Qu’on ne prétende pas de là néanmoins1 que les choses2 soient égales : car il y a cette extrême différence, que la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque ; au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis, parce qu’elle est éternelle et puissante comme Dieu3.
Celui de Catherine de Médicis, dans la Henriade, est justement cité : Son époux, expirant à la fleur de ses jours, À son ambition laissait un libre cours. […] Il apprend qu’un héros, conduit par la victoire, À de ses bords fameux flétri l’antique gloire ; Que Rheinberg et Wesel, terrassés en deux jours, D’un joug déjà prochain menacent tout son cours.
Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ; mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir : maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles, aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos ; pernicieuse pour les grands et qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de leurs esclaves ; qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages ; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser, solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre et à ne pas donner ; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue, et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner ; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie ; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même tragique, dont les sages ne seraient que les spectateurs ; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages ; qui étendrait leur liberté ; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice ; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu ; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou de grands capitaines, ou des orateurs, ou des philosophes ; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples1. […] L’homme en place Vient-on de placer quelqu’un dans un nouveau poste, c’est un débordement de louanges2 en sa faveur qui inonde les cours et la chapelle, qui gagne l’escalier, les salles, la galerie, tout l’appartement : on en a au-dessus des yeux ; on n’y tient pas.
Dubois, Nouveau Cours. […] Dubois, Nouveau Cours.
Cette pratique est si importante et si nécessaire dans tout le cours de la vie qu’il faudrait avoir un soin particulier de s’y exercer ; car souvent ce ne sont pas tant nos sentiments qui choquent les autres que la manière fière, présomptueuse, passionnée, méprisante, insultante, avec laquelle nous les proposons.
On voyait dans nos cours, et surtout chez M. de Guitaut, une clarté qui faisait horreur : c’étaient des cris, c’était une confusion, c’était un bruit épouvantable, des poutres et des solives qui tombaient.
Vous avez bien d’autres affaires : le cours de l’argent, la hausse et la baisse, les faillites, la bouillotte ; ma foi, votre Paris est un autre coupe-gorge, et vous ne valez guère mieux que nous.
ne suspendras-tu jamais ton cours !
Il n’imaginait point et n’inventait point ; il allait aux routes battues, et se laissait porter sans résistance au cours capricieux des événements ; mais il suivait avec célérité le fil des choses, et exécutait avec prudence tout ce qui ne demandait qu’un sens droit et une habitude ordinaire des affaires.
Appelé à Paris par ce succès qui fixa l’attention des compagnies savantes, le jeune lauréat fit à l’Athénée un cours sur la réforme et la révolution d’Angleterre.
Mais la gloire de ses actions efface celle de sa naissance, et la moindre louange qu’on puisse lui donner, c’est d’être sorti de l’ancienne et illustre maison de la Tour-d’Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, qui a donné des maîtres à l’Aquitaine, des princesses à toutes les cours de l’Europe, et des reines même à la France. » Quelquefois aussi, quand les idées sont fines et délicates, les pensées importantes et difficiles à saisir, l’orateur les présente à l’esprit de différentes manières et avec des expressions qui en rendent toutes les nuances. […] Mais la gloire de ses victoires efface celle de sa naissance, et la moindre louange qu’on peut lui donner, c’est d’être sorti de l’ancienne et illustre maison de la Tour-d’Auvergne, qui a mêlé son sang à celui des rois et des empereurs, qui a donné des maîtres à l’Aquitaine, des princesses à toutes les cours de l’Europe, et des reines même à la France. […] J’y cours en soupirant, et sa garde me suit, De son généreux sang la trace nous conduit ; Les rochers en sont teints ; les ronces dégouttantes. […] L’un, dès qu’il paraît dans les armées, donne une haute idée de sa valeur, et fait attendre quelque chose d’extraordinaire ; mais toutefois s’avance par ordre, et vient comme par degrés aux prodiges qui ont fini le cours de sa vie ; l’autre, comme un homme inspiré, dès la première bataille s’égale aux maîtres les plus consommés. […] avec quelle furie As-tu tranché le cours d’une si belle vie ?
