Peut-être aussi M. de La Harpe attachait-il à ces pièces de concours plus d’importance qu’elles n’en comportaient naturellement ; et personne n’a mieux senti, dans un âge plus avancé, que s’il n’est pas absolument nécessaire d’avoir produit soi-même des chefs-d’œuvre, pour avoir un avis sur ceux des autres, il ne faut pas, du moins, que la faiblesse réelle des ouvrages du critique contraste trop sensiblement avec la sévérité d’une censure qui n’épargne rien. […] Ses pièces académiques roulent presque toutes sur des sujets trop vagues ou trop étendus pour être traités avec avantage dans les bornes que les convenances académiques imposent à ces sortes de compositions.
C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent très-bien, écrivent mal1 ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. […] C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent ; Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d’un art délicat les pièces assorties N’y forment qu’un seul tout de diverses parties.
« Je me souviens, dit quelque part Montesquieu, qu’en sortant d’une pièce intitulée Esope à la cour, je fus si pénétré du désir d’être plus honnête homme que je ne sache pas avoir formé une résolution plus forte. » Honneur à Boursault qui sut choisir un sujet assez moral pour inspirer un si beau désir à une si belle âme !
Ces pièces sont si courtes qu’il semble qu’il n’y ait aucun art à les raconter ; il est certain, pourtant, que tout le monde n’y réussit pas également ; que les uns récitent parfaitement une anecdote, tandis que d’autres le font si médiocrement, qu’on cherche, après qu’ils ont parlé, ce qu’il peut y avoir de piquant dans leur récit.
Cette pièce est fort curieuse, puisqu’elle témoigne d’une invention tout à fait analogue au télégraphe électrique.
Mais mon sujet prête à la tragédie4 ; J’y pourrai prendre un plus rapide essor ; Dialoguons, et ma pièce applaudie M’enivrera d’honneur, de gloire et d’or5.
Pouqueville ; et l’admirable pièce de vers de Legouvé sur mademoiselle de Sombreuil où l’on voit briller l’héroïsme du courage et de l’amour filial. […] Victor Hugo, dans la pièce de vers intitulée Moïse sauvé des eaux, en fournit un exemple. […] Les vaisseaux sont aujourd’hui les appuis des trônes, etc. » M. de Tréneuil, dans une pièce de vers sur les Tombeaux de Saint-Denis, se sert de cette figure pour faire exprimer à Henri IV les plus nobles sentiments : Que devins-je à l’aspect du roi le plus chéri ?
» Ces paroles firent pâlir mon maître, qui me dit avec un souris forcé : « Monsieur Gil Blas, cette pièce n’est donc pas de votre goût ?
Ainsi revivaient sous ce nom ces jeux mêmes d’Olympie pour lesquels s’était passionnée la Grèce : la lice s’ouvrait comme autrefois, aux preux, aux chevaliers, armés de toute pièce et il n’y manquait qu’un Pindare pour que la similitude fût parfaite. […] L’orateur, par exemple, fera quelquefois précéder l’exorde de la lecture de quelque pièce. […] La pièce suivante se termine par un trait de ce genre. […] Voici une pièce qui offre beaucoup de traits de ce genre : elle est du père du Cerceau : C’est agir, travailler que de porter ses chaînes, Et l’on est fainéant, si l’on ne le fait pas. […] 10º Enfin le souverain pour la pièce de monnaie dont elle porte l’empreinte : Deux cents philippes d’or, dit Batteux.
Grande pièce de fer qui protégeait le cou et les épaules.
Toutes ces pièces étaient des morceaux antiques, travaillés avec un art admirable. […] Était-il invité à un repas, la vue de quelque pièce de vaisselle bien travaillée le transportait, il n’était pas maître de ses mains. […] Cependant, afin de pouvoir dire qu’il a acheté, il commande à Archagathe de compter pour la forme quelques pièces d’argent à ceux qu’il dépouillait. […] Lorsqu’il exerçait la préture en Espagne, où il fut tué, le hasard voulut qu’en faisant des armes, l’anneau d’or qu’il portait se rompit et se brisa tout en pièces. […] Je lus la loi par laquelle on devait remettre à ma disposition tous les registres et toutes les pièces.
On peut comparer à cette description la pièce de M.
