« Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » !
Je vous avoue que le reste de ma vie est couvert d’ombre et de tristesse, quand je songe que je la passerai si souvent éloignée de vous.
L’homme n’est rien qu’un fantôme, une ombre, une vapeur qui se dissipe dans les airs. » 2.
) Les ombres légères accouraient aussi nombreuses que cette foule d’oiseaux qui se réfugient dans les forêts. […] 2° L'effet pour la cause, comme l’ombre pour les arbres qui procurent de l’ombrage, le froid pour l’hiver, la moisson pour l’automne, etc. […] Le mont Pélion n’a plus d’ombre, c’est-à-dire n’a plus d’arbres qui produisent de l’ombrage. […] Les antithèses employées avec goût plaisent infiniment dans les ouvrages d’esprit ; elles y font à peu près le même effet que dans la peinture les ombres et les couleurs qu’un peintre habile sait disposer convenablement, ou dans la musique les voix hautes et basses qui, en se combinant avec art, forment une délicieuse harmonie. […] Anciennement on représentait les pièces de théâtre à l’ombre des arbres ; et c’est de là que ce mot désigne la scène d’un théâtre. — Theatrum (de θεασθαι, voir), théâtre, lieu où l’on donne des spectacles.
« Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m’enferment comme un atome, et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour85. […] L’homme, que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’une ombre ? […] la voilà telle que la mort nous l’a faite ; encore ce reste tel quel va-t-il disparaître : cette ombre de gloire va s’évanouir ; et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration. […] Quiconque ne sent pas la beauté et la force de cette unité et de cet ordre n’a encore rien vu au grand jour ; il n’a vu que des ombres dans la caverne de Platon. […] Ces écrivains n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre.
Dans le voyage de Télémaque aux champs Elysées, l’ombre d’Arcésius, après avoir rappelé au jeune prince les devoirs de la royauté et le châtiment des mauvais rois, termine son discours par ces simples paroles : « Crains donc, mon fils, crains une condition si périlleuse ; arme-toi de courage contre toi-même, contre les passions, et contre les flatteurs. » Lorsque l’orateur a fait valoir plusieurs motifs, il les résume ordinairement on finissant : c’est ce qu’on appelle la récapitulation. […] Tout respire en Esther l’innocence et la paix ; Du chagrin le plus noir elle écarte les ombres, Et fait des jours sereins de mes jours les plus sombres. […] La peinture consiste en partie dans l’art de disposer les jours et les ombres, et l’harmonie musicale se compose de contrastes. […] » Il aurait pu tout aussi bien les appeler filles des ânes ; mais le poëte faisait ce que font ordinairement les panégyristes : il montrait le côté brillant de son sujet, et laissait le reste dans l’ombre. […] 2° On prend l’effet pour la cause, comme lorsqu’on dit, en parlant d’une montagne : cette montagne n’a point d’ombre, pour dire qu’elle n’a point d’arbres.
ô belle contrée, ô terre généreuse, Que les dieux complaisants formaient pour être heureuse, Tu ne sens point du nord les glaçantes horreurs ; Le midi de ses feux t’épargne les fureurs ; Tes arbres innocents n’ont point d’ombres mortelles ; Ni des poisons épars dans tes herbes nouvelles Ne trompent une main crédule2 ; ni tes bois Des tigres frémissants ne redoutent la voix ; Ni les vastes serpents ne traînent sur tes plantes.
Michelet : « Oiseaux-mouches et colibris vivent impunément dans ces brillantes solitudes où tout est danger, parmi les plus venimeux insectes, et sur les plantes lugubres dont l’ombre seule fait mourir.
L’or des genêts et la pourpre des bruyères4 frappaient mes yeux d’un luxe qui touchait mon cœur ; la majesté des arbres qui me couvraient de leur ombre, la délicatesse des arbustes qui m’environnaient, l’étonnante variété des herbes et des fleurs que je foulais sous mes pieds, tenaient mon esprit dans une alternative continuelle d’observation et d’admiration : le concours de tant d’objets intéressants qui se disputaient mon attention, m’attirant sans cesse de l’un à l’autre, favorisait mon humeur rêveuse et paresseuse, et me faisait souvent redire en moi-même : « Non, Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l’un d’eux5. » Mon imagination ne laissait pas longtemps déserte la terre ainsi parée. […] Une part de nous reste toujours dans l’ombre ou dans l’inquiétude, et ce qui leur échappe ne leur échappe qu’à peine.