» Dans le cours de la guerre que nous fîmes à Persée, roi de Macédoine, Rhodes, qui devait son éclat et sa richesse à la faveur signalée des Romains, ne rougit point de se déclarer contre nous. […] Qui croirait que l’homme capable de produire des tirades aussi fortes de choses et d’éloquence ; que l’auteur d’Électre, d’Atrée et de Rhadamiste ait été traité de barbare par Voltaire ; et que cette même tragédie de Catilina ait été présentée par M. de La Harpe, dans le Cours de Littérature, comme la conception la plus inepte qui ait jamais déshonoré la scène et les lettres françaises : Crébillon n’est pas, sans doute, un modèle de style ; mais c’était un génie d’une trempe ferme et vigoureuse, et vraiment né pour la tragédie.
Ces différences me font croire que l’abus seul de la vie nous la rend à charge ; et j’ai bien moins bonne opinion de ceux qui sont fâchés d’avoir vécu, que de celui qui peut dire avec Caton : « Je ne me repens point d’avoir vécu, car j’ai vécu de façon à pouvoir me rendre ce témoignage, que je ne suis pas né en vain. » Selon le cours ordinaire des choses, de quelques maux que soit semée la vie humaine, elle n’est pas, à tout prendre, un mauvais présent ; et si ce n’est pas toujours un mal de mourir, c’en est fort rarement un de vivre. […] S’ils repassent alors sur tout le cours de leurs années, ils ne trouvent souvent ni vertus ni actions louables qui les distinguent les unes des autres ; ils confondent leurs différents âges, ils n’y voient rien qui marque assez pour mesurer le temps qu’ils ont vécu.
Bernard Palissy (vers 1510-1587) Né dans le diocèse d’Agen, Bernard Palissy a surtout vécu à Saintes jusqu’au moment où, inquiété et arrêté comme protestant, il put, grace à de puissantes protections, partir pour La Rochelle (1563) et, un peu plus tard, pour Paris, et c’est à Paris qu’il est mort, probablement à la Bastille, au cours d’un procès criminel que le gouvernement de la Ligue lui avait intenté pour hérésie. […] La flatterie est une fausse monnaie, qui n’a de cours que par notre vanité (clviii). […] La Suède ressemblait à un fleuve dont on coupait les eaux dans sa source, pendant qu’on les détournait dans son cours.
» Ainsi, tout est vain dans l’homme, si nous regardons le cours de sa vie mortelle ; mais tout est précieux, tout est important, si nous contemplons le terme où elle aboutit, et le compte qu’il en faut rendre ».
Les philosophes d’un génie vulgaire sont toujours noyés dans les détails : incapables de remonter aux principes d’où l’on voit sortir les conséquences, comme une eau vive et pure de sa source, ils se fatiguent à suivre le cours de mille petits ruisseaux qui se troublent à tout moment, qui les égarent dans leurs détours, et les abandonnent ensuite au milieu d’un désert aride.
C’est un épilogue qui réunit tous les moyens épars et développés dans le cours du discours, pour leur donner une nouvelle force en les présentant tous à la fois.
Ce penchant infortuné, qui souille tout le cours de la vie des hommes, prend toujours sa source dans les premières mœurs : c’est le premier trait empoisonné qui blesse l’âme ; c’est lui qui efface sa première beauté, et c’est de lui que coulent ensuite tous les autres vices.
Outre le Cours de littérature de La Harpe, fort étendu au sujet de Rousseau (IIe part., liv Ier, ch. 9), il faut voir le Tableau de la littérature ou dix-septième siècle par M.
La Bruyère disait : « Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide, est égal et uniforme, où d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence ; montrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse, ils vous quittent du bon et du beau. » (Caractères, chap.
