constitutifs des états ; et que les jeunes gens, qui ont si longtemps entendu déraisonner sur ces grandes questions de politique, apprennent enfin à fixer leurs idées, non d’après les sophistes modernes, mais d’après l’homme de l’antiquité qui a su le mieux, peut-être, joindre le grand art de bien écrire à l’art non moins difficile de penser toujours juste.
Si parfois la poésie fait encore entendre de nos jours une voix aussi pure et aussi brillante que dans les temps antérieurs, ce ne sont que des accents personnels, en quelque sorte, presque toujours sans écho, perdus dans la foule qui ne les écoute pas, et auxquels renonce le poëte lui-même, à mesure qu’il avance dans la société et se mêle à la vie active et réelle.
Et si vous lui dites que ce bruit est faux et qu’il ne se confirme point, il ne vous écoute pas ; il ajoute que tel général a été tué ; et bien qu’il soit vrai qu’il n’a reçu qu’une légère blessure, et que vous l’en assuriez, il déplore sa mort, il plaint sa veuve, ses enfants, l’Etat ; il se plaint lui-même : il a perdu un bon ami et une grande protection.
Comme, il sait observer et écouter !
Milord Chesterfield l’écouta tranquillement, et lui dit : « Voilà qui est bien, mon cher président ; mais remettons-nous pour un instant, et examinons ensemble votre aventure à tête reposée. — Vous vous moquez !
… Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.
Les précautions oratoires sont les ménagements adroits que prend l’orateur pour ne pas blesser la susceptibilité de ceux qui l’écoutent. […] Et dit : Mon beau monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. […] La même comparaison naît dans l’esprit des personnes qui m’écoutent lorsqu’elles étudient le sens de mes paroles. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prêle l’oreille, Ne dis plus, ô Jacob !
Heureux qui les écoute ! […] Puisse adresser mes cris que l’on n’écoute pas) !
On peut en dire autant des langues étrangères ; des lectures de toute espèce, si l’on se borne, avare de son temps, aux ouvrages instructifs ou originaux en leur genre ; des voyages, quand l’occasion s’en présente, si l’on sait les utiliser, voir, écouter, étudier la nature et ses merveilles, l’homme, ses mœurs et ses ouvrages.
Écoutez !
1° C’est surtout au début que l’orateur a besoin de paraître modeste, probe, confiant dans les lumières et dévoué aux intérêts de ceux qui l’écoutent : les premières impressions sont les plus vives, et s’il choque les esprits par des manières hautaines et présomptueuses, il amassera contre lui tout un orage de préventions difficiles à dissiper plus tard. 2° L’attention se commande par la haute idée que l’on donne de sa capacité et de son sujet.
Il le rendra bienveillant, si l’orateur donne à ceux qui l’écoutent une bonne opinion de son caractère, s’il parle avec probité, franchise et modestie ; il le rendra attentif, s’il fait envisager l’affaire dont il parle comme importante et capable d’intéresser la société.
Né au milieu des orages d’une révolution, rejeté par elle au delà des mers, il y grandit librement, en dehors de toute imitation, n’écouta que la muse intérieure, et devint à l’école des malheurs publics et domestiques, l’éloquent interprète de tous les regrets et de toutes les espérances, l’instrument prédestiné d’une restauration littéraire, morale et religieuse.
Au coin de son feu, dans sa chambre d’étudiant, qui ne l’a vu se lever à demi-vêtu, et, marchant à grands pas, développer avec une émotion persuasive, avec une verve toujours renaissante, les pensées qui l’agitaient, évoquer en causant tous les maîtres de l’esprit humain, et les opposer l’un à l’autre ou les concilier ensemble, comme s’il eût espéré s’en faire écouter ?
« Pompée est d’un accès si facile pour les particuliers même, il écoute avec tant de bonté les plaintes de chacun, que, supérieur par sa dignité aux plus grands personnages, on le dirait, par son affabilité, l’égal du dernier des hommes.
Écoute : quand Néron eut empoisonné son frère, on lui dit qu’il avait sauvé Rome ; quand il eut fait égorger sa femme, on loua devant lui sa justice ; quand il eut assassiné sa mère, on baisa sa main parricide, et l’on courut aux temples remercier les dieux.
