Si on leur racontait, par exemple, que le plus bel exorde que l’on connaisse, et qui a produit le plus beau mouvement oratoire que l’on puisse citer, a été fourni par le hasard à un malheureux que l’on traînait au tribunal assemblé pour le condamner ; si l’on.ajoutait que ce tribunal était l’Aréopage, et que sa sagesse fut étonnée, confondue par l’éloquence de l’orateur, avec quel empressement on attendrait, avec quel enthousiasme ne lirait-on pas le discours suivant ?
Si j’estois en ceste malheureuse prison, je n’oserois ouvrir la bouche pour faire confession de ma chrestienté1.
La Rochefoucauld 1613-1680 [Notice] Grand seigneur, homme d’intrigue, mêlé à toutes les cabales de la Régence et de la Fronde, ambitieux déçu dans ses rêves et précipité du faîte de ses espérances, malheureux à la guerre, dupe de ses amis et victime de ses ennemis, trahi, méconnu dans ses affections et son dévouement, échappé du naufrage avec une fortune compromise et une santé détruite, n’ayant plus de ressources que du côté de l’esprit, le duc de La Rochefoucauld consola ses disgrâces par un livre où ses ressentiments lui inspirent la misanthropie d’une morale pessimiste.
On en trouve de beaux exemples dans la troisième scène du premier acte de la tragédie de Phèdre, où cette Princesse cédant aux vives instances, aux prières, aux larmes d’Œnone, sa nourrice et sa confidente, lui découvre la cause de ses mortels chagrins : dans la troisième scène du quatrième acte de Rhadamisthe, où Zénobie déclare à Arsame qu’elle est mariée, et que son époux est le frère de ce même Arsame : dans la troisième scène du cinquième acte de l’Œdipe de Voltaire, où ce malheureux Prince apprend du vieillard Phorbas que le Roi Laius, qu’il avait tué sans le connaître, était son père, et que la Reine Jocaste, dont il était devenu l’époux, est sa mère. […] Malheureux, qui pour lors commence à le connaître !
Et qu’un long âge apprête aux hommes généreux, Au bout de leur carrière, un destin malheureux ! […] Est-il dessous le ciel père plus malheureux ?
Sur la vie de Paris 2 À l’abbé Le Blanc Je suis charmé quand je pense que vous vous levez tous les jours avant l’aurore ; je voudrais bien vous imiter ; mais la malheureuse vie de Paris est bien contraire à ces plaisirs. […] Personne n’a été plus malheureux deux ans de suite : l’étude seule fut ma ressource2 ; comme mon cœur et ma tête étaient trop malades pour que je pusse m’appliquer à des choses difficiles, je me suis amusé à caresser des oiseaux, et je compte faire imprimer cet hiver le premier volume de leur histoire.
Les bienséances relatives aux personnes de qui l’on parle exigent que l’on ait des égards pour leur rang et leur dignité, pour leur situation heureuse ou malheureuse. […] Vous produirez surtout une impression profonde en montrant la vertu malheureuse et opprimée. […] Qu’il ne l’emploie jamais contre des personnes malheureuses ou respectables parleur dignité ; qu’il ne lance jamais de ces traits qui font des blessures mortelles et peuvent enfanter des haines implacables. […] Soit qu’il dise aux malheureux : Espérez ! […] Cette préoccupation excessive de lui-même et de son succès l’agite, le trouble et le rend malheureux : trop souvent elle le pousse à des choses exagérées pour faire de l’effet.
Sans parler encore de tous les vices d’un style, dont nous ferons justice ailleurs, des ouvrages où l’on remarque à chaque pas les efforts pénibles et souvent malheureux de l’auteur, ne pouvaient tenir longtemps contre l’examen sévère d’une critique judicieuse.
Voici comment Voltaire a caractérisé le temps où s’accomplit le meurtre de Coligny : Le signal est donne sans tumulte et sans bruit, C’était à la faveur des ombres de la nuit : De ce mois malheureux l’inégale courtière Semblait cacher d’effroi sa tremblante lumière, Coligny languissait dans les bras du repos, Et le sommeil trompeur lui versait ses pavots. […] Soumet caractérise ainsi le temps où une malheureuse mère vient pleurer sur la tombe de son fils : C’était l’heure où lassé des longs travaux du jour. […] Ils sont tout ce qu’il faut pour intéresser des âmes généreuses ; ils sont hommes, ils vous doivent être chers ; ils sont malheureux, ils doivent être respectables.
C’est par ce côté du bon sens, de l’honnêteté, du dévouement, qu’il peut apprendre à tous ceux qui liront sa vie à se servir de l’intelligence que Dieu leur a donnée pour éviter les égarements des fausses idées ; des bons sentiments que Dieu a déposés dans leur âme, pour combattre les passions et les vices qui rendent malheureux et pauvre.
Je n’essayerai pas de rendre les sensations du malheureux jeune homme, aussi confuses que celles qui bouleversent la tête d’un fou.