Cette éloquence de montre et de vanité a eu cours dans la servitude de la Grèce, lorsque la paix et la guerre n’étaient plus en sa disposition, et que, n’ayant plus d’affaires à s’occuper, elle cherchait de quoi divertir son oisiveté… Ces discours étaient remplis de tout ce que l’orateur possédait et de tout ce qu’il avait emprunté.
Assurément ce tableau n’est pas nouveau pour un roi, toutes les cours se ressemblent ; mais quand les hommages dus au trône sont mérités par le génie3, quand on se courbe par devoir devant celui qu’on aurait honoré par choix, les plus grandes marques du plus profond respect et du plus vif désir de plaire rappellent plutôt le mérite de celui qui les reçoit que le rang qu’il occupe.
C’est que tout fleuve détourné de son cours finit par renverser ses digues, et retrouver sa pente naturelle. […] Car la poésie fut trop souvent alors un art de caprice éphémère et variable, une distraction d’érudits, un ornement des cours, un exercice d’école ou une parade académique.
En effet, trouver une histoire qui puisse plaire à tous les lecteurs et les intéresser, qui soit amusante, importante et instructive ; faire naître du sujet des incidents qui y soient bien liés et bien assortis, l’animer par une variété de caractères et de descriptions ; soutenir pendant tout le cours d’un long ouvrage la convenance dans les sentiments, l’élévation dans le style que requiert le genre de l’épopée, c’est là incontestablement le dernier effort du génie poétique. […] A sa voix les fleuves rebroussent leur cours, le ciel se roule comme un livre, les mers s’entrouvrent, les murs des cités se renversent, les morts ressuscitent, les plaies descendent sur les nations.
S’ils repassent alors sur tout le cours de leurs années, ils ne trouvent souvent ni vertus ni actions louables qui les distinguent les unes des autres ; ils confondent leurs différents âges ; ils n’y voient rien qui marque assez pour mesurer le temps qu’ils ont vécu.
La sérénité Je serais surpris, Monsieur, si le cours des années, et les enseignements de la vie ne produisaient pas sur vous le même effet que j’en ai éprouvé.
Connaissez-vous rien de plus grand que l’antithèse de Socrate s’adressant à ses juges : « Maintenant retirons-nous, moi pour mourir, et vous pour vivre ; » rien de plus touchant que celle d’Hérodote : « Préférez toujours la paix à la guerre ; car pendant la paix, les enfants ensevelissent leurs pères, et pendant la guerre, ce sont les pères qui ensevelissent leurs enfants ; » rien de plus gracieux que celle de Quinault : Vous juriez autrefois que cette onde rebelle Se ferait vers sa source une roule nouvelle, Plus tôt qu’on ne verrait votre cœur dégagé : Voyez couler ces flots dans cette vaste plaine, C’est le même penchant qui toujours les entraîne ; Leur cours ne change point, et vous avez changé… L’antithèse est la vraie expression du sentiment, toutes les fois que l’esprit est tellement frappé d’un contraste qu’il ne peut le rendre d’une autre manière.
Enfermé dans la contemplation de la nature, Buffon lui empruntera quelque chose de sa paix, de son cours régulier et majestueux.
Vous suspendez brusquement le cours de votre phrase et vous la complétez par une autre qui n’a avec elle d’autre lien que celui de la pensée.
Il faut qu’il se forme l’idée d’une vie champêtre telle qu’elle a pu exister pendant le cours de ces temps heureux où les bergers étaient aimables et gais, sans avoir l’instruction et les manières des peuples avancés dans la civilisation ; où ils étaient simples et naïfs, sans être grossiers et sans exciter un sentiment de pitié.
