Ce n’est point à vous tous que je m’adresse ici ; mais à ceux seulement qui m’ont condamné ; c’est à eux que je dirai donc : Ne pensez pas, Athéniens, que j’aie succombé dans cette accusation, faute des moyens nécessaires pour vous convaincre, si j’avais cru devoir faire et dire ce qui pouvait me dérober au supplice.
Une grave erreur de plusieurs écrivains actuels, mais dont, pour l’honneur du siècle, j’aime mieux accuser leur esprit que leur cœur, c’est de s’imaginer que le crime est un élément nécessaire d’intérêt pour tout drame et toute fiction ; qu’il n’est point d’admiration possible pour le héros, ou d’attendrissement pour la victime, si on ne les entoure, en façon de repoussoir, d’une bande de scélérats, et quels scélérats !
L’économie et la variété, ces deux vertus toujours opportunes du style, sont surtout nécessaires ici.
Il est permis de rompre le fil du récit de la principale action par des incidents ou événements particuliers ; mais il faut que ces incidents soient vraisemblables ; qu’ils tiennent fortement au sujet et soient même nécessaires à son développement ; qu’ils piquent d’ailleurs la curiosité, et offrent assez d’intérêt pour dédommager le lecteur du retard qu’on met à satisfaire son impatience d’arriver à la fin des aventures.
Quand ce petit travail, est fini, le maitre, en le corrigeant, fait toutes les observations nécessaires, indique les défauts et les moyens de les éviter, et donne les principes qui sont à la portée de l’élève. […] La narration est complète quand elle contient tout ce qui est nécessaire, et rien de superflu. […] Quelquefois il est nécessaire de raconter les évènements antérieurs au fait dont il s’agit ; il faut le faire brièvement, et avoir soin de ne pas remonter plus haut que la clarté ne l’exige.
Les preuves à l’appui de ce qu’on raconte ou qu’on propose forment la confirmation ; celles que l’on apporte pour combattre les idées d’un adversaire sont la réfutation ; l’une et l’autre sont souvent précédées d’une division, si le sujet est assez étendu pour qu’il soit nécessaire d’en déterminer les parties. […] La beauté du style ne sert qu’à les faire valoir davantage18 ; mais cette beauté n’est pas le fond même de la confirmation : c’est la force des preuves et leur bon arrangement qui y est d’abord nécessaire. […] Il n’est pas nécessaire qu’elle soit toute renfermée dans le texte ; mais elle doit toujours en être tirée.
Néanmoins, après la perte des sciences, les arts utiles auxquels elles avaient donné naissance se sont conservés : la culture de la terre devenue plus nécessaire à mesure que les hommes se trouvaient plus nombreux, plus serrés ; toutes les pratiques qu’exige cette même culture, tous les arts que supposent la construction des édifices, la fabrication des idoles et des armes, la texture2 des étoffes, etc., ont survécu à la science ; ils se sont répandus de proche en proche, perfectionnés de loin en loin ; ils ont suivi le cours des grandes populations : l’ancien empire de la Chine s’est élevé le premier, et presque en même temps celui des Atlantes en Afrique ; ceux du continent de l’Asie, celui de l’Egypte, d’Ethiopie, se sont successivement établis, et enfin celui de Rome, auquel notre Europe doit son existence civile.
Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillottent en chats fourrés2, les palais où ils jugent, les fleurs de lis, tout cet appareil auguste était fort nécessaire : et si les médecins n’avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n’eussent des bonnets carrés, et des robes trop amples de quatre parties3, jamais ils n’auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre4 si authentique.
Mais, pour qu’on puisse le faire légitimement, il faut que les nouvelles expressions soient nécessaires, agréables et intelligibles ; que les tours soient justes, et que les alliances de mots, fondées sur la véritable signification de ces mots, soient nécessitées par le besoin réel d’exprimer une belle pensée qui, sans cela, ne serait pas bien entendue. […] Molière fait dire aux Précieuses ridicules : Voiturez-nous les commodités de la conversation , pour dire : approchez les fauteuils. — Un nécessaire , pour un laquais. — Le conseiller des grâces , pour un miroir. — La petite outre d’Éole , pour un soufflet. — Contentez l’envie que ce fauteuil a de vous embrasser , pour asseyez-vous Lamotte a appelé une haie le suisse d’un jardin .