On lui demande des détails ; il doit en donner… Quel est le spectateur qui voudrait ne les pas entendre, ne pas jouir du plaisir douloureux d’écouter les circonstances de la mort d’Hippolyte ?
Ecoutez Iphigénie : D’un œil aussi content, d’un cœur aussi soumis, Que j’acceptais l’époux que vous m’aviez promis, Je saurai, s’il le faut, victime obéissante, Tendre au fer de Calchas une tête innocente… Aussi soumise, soit ; mais aussi contente !
Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs, Troupe futile et des grands rebutée, Par nous, d’en bas, la pièce est écoutée ; Mais nous payons, utiles spectateurs : Et quand la farce est mal représentée, Pour notre argent nous sifflons les acteurs.
En le lisant, on croit l’écouter.
Longin disait : « Si nous visons au grand, au sublime, demandons-nous comment Homère ou Démosthène écouteraient notre œuvre, quel jugement ils feraient de nous.
Il suit de là que si le rhéteur vous dit : la phrase, il alla à Athènes, pèche contre l’harmonie ; c’est comme s’il disait : la répétition de la même émission de voix fatigue l’oreille qui écoute, parce qu’elle fatigue l’organe qui prononce.
Ecoutez le commencement d’un petit récit de cette espèce : Un jour un trafiquant persan, s’en allant en commerce, mit en dépôt chez son voisin, cent livres de fer.
Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre : Vous voyez qu’au tombeau je suis prêt à descendre ; Je vais au Roi des rois demander aujourd’hui Le prix de tous les maux que j’ai soufferts pour lui Vous, généreux témoins de mon heure dernière, Tandis qu’il en est temps, écoutez ma prière : Nérestan, Châtillon, et vous… de qui les pleurs Dans ces moments si chers honorent mes malheurs, Madame, ayez pitié du plus malheureux père Qui jamais ait du ciel éprouvé la colère, Qui répand devant vous des larmes que le temps Ne peut encor tarir dans mes yeux expirants.
» Le conseil était sage et facile à goûter : Pyrrhus vivait heureux, s’il eût pu l’écouter.
Madame de Sévigné raconte ainsi les mêmes détails dans une autre lettre (9 août 1675) : « Écoutez, je vous prie, une chose qui, à mon sens, est fort belle ; il me semble que je lis l’histoire romaine.
La morale du catéchisme dit de ne pas avoir d’orgueil ; la morale de l’expérience dit que les orgueilleux sont ordinairement dupes et que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Et je ne vois pas ce qui m’empêcherait, d’y parvenir, s’ils veulent seulement écouter ma voix. […] Écoutez, je vous prie, juges, un fait qui prouve moins Son avarice et sa cupidité qu’une extravagance singulière et une sorte de fureur. […] Écoutez le rapport des Ségestains, vos clients et les amis du peuple romain : ils vous disent qu’après la ruine de Carthage, P. […] Écoutez le décret du préteur d’après la rédaction sous laquelle il l’a fait enregistrer. […] Si vous disiez qu’il est mort, qui vous écouterait ?
Voulez-vous être toujours compris, employez des termes bien connus de ceux qui vous lisent ou vous écoutent ; évitez par conséquent les expressions grossières que des gens bien élevés doivent ignorer, et les mots techniques empruntés à des sciences ou à des professions que vos lecteurs ne sont pas obligés de connaître. […] Le nombre consiste dans un certain accord des mots, des membres et des chutes de la phrase, calculé de manière à faciliter la respiration de celui qui parle, à satisfaire l’esprit et à flatter l’oreille de celui qui écoute. […] Il ne faut jamais dire aux gens : Écoutez un bon mot, oyez une merveille ! […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille. […] Voici maintenant des inversions vicieuses qu’on ne doit point employer, parce qu’elles heurtent trop ouvertement la grammaire, l’usage et l’harmonie : Écoutons du rossignol le chant.
« Si donc, Milon, tenant son épée sanglante, s’écriait : Venez, citoyens, écoutez-moi : j’ai donné la mort à Clodius ; les fureurs de ce pervers que la crainte des lois et des jugements ne pouvaient plus réprimer, ce bras et ce fer les ont repoussées de vos têtes ; si les lois, si la justice, si les tribunaux, si la liberté, la pudeur et la chasteté ne sont point bannis de Rome, c’est à moi, citoyens, à moi seul qu’on en est redevable ».