j’ai cru devoir en adopter une nouvelle faite d’après les objets principaux auxquels nous appliquons l’éloquence, tels que ceux de la tribune, de la chaire, du barreau, et le panégyrique ; et dans tout le cours de l’ouvrage j’ai distingué aussi exactement que je l’ai pu les règles particulières à chacun de ces genres. […] On retrouvera à chaque page de ce cours l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu en les appelant a l’étude et à l’admiration du beau et du vrai ; de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie ni sensibilité sans vertu, comme il n’y a rien de solide ni de profitable dans le talent sans la conduite et les mœurs. […] Ceux d’entre eux qui se dévouent aux nobles exercices de l’éloquence doivent, après leur cours de rhétorique, en reprendre et en approfondir l’étude dans les écrits des grands maîtres que j’ai cités. […] Une proposition peut être formée de deux mots : je cours : cela équivaut à je suis courant. […] Qu’elle prenne donc son cours, non par des sentiers étroits, mais, pour ainsi parler, à travers les campagnes ; non point comme ces eaux souterraines que l’on renferme en des canaux, mais comme un grand fleuve dont le cours est toujours rapide (l.
« Dans la suite des leçons, le professeur de rhétorique exposera des notions élémentaires de littérature, qu’il résumera à la fin du cours par les questions suivantes : 1. […] Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours Des prodiges fameux accomplis en nos jours ? […] « Cette partie, dit-il, est d’un usage bien plus fréquent, puisqu’elle embrasse tous les emplois de la robe et qu’elle a lieu dans toutes les cours souveraines ou subalternes, dans toutes les compagnies, dans tons les bureaux et toutes les commissions. […] Un style entrecoupé de phrases et de périodes dont l’étendue et la brièveté sont adroitement ménagées, n’a pas seulement l’avantage de flatter l’oreille ; il réunit encore la vivacité à la noblesse. « Il ne faut pas, dit Cicéron, employer toujours la phrase soutenue et la forme périodique ; souvent il convient de procéder par petits membres détachés, mais qui devront eux-mêmes être assujettis à un certain rhythme8. » (Blair, Cours de Rhétorique et de Belles-Lettres, tome Ier, lecture xi.) […] Gérusez, Cours de Littérature, p. 145.
Pourquoi donc ce triomphe si constant, si universel, dans le cours de sa carrière oratoire ?
Mais celui qui a été soixante ans vertueux, et qui, vingt ans de suite, a été utile aux hommes ; celui qui, dans tout le cours de sa vie n’a point eu d’erreur, et qui, sur le trône, n’a point eu de faiblesse ; celui qui a toujours été bon, juste, bienfaisant, généreux, pourquoi le plaindre ?
« Nous sommes naturellement portés, dit Quintilien, à exagérer les choses ou à les atténuer ; personne ne se contente de la réalité ; aussi l’hyperbole est-elle un mensonge que l’on pardonne aisément. » On le pardonne, dès qu’on suppose que l’écrivain lui-même est de bonne foi, et parle comme il sent ; ou encore quand tout le monde sait à quoi s’en tenir sur la portée de son expression, ainsi qu’il arrive pour certaines monnaies dont la valeur nominale ne trompe personne sur leur cours réel.
Quintilien compare ce genre d’éloquence à un fleuve impétueux, qui entraîne tout, jusqu’aux pierres et aux rochers, rompt ses ponts et ses digues, ne connaît d’autres rives que celles qu’il se fait lui-même, s’enfle et s’irrite de plus en plus dans son cours.
Ce Cours gradué de Versions latines n’est, comme le Cours de Thèmes latins qui l’a précédé, que la syntaxe appliquée et pour ainsi dire en action. […] Cours de versions latines. […] Le cours du Tanaïs sépare l’Asie et l’Europe. — 8. […] Hipparque a calculé d’avance le cours du soleil et de la lune pour six cents ans ; les éclipses de ces deux astres ont été prédites pour toute la suite des temps. — 11.