… Fléchier veut exprimer l’active capacité de M. le Tellier ; il dira ce qu’il n’était pas, pour mieux expliquer ce qu’il était, et cette ombre fera en même temps ressortir les jours de son tableau.
Sa voix redoutable Trouble les enfers ; Un bruit formidable Gronde dans les airs ; Un voile effroyable Couvre l’univers ; La terre tremblante Frémit de terreur ; L’onde turbulente Mugit de fureur ; La lune sanglante Recule d’horreur2 Dans le sein de la mort ses noirs enchantements Vont troubler le repos des ombres : Les mânes effrayés quittent leurs monuments ; L’air retentit au loin de leurs longs hurlements ; Et les vents, échappés de leurs cavernes sombres, Mêlent à leurs clameurs d’horribles sifflements3.
À gauche, bien loin, la tour des Ébihens tantôt disparaissait à moitié comme noyée dans les ombres, tantôt reparaissait avec une faible lueur au front, quand un ravon furtif du crépuscule parvenait à tromper les nuages.
Rousseau : Je disais à la nuit sombre : O nuit, tu vas dans ton ombre M’ensevelir pour toujours.
C’est une sorte d’antithèse où l’on force l’esprit de l’auditeur à trouver lui-même une vérité, en lui présentant d’abord l’ombre du tableau qu’on prépare. […] En accusant Démosthènes, Eschine évoque l’ombre de Solon et d’Aristide pour accabler son adversaire. […] Il faut des ombres à un tableau ; c’est la loi de tous les arts, c’est la loi de la nature. […] Il n’y a plus d’ombre pour faire briller les couleurs, et on a si bien tout relevé qu’il n’y a rien de saillant. […] Il y en a qui, ne se connaissant pas tels qu’ils sont, veulent absolument passer pour onctueux, quoiqu’il n’y ait ombre d’onction dans leur manière de dire.
Son front où s’entrevoit son antique splendeur, D’ombres et de lumière offre un confus mélange ; Et si c’est un débris, c’est celui d’un archange, Qui, lumineux encore, n’est plus éblouissant.
Le hasard nous forma, le hasard nous détruit ; Et nous disparaissons comme l’ombre qui fuit… Plongeons-nous sans effroi dans ce muet abîme Où la vertu périt aussi bien que le crime ; Et, suivant du plaisir l’aimable mouvement, Laissons-nous au tombeau conduire mollement. » A ces mots insensés, le maître de Lucrèce, Usurpant le grand nom d’ami de la sagesse, Joint la subtilité de ses faux arguments.
Aperçois-je une rivière, je la côtoie ; un bois touffu, je vais sous son ombre ; une grotte, je la visite ; une carrière, j’examine les minéraux.
Les Contraires sont d’un grand usage dans le discours oratoire, et y font un très bel effet : ils sont comme les ombres dans un tableau. […] Voltaire, imitant cette pensée dans l’invocation de sa Henriade, dit à la Vérité : Viens, parle ; et s’il est vrai que la fable autrefois Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix ; Si sa main délicate orna ta tête altière ; Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi, sur tes pas, permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits, et non pour les cacher. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles ; et voilà que dans son silence, son nom même nous anime, et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et ne pas arriver sans ressource à notre éternelle demeure avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du ciel.
Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? […] Non, ce n’est pas une vaine ombre ! […] O chère ombre, appelle-moi sur les rives du Styx ; la lumière m’est odieuse : c’est toi seul, mon cher Hippias, que je veux revoir. […] L’ordre est donc l’objet et la loi même de la disposition : Quiconque ne sent pas la beauté et la force de l’ordre n’a encore rien vu au grand jour ; il n’a vu, dit Fénelon, que des ombres dans la caverne de Platon. […] C’est ainsi que sans détruire la substance du fait, on peut le présenter sous un jour plus ou moins favorable, insister sur les circonstances avantageuses et les mettre dans leur plus beau jour, atténuer et rejeter dans l’ombre celles qui pourraient être choquantes.
Le Pélion n’a point d’ombres, c’est-à-dire, d’arbres qui sont la cause de l’ombre.