Sitôt qu’on l’écoute et qu’on marchande avec elle, tout est perdu.
Mais, sur toute chose, ce qui me plaît en lui, et en quoi il suit mon exemple, c’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang2, et autres opinions de même farine.
Il vous le mène au col de la Boquette ; A Nice, au Var, à Digne il le conduit : Nul ne l’écoute, et le cruel poursuit.
Lucrèce, écoutez-moi ; car vous n’oubliez pas Que je vous ai longtemps portée entre mes bras1 : Votre mère mourut quand vous veniez de naître ; Je vous donnai mon lait, sur l’ordre de mon maître2 ; Je ne vous quittai plus ; je bénis le destin, Lorsqu’il vous fit entrer au lit de Collatin ; C’est pourquoi laissez-moi parler. — Que vos esclaves Filent pour votre époux les robes laticlaves3 ; Je les ferai veiller jusqu’au chant de l’oiseau De qui la voix sacrée annonce un jour nouveau.
« A la représentation de cette pièce (Trois Rois et trois Dames) on éprouvait, dit le critique, des voluptés de syntaxe à écouter ces phrases bien assises sur leurs hanches, cheminant d’une allure preste sans chopper, sans se prendre les jambes dans les plis de leurs robes, sans piquer du nez en terre, au lieu des périodes bancales, des affreux tortillards enchevêtrant leurs pivots de mandragore, qui se démènent hideusement dans le style de ces messieurs. » lei il n’y a plus rien à souligner.
Pour nous, vil peuple, assis aux derniers rangs, Troupe futile et des grands rebutée, Par nous d’en-bas la pièce est écoutée.
Tout le monde sait qu’il n’est jamais permis aux particuliers de demander la mort de personne, et que quand un homme nous aurait ruinés, estropiés, brûlé nos maisons, tué notre père, et qu’il se disposerait encore à nous assassiner et à nous perdre d’honneur3, on n’écouterait point en justice la demande que nous ferions de sa mort : de sorte qu’il a fallu établir des personnes publiques qui la demandent de la part du roi, ou plutôt de la part de Dieu.
Nos enfants, nos amis, nos voisins, tout le monde nous voit faire mauvais ménage (énumération) ; ils entendent tes cris, tes plaintes, les injures dont tu m’accables (accumulation) ; ils t’ont vue, les yeux égarés, le visage en feu, la tête échevelée, me poursuivre, me menacer (description) ; ils en parlent avec frayeur ; la voisine arrive : on le lui raconte ; le passant écoute et va le répéter (hypotypose). […] Oui, j’espère qu’elle m’écoute, et je l’entends qui te reproche de me rendre si malheureux. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.
Il y a même une différence essentielle à observer ici : les actions ne mettent précisément en évidence que le personnage qui agit, tandis que ces discours adressés à tout un peuple, dans une circonstance importante pour lui, nous font d’autant mieux connaître l’esprit et les mœurs de ce peuple, que l’orateur, quel qu’il soit, a dû accommoder son style et ses pensées au langage et aux idées de ceux qui l’écoutaient.
Ecoutez : Des veilles, des travaux un faible cœur s’étonne.
Son moule s’impose à qui prétend être écouté.
Voilà l’histoire de l’homme ; écoutez celle du peuple.
Le spectateur qui les écoute, n’a pas le temps de se dire que ce n’est pas là tout le règne d’Auguste. […] Nous connaissons les personnages, écoutons-les parler. […] Lorsque chacune prétend d’abord avoir raison, sans prendre la peine d’écouter l’autre, la discussion n’est plus possible. […] Klausias attend son tour, il regarde et écoute, avide, le suprême entretien qui doit donner à chaque ombre le calme ou le tourment éternel. […] N’ont-ils pas les mêmes droits devant l’Être Suprême qui nous protège, devant l’humanité qui nous contemple, qui nous écoute et qui se reconnaît en nous ?
Battre, c’est redoubler les coups ; Frapper, c’est donner un seul coup, Bats le fer quand il est chaud ; Frappe, mais écoute, dit Thémistocle au Spartiate Eurybiade.
Tes principes ne sont-ils pas gravés dans tous les cœurs ; et ne suffit-il pas, pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même, et d’écouter la voix de sa conscience dans le silence des passions ?