Il y a un genre d’éloquence qui est uniquement pour l’ostentation, et qui n’a d’autre but que le plaisir de l’auditeur, comme les discours académiques, les compliments qu’on fait aux puissances, certains panégyriques, et d’autres pièces semblables, où il est permis de déployer toutes les richesses de l’art et d’en étaler toute la pompe. […] Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. […] Le son est, il est vrai, la principale condition de la rime, mais la ressemblance ortographique ne la gâte point, et de deux pièces de vers égales en mérite, on devra préférer celle où la rime joindra à la consonnance l’exactitude ortographique des mots.
Les traductions sont comme ces monnaies de cuivre qui ont bien la même valeur qu’une pièce d’or, et même sont d’un plus grand usage pour le peuple ; mais elles sont toujours faibles et d’un mauvais aloi3.
Personne n’apprit la mort de M. de Turenne, qui ne crût d’abord l’armée du roi taillée en pièces, nos frontières découvertes, et les ennemis prêts à pénétrer dans le cœur de l’État.
Il faut, dans une histoire comme dans une pièce de théâtre, exposition, nœud et dénoument.
Après eux venaient des rapsodes, qui chantaient les poèmes d’Homère, et des danseurs armés de toutes pièces, qui, s’attaquant par intervalles, représentaient au son de la flûte le combat de Minerve contre les Titans. […] ces dieux qui s’estropient les uns les autres ; ce foudroyant Jupiter qui, dans une assemblée de divinités, menace l’auguste Junon de la battre ; ce Mars qui, étant blessé par Diomède, crie, dites-vous, comme neuf ou dix mille hommes, et n’agit pas comme un seul, car, au lieu de mettre tous les Grecs en pièces, il s’amuse à s’aller plaindre de sa blessure à Jupiter : tout cela eût été bon sans allégorie ?
Il ne convient qu’aux pièces de pur agrément, aux idylles, aux églogues, aux descriptions des saisons, des jardins, etc.
Il débite ses nouvelles, qui sont toutes les plus tristes et les plus désavantageuses que l’on pourrait feindre : tantôt un parti des nôtres a été attiré dans une embuscade, et taillé en pièces ; tantôt quelques troupes, renfermées dans un château, se sont rendues aux ennemis à discrétion et ont passé1 par le fil de l’épée.
Quant à la pièce de La Fontaine, elle a trouvé de nombreux commentateurs, entre lesquels on citera, outre Chamfort, La Harpe et plus récemment Ch.
Après quelques combats, ces deux ennemis se réconcilièrent, et formèrent avec Lépide ce fameux triumvirat qui fit couler tant de sang, et taillèrent en pièces l’armée de la république, commandée par Brutus et Cassius. […] Parvenu d’abord au grade de colonel, et ensuite à celui de lieutenant-général, il tailla en pièces l’armée royale au siège d’Oxford ; et après la prise de cette ville, il alla au parlement, où il fit prononcer, en 1646, la déposition du roi.
Le coup de hache fait sans doute jaillir Minerve, grande, adulte, armée de toutes pièces ; mais avant ce coup décisif, c’est la méditation qui avait conçu, nourri, équipé, en quelque sorte, ce mythe puissant de la pensée dans la tête endolorie du Dieu.
De nos jours on a voulu y rentrer, dans plusieurs pièces, par exemple, du théâtre de Victor Hugo.
de la fin En lisant certains prosateurs et surtout certains poëtes contemporains, on remarque quelques pièces terminées brusquement, sans que le sujet soit achevé, ni l’idée principale complétement développée, sans qu’on puisse imaginer même quel motif les détermine à s’arrêter.
7° II arrange ses vestibules, ses salles d’attente et ses salons, soit en augmentant graduellement la majesté des proportions de ces trois pièces, soit en la diminuant et toutefois en compensant cette diminution par la richesse et l’agrément des détails, mais toujours de manière à ce que le visiteur soit dans l’admiration. — C’est la gradation de la disposition tantôt ascendante, tantôt descendante.
L’ermite les avait roulés dans une pièce de lin d’Europe, filé par sa mère ; c’était le seul bien qui lui restât de sa patrie, et depuis longtemps il le destinait à son propre tombeau.
— L’ignorance et l’erreur, à ses naissantes pièces.
L’affirmation semble être ce qui caractérise le verbe, et ce qui le distingue principalement des autres parties du discours ; c’est elle qui lui donne toute sa force ; par elle, il devient la pièce essentielle d’une phrase ou d’une proposition. […] Après s’être sauvée des flots, une autre tempête lui fut presque fatale : cent pièces de canon tonnèrent sur elle à son arrivée, et la maison où elle entra fut percée de leurs coups. […] Des jalousies, des ruptures, dus raccommodements forment le tissu de la plupart de nos pièces de théâtre : combien peu de génies ont-ils su exprimer ces nuances que tous les auteurs ont voulu peindre ! […] Ce qui distingue ici le poëte du rimailleur, et en général l’homme de goût de l’écrivain vulgaire, c’est que le premier expose sa pensée pour ainsi dire toute d’une seule pièce, tandis que le second sait l’analyser, c’est-à-dire, y découvrir les idées particulières dont elle se compose. […] Voltaire dit que l’on consultait un jour un homme qui avait quelque connaissance du cœur humain sur une tragédie qu’on devait représenter : il répondit qu’il y avait tant d’esprit dans cette pièce qu’il doutait de son succès.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
La pièce suivante finit par une pensée d’une naïveté charmante : Un boucher moribond, voyant sa femme en pleurs, Lui dit : Ma femme, si je meurs, Comme en notre métier un homme est nécessaire, Jacques, notre garçon, ferait bien ton affaire : C’est un fort bon enfant, sage, que tu connais ; Épouse-le, crois-moi, tu ne saurais mieux faire. […] Corneille, dans une de ses pièces (Othon), parlant de trois ministres qui cherchaient à profiter du règne du vieux Galba, termine par une expression d’une incroyable énergie : On les voyait tous trois se hâter sous un maître Qui, chargé d’un long âge, a peu de temps à l’être, Et tous trois à l’envi s’empresser ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment.
Métonymies du maître ou du patron pour la chose elle-même : Sainte-Gudule, Saint-Pierre, pour l’église qui leur est consacrée ; un louis, un napoléon, pour la pièce de monnaie qui porte l’effigie de ces princes.
Aucun de ces trois genres ne se trouve ordinairement seul dans une pièce d’éloquence.
Un madrigal est une petite pièce de vers galants.
Il a fini : le cœur lui bat, mais c’est de joie ; il s’applaudit, il dit dans son cœur : « Nul ne roue mieux que moi. » Il descend : il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d’or qu’il emporte à travers une double haie d’hommes écartés par l’horreur2.
Vous seul avez une pièce de cinq francs ; vous la lui donnez. […] Une de ses plus agréables pièces est adressée à une colombe favorite qui mangeait dans sa main et dormait sur sa lyre. […] Quinze pièces d’or entre ses mains ! […] Pendant la nuit il se traîne à la petite ville ; là il apprend que le lendemain matin on doit juger un jeune berger qui a volé des pièces d’or. […] La guinée est une pièce d‘or anglaise qui vaut 26 fr. 47 c.
Ces témoignages divins et humains, dont parle Cicéron, l’avocat les trouvera d’abord dans ce qu’on nomme les pièces du procès, puis dans les livres où sont traitées ex professo les questions de droit qui se rattachent à sa cause, et dans les commentaires que ces ouvrages ont groupés autour d’eux ; l’historien, dans les chroniques, les mémoires, les pamphlets, les journaux, les œuvres philosophiques et littéraires du pays et du siècle qu’il a choisis ; l’orateur politique, dans les fastes parlementaires, dans les records, dans les annales de la tribune en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, à Rome même et en Grèce ; le prédicateur, dans l’Ecriture sainte, les Pères, les écrivains ecelésiastiques ; le philosophe, le romancier, le poëte, les trouveront partout.
Il en est de son discours comme des deux pièces de Corneille, Attila et Othon, qui s’ouvrent par des expositions magnifiques auxquelles la suite ne répond pas.
Cette pièce est de 1667 : Boileau y atteignit la perfection de la satire ; car elle sera toujours regardée comme un modèle où l’élégance et le bon ton s’allient à une plaisanterie ingénieuse et piquante.
C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent : Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d’un art délicat les pièces assorties N’y forment qu’un seul tout de diverses parties ; Que jamais du sujet le discours s’écartant N’aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Que de fois la force d’esprit qui doit tenir toutes ces pièces rangées ne fléchit-elle point !
La théorie des topiques consiste en trois points : Études générales pour préparer aux spécialités ; Lieux externes, comprenant tout ce qui, en dehors du sujet, peut cependant s’y rapporter : témoignages, autorités, pièces et ouvrages sur la matière à traiter.
Les pensées demeurent isolées ou ne sont réunies que par des transitions forcées, c’est ce qui fait que tant d’ouvrages sont faits de pièces rapportées, et qu’il y en a très-peu qui soient fondus d’un seul jet.
Fontenelle était alors membre de l’Académie, et, par conséquent, exclu du concours et même du jugement des pièces dont il pouvait connaître les auteurs. […] Cette catégorie de discours ne fournit, du reste, qu’un petit nombre de bonnes pièces.
Le peuple, cette bête féroce, si redouté des orateurs, vos devanciers, qui souvent se jetait sur eux et les mettait en pièces, dompté désormais par la musique de votre éloquence, n’aura plus pour vous que des caresses, et si par moments ses appétits sanguinaires se réveillent, eh bien ! […] Quand viendra le combat, c’est-à-dire l’argumentation, c’est alors qu’il sera temps de démasquer vos batteries et de aire feu de toutes vos pièces.
« Nous avons, disait déjà un contemporain (Saint-Évremond), quelques pièces particulières en français, d’une beauté admirable : telles sont les oraisons funèbres de la reine d’Angleterre et de Madame par M. de Condom. » — Bossuet avait auparavant célébré la mémoire de plusieurs autres personnes distinguées, entre lesquelles il faut citer Anne d’Autriche.
Il y a des pièces de madame Deshoulières1qu’aucun auteur de nos jours ne pourrait égaler.
— Tout discours a son exorde, comme toute pièce de théâtre a son exposition. […] Et puisque c’est le personnage ridicule de la pièce, fallait-il lui faire faire l’action d’un honnête homme ? […] « Vous ne sauriez me nier deux choses : l’une, qu’Alceste est dans cette pièce un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien ; l’autre, que l’auteur lui donne un personnage ridicule. […] « Charles-Gustave parut à la Pologne surprise et trahie, comme un lion qui tient sa proie dans ses ongles, tout prêt à la mettre en pièces. » (Oraison funèbre d’Anne de Gonzague).
Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur.
Les petits genres, les pièces de cour deviendront de plus en plus à la mode ; la ballade préparera les voies au sonnet.
Macpherson, il détermina ce dernier à entreprendre un voyage dans les montagnes de la haute Écosse, pour rassembler les fragments du poème de Fingal, et des autres pièces connues sous la dénomination de poésies d’Ossian. […] On aime Shakspeare, mais ce n’est pas parce que, dans une même pièce, il fait passer sous nos yeux les événements de plusieurs années ; ce n’est pas parce qu’il mêle grotesquement le tragique au comique ; ce n’est pas à cause des pensées gigantesques ou des saillies déplacées qu’il emploie quelquefois : voilà en effet ce que nous regardons comme des taches, dont nous ne devons accuser que la barbarie du siècle dans lequel il vivait ; mais on l’aime parce qu’il a dessiné de main de maître les caractères des hommes, parce que ses descriptions sont vives, ses sentiments énergiques, et qu’il possède mieux qu’aucun écrivain la langue des passions ; genres de beautés que la véritable critique nous apprend à admirer, comme la nature nous a appris à les sentir. […] Lorsqu’on dit d’un vent qu’il souffle, et d’un autre qu’il rugit ou gronde ; d’un serpent qu’il siffle ; d’une mouche qu’elle bourdonne ; d’une pièce de bois qu’elle craque ; d’une rivière qu’elle coule ; de la grêle qu’elle retentit ; l’analogie de ces mots avec la chose qu’ils expriment est bien facile à saisir. […] Voilà pourquoi l’on trouve à la tête de quelques éditions des pièces de Térence, modos fecit, et tibiis dextris et sinistris .
En voici un tiré d’une pièce de vers intitulée les Tisons.
