Brouard), nepveu de Vatable2, très grand personnage.
Équipage veut dire train et suite d’un personnage.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Dans la poésie, il ne s’agit pas du poète, mais de ses personnages. […] L’amour-propre de l’auditeur est si délicat, si aisé à blesser ; le personnage de quiconque s’élève pour faire la leçon aux autres est si voisin de l’orgueil, qu’il faut beaucoup d’art pour faire les premiers pas sans déplaire. […] Regardez le monde tel que vous l’avez vu dans vos premières années, et tel que vous le voyez aujourd’hui : une nouvelle cour a succédé à celle que nos premiers ans ont vue ; de nouveaux personnages sont montés sur la scène ; les grands rôles sont remplis par de nouveaux acteurs ; ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros dans la vertu comme dans le vice, qui font le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques.
« Je ne parle pas, dit-il, de cette allusion générale des animaux à nous, qui est de l’essence de l’apologue ; je parle de mille traits répandus dans ses fables, qui touchent plus expressément à quelque particularité de langage, de caractère, d’usage, de condition, de mœurs locales, d’opinion, d’érudition, etc. » Ratopolis était bloquée… Thémis n’avait point travaillé De mémoire de singe a fait plus embrouillé… Don Pourceau raisonnait en subtil personnage… Certain Renard gascon, d’autres disent normand… Quand il eut ruminé tout le cas dans sa tête… Le Loup en fait sa cour, daube au courtier du roi Son camarade absent… Le Renard dit branlant la tête, Tels orphelins, seigneur, ne nie font point pitié… Faites-en les feux dès ce soir ; Et cependant viens recevoir Le baiser de paix fraternelle… Chacun fut de l’avis de monsieur le doyen,… Miraut sur leur odeur ayant philosophé, Etc., etc. […] La Prosopographie et l’Éthopée réunies forment le caractère ou portrait complet qui nous montre en action le personnage tout entier. […] Parallèle Le Parallèle est une comparaison entre deux personnages dont on fait ressortir les qualités semblables ou opposées, et dont on établit la supériorité ou l’infériorité de l’un envers de l’autre.
Regardez le monde tel que vous l’avez vu dans vos premières années, et tel que vous le voyez aujourd’hui : une nouvelle cour a succédé à celle que vos premiers ans ont vue ; de nouveaux personnages sont montés sur la scène, les grands rôles sont remplis par de nouveaux acteurs : ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros, dans la vertu comme dans le vice, qui font le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques ; un nouveau monde s’est élevé insensiblement, et sans que vous vous en soyez aperçus, sur les débris du premier. […] Socrate, mourant sans douleur, sans ignominie, soutint aisément jusqu’au bout son personnage ; et si cette facile mort n’eût honoré sa vie, on douterait si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose qu’un sophiste. […] « Vous dirai-je les noms de ces grands personnages « Dont j’ai dépeint les morts pour aigrir les courages, « De ces fameux proscrits, ces demi-dieux mortels, « Qu’on a sacrifiés jusque sur les autels ?
Personnage véritablement né pour la gloire de son pays !
Dans ses aventures, qui nous intéressent comme la biographie d’un personnage historique, nous retrouvons nos bons et mauvais instincts ; mais on lui souhaiterait plus de délicatesse morale.
Car, à la verité, si ie compare tout le reste de ma vie, quoyqu’avecque la grace de Dieu je l’aye passee doulce, aysee,et, sauf la perte d’un tel amy, exempte d’affliction poisante, pleine de tranquillité d’esprit ; si ie la compare, dis-ie, toute, aux quatre années qu’il m’a esté donné de jouyr de la doulce compaignie et societé de ce personnage, ce n’est que fumee, ce n’est qu’une nuit obscure et ennuyeuse. […] Il vit et connut nombre de personnages dans les camps et à la cour. […] Je n’ai jamais pu me résoudre à celui de tragédie, n’y voyant que les personnages qui en fussent dignes. […] Mais c’est trop déférer aux personnages, et considérer trop peu l’action. […] Et certes, après avoir lu dans Aristote que la tragédie est une imitation des actions, et non pas des hommes, je pense avoir quelque droit de dire la même chose de la comédie, et de prendre pour maxime que c’est par la seule considération des actions, sans aucun égard aux personnages, qu’on doit déterminer de quelle espèce est un poème dramatique.
Non moins que l’orateur, le poëte, le peintre et le musicien cherchent un sujet et fixent leur objet, leurs moyens, leurs effets ; ils disposent dans un ordre général les conceptions, les personnages ou les motifs une fois trouvés ; c’est alors que le poëte compose ses vers, que le peintre place ses couleurs, que le musicien écrit ses mélodies : ce dernier travail est pour eux ce que le style est pour l’écrivain. […] Si par hasard le temps, le lieu, l’arrivée d’un personnage, un mot, une interpellation donne occasion de commencer par un trait propre à la circonstance, il faut savoir en profiter. […] Rien n’est plus propre à intéresser l’imagination et la sensibilité que la représentation d’un personnage dont le lecteur croit voir le visage et entendre les paroles. […] Le lieu de la scène présenté avec les couleurs et les détails qui le mettent sous nos yeux est un cadre naturel où viennent se placer et se grouper les personnages du drame ; c’est un fond sur lequel ils se détachent avec agrément et harmonie, au lieu de se dessiner sur une teinte neutre et banale. […] Au lieu de faire vous-même l’énumération, de rappeler ce que vous avez dit, et eu quel lieu vous l’avez dit, vous pouvez en charger quelque autre personnage, ou quelque objet inanimé que vous mettez en scène.
Enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation qui surprend, qui enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut reprocher quelques-uns, plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents poëtes tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre1 elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux2.
D’autres personnages de ce nom se sont acquis de la célébrité.
Dans le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, il fait parler son héros comme un personnage de tragédie.
En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.
quand ce personnage de Térence dit, au sujet d’un jeune homme dont on vient de lui peindre les égarements : Il rougit ; tout est gagné !
Autant vaudrait, quand la scène est en Angleterre ou en Allemagne, faire parler les personnages en anglais ou en allemand.
Socrate mourant sans douleur4, sans ignominie, soutint aisément jusqu’au bout son personnage ; et si cette facile mort n’eût honoré sa vie, on douterait si Socrate, avec tout son esprit, fut autre chose5qu’un sophiste.
— Voilà un propos qui a été tenu chez les plus grands personnages de Versailles. » 1.
Il sera ému à la première représentation qu’il verra d’une belle tragédie ; mais il n’y démêlera ni le mérite des unités, ni cet art délicat par lequel aucun personnage n’entre ni ne sort sans raison ; ni cet art, encore plus grand, qui concentre des intérêts divers dans un seul, ni enfin les autres difficultés surmontées. […] il faut que cela devienne l’usage : vous devez compte aux hommes du sang des hommes. » Citons encore ce passage : « Il est fâcheux pour la nature humaine, j’en conviens avec vous, que l’or fasse tout, et le mérite presque rien ; que les vrais travailleurs, derrière la scène, aient à peine une subsistance honnête, tandis que des personnages en titre fleurissent sur le théâtre ; que les sots soient aux nues, et les génies dans la fange ; qu’un père déshérite six enfants vertueux, pour combler de biens un premier-né qui souvent le déshonore.
Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler.
La forme naturelle est la narration ; mais pour donner plus d’animation à votre style, pour y jeter de la variété, pour mieux faire saisir les intentions et le caractère de vos héros, vous avez recours au dialogue, vous cédez la parole à vos personnages.
Mais dans le drame, par exemple, il faut beaucoup plus d’art ; car ici l’auteur ne communique avec le public que par l’intermédiaire de deux personnages dont l’un doit avoir intérêt à instruire, l’autre à apprendre.
Mais tous les rôles étant distribués, on lui donna pour personnage le Sang d’Abel.
Si l’on prend pour point de départ un ou plusieurs faits particuliers, attribués à un peuple ou à un personnage dont le nom fait autorité, l’argument prend le nom d’‘exemple. […] L’élève doit chercher, dans tous les livres qu’il a sous la main, soit la description du lieu où se passe la scène, soit le caractère du personnage principal et des personnages secondaires, soit enfin les circonstances qui ont précédé, accompagné ou suivi le fait à raconter. […] Ainsi, dans un sujet tiré de la fable ou de toute autre histoire merveilleuse, le merveilleux une fois admis, il faut conserver jusqu’à la fin aux personnages et aux faits la couleur qu’on leur a donnée d’abord. […] Quand on nous raconte quelque chose, nous voulons savoir non seulement le fait principal, mais tous les incidents qui s’y rattachent ; nous voulons connaître le temps et le lieu où l’action s’est, passée, le caractère, le langage, et quelquefois même la physionomie des personnages dont il est question ; nous voulons encore pénétrer dans leur âme, et y démêler les motifs qui les ont fait agir. […] La différence des genres dépend de l’importance des laits, et de la nature des personnages que l’on met en scène.