Cette pratique est si importante et si nécessaire dans tout le cours de la vie qu’il faudrait avoir un soin particulier de s’y exercer ; car souvent ce ne sont pas tant nos sentiments qui choquent les autres que la manière fière, présomptueuse, passionnée, méprisante, insultante, avec laquelle nous les proposons.
La préposition est nécessaire et doit rester sur l’adresse, à moins d’une très grande familiarité.
Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire.
Toutes les denrées les plus nécessaires à la vie sont également inaccessibles aux Romains, tandis que plusieurs Français, non des plus huppés, tiennent table ouverte à tous venants.
Nous lisons ailleurs : « Je ne sais pourquoi cela m’est devenu nécessaire d’écrire, quand ce ne serait que deux mots.
Est-il nécessaire ici de citer des noms ? […] Ce fut la seule, depuis trente ans, qui fût pourvue du nécessaire, et la première qui eût un hôpital réglé, dans lequel les blessés et les malades eurent le secours qu’on ne connaissait point encore. […] « Homme, prends patience, me disent Pope et Leibniz : les maux sont un effet nécessaire de la nature et de la constitution de cet univers. […] Je voudrais bien que cette lettre fût assez ridicule pour vous faire rire vous-même ; mais je crains qu’elle n’ait que ce qui est nécessaire pour vous ennuyer un quart d’heure, car il faut bien cela pour la lire. […] Or, cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l’objet qui frappe le premier.
Indépendamment des figures que nous venons de parcourir, et qui appartiennent également à la poésie et à l’éloquence, il en est quelques autres qui semblent d’un usage plus nécessaire et plus fréquent aux orateurs qu’aux poètes.
Il ne faut emprunter à ces deux derniers moyens que ce qui est absolument nécessaire au sujet, sinon la matière deviendra interminable, elle manquera d’intérêt et de précision.
Je voudrais bien que cette lettre fût assez ridicule pour vous faire rire vous-même ; mais je crains qu’elle n’ait que ce qui est nécessaire pour vous ennuyer un quart d’heure, car il faut bien cela pour la lire.
Leur forte culture est devenue plus nécessaire encore aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole et de donner les raisons de leurs actes.
Bernardin de Saint-Pierre, dans les Études de la nature, cherche-t-il à prouver que le sentiment de la Divinité est nécessaire à l’homme ?
Mais ce qui nous touche de plus près, c’est qu’il était encore un très-bon académicien : il aimait, il cultivait nos exercices ; il y apportait surtout cet esprit de douceur, d’égalité, de déférence même, si nécessaire pour entretenir l’union dans les compagnies.
Ce n’est pas qu’il soit nécessaire de rejeter les ornements de tout genre ; on fait preuve de goût en les employant dans l’occasion, si toutefois ils sont naturels et point du tout recherchés16.
Il serait superflu de vous raconter comme il sait ménager les éléments, après tant de sortes de miracles qu’il fait faire tous les jours aux plus intraitables, je veux dire au feu et à l’eau, ces deux grands ennemis, qui s’accordent néanmoins à nous servir dans des opérations si utiles et si nécessaires.
On ne peut rien ajouter à ce qu’il écrit sans y mettre du superflu, et l’on ne peut rien en ôter sans y retrancher quelque chose de nécessaire.
Mais, au moyen de l’imagination, le poète peut aussi créer et inventer d’une manière absolue : c’est ainsi qu’il peut exprimer les passions sans les sentir ; que pour décrire un combat, une tempête, un paysage, il n’est pas toujours nécessaire qu’il en ait vu le tableau.
Votre Art poétique montre que vous aviez toute l’étendue des connaissances acquises, et toute la force de génie nécessaire pour exécuter les plus grands ouvrages, soit pour le poëme épique, soit pour la tragédie.