Pareil à la triste violette, il en emprunta son nom : sa lumière confuse et troublée le rapproche des ténèbres et de l’obscure nuit : son jour s’affoiblit peu à peu, et ses bords se confondent avec l’ombre opaque ». […] Le superbe Eridan(c), le souverain des eaux, Traîne et roule à grand bruit forêts, bergers, troupeaux ; Le Prêtre environné de victimes mourantes, Observe avec horreur leurs fibres menaçantes ; L’onde changée en sang roule des flots impurs ; Des loups hurlans dans l’ombre, épouvantent nos murs ; Même en un jour serein l’éclair luit, le ciel gronde, Et la comète en feu vient effrayer le monde.
Si on ne les anime pas, si l’imagination n’essaye pas de rendre la vie et le mouvement à ces beautés oratoires dont elles offrent à peine l’ombre, elles remplissent la mémoire sans être d’aucun secours pour l’esprit. […] Disons d’abord ce qu’une chose n’est point : l’esprit de l’auditeur se met en action, et essaye lui-même de trouver ce qu’elle est réellement ; ensuite une description dans ce genre sert d’ombre à l’autre qu’on prépare. […] « Il faut, dit Cicéron, dans l’éloquence comme dans la peinture, des ombres pour donner du relief, et tout ne doit pas être lumière. » (De Orat. […] Déjà l’Othrys est nu ; Pélion n’a plus d’ombre. […] L’ombre, qui est l’effet des arbres, est prise ici pour les arbres mêmes.
Le chancelier d’Aguesseau les a parfaitement établies61 « Le poëte, dit-il, doit faire en sorte que le commencement et le nœud de la tragédie servent comme d’ombre et de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les règles de la vraisemblance ; il évite donc de mettre le spectateur en droit de lui dire : Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi ; il ne change point Proené en hirondelle, ni Cadmus en serpent, c’est-à-dire qu’il n’invente point un dénoûment fabuleux, et qui, suivant l’expression de Plutarque, franchisse trop audacieusement les bornes du vraisemblable.
Imiter n’est pas s’arrêter à une vaine ressemblance de mots et de formes, prendre l’apparence pour la réalité, l’ombre pour le corps.
Il rechercha l’ombre comme d’autres aspirent à l’éclat du grand jour.
Ce qu’il y a de vrai dans cette opinion, c’est qu’une œuvre d’art n’est belle qu’à la condition d’être vivante, et, par exemple, la loi de l’art dramatique est de ne point mettre sur la scène de pâles fantômes du passé, mais des personnages empruntés à l’imagination ou à l’histoire, comme on voudra, pourvu qu’ils soient animés, passionnés, qu’ils parlent et agissent comme il appartient a des hommes et non à des ombres.
s’écrie-t-il, vous avez cru que votre crime resterait enseveli dans l’ombre et que Dieu seul serait témoin de ce qui s’est passé entre votre victime et vous.
Il en est du discours comme de la peinture : il y faut des ombres, et tout n’y doit pas être lumière. […] Voulant peindre le recueillement et le bonheur que l’âme pieuse goûte dans le temple du Seigneur, Lamartine emploie les comparaisons suivantes : Comme la vague orageuse S’apaise en touchant le bord ; Comme la nef voyageuse S’abrite à l’ombre du port ; Comme l’errante hirondelle Fuit sous l’aile maternelle L’œil dévorant du vautour ; A tes pieds quand elle arrive, L’âme errante et fugitive Se recueille en ton amour. […] Satan arrive au pied de sa royale demeure ; les trois gardes du palais se lèvent et laissent le marteau d’airain retomber avec un bruit lugubre sur la porte d’airain Le rauque son de la trompette du Tartare appelle les habitants des ombres éternelles ; les noires cavernes en sont ébranlées, et le bruit, d’abîme en abîme, roule et retombe.
L’effet pour la cause ; comme lorsqu’Ovide dit que le Mont Pélionb n’a point d’ombres, c’est-à-dire, d’arbres. […] L’an n’aura plus d’hiver, le jour n’aura plus d’ombre ; Et les perles sans nombre Germeront dans la Seine au milieu des graviers.
Son ombre, dit Bossuet en parlant du grand Condé, son ombre eût pu encore gagner des batailles, et voilà que, dans son silence, son nom même nous anime.
Louis XIV, ce monarque, la gloire de son peuple et de son siècle, la gloire de la religion et de l’État, plus héros dans le déclin des années et dans l’adversité, que dans le brillant de la jeunesse et de ses victoires, et dont la vertu éprouvée par la disgrâce, força enfin la fortune à rougir de son inconstance, lui fit sentir sa faiblesse, lui apprit qu’il ne lui appartient ni de donner, ni d’ôter la véritable grandeur ; Louis XIV avait vu passer comme l’ombre sa nombreuse postérité.
Depuis la mort du grand Gœthe, la pensée allemande est rentrée dans l’ombre ; depuis la mort de Byron et de Walter Scott, la pensée anglaise est éteinte ; il n’y a plus à cette heure dans l’univers qu’une littérature allumée et vivante : c’est la littérature française.
Mais ce qui nous donne à songer plus particulièrement et ce qui suggère à notre esprit mille pensées d’une morale pénétrante, c’est quand il s’agit d’un de ces hommes en partie célèbres et en partie oubliés, dans la mémoire desquels, pour ainsi dire, la lumière et l’ombre se joignent ; dont quelque production toujours debout reçoit encore un vif rayon qui semble mieux éclairer la poussière et l’obscurité de tout le reste ; c’est quand nous touchons à l’une de ces renommées recommandables et jadis brillantes, comme il s’en est vu beaucoup sur la terre, belles aujourd’hui, dans leur silence, de la beauté d’un cloître qui tombe, et à demi-couchées, désertes et en ruine.
Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ! […] Voyant que l’ombre des montagnes s’allongeait déjà, le chevalier presse le pas de sa monture, et découvre enfin Miranda.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Non plus à présenter l’idée dans sa réalité complète et sous toutes ses faces, mais à réunir et à mettre dans leur jour les traits favorables à l’opinion que vous soutenez, en laissant dans l’ombre les côtés opposés et même voisins.
ce n’est plus alors Henriette d’Angleterre que l’on va porter à Saint-Denys ; le sentiment demandera la périphrase : « Encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s’évanouir, et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration.
Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel.”
Le poëte s’adresse à Dieu : Les ombres de la nuit à la clarté du jour, Les transports de la rage aux douceurs de l’amour, A l’étroite amitié la discorde et l’envie, Le plus bruyant orage au calme le plus doux, La douleur au plaisir, le trépas à la vie, Sont bien moins opposés que le pécheur à vous.
Le signal est donné sans tumulte et sans bruit : C’était à la faveur des ombres de la nuit, Etc.
Nous, chez qui l’éloquence s’exerce à l’ombre et pour ainsi dire à huis clos, et qui ne rêvons, au sortir du collége, que des professions libérales ou des carrières administratives, nous avons peine à nous imaginer combien le spectacle public des luttes oratoires devait enflammer de bonne heure l’émulation des jeunes gens. […] L’ombre des écoles produit des sophistes ; c’est au soleil de la place publique que naissent les orateurs.
Il semble qu’au gré de nos vœux Le feu des plaisirs se rallume : À l’ombre d’un myrte amoureux Hébé174 couronne ses cheveux, La jeune Flore175 les parfume.
Quand l’image masque l’objet et que l’on fait de l’ombre un corps ; quand l’expression plaît tellement qu’on ne tend plus à passer outre pour pénétrer jusqu’au sens ; quand la figure absorbe l’attention tout entière, on est arrêté en chemin, et la route est prise pour le gite, parce qu’un mauvais guide nous conduit. » 3.
C’étaient fleurs et rubans, plumes qui s’agitaient, Des ombres qui dansaient au son de la musique. […] Assis sur l’herbe tendre, à l’ombre d’un pêcher, Dans le Rhône aux flots bleus je m’amuse à pécher. […] Qu’il est doux, quand du soir l’étoile solitaire, Précédant de la nuit le char silencieux, S’élève lentement dans la voûte des cieux, Et que l’ombre et le jour se disputent la terre, Qu’il est doux de porter ses pas religieux Dans le fond du vallon, vers ce temple rustique, Dont la mousse a couvert le modeste portique, Mais où le ciel encor parle à des cœurs pieux.
Ce fut alors qu’enfermées jusque-là dans l’ombre des cloîtres, les sciences devinrent séculières, et se produisirent au grand jour, grâce à l’initiative libérale du souverain qui les encourageait à se répandre.