De malheureuses influences morales ont changé le sens des mots pour les plier aux mensonges des intérêts et des passions. […] Fénelon est innocent, dans son admirable style, des hardiesses malheureuses de nos jours ; Buffon, avec son génie et son beau langage, n’échappe pas au reproche d’avoir trop emprunté, pour enrichir la langue et le style, à l’industrie et à la science. […] ) À quatre : « Le plus parfait de tous (les anges), — qui avait été le plus superbe, — se trouva le plus malfaisant — comme le plus malheureux. » (Discours sur l’Hist. universelle, IIe partie, chap.1er.) […] « Que sera-ce, quand Jésus-Christ paraîtra lui-même à ces malheureux, et qu’il leur dira d’une voix terrible : « Pourquoi me déchirez-vous par vos blasphèmes, nation impie ? […] La volatile malheureuse.
La vaste étendue de la mer, où surnagent quelques malheureux Troyens : Apparent rari nantes in gurgite vasto. […] Il faut remarquer dans ces vers la force de la particule bis, deux fois répétée pour nous montrer ces horribles ceintures quatre fois repliées au milieu du corps, quatre fois roulées autour du cou de la malheureuse victime. […] En les lisant, il semble voir ce malheureux luttant de toutes ses forces contre ces effroyables nœuds, tout couvert de sang et du poison de ces monstres ; il semble entendre ses cris épouvantables, si bien figurés par ces mots pleins d’une sonorité effrayante, et mis au nombre pluriel : clamorés horrendos… Le mot vittas ajoute de l’intérêt à la peinture : ce n’est point une victime ordinaire, c’est un prêtre orné de bandelettes que les serpents dévorent.
La seule ressource est d’éviter, si l’on peut, ces malheureuses rimes, et de chercher un autre tour ; la difficulté est prodigieuse, mais il la faut vaincre. » (Voltaire, note sur Corneille.) […] malheureux Arcas, tu m’as trahi !
Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre5 des lois, et avec les couleurs de la justice, lorsqu’on va, pour ainsi dire, noyer des malheureux sur la6 planche même sur laquelle ils s’étaient sauvés.
Sur la vie de paris 2 A L’ABBÉ LE BLANC Je suis charmé quand je pense que vous vous levez tous les jours avant l’aurore ; je voudrais bien’vous imiter ; mais la malheureuse vie de Paris est bien contraire à ces plaisirs.
Sévère dans la ferme, humain dans la cité2, Il soigne le malheur, conduit la cécité ; Et moi, de l’Hélicon, malheureux Bélisaire3, Peut-être un jour ses yeux guideront ma misère4.
Lorsque plus tard, las de souffrir, Pour renaître ou pour en finir, J’ai voulu m’exiler de France ; Lorsque, impatient de marcher, J’ai voulu partir, et chercher Les vestiges d’une espérance… Partout où j’ai voulu dormir, Partout où j’ai voulu mourir4, Partout où j’ai touché la terre, Sur ma route est venu s’asseoir Un malheureux vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère L’incendie Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière, Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre, Il croit d’abord qu’un rêve a fasciné ses yeux, Et, doutant de lui-même, interroge les cieux.
Vous voyez comme la renommée condamne Tibère par la bouche des étrangers ; mais la conscience souscrit à cet arrêt par le propre témoignage de Tibère : car, environ ce temps-là, il écrit lui-même une autre lettre au sénat dans laquelle il maudit sa malheureuse grandeur avec des paroles de désespoir.
Les juges sont offensés d’être accusés d’avoir condamné injustement ; mais les malheureux, je l’espère, seront sauvés, et c’est tout ce que souhaite l’honnête homme qui s’est exposé pour eux.
On pesait leurs mérites divers ; mais aucun œil encore, si perçant qu’il pût être, ne voyait dans cette génération de héros, les malheureux ou les coupables.
Là, soit que le soleil rendît le monde au jour, Soit qu’il finît sa course au vaste sein de l’onde, Sa voix faisait redire aux échos attendris Le nom, le triste nom de son malheureux fils.
Adonc il feit un peu de signe de la teste seulement, et en le regardant d’un bon visage luy dit, Il va bien190, puis que nous n’avons pas esté malheureux en tout et par tout : et sans iamais ietter autre voix, ny dire autre parole, il beut tout le poison, et puis se recoucha comme devant : si ne feit pas sa nature grande resistance au poison, tant son corps estoit debile, ains en fut tantost estouffé et esteinct.
Telle est en effet la disposition du cœur humain, que Lucrèce a signalée dans de beaux vers (II, 1-6), ainsi traduits par Voltaire : On voit avec plaisir, dans le sein du repos, Des mortels malheureux lutter contre les flots ; On aime à voir de loin deux terribles armées Dans les champs de la mort aux combats animées : Non que le mal d’autrui soit un plaisir si doux ; Mais son danger nous plaît, quand il est loin de nