Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouvements et les accents de leur tendre gaieté.
J’ai la satisfaction de voir un avare, effrayé des images que je présente à sa cupidité, ouvrir ses trésors et les répandre d’une prodigue main ; d’arracher un voluptueux aux plaisirs, et de remplir d’ambitieux les ermitages.
Que ne puis-je vous faire voir l’ennui qui dévore les grands, et la peine qu’ils ont à remplir leurs journées !
Le rapport qu’ils me font de votre Cours lui est très favorable : ils le trouvent rempli de méthode et de clarté ; c’est un ouvrage complet et vivifié par un excellent esprit.
Quand on lit ces foudroyantes Catilinaires, on applique sans cesse à Cicéron ce qu’il a dit de Démosthène, ce que je me plais à répéter ici pour lui en faire hommage à lui-même… « Il remplit l’idée que je me suis formée de l’éloquence, et il atteint ce beau idéal, ce haut degré de perfection que j’imagine, mais dont je n’ai jamais trouvé d’autre exemple ».
Il leur parlera alors dans sa colère, — Et les remplira de trouble dans sa fureur… Et ainsi de suite.
Rousseau, fait un rapprochement habile et plein d’effet entre ce poète et Orphée : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l’Hèbre, effrayé, dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Remplit les bois et les campagnes Du cri perçant de ses douleurs ; Les champs de l’air en retentirent, Et dans les antres qui gémirent Le lion répandit des pleurs.
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée. » L'harmonie des mots proscrit les sons durs, âpres et d’une prononciation difficile. […] Tous doivent remplir leur devoir. — 2° Après le relatif qui, quœ, quod. […] Un air pur remplit ces beaux lieux, et les colore de la plus douce lumière.
Ce court exorde suffit pour donner une idée de la manière de Démosthène : on ne voit rien là qui sente l’orateur, rien qui annonce la moindre recherche ; tout va directement au but : on voit un homme rempli de l’importance de son sujet, et l’on sent qu’il va s’emparer invinciblement de l’attention des auditeurs. […] Sylla vient, qui remplit Rome de funérailles, Du sang des sénateurs inonde nos murailles.
iv. v. 522) La nuit avait rempli la moitié de son cours ; Sur le monde assoupi régnait un calme immense ; Les étoiles roulaient dans un profond silence ; L’aquilon se taisait dans les bois, sur les mers ; Les habitants des eaux, les monstres des déserts, Des oiseaux émaillés les troupes vagabondes, Ceux qui peuplent les bois, ceux qui fendent les ondes ; Livrés nonchalamment aux langueurs du repos, Endormaient leurs douleurs et suspendaient leurs maux : Didon seule veillait.
Mais quels que soient le nombre, la forme et la distribution des preuves dans le discours, l’orateur n’a rempli que la moitié de son objet, si, content d’avoir convaincu les esprits, il ne cherche pas à émouvoir les cœurs, en touchant à propos la passion.
Ces images de l’égalité des hommes devant la mort remplissent les anciens poëtes et particulièrement Lucrèce et Horace.
Vous sentiez les tourments dont mon cœur est rempli, Et vous la connaissiez, cette amère pensée Qui fait frissonner l’homme en voyant l’infini.
Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !
Fuyez des mauvais sons le concours odieux : Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée. […] je meurs content, et mon sort est rempli. […] Pour faire une bonne analyse, il faut satisfaire à trois conditions ; 1° déterminer l’idée générale de la composition qu’on analyse ; on le fait ordinairement par le titre : 2° énumérer les pensées principales qui ont servi au développement de l’idée générale ; 3° indiquer les idées ou faits accessoires qui remplissent chaque paragraphe et examiner la manière dont l’auteur les a exprimés, c’est-à-dire juger son style. […] Laissons de côté le détail de toutes ces règles étroites, qui entravent le génie au lieu de le diriger, les machines épiques (songes, descriptions de tempêtes, etc.), qui remplissent un poème sans l’animer. […] Qu’en un lieu, qu’en un seul fait accompli Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Il remplit du chaos les abîmes funèbres ; Il affermit la terre, il chassa les ténèbres.
Avec cela je savais les jugements que les autres faisaient de moi2 ; et je ne voyais point qu’on m’estimât inférieur à mes condisciples, bien qu’il y en eût déjà entre eux quelques-uns qu’on destinait à remplir les places de nos maîtres.
Fléchier, pour montrer qu’il est difficile d’être victorieux et humble tout ensemble, énumère les effets de la victoire sur l’âme humaine : Les prospérités militaires causent dans l’âme je ne sais quel plaisir qui l’occupe et la remplit tout entière. […] C’est le jeune Anacharsis qui parle : Je vis alors cet Alexandre qui depuis a rempli la terre d’admiration et de deuil. […] Une épithète qui ne remplit pas l’une de ces conditions doit être bannie comme un mot parasite ; en fait d’ornement tout ce qui ne sert pas est nuisible. […] Tant la mort est prompte à remplir ces places. […] je meurs content et mon sort est rempli.
Ils se remplissent d’un vin vieux et d’une grasse venaison. […] Elle a lieu : 1° Quand on change la nature des compléments, et que, par suite de ce changement, on fait remplir à un nom le rôle qu’il ne devrait pas avoir. […] Obire regis munia, remplir les fonctions royales. […] Pensum absolvere, remplir sa tâche. […] Alias gerit vices, il remplit les fonctions d’un autre. — Vicissitudo, alternative, vicissitude, révolution.
Il ne traite donc du genre délibératif que pour remplir le cadre accoutumé des Rhétoriques. […] Au moment de clore cette préface, il nous reste à remplir le doux devoir de remercier M. […] De plus, la tragédie, même sans mouvement, remplit sa fonction propre de même que l’épopée ; car, rien qu’à la lecture, on peut bien voir quelle en est la qualité. […] Ainsi, telle loi écrite n’est pas une loi, car elle ne remplit pas la fonction de la loi ; le juge est comme le vérificateur des monnaies, et a pour mission de discerner le faux droit du vrai. […] Il faut examiner chacun de ces cas sous tous les chefs de catégories, car la faveur doit remplir certaines conditions de nature, de grandeur, de qualité, de temps et de lieu.
Un homme voyageait dans la montagne, et il arriva en un lieu où un gros rocher, ayant roulé sur le chemin, le remplissait tout entier ; et, hors du chemin, il n’y avait point d’autre issue ni à gauche ni à droite. […] Un style familier, rempli d’aisance, de grâce et de naturel ; un choix de détails intéressants, feront le mérite d’une narration épistolaire.
Voltaire 1694-1778 [Notice] En parlant d’un homme dont la gloire, aussi litigieuse qu’impérissable, a dominé son siècle et rempli le monde, il faut tenir un milieu entre ceux qui l’exaltent sans mesure et ceux qui le maudissent sans réserve. […] Il nous a donné assez de secours pour le remplir ; mais comme il n’est point du tout nécessaire que nous sachions ce que c’est que la force, et si elle est une propriété essentielle ou non à la matière, nous l’ignorons, et nous en parlons.
Encore quelques avis sur ces travaux préparatoires qui servent d’exercice au jeune écrivain et remplissent ce que l’on nomme dans les colléges l’année de rhétorique.
Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous, Et vous avez montré par une heureuse audace Que le fils seul d’Achille a pu remplir sa place.
La mort de Turnus fixe définitivement la situation de tous les personnages, et remplit toutes les promesses de l’exposition.
Ils peuvent remplir ces vastes édifices, mais ils laisseront toujours votre cœur vide… etc.
Il est un heureux choix de mots harmonieux ; Fuyez des mauvais sons le concours odieux, Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée.
Le rôle de l’avocat n’est pas le même que celui du prédicateur : l’avocat parle à un adversaire qui lui réplique et qu’il combat ; mais le prédicateur parle à des auditeurs silencieux ; il se Tait alors lui-même les objections que son sujet comporte et y répond successivement, de manière qu’il remplit les deux rôles.
notre arrêt est prononcé : nos crimes rendent notre condamnation certaine ; on nous laisse encore un jour pour éviter ce malheur et changer la rigueur de notre sentence éternelle ; et ce jour unique, et ce jour rapide, nous le passons indolemment en des occupations vaines, oiseuses, puériles ; et ce jour précieux nous est à charge, nous ennuie : nous cherchons comment l’abréger ; à peine trouvons-nous assez d’amusements pour en remplir le vide : nous arrivons au soir sans avoir fait d’autre usage du jour qu’on nous laisse, que de nous être rendus encore plus dignes de la condamnation que nous avions déjà méritée.
Saint-Simon triomphait de cette mort qui le remplissait d’aise, car il redoutait fort le règne de Monseigneur.
Le premier hôpital est plus rempli de pitié et de terreur que tous les théâtres du monde.
Hommes faits, la philosophie, les sciences, les arts utiles et pratiques rempliront votre vie.
Boileau seulement définissait l’ode d’après les modèles antiques, sans songer aux effusions lyriques qui remplissent l’Écriture sainte, et qui s’épanchaient dans l’éloquence de Bossuet. […] Le seul courroux d’Achille, avec art ménagé, Remplit abondamment une Iliade entière. […] Qu’en un lieu, qu’en un temps, un seul fait accompli Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. […] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée. […] » L’autre est, comme Tacite, rempli de traits qui saisissent, de mots impérissables, de portraits, de peintures, de récits vivants.
D’où vient que les richesses l’inquiètent, que les honneurs le fatiguent, que les plaisirs le lassent, que les sciences le confondent et irritent sa curiosité, loin de la satisfaire ; que tout cela ensemble ne peut remplir l’immensité de son cœur, et lui laisse encore quelque chose à désirer ?
« Épouvanté de mes devoirs, je voulus connaître les moyens que j’avais pour les remplir, et mon effroi redoubla.
Bossuet était rempli de la lecture de la Bible ; Démosthène copia plusieurs fois de sa main toute l’histoire de Thucydide, pour s’identifier avec son style.
On croira sans peine que le paysan du Danube fit passer dans l’âme des Sénateurs la juste indignation dont il était transporté contre les vexations tyranniques des Préteurs romains ; et que Burrhus remplit l’âme de Néron du sentiment d’horreur dont il avait été lui-même saisi à la seule idée de cet empoisonnement.
« Et si quelque auteur infortuné doit servir un jour de conseiller à cette belle ambassade, j’oserais supplier ta divine Providence de permettre qu’il y remplît un rôle si pitoyable, que, bouffi de colère et tout rouge de honte, il fût réduit à se faire à lui-même tous les reproches que la pitié me ferait supprimer.
Les suivantes nous paraissent remplir les conditions pour ce genre de poésie.
L’évêque qui se présente devant l’empereur pour implorer la grâce de ses malheureux compatriotes, remplit une mission de charité, bien digne de son saint ministère ; il ne se dissimule pas toute la gravité de la faute qu’ils ont commise ; mais confiant dans la miséricorde de Dieu, il espère que le Seigneur sera touché de leur repentir et qu’il inspirera à l’empereur des sentiments de clémence. […] Autant de choses sont nécessaires que l’orateur a de devoirs à remplir. […] Bossuet, rempli d’admiration pour la constance inébranlable de la reine d’Angleterre, s’écrie : « Ô mère ! […] Enfin, l’orateur qui voudra plaire par le style aura soin de mélanger les nombres, d’entremêler le style coupé et périodique, de ne pas s’élancer par des mouvements brusques et irréguliers, de ne pas retomber par des chutes précipitées ; mais de s’élever peu à peu avec dignité, et de redescendre avec grâce ; et pour cela le nombre est d’un grand secours, parce qu’il remplit les intervalles, qu’il adoucit les passages, parce qu’il ôte au discours cette sécheresse, cette roideur qui fatiguent et qui déplaisent, et que Cicéron a caractérisées en deux mots : Abrupta et præcisa undique oratio.
Aujourd’hui, si c’est un devoir, comme il le dit, ce devoir est si rarement rempli qu’on peut sans scrupule en faire un mérite. […] Il n’est pas un élève qui ne connaisse un oiseau qui, au printemps, remplit les bois et les bosquets d’un cri uniforme, séparé en deux parties, comme les syllabes d’un mot. […] La métaphore n’est faite, dit ingénieusement Quintilien, que pour remplir une place vacante, et quand elle chasse le terme simple, elle est obligée de valoir mieux. […] Elle est comme transportée au-dessus d’elle-même, et se remplit d’une espèce de joie orgueilleuse, comme si elle avait produit ce qu’elle vient d’entendre. » C’est là parler dignement du sublime.
Ne dites donc pas : les rois sont soumis et dépendants de Dieu : votre ami paraît digne et bien propre à remplir la place qu’il occupe : = nous devons toujours nous conduire suivant et conformément aux principes de l’honneur. Il faut dire : les rois sont soumis à Dieu, et en sont dépendants : = votre ami paraît digne de la place qu’il occupe, et bien propre à la remplir : = nous devons toujours nous conduire suivant l’honneur, et conformément à ses principes. […] Il en est de même, si le premier verbe est accompagné d’une négation ; comme : je n’espère pas qu’il vienne aujourd’hui : = il ne croit pas que vous puissiez remplir vos engagements.
Début grandiose, qui remplit l’esprit de l’importance du sujet. […] Le simple bon sens qui a dicté cette fable est supérieur à toutes les subtilités philosophiques qui remplissent des milliers de volumes sur des matières impénétrables à l’esprit humain. — La citrouille est de la famille des cucurbitacèes, des gourdes.
On sent, comme le philosophe, que pour avoir une connaissance de cette campagne, il faut arrêter ses regards successivement d’un objet sur un autre, observant d’abord ceux qui appellent plus particulièrement l’attention, qui sont plus frappants, qui dominent, autour desquels et pour lesquels les autres semblent s’arranger ; ensuite, quand on a la situation respective des premiers, passant successivement à tous ceux qui remplissent les intervalles ; enfin, ne décomposant ainsi que pour recomposer, afin qu’une fois les connaissances acquises, les choses, au lieu d’être successives, aient dans l’esprit le même ordre simultané qu’elles ont au dehors.
An entier est insupportable, et ne le cède qu’au vers de Lamotte : Et le mien incertain encore… Tout en reconnaissant quelque exagération dans la sentence de Boileau : Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée, il faut avouer du moins que l’oubli des lois de l’harmonie nuit aux meilleures choses76.
Elle va descendre à ces sombres lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir dans la poussière, avec les grands de la terre, comme parle Job, avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir ces places !
Il connait le point de départ, il entrevoit le but, et l’ouvrage lui fait éprouver dans toute son étendue une satisfaction intime : c’est ainsi qu’on se sent rempli d’admiration devant un monument dont l’ensemble forme un tout harmonieux.
Le livre de madame Dacier, annoncé depuis longtemps, parut quelques jours après… Je le lus avec attention pour y chercher mes erreurs, et comme j’avais promis de pardonner les injures à qui me détromperait, je m’accoutumai aisément à celles dont il est plein, dans l’espérance qu’on remplirait la condition.
Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée.
L’image ne doit être que le dernier degré d’exactitude, ou plutôt elle ne doit être que la pensée elle-même exprimée en perfection ; mais pour une qui remplit cet office, combien qui ne sont que des apparences de la pensée !
La Fontaine est rempli de pensées fines et spirituelles.
Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a posséder tout celui qu’on peut avoir et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ces sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles ; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent.
Chacun de nous a, dans la vie, des devoirs du monde à remplir.
Avertissement Le présent recueil de Morceaux choisis des poètes classiques français a été composé sur le même plan que le recueil de Morceaux choisis des prosateurs classiques français qui l’a précédé. Il serait inutile de reproduire en tête du second les explications préliminaires que contenait l’Avertissement du premier. Il nous suffira de rappeler que, si nous avons réduit le nombre des passages empruntés aux maîtres de la poésie française du xviie siècle, qui sembleraient devoir occuper de droit la plus grande place dans un recueil classique, c’est que les nouveaux programmes leur ont précisément fait dans renseignement des classes une place plus étendue que les programmes antérieurs. Molière n’est plus restreint au Misanthrope, Corneille à quatre, Racine à trois de ses tragédies ; le cadre étroit du théâtre dit classique a été élargi, ou plutôt supprimé ; plusieurs comédies de Molière sont mises entre les mains des élèves de troisième, de seconde et de rhétorique ; plusieurs des tragédies de Corneille et de Racine sont dans les deux premières classes, leur théâtre complet est ouvert aux élèves de la dernière. Les douze livres des Fables de La Fontaine sont sous leurs yeux en seconde et en rhétorique.
Elle porte l’âme au-dessus de sa sphère d’action, et la remplit d’émotion et de stupeur. […] C’est, dit-il, quelque chose qui élève l’âme au-dessus d’elle-même, qui la remplit de conceptions grandes et d’un noble orgueil. […] Elle leur donne une idée de cette régularité, de cette cadence, de cette magnificence du style qui remplit l’oreille ; mais lorsqu’ils commencent à écrire ou à parler pour le public ; ils s’aperçoivent bientôt de l’impropriété de cette ostentation pour traiter les affaires ou fixer l’attention. […] À Rome, le préteur, qui était le véritable juge dans les affaires civiles et criminelles, nommait, pour toutes les causes importantes, les selecti judices, comme on les appelait, qui étaient toujours nombreux, et qui remplissaient les fonctions et réunissaient les pouvoirs de juge et de juré. […] De pareils exordes ne peuvent être hasardés que par un petit nombre d’orateurs : ils promettent une grande véhémence dans toutes les autres parties du discours, et il est très difficile de remplir l’attente des auditeurs.
Voltaire 1694-1778 [Notice] En parlant d’un homme dont la gloire a dominé son siècle et rempli le monde, il faut tenir un milieu entre ceux qui l’exaltent sans mesure, et ceux qui le maudissent sans réserve.
« Avant de chercher, dit Buffon, l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre, plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées ; c’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir.
Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4.