Dans la Tragédie d’Horace, le Héros de la pièce ayant été nommé avec ses deux frères pour combattre contre les trois guerriers qu’Albe doit choisir, Curiace, Albain, beau-frère d’Horace, dont il doit même épouser la sœur, lui dit : Quels vœux puis-je former, et quel bonheur attendre ?
Qu’il s’agisse de démontrer une vérité scientifique, de charmer l’oreille et l’esprit par les vives images de la poésie, d’exposer une découverte industrielle, de raconter des faits qui intéressent l’humanité ou les individus, d’exposer même sur un ton familier des pensées et des émotions toutes personnelles, il y a toujours une manière de dire qui est meilleure que toutes les autres ; il faut la trouver pour faire bien ce que l’on fait : traité scientifique, pièce de vers, récit historique, lettre même. […] La loi et les titres, c’est-à-dire toutes les pièces et autorités écrites, sont surtout employés dans les discours et les écrits du genre judiciaire. […] Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ; Que le début, la fin répondent au milieu ; Que d’un art délicat les pièces assorties, N’y forment qu’un seul tout de diverses parties. […] C’est ce que prétendait faire entendre Ménandre et, depuis lui, Racine, quand, après après avoir arrêté le plan d’une de ses pièces, il s’écriait : « Ma comédie est achevée, je n’ai plus que les vers à faire. » C’est ce que Buffon voulait encore exprimer quand, à la suite du tableau des perplexités auxquelles le manque de disposition condamne un auteur, il ajoutait : Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il sentira aisément le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; les idées se succéderont sans peine et le style sera naturel et facile.
Les uns, privés du secours d’une méthode, ignorant les moyens d’enchaîner des idées, de ménager les transitions, négligeant les motifs de développements fournis par la matière, se contentent de plaquer dans leurs devoirs quelques réminiscences, quelques lambeaux de périodes empruntées aux auteurs, et appliquées avec plus ou moins d’à propos ; d’autres apprennent par cœur des formes d’exordes et de péroraisons, qu’ils adoptent invariablement et qu’ils ajustent, comme des pièces de rapport, à tous les sujets ; d’autres enfin façonnent tant bien que mal une composition en français, qu’ils s’efforcent ensuite de convertir en Latin, avec l’aide du dictionnaire. […] Une armée victorieuse de tant de nations, a été par vous vaincue, taillée en pièces, anéantie ! […] Puis, quand vous verrez leurs légions taillées en pièces, la terre jonchée de leurs cadavres, le fils de Crassus percé de traits sous les yeux de son père ; lorsque vous aurez rapporté à notre souverain la tête de Crassus lui-même, après avoir versé dans sa bouche de l’or fondu, pour éteindre après sa mort la soif des richesses qui l’a dévoré pendant sa vie, lorsque vous aurez ainsi assuré la sécurité des Parthes, vous comprendrez facilement alors ce que peuvent contre des brigands cupides et ambitieux l’amour de la patrie, la valeur, la liberté. » LXVI.
Je connais parfaitement que les peuvent être les révolutions de l’empire des lettres ; et avec tout cela, je garantis la durée de mes pièces. […] Le brick lui-même, malgré ses fortes membrure et les pièces de bois énormes qui le traversent d‘un bord à l’ autre, craque et se froisse comme s’il allait s’entr’ouvrir ; les coups de mer sur la poupe retentissent de moment en moment comme des coups de canon.
Voltaire, parlant de sa tragédie de Mariamne, dit : je sens avec déplaisir toutes les fautes qui sont dans la contexture de ma pièce, aussi bien que dans la diction. […] J’ai vu hier la pièce nouvelle.
Il est visible qu’un poème pareil est fait tout entier de pièces rapportées ; que, si l’on veut se borner à trois chants, on n’a qu’à retrancher le récit d’Apollon ; que si l’on veut deux chants de plus, on ajoutera deux muses qui diront chacune leur histoire.
Un édifice grec1 n’a aucun ornement qui ne serve qu’à orner l’ouvrage ; les pièces nécessaires pour le soutenir ou pour le mettre à couvert, comme les colonnes et la corniche, se tournent seulement en grâce par leurs proportions : tout est simple, tout est mesuré, tout est borné à l’usage.