Est-ce là ce grand arbre dont l’ombre couvrait toute la terre ?
L’astre dont la présence écarte la nuit sombre5 Viendra bientôt recommencer son tour ; O vous, noirs ennemis6 qui vous glissez dans l’ombre, Disparaissez à l’approche du jour.
Je serais l’achoppement éternel de la flatterie, et je les mettrais dans l’embarras vingt fois par jour ; ma mémoire serait incommode, et mon ombre malheureuse tourmenterait sans cesse les vivants.
Sire, Votre Majesté sera vaincue3 ; elle aura compromis le repos de ses jours, l’existence de ses sujets sans l’ombre d’un prétexte.
Il est certain que la prose et les vers se fondent quelquefois l’un dans l’autre comme l’ombre et la lumière ; il est fort difficile d’indiquer précisément où finit l’éloquence et commence la poésie. […] Telles sont : « La discorde cruelle, l’envie odieuse, les chefs puissants, la guerre sanglante, l’ombre ténébreuse, les scènes lamentables, » et mille autres semblables que l’on rencontre par hasard et de loin en loin chez les meilleurs poètes ; mais que les poètes médiocres prodiguent à l’envi, comme si c’étaient les seules sources où ils pussent puiser leur sublime apprêté. […] De la faveur publique il savoura l’ivresse, Et, livré tout entier aux vains amusements, Aux jeux de son théâtre, aux applaudissements, Il n’a plus les élans de cette ardeur guerrière, Ce besoin d’ajouter à sa gloire première ; Et, fier de son pouvoir, sans crainte et sans soupçon, Il vieillit en repos à l’ombre d’un grand nom.
Elle exige que les hommes qui ne peuvent atteindre jusqu’à sa réalité, encensent du moins son ombre. […] Darken’d so, yet shone Above them all th’ archangel… Au-dessous de leur foule immense, mais docile, Satan, comme une tour, élève un front tranquille ; Lui seul, ainsi qu’en force, il les passe en grandeur : Son front, où s’entrevoit son antique splendeur, D’ombres et de lumière offre un confus mélange ; Et, si c’est un débris, c’est celui d’un archange, Qui, lumineux encor, n’est plus éblouissant. […] Ces images de changement, de trouble, de ténèbres, de terreur, qui produisent si sûrement des émotions sublimes, forment l’ombre du tableau, et le tout est exprimé dans un style poétique à la fois facile, naturel, simple, mais surtout magnifique. […] Donner un nom particulier à chacun de ces arbres, eût été une entreprise aussi impraticable qu’interminable ; aussi ne chercha-t-il, au commencement, qu’à donner un nom à l’arbre en particulier dont le fruit apaisait sa faim, ou dont l’ombre le protégeait contre les rayons du soleil ; observant ensuite que bien que les autres arbres fussent différents de ceux-ci par quelques qualités particulières, comme la grosseur, la forme, cependant ils avaient aussi avec eux des rapports de ressemblance et quelques propriétés communes, comme de naître d’une racine, de porter des branches et des feuilles.
Il en est du style comme de la peinture : il lui faut des ombres, et tout ne doit pas être lumière. […] L’homme que Dieu a fait à son image n’est-il qu’une ombre ? […] Le rauque son de la trompette appelle les habitants des ombres éternelles ; les noires cavernes en sont ébranlées, et le bruit, d’abîme en abîme, roule et retombe. […] Ces grandes ombres, évoquées par l’émulation, et s’offrant à nous dans leur éminente beauté, nous élèveront presque à la hauteur dont notre esprit aura conçu l’image. […] Comme dans un tableau le talent du peintre consiste à opposer les ombres à la lumière, de même l’écrivain doit opposer les unes aux autres les images et les idées.
On y voit au nombre des acteurs les dieux du ciel, de la terre, des enfers ; des ombres, des démons, les furies, les habitants du Ténare, ainsi que tous ces êtres fantastiques dont l’imagination a peuplé la terre et les mers. […] C’est ce qu’on peut remarquer dans ce morceau que chante Médée, dans l’opéra de Thésée : Sortez, ombres, sortez de la nuit éternelle, Voyez le jour pour le troubler.
combien frémira son ombre épouvantée, Lorsqu’il verra sa fille à ses yeux présentée, Contrainte d’avouer tant de forfaits divers, Et des crimes peut-être inconnus aux enfers ?