Allusion frappante au crédit actuel de ces deux personnages. […] L’imprécation est une figure par laquelle l’orateur ou le personnage que fait parler le poète, s’adressant au ciel, aux enfers ou à quelque puissance supérieure, appelle les plus grands malheurs sur un objet odieux. […] Lorsque la prosopopée met en scène les personnages et établit un dialogue entre eux, elle prend le nom de dialogisme.
Si c’est un discours, il faut se mettre en esprit dans la situation même du personnage qu’on fait parler.
Si l’on se sent un talent décidé pour ce genre de poésie, il faut, ou attaquer des personnages imaginaires, ou s’armer contre les vices généraux de la société, et faire des épigrammes morales, telles que celle-ci de J.
On dirait qu’il a été le contemporain, l’ami de tous les personnages dont il analyse les sentiments.
On comprend dès lors pourquoi l’historien donne une place secondaire et quelquefois effacée aux personnages qu’il met en scène, et dont les actions ne l’intéressent que dans la mesure où elles lui semblent l’expression d’une idée générale ou d’une loi historique, M.
C’est que, dans le drame, le poëte ne parlant pas en son nom, mais faisant parler des personnages liés à une action, ne peut songer au spectateur, sans blesser toute vraisemblance.
Il n’en est pas moins vrai pourtant que si le maître de philosophie est un personnage burlesque, ce qu’il dit n’a rien de ridicule73.
Le premier point à remarquer dans tous ces morceaux, c’est que la véhémence était dans le fond avant d’être dans la forme : rien de plus ridicule que de s’échauffer à froid ; le second, c’est la forme elle-même, les brusques mouvements de phrase, les constructions brisées, les accumulations, les suspensions, les interruptions fréquentes, fidèle image du désordre de l’orateur ou du personnage mis en scène.
Quand la périphrase ne caractérise pas l’idée, elle doit caractériser le sentiment de l’écrivain ou du personnage en scène.
Mais il n’en est pas ainsi du sixième, assez étroit et assez brusquement terminé, où le poëte fait intervenir de nouveaux personnages allégoriques qu’on n’attendait pas, et succéder, avec moins d’inspiration et de bonheur, l’accent de la gravité au ton de la plaisanterie.
A ces parodies qui dégradaient les grands sujets, il oppose une ingénieuse plaisanterie qui transforme en héros équipes de minces personnages. — L’Ode à Namur, et Trois ingrates satires furent les derniers soupirs de sa muse, qui, dans sa vieillesse chagrine, commençait à perdre haleine.
Souvent on peint mieux les personnages en les faisant parler que par des portraits proprement dits.
Quel personnage y faisait Jésus ?
Ses personnages ont une physionomie si distincte qu’ils s’imposent invinciblement à la mémoire ; et bien qu’ils soient contemporains du poëte, tous les âges se reconnaissent en eux : ce sont des types qui demeureront à jamais.
La vraisemblance, dit Cicéron, exige que la narration s’accorde avec le caractère et les intérêts des personnages, avec les circonstances de temps et de lieu, et elle veut aussi que les faits soient appuyés sur de bons témoignages. […] Variez beaucoup les formes et les tournures, et, si vous le pouvez, mettez ce résumé dans la bouche d’un personnage que vous évoquez, au lieu de le faire vous-même. […] Les deux principaux écueils du panégyriste sont de tomber dans l’exagération et de ne pas dessiner assez nettement le caractère du personnage. […] L’auditeur est prévenu en faveur du personnage, et l’orateur a plutôt à craindre de rester au-dessous que d’être trop riche et trop brillant. […] Elles doivent contenir l’éloge des personnages qui ont été l’occasion de ces démonstrations publiques, mais ne jamais descendre jusqu’à la flatterie.
Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur.
» Souvent, par l’allusion, le personnage mis en scène rappelle à son insu aux lecteurs un fait qu’ils connaissent, mais auquel ils ne songeaient pas, parce que, au moment où se passe l’action, ce fait est encore dans l’avenir.
Lamartine 1790-1869 [Notice] Tour à tour historien, publiciste, diplomate, orateur et personnage politique mêlé à des crises orageuses, où il joua un rôle pacificateur, M. de Lamartine n’a jamais cessé d’être un poëte.
Ou enfin, un seul de ces personnages peut décrire dans un monologue l’emploi de sa journée champêtre. […] Abdallah a entendu dire par un courtisan à qui le calife a appris son rôle, que ce personnage, naguère si pauvre, est un homme infâme devenu tout à coup immensément riche par de mauvais moyens, Abdallah lui fait l’accueil le plus empressé. […] Elle apprend que la femme d’un des plus grands personnages de l’époque désire une dame de compagnie. […] On peut aussi ne développer que la seconde partie, commencer le récit à l’instant fatal indiqué par les menaces du brigand, et faire comprendre par les paroles des divers personnages les événements qui ont précédé. […] C’était un des plus puissants personnages de l’empire, nommé Santabarène, intrigant et fourbe.