Les extrinsèques sont : les divers témoignages, divins ou humains, qu’on allègue ; les oracles, les augures, la renommée, les aveux, les serments ; pour le barreau : les lois, les coutumes, les titres, les arrêts des cours de justice, les écrits des savants jurisconsultes, etc. ; pour la chaire : l’Écriture sainte, la tradition de l’Église, les Pères, les canons, etc. […] La clarté répudie pareillement les mots surannés : ils ne s’entendent pas toujours, et c’est une monnaie qui n’a plus cours entre gens de bon ton. […] Boileau, le poète du goût, du sens exquis, avait dit en vers non moins imitatifs, parlant d’un ruisseau et d’un torrent : J’aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs, lentement se promène Qu’un torrent débordé qui, d’un cours orageux, Roule, plein de graviers, sur un terrain fangeux. […] du passage suivant de la tragédie d’Athalie de notre Racine : Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours Des prodiges fameux accomplis de nos jours ? […] Dans le cours du discours, il saura suspendre sa respiration et marquer ses repos divers suivant les développements de la pensée, se conformant en cela aux préceptes de Boileau : Des passages divers décidez les nuances, Ponctuez les repos, observez les silences.
Indépendamment de ces idées singulières, les écrivains romantiques ne voulurent plus être arrêtés dans leur vol vagabond par aucune des règles auxquelles s’étaient astreints les classiques, et dédaignant de ressembler au fleuve majestueux qui, sagement contenu dans son lit roule ses ondes généreuses et répand la fraîcheur, la vie et l’abondance partout où il passe, ils préférèrent s’assimiler au torrent impétueux, qui, libre dans son cours franchit toute barrière, s’élance de tous côtés, et porte le ravage et la dévastation dans les campagnes qu’il inonde. […] Mais ce qui rendra ce spectacle plus utile et plus agréable, ce sera la réflexion que vous ferez non seulement sur l’élévation et sur la chute des empires, mais encore sur les causes de leurs progrès et sur celles de leur décadence ; car le même Dieu qui a fait l’enchaînement de l’univers, et qui, tout puissant par lui-même, a voulu, pour établir l’ordre, que les parties d’un si grand tout dépendissent les unes des autres ; ce même Dieu a voulu aussi que le cours des choses humaines eût sa suite et ses proportions : je veux dire que les hommes et les nations ont eu des qualités proportionnées à l’élévation à laquelle ils étaient destinés ; et qu’à la réserve de certains coups extraordinaires où Dieu voulait que sa main parût toute seule, il n’est point arrivé de grand changement qui n’ait eu ses causes dans les siècles précédents.
Dieu seul est toujours le même, et ses années ne finissent point ; le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit avec un air de vengeance et de fureur de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. » Massillon a présenté deux fois la même idée à peu près dans les mêmes termes, dans un des sermons du Grand Carême, et dans le Discours prononcé une bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat.
… Va, cours, vole et nous venge, dit le vieux don Diègue.
Quel sujet peut inspirer des sentiments plus justes et plus touchants, qu’une mort soudaine et surprenante, qui a suspendu le cours de nos victoires, et rompu les plus douces espérances de la paix ?
Outre cet auteur et quelques autres que nous avons indiqués dans nos extraits de prose comme devant être consultés sur lui, nous signalerons La Harpe dans différentes parties de son Cours de littérature ; Ducis, discours de réception à l’Académie française (il y fut le successeur de Voltaire) ; Fontanes, discours préliminaire, celui qui précède sa traduction de l’Essai sur l’homme de Pope, etc.
Pour ne citer ici que les auteurs ou les ouvrages les plus connus, et qui roulent sur les matières purement littéraires, nous avons à compter l’Académie française, dans les Sentiments sur le Cid ; Corneille lui-même, dans ses examens de ses pièces ; Boileau, dans ses Réflexions critiques ; Voltaire, dans une multitude de passages et d’articles ; La Harpe, dans son Lycée ou Cours de littérature ; Clément (de Dijon), dans ses Essais de critique ; Chénier, dans son Tableau de la littérature ; enfin, les rédacteurs des journaux de critique et de littérature qu’on avait autrefois, et qui ont gardé jusqu’ici leur ancienne réputation.
Gargantua, Badebec et Pantagruel sont des personnages empruntés à de vieilles légendes d’origine celtique et bretonne, qui avaient cours en Touraine et sur les bords de la Loire.
J’aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène, Dans un pré plein de fleurs lentement se promène, Qu’un torrent débordé, qui d’un cours orageux Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Saint-Marc Girardin, intitulées Cours de littérature dramatique.
La politesse exige que dans le cours d’une lettre, quelque peu étendue qu’elle soit, on rappelle le titre de Monseigneur ou le mot de Monsieur avec le titre dont il est accompagné, selon qu’on a commencé.
Massillon y peint avec énergie la folie des hommes qui emploient à offenser Dieu les courts instants qui leur sont accordés sur cette terre : Tout change tout s’use, tout s’éteint : Dieu seul demeure toujours le même ; le torrent des siècles qui entraîne tous les hommes coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels emportés par ce cours rapide l’insulter en passant, vouloir faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber en sortant de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice.
A vous, jardins, cours, escaliers !
Joad cherche à Convaincre Abner par une magnifique énumeration des miracles et des justices de Dieu : Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours Des prodiges fameux accomplis en nos jours, Des tyrans d’Israël les célèbres disgrâces, Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ; L’impie Achab détruit, et de son sang trempé, Le champ que par le meurtre il avait usurpé ; Près de ce champ fatal Jézabel immolée, Sous les pieds des chevaux cette reine foulée, Dans son sang inhumain les chiens désaltérés, Et.de son corps hideux les membres déchirés ; Des prophètes menteurs la troupe confondue, Et la flamme du ciel sur l’autel descendue ; Elie aux éléments parlant en souverain, Les cieux par lui fermés et devenus d’airain, Et la terre trois ans sans pluie et sans rosée ; Les morts se ranimant à là voix d’Élisée ? […] — La probité et la bonne foi sont sans doute des qualités morales qui doivent dominer toutes les autres et qui trouvent leur emploi dans tout le cours de la composition ; mais il n’est aucune partie du discours ni de l’ouvrage à propos de laquelle il ne convienne mieux de rappeler cette impérieuse obligation. […] Lorsque, par exemple, Bossuet veut écraser la vanité humaine sous les coups de la puissance de Dieu, il est inévitable que ces expressions elles-mêmes reviennent souvent dans le cours de son éloquente leçon. — De même lès mois honneur, devoir sont à chaque vers dans la bouche de Rodrigue ; les mots esprit, finesse, sur les lèvres de Philaminte ou de Bélise. L’écrivain qui aura le sentiment de ce fait, et qui s’en sera bien rendu compte, cherchera donc dans tout le cours de son travail à fuir la monotonie et à donner à son style une variété sans laquelle il perdrait tout charme et tout intérêt ; il s’ingéniera pour découvrir le moyen de remplacer ce mot propre dont le retour semblerait fatigant.
Mais, dans le cours ordinaire des choses, c’est l’exercice qui l’emporte sur la fougue, et la méthode oratoire sur l’improvisation. […] Je ne reviendrai pas sur ce que j’ai dit tant de fois dans le cours de ce travail, que pour persuader il faut peindre, c’est-à-dire représenter ses idées par des images sensibles.
La raison te conduit : avance à sa lumière ; Marche encor quelques pas, mais borne ta carrière : Au bord de l’infini ton cours doit s’arrêter ; Là commence un abîme, il le faut respecter.
