Jouira-t-il paisiblement des avantages de sa cruauté, de la peur et du silence de ses sujets, de la lâcheté et des mensonges de ses courtisans ?
Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ?
Quand la guerre est une routine purement mécanique, consistant à pousser et à tuer l’ennemi qu’on a devant soi, elle est peu digne de l’histoire ; mais quand une de ces rencontres se présente, où l’on voit une masse d’hommes mue par une seule et vaste pensée qui se développe au milieu des éclats de la foudre avec autant de netteté que celle d’un Newton ou d’un Descartes dans le silence du cabinet, alors le spectacle est digne du philosophe autant que de l’homme d’État et du militaire, et si cette identification de la multitude avec un seul individu, qui produit la force à son plus haut degré, sert à protéger, à défendre une noble cause, celle de la liberté, alors la scène devient aussi morale qu’elle est grande.
Les avantages de l’instruction sont assurément d’une grande importance dans la vie, dit M. le chanoine Capot ; mais il est quelque chose de plus précieux encore, et sans quoi l’instruction n’est souvent qu’un malheur de plus et pour nous et pour nos semblables ; je veux dire, la rectitude du jugement, l’habitude de discerner les choses sans préoccupation et sans préjugé, le silence des passions, la paix parfaite du cœur, le calme de la conscience.
On se tait ; ce silence affecté le choque. […] Que le Midi, que l’Orient, que les îles inconnues les attendent, et les regardent en silence venir de loin. […] Elle mit d’abord les rois dans le silence, et les rendit comme stupides321. […] Qu’elle soit dans le silence ! […] Tu te tais maintenant, et gardes le silence, Plus par confusion que par obéissance.
Dans la prose, l’histoire est glorieusement représentée par Tite-Live ; l’éloquence, réduite au silence par le pouvoir absolu, est remplacée par les déclamations. […] S’il ne fut pas mort à vingt-six ans, Néron se fût certainement chargé de réduire pour toujours au silence le poète courageux qui devait commencer à l’importuner. […] À peine fut-il mort que ceux dont sa gloire avaient, lui vivant, forcé le silence et le respect, s’emportèrent librement contre cette langue artificielle, que les disciples du poète avaient encore obscurcie et décolorée, en s’ingéniant non plus seulement à créer à pleines mains des mots nouveaux, mais à refaire les mots existants et à remanier la langue en prenant le latin pour modèle. […] Parfois son silence est plus éloquent, elle a l’art de blâmer sans froisser, de diriger au besoin la conversation, de la ramener dans la voie convenable d’où elle avait dévié, de conjurer le péril qui pourrait naître de certains écarts de langage et d’amortir, à l’occasion, par une correction inattendue, l’effet d’une mordante allusion. […] D’ailleurs, Philinte n’est si conciliant, si indulgent qu’avec ceux qui lui sont indifférents ; il ne garde pas le silence sur les défauts d’Alceste, et ce nous semble être une preuve de son dévouement pour lui ; il s’efforce de lui faire voir le rôle ridicule qu’il joue, et les soucis sans nombre qu’il se prépare.
Les cieux croulent, la mer gémit ; La foudre part, l’aquilon vole, La terre en silence frémit.
Pour nous, nous en avons eu trois ou quatre à la fois, et si celui de cette jeunesse excentrique, dont les paroles étaient aussi burlesques que le costume et les danses, ne relevait que du feuilleton et du vaudeville, le rhéteur ne pouvait passer sous silence, il y a quelques années, les intempérances de langage de l’anglomanie aristocratique et de la tribune politique, car leurs aberrations auraient fini par être plus fatales au français que toutes les folies des précieuses et des marquis.
Mais autant les hommes de génie sont rares, autant l’inspiration du ciel visite rarement l’homme de génie lui-même ; il a ses moments d’enthousiasme, comme le volcan ses éruptions flamboyantes ; puis il retombe dans le silence et l’obscurité, comme s’il était consumé par ses propres efforts : Ainsi, quand l’aigle du tonnerre Enlevait Ganymède aux cieux, L’enfant, s’attachant à la terre, Luttait contre l’oiseau des dieux ; Mais entre ses serres rapides L’aigle, pressant ses flânes timides, L’arrachait aux champs paternels, Et, sourd à la voix qui l’implore, Il le jetait, tremblant encore, Jusques aux pieds des immortels.
Ils sont très-inutiles à l’Etat, et leurs discours de cinquante ans n’ont pas un effet différent de celui qu’aurait pu produire un silence aussi long : cependant ils se croient considérables, parce qu’ils s’entretiennent de projets magnifiques et traitent de grands intérêts.
Tantôt le monde entier, dans un profond silence, A mes regards errants n’est plus qu’un vide immense.
Adorateurs stupides de l’antiquité, les philosophes ont rampé durant vingt siècles sur les traces des premiers maîtres ; la raison, condamnée au silence, faisait parler l’autorité : aussi rien ne s’éclaircissait dans l’univers ; et l’esprit humain, après s’être traîné mille ans sur les vestiges d’Aristote, se trouvait encore aussi loin de la vérité.
Immobile comme un roc, il croisait les bras et il attendait le silence.
Ne comprends-tu pas par le silence même de ceux qui t’environnent que ton crime est découvert ?
C’est alors seulement, c’est après cette préparation oratoire, œuvre de génie plus encore que d’art, qu’éclate tout l’effet de cet appel auquel doit répondre un silence de mort : Paraissez maintenant, justes, où êtes-vous !
Si j’ai donc pensé ne pouvoir passer sous silence une division qu’Aristote établit dès le principe, et que tant de rhéteurs ont regardée comme capitale, d’un autre côté, je n’ai point cru devoir, dans un livre didactique, admettre comme fondamentale une division dont l’influence sur la partie didactique me paraît si faible.
Enfin je passe sous silence les contemporains, et voici pourquoi.
Il appuiera sur les circonstances favorables beaucoup plus que sur celles qui pourraient lui nuire, si même il ne passe pas sous silence entièrement ces dernières.
Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du Ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout voire sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.
Disciple de Platon et de Descartes, il eut le mérite de relever la tradition de leurs doctrines, de réduire au silence le sensualisme stérile et malsain du dix-huitième siècle, de vulgariser par un beau langage les vérités essentielles à l’ordre moral, en un mot de restaurer l’empire des croyances spiritualistes.
Il se fait alors des silences terribles, menaçants comme le calme qui précède les grands orages, Qu’un homme alors monte sur une borne, qu’il trouve le mot de la situation, le mot qui grondait sourdement au fond de tous les cœurs, et qui tout à l’heure éclatera comme un tonnerre sur la cité en feu, aussitôt voilà les passions déchaînées.
C’est le règne des plaisirs innocents, de la paix, de ces biens pour lesquels les hommes se sentent nés, quand leurs passions leur laissent quelques moments de silence pour se reconnaître.
Elle peut être dans un tableau, dans le geste, dans le regard, dans l’attitude extérieure de l’homme, et jusque dans son silence. […] Si donc, par un sentiment de réserve, je passe mes actions sous silence, vous croirez que je ne puis ni détruire les charges, ni montrer mes titres à une récompense. […] Sous le Consulat et l’Empire, la voix de Napoléon imposa silence à toutes les autres voix. […] C’est à vous que sont consacrées les prémices de cette voix dont vous avez souvent accusé le silence. […] Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leur cœur la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël !
Quand on ne sait pas se faire entendre, il n’y a qu’à garder le silence. […] Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi ; qui peut t’empêcher De te servir du silence ? […] Il consiste quelquefois dans une expression, dans une pensée, dans un sentiment, dans le silence même. […] La prétérition ou prétermission consiste à paraître passer sous silence ce qu’on dit néanmoins, mais en peu de mots et sans y insister. […] Eudore se lève, les centurions le soutiennent, il s’avance au pied des aigles, le silence règne parmi la foule.