D’où vient cet intérêt si vif accordé à des calamités qui nous sont étrangères, à des personnages qui nous sont inconnus ?
Aussi est-ce le moment où paraissent les personnages féminins ; leur voix domine le bruit des armes ; des héroïnes interviennent parmi les preux avec leurs vertus, leurs séductions et parfois aussi leurs faiblesses.
Que faites-vous cependant, grand homme d’affaires, homme qui êtes de tous les secrets, et sans lequel cette grande comédie du monde manquerait d’un personnage nécessaire ; que faites-vous pour la grande affaire, pour l’affaire de l’éternité ?
Dans le Dialogue de Sylla et d’Eucrate, il fait parler son héros comme un personnage de tragédie.
Le propre du militaire est de tout vouloir despotiquement : celui de l’homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison. » Citons en terminant cette page de M. de Salvandy : « Napoléon Bonaparte, le héros des temps modernes, héros dans le sens antique du mot, héros à la façon de ces personnages épiques, demi-dieux de la terre, qui la remplissent de leurs exploits, laissent un souvenir ineffaçable dans la mémoire des hommes, prennent place dans toutes les traditions des peuples, grandissent de siècle en siècle, grâce aux actions surhumaines dont la fable grossit leur histoire, et finissent par laisser l’érudit incertain si ces Hercule, ces Sésostris, ces Romulus, dont le nom et les monuments sont partout, ont jamais vécu.
Ce Mucius Scævola, la main sur le brasier ; cette Lucrèce qui se poignarde devant sa famille en demandant vengeance ; ce Virginius qui brandit dans la foule le couteau teint du sang de sa fille ; ce Camille qui renverse la balance où Brennus a jeté son épée, tous ces personnages sont des héros sans doute, mais les héros d’un peuple qui ne conçoit guère la grandeur dépouillée de la pompe du décor et du prestige de la scène.
Mais veut-il animer ses personnages et leur donner le caractère des passions, alors l’imagination s’échauffe, l’enthousiasme agit : c’est un coursier qui s’emporte dans sa carrière ; mais la carrière est régulièrement tracée11. […] Ce vice va jusqu’au ridicule, et un avocat qui y tomberait serait un vrai personnage de comédie. […] Au lieu de faire vous-même l’énumération, de rappeler ce que vous avez dit, et en quel lieu vous l’avez dit, vous pouvez en charger quelque autre personnage, ou quelque objet inanimé que vous mettez en scène. […] Il prend sur lui le personnage de suppliant que l’accusé dédaignait ; et, en conservant à Milon toute la fierté de son caractère, il lui met dans la bouche les discours les plus tendres et les plus touchants : c’est ce qui fait de cette péroraison un chef-d’œuvre d’habileté et d’adresse, autant que d’éloquence et de pathétique. […] Ainsi un personnage de comédie n’aura ni idées sublimes ni idées philosophiques ; un berger n’aura point les idées d’un conquérant ; une épître didactique ne respirera point la passion, et dans aucun de ces écrits on n’emploiera ni métaphores hardies, ni exclamations pathétiques, ni expressions véhémentes.
Le conseil du roi regarda ce grand succès comme un coup du ciel, dont il se fallait prévaloir pour arrêter le cours des désordres que le temps et la patience augmentaient, et résolut de s’assurer de ceux du parlement qui étaient les plus animés, principalement de Broussel, conseiller en la grand’chambre, personnage d’une ancienne probité, de médiocre suffisance, et qui avait vieilli dans la haine des favoris.
Ainsi Coriolan, Philoctète, Icilius (dans Virginie) ont tous avec Warvick, ce trait premier de ressemblance qui tient à l’idée générale du rôle ; et malgré les efforts de l’auteur pour graduer les nuances qui devaient les différencier, tous ces personnages ont un défaut commun, l’exagération du sentiment de l’injure, plus de roideur que de véritable force, et d’âpreté que d’énergie.
L’orateur est occupé de son sujet, et le déclamateur de son rôle : le premier est une personne exprimant de grandes idées, et le second un personnage débitant de grands mots.
C’est une peinture de mœurs que les dramaturges lient incidemment à leur action principale sous la forme de dialogue, pour mettre plus au jour le personnage principal.