Tout ce qui est nécessaire à mes besoins.
Çà, messieurs les chevaux, payez-moi de ma peine. » Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S’introduisent dans les affaires ; Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés 4 Liv.
Vous m’honorez1 en pensant que je pourrais vous être utile, et vous êtes louable du motif qui vous la fait désirer ; mais, sur le motif2 même, je ne vois rien de moins nécessaire que de venir vous établir à Montmorcency.
Je savais que les langues que l’on y apprend sont nécessaires pour l’intelligence des livres anciens ; que la gentillesse des fables réveille l’esprit ; que les actions mémorables des histoires le relèvent, et qu’étant lues avec discrétion elles aident à former le jugement ; que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées ; que l’éloquence a des forces et des beautés incomparables ; que la poésie a des délicatesses et des douceurs très-ravissantes ; que les mathématiques ont des inventions très-subtiles, et qui peuvent beaucoup servir tant à contenter les curieux qu’à faciliter tous les arts et diminuer le travail des hommes ; que les écrits qui traitent des mœurs contiennent plusieurs enseignements et plusieurs exhortations à la vertu qui sont fort utiles ; que la théologie enseigne à gagner le ciel ; que la philosophie donne moyen de parler vraisemblablement1 de toutes choses et de se faire admirer des moins savants ; que la jurisprudence, la médecine et les autres sciences apportent des honneurs et des richesses à ceux qui les cultivent ; et enfin, qu’il est bon de les avoir toutes examinées, même les plus superstitieuses et les plus fausses2, afin de connaître leur juste valeur et se garder d’en être trompé.
L'ellipse (de ελλειψς, omission, manque, suppression) est une figure qui consiste à supprimer dans le discours un ou plusieurs mots nécessaires à la construction pleine et entière de la phrase. […] 3° Enfin quand on ajoute des mots qui ne sont point nécessaires au sens de la phrase, mais qui donnent au discours plus de grâce, plus de force ou d’harmonie. […] Nous ne rapportons ici que les synonymes les plus fréquents, que ceux dont l’usage est le plus habituel, et la connaissance plus nécessaire. […] Pauper est celui qui n’a que le strict nécessaire et ne peut jouir des commodités de la vie. […] Cic. — Indigens (de in et egens), qui manque, qui est dans l’indigence ; il enchérit sur pauper et désigne le manque de plusieurs choses nécessaires. — Egenus (de egere) est celui qui est dans la disette, qui manque de tout, de vivres, de vêtements, etc.
Cependant il n’est point nécessaire que le vers finisse à l’hémistiche ; il suffit qu’un léger repos soit possible. […] Il est plus nécessaire encore que l’hémistiche, et il doit être d’autant plus marqué que le vers est plus grand.
Pourquoi la brièveté est-elle nécessaire à l’ode ? […] Traitant toutes sortes de sujets, il est nécessaire qu’elle puisse prendre tous les tons.
Dimanche. — Cela n’est point nécessaire. […] Dimanche, se levant de même. — Monsieur, il n’est pas nécessaire, et je m’en irai bien tout seul. […] Sa mémoire, qui était admirable, ne se déchargeait point, comme à l’ordinaire, des choses qui étaient écrites ; mais seulement l’écriture avait été nécessaire pour les y graver à jamais. […] la variété des ressources tarit bientôt ; tout est bientôt épuisé : il faut revenir sur ses pas et recommencer sans cesse ce que l’ennui rend insipide et ce que l’oisiveté a rendu nécessaire. […] bien nécessaire d’avertir souvent les hommes qu’ils doivent ménager le sang des hommes.
« Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles.
Jugez-vous une description nécessaire ou seulement agréable ?
Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend.
D’abord, si la plus rigoureuse propriété d’expression est nécessaire quelque part, c’est assurément lorsque l’on traite de l’art d’écrire.
. — C’est là le nécessaire.
. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin.