De ces études on verra se former, non pas un système de philosophie subtile et transcendante, mais un cours de philosophie naturelle et sensible, accommodée à la vie et aux mœurs ; ce qui fut toujours, dit Cicéron, le partage de l’éloquence : Quod semper oratoris fuit. […] Bien des gens vont jusqu’à sentir le mérite d’un manuscrit qu’on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur jusqu’à ce qu’ils aient vu le cours qu’il aura dans le monde par l’impression, ou quel sera son sort parmi les habiles : ils ne hasardent point leurs suffrages, et ils ne veulent être portés par la foule et entraînés par la multitude. […] Les comparaisons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapides est égal et uniforme, ou d’un embrasement qui, poussé par les vents, s’épand au loin dans une forêt où il consume les chênes et les pins, ne leur fournissent aucune idée de l’éloquence. […] Ces ouvrages ont cela de particulier qu’ils ne méritent ni le cours prodigieux qu’ils ont pendant un certain temps, ni le profond oubli où ils tombent lorsque, le feu et la division venant à s’éteindre, ils deviennent des almanachs de l’autre année. […] Son style est tout uni ; il n’a aucune variété : d’un côté, rien de familier, d’insinuant et de populaire : de l’autre, rien de vif, de figure et de sublime ; c’est un cours réglé de paroles qui se pressent les unes les autres ; ce sont des déductions exactes, des raisonnements bien suivis et concluants, des portraits fidèles ; en un mot, c’est un homme qui parle en termes propres, et qui dit des choses très-sensées.
Il en sera de même des phrases qui, dans le cours du canevas, ne seraient point accompagnées de signes. […] L’un, dès qu’il parait dans les armées, donne une haute idée de sa valeur, et fait attendre quelque chose d’extraordinaire, mais toutefois s’avance par ordre, et vient, comme par degrés, aux prodiges qui ont fini le cours de sa vie ; l’autre, comme un homme inspiré, dès sa première bataille, s’égale aux maîtres les plus consommés. […] Le chasseur c’est le pécheur, qui ne cherche que ses plaisirs, qui voit ses jours menacés par une mort violente, et son existence minée par le cours des jours, des nuits et des saisons. […] N°138 - Le Meschacébé Ce fleuve, dans un cours de plus de mille lieues, arrose une délicieuse contrée que les habitants des Etats-Unis appellent le nouvel Eden, et à qui mes Français ont laissé le doux nom de Louisiane. […] Que de fois, m’asseyant silencieux à votre base, j’évoque — tout cet amas — de héros, de peuples et de générations, que le torrent des siècles emporta dans son cours ; royaumes, villes, tribus, sultans, rois, califes, noms célèbres autrefois, et maintenant ombres vaines, vous leur survivez, — vous êtes en même temps Les archives des âges et le tombeau des rois, le dépôt de la science, de la religion, des langues, la merveille, le logogriphe et la leçon du sage.
Mais au sort des humains la nature insensible Sur leurs débris épars suivra son cours paisible : Demain, la douce aurore, en se levant sur eux, Dans leur acier sanglant réfléchira ses feux ; Le fleuve lavera sa rive ensanglantée ; Les vents balayeront leur poussière infectée, Et le sol, engraissé de leurs restes fumants, Cachera sous des fleurs leurs pâles ossements1.
C’est sans doute une grande et belle institution que d’avoir réuni les hommes dans un temple pour les instruire de leurs devoirs ; d’avoir établi des cours publics d’entretiens approfondis entre la religion et la conscience, d’avoir contrebalancé l’impunité du présent par la justice de l’avenir, d’avoir armé les orateurs sacrés de toute la puissance de la parole pour combattre les vices, éveiller la loi, remuer le cœur, ébranler l’imagination, subjuguer la volonté et enchaîner toutes les passions sous le joug de la loi par les liens les plus intimes des intérêts éternels ; d’avoir appelé chaque héros de l’Evangile à une si haute mission, en lui disant : viens occuper dans le sanctuaire la place de Dieu lui-même : toutes les vérités morales t’appartiennent ; tous les hommes ne sont plus devant toi que des pécheurs et des mortels ; et les dépositaires du pouvoir ne se distinguent à ta vue que par de plus grandes obligations, de plus redoutables dangers et la perspective d’un plus sévère jugement. […] On peut dire en général qu’il convient dans le cours d’une phrase d’en charger les expressions les plus remarquables, et à la fin de le placer assez avant pour laisser à la voix le temps d’aller en diminuant et de préparer le repos.