Tout parle en lui ; tout exprime sa douleur ; tout annonce sa peine ; tout sollicite son soulagement : son silence même est éloquent. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin.
Nous avons dit plus haut que la première condition pour écrire est de méditer à fond son sujet, de réfléchir dans le calme et le silence de l’esprit, pour trouver ce que l’on doit dire.
Telle est l’énigme suivante sur le silence : Je ne suis rien : j’existe cependant ; Les lieux les plus cachés sont les lieux que j’habite.
Et là-dessus, elle tombe sur son lit, et tout ce que la plus vive douleur peut faire, et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables, elle a tout éprouvé.
On lui jette un empoisonneur, un parricide, un sacrilége : il le saisit, il l’étend, il le lie sur une croix horizontale, il lève le bras ; alors il se fait un silence horrible, et l’on n’entend plus que le cri des os qui éclatent sous la barre, et les hurlements de la victime.
On a justement reproché à Fléchier : « Il condamna à un supplice rigoureux et à un silence éternel ;… » et à Bossuet : « Il ne dédaigna pas de juger ce qu’il a créé, et encore… » Evitez aussi ce qu’on nomme le bâillement, c’est-à-dire la rencontre d’une consonne finale avec une voyelle initiale sur laquelle elle ne doit pas se faire sentir : Je vous fermais le champ où vous voulez courir… Pourquoi d’un an entier l’avons-nous différée… ?
Que le midi, que l’orient, que les îles inconnues les attendent et les regardent en silence venir de loin.
Madame de Sévigné veut exprimer la douleur de madame de Longueville à la mort de son fils : « Tout ce que la plus vive douleur peut faire et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables, elle a tout éprouvé. » Il y a disjonction, au contraire, quand pour donner plus de rapidité à la construction, vous supprimez toutes les particules conjonctives.
Les captifs, en tremblant, conduits en sa présence, Attendaient leur arrêt dans un profond silence : Le mortel désespoir, la honte, la terreur, Dans leurs yeux égarés avaient peint leur malheur.
On ne doit pas, dans un ouvrage didactique, passer sous silence les premiers principes, sous prétexte qu’ils sont connus.
J’aurais cru laisser mon ouvrage imparfait si je l’eusse passée sous silence.
« Ainsi ces armes, ces centurions, ces cohortes, nous tranquillisent, au lieu de nous effrayer : c’est un appui, et non un danger qu’ils nous annoncent ; et j’y vois avec plaisir le garant, non seulement de la sûreté, mais du silence même dont j’ai besoin pour me faire entendre » 114.
En fait d’enjouement, il est difficile de passer sous silence La Fontaine, écrivain qui a possédé cette qualité au plus haut degré.
A quelques pieds sous terre un silence profond, Et tant de bruit à la surface1 !
» Et comme il était absorbé dans cette pensée, un autre voyageur survint, et celui-ci, ayant fait ce qu’avait fait le premier et s’étant trouvé aussi impuissant à remuer le rocher, s’assit en silence et baissa la tête.
Partout il réduit ses auditeurs au silence, ne leur laisse ni excuse, ni prétexte, et les force à goûter la raison dont il est le plus fidèle organe. […] Mais d’un autre côté, ces sortes de discours devant être lus dans le silence du cabinet, exigent plus d’art et de soin, que les discours prononcés de vive voix.
Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? […] Mais, d’un autre côté, ces sortes de discours devant être lus dans le silence du cabinet, exigent plus d’art et de soin que les discours prononcés de vive voix.
Qu’il leur montre seulement les têtes de leurs ennemis scalpées, leurs huttes incendiées, leurs femmes emmenées en servitude, il réduira les partisans de la paix au silence, ou, s’ils protestent, pourra les flétrir impunément du nom de lâches. […] Il ne suffit pas qu’elles sortent de la bouche de l’orateur, il faut qu’elles se montrent vivantes dans son attitude, dans son geste, dans ses intonations et même dans ses silences.
Un profond calme, un stupide silence, Succède au bruit de leur impertinence : Chacun redoute un honnête entretien ; On veut penser, et l’on ne pense rien.
Jouira-t-il paisiblement des avantages de sa cruauté, de la peur et du silence de ses sujets, de la lâcheté et des mensonges de ses courtisans ? […] Le silence est le parti le plus sûr pour celui qui se défie de soi-même. […] Par là, sans être étonné de cette dernière sentence qu’on lui prononça, le prince demeure un moment dans le silence, et tout à coup : « Ô mon Dieu ! […] Le rare fut qu’on voulut laisser mettre le roi à table pour souper avant d’effrayer par de grands remèdes, et laisser achever son couper sans l’interrompre et sans l’avertir de rien : sur la foi de Fagon et le silence public, il croyait Monseigneur en bon état, quoiqu’il l’eût trouvé enflé et changé dans l’après-dînée, et qu’il en eut été fort peiné. […] c’est que chaque ouvrage est un tout, et qu’elle travaille sur un plan éternel dont elle ne s’écarte jamais ; elle prépare en silence les germes de ses productions ; elle ébauche par un acte unique la forme primitive de tout être vivant ; elle la développe, elle la perfectionne par un mouvement continu et dans un temps prescrit.
ce peuple prosterné, Ce temple dont la mousse a couvert les portiques, Ses vieux murs, son jour sombre et ses vitraux gothiques ; Cette lampe d’airain, qui, dans l’antiquité, Symbole du soleil et de l’éternité, Luit devant le Très-Haut, jour et nuit suspendue ; La majesté d’un Dieu parmi nous descendue, Les pleurs, les vœux, l’encens qui montent vers l’autel, Et de jeunes beautés, qui, sous l’œil maternel, Adoucissent encore par leur voix innocente De la religion la pompe attendrissante ; Cet orgue qui se tait, ce silence pieux, L’invisible union de la terre et des cieux, Tout enflamme, agrandit, émeut l’homme sensible : Il croit avoir franchi ce monde inaccessible, Où sur des harpes d’or l’immortel séraphin Au pied de Jehovah chante l’hymne sans fin.
ma voix s’élève à toi au milieu du silence de la nuit. […] Au milieu du plus profond silence, le prélat prend la parole. […] Il sait qu’elle doit passer la nuit dans une chambre reculée du palais, auprès de son enfant malade ; il exige qu’elle lui donne la clef d’une porte dérobée qui conduit à la chambre où couche Constantin ; il ne s’explique pas sur ses intentions ; il exige de sa fille un silence absolu : il lui laisse entendre qu’il veut avoir à l’insu de tout le monde un entretien avec l’empereur. […] Tout à coup, au milieu du morne silence qui régnait dans l’immense galerie, ou entend ce cri : « Léon ! […] Nous vîmes par degré s’adoucir le regard enflammé des plus ardents au meurtre : un profond silence succéda aux murmures ; ils se séparèrent calmes et pensifs ; et le jeune Turc fut épargné. » La Grèce, avant 1821, faisait partie de l’empire ottoman et était cruellement tyrannisée par les Turcs.
Les rois s’humilient comme le peuple devant son tribunal, et n’y viennent que pour être instruits ; tout ce qui l’environne ajoute un nouveau poids à sa parole : sa voix retentit dans l’étendue d’une enceinte sacrée et dans le silence d’un recueillement universel ; s’il annonce le néant de la vie, la mort est auprès de lui pour lui rendre témoignage, et montre à ceux qui 1'écoutent qu’ils sont assis sur des tombeaux. […] Il faut donc qu’il repousse des attaques furieuses, ou qu’il démasque un silence perfide.
Je ne puis nullement passer sous silence une telle mansuétude, une clémence si extraordinaire. […] Si ma douceur a paru trop relâchée, c’est que j’attendais que les choses qui se passaient dans le silence éclatassent au grand jour.
D’un éclat différent mon camp frappait leur vue : Mon armée en silence à leurs yeux étendue, N’offrait de tous côtés que farouches soldats, Endurcis aux travaux, vieillis dans les combats ; Accoutumés au sang et couverts de blessures, Leur fer et leurs mousquets composaient leurs parures.
» Que mes jours, pleins de calme et de sérénité, » Coulent dans le silence et dans l’obscurité.
Alors, et peut-être sous l’influence des désastres qui attristèrent les dernières croisades, l’invention originale se porte de préférence vers un genre nouveau, le fabliau, dans lequel la malice gauloise va prendre sa revanche d’un long silence. — L’épopée ironique de Renart inaugure la satire populaire de la société religieuse et féodale.
Il y a à présent dans le monde une république que presque personne ne connaît1, et qui, dans le secret et le silence, augmente ses forces chaque jour.
Mais, là où la patrie est un temple vide, qui n’attend rien de nous que le silence et le passage, il se crée une oisiveté formidable, où la force des âmes, s’il leur en reste, se dépense à se flétrir.
Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la piété, la crainte, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël ! […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles ; et voilà que dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et ne pas arriver sans ressource à notre éternelle demeure avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du ciel.
En vain, pour attaquer son stupide silence, De tous les lieux communs vous prenez l’assistance ; Le beau temps et la pluie, et le froid et le chaud, Sont des fonds qu’avec elle on épuise bientôt.
Cette méthode est à peu près celle que Socrate employa pour réduire au silence les sophistes de son temps ; elle est infiniment ingénieuse, susceptible de tous les genres d’embellissements, et excellente pour conduire imperceptiblement les auditeurs jusqu’à la conviction d’une vérité contre laquelle s’élevaient d’abord les plus fortes préventions. […] Tout son recours était de chercher le silence Sous les dômes touffus des antiques forêts : Là, cet infortuné, seul avec ses regrets, Et sans ordre et sans art, d’une voix assidue Exhalait dans les airs cette plainte perdue. […] Silence is in the house of her fathers. » « J’ai vu la ville de Balclutha, mais elle était abandonnée. […] Elle est déserte la demeure de Moïna, et le silence habite le palais de ses pères. » (Trad. de Letourneur.)
Je dois remarquer, pour plus de clarté, que toutes les choses solennelles, imposantes et presque terribles, comme les ténèbres, la solitude, le silence, contribuent beaucoup à produire des pensées sublimes. […] Permettez qu’un mortel, de vos rives funèbres Trouble le long silence et les vastes ténèbres, Et sonde, dans ses vers noblement indiscrets, L’abîme épouvantable où dorment vos secrets. […] Le calme d’une belle matinée est beau, le profond silence de la nuit est sublime. […] Un écrivain anglais, pour faire l’éloge d’un grand homme, s’exprimerait ainsi : « Il m’est impossible de passer sous silence cette douceur inaltérable, cette bonté inouïe et cette rare modération dans l’exercice du pouvoir suprême. » Ici c’est la personne qui parle qui se présente la premiere : « Il m’est impossible ; » vient ensuite l’action qu’elle va faire : il lui est « impossible de passer sous silence ; » puis en dernier lieu la cause qui la fait agir, savoir : « la douceur, la clémence et la moderation » de l’homme qu’elle veut louer. […] Ce sentiment se réveille bien plus vivement, si nous entendons la voix de l’orateur, que si nous lisions son livre dans le silence du cabinet.
La prétérition ou prétermission est une figure de pensée au moyen de laquelle on feint d’ignorer, ou de passer sous silence, ou de ne toucher que légèrement des choses que l’on dit cependant, et sur lesquelles souvent même on appuie avec force. […] Il ne voit que la nuit, n’entend que le silence.