Théramène dit précisément ce que Fénelon désire, et il le dit en moins de mots encore : « Hippolyte n’est plus. » Le père s’écrie ; Théramène ne reprend ses sens que pour dire : « J’ai vu des mortels périr le plus aimable. » Et il ajoute ce vers si nécessaire, si touchant, si désespérant pour Thésée : Et j’ose dire encor, seigneur, le moins coupable.
La critique est nécessaire aux progrès du talent.
Celle que La Fontaine a faite sur lui-même est bien remarquable et par la douceur des pensées, et par l’originalité de l’expression, et par ce ton d’insouciance qui faisait le fond de son caractère : Jean s’en alla comme il était venu, Mangeant son fonds avec son revenu, Croyant trésors chose peu nécessaire.
c’est nous qui rendons nécessaires tous les maux physiques, mais surtout la guerre : les hommes s’en prennent ordinairement aux souverains, et rien n’est plus naturel.
Et encore, pour y revenir, quand on sait les chemins, quelle préparation est nécessaire !
Il est nécessaire que ce refrain qui, dans les vers de dix syllabes, est de quatre, et dans ceux de huit, de trois et quelquefois de deux, soit lié avec la pensée qui précède, amené délicatement et termine le sens d’une manière naturelle.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés, S’introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et partout importuns, devraient être chassés2 La mort et le mourant La Mort ne surprend point le sage ; Il est toujours prêt à partir, S’étant su lui-même avertir Du temps où l’on se doit résoudre à ce passage1. […] Il fit pour lui cette épitaphe : Jean s’en alla, comme il était venu, Mangea le fonds avec le revenu, Tint les trésors chose peu nécessaire.
Vous y apprendrez surtout l’art si nécessaire et si difficile, en fait d’harmonie, comme de pensée et d’expression, de concilier la vérité et l’unité, l’unité dans l’harmonie générale, la vérité dans l’harmonie spéciale.
. — noblesse, richesse, énergie, sublime Ainsi clarté, pureté, propriété, précision, naturel, harmonie, voilà les qualités de style nécessaires partout et toujours, dans l’oraison funèbre comme dans le roman bourgeois, dans les écarts du dithyrambe comme dans les naïvetés de l’idylle.
Il n’est pas toujours nécessaire de développer la pensée pour lui faire produire tout son effet, vous atteindrez souvent le même but, en vous contentant de la répéter.
Il était si peu nécessaire de recourir à des formes si acerbes envers un homme d’esprit, d’excellent ton, et membre de l’Académie française, que Boivin, qui, dans le même temps, en 1715, soutenait le même parti que madame Dacier dans son Apologie d’Homère ne se les est jamais permises.
Si un certain degré de culture est nécessaire pour en goûter toutes les beautés, il suffit d’avoir l’esprit sain pour s’y plaire.
Le repos est nécessaire aux hommes fatigués. — 15. Il est nécessaire à un sénateur de connaître les affaires de l’Etat. — 16. […] Il y a des arts innombrables nécessaires pour la vie. — 11. […] Il ne lui manqua aucun des talents nécessaires pour les affaires privées ou publiques. […] Nous tirons des entrailles de la terre le fer, métal nécessaire pour cultiver les champs. — 3.
Ces soldats placés devant tous les temples, quoique destinés à prévenir la violence, ne laissent pas d’effrayer l’orateur ; et quoique leur présence soit utile, nécessaire même à la sûreté commune, elle inspire je ne sais quelle terreur, dont il est impossible de se défendre entièrement ».
Ce détail ne paraîtra pas minutieux, puisqu’il est nécessaire : d’ailleurs il ne sera pas long.
Il ne saurait cultiver ses talents, ni acquérir les connaissances nécessaires de sa profession ; ni s’assujettir de suite au travail dans les fonctions pénibles, ni se contraindre longtemps pour s’accommoder au goût et à l’humeur d’autrui, ni s’appliquer courageusement à se corriger.
Et puis, sous un autre point de vue, qu’est-ce que l’histoire des hommes, sinon l’histoire du développement continuel de l’humanité, et des mille et mille changements nécessaires qu’il amène d’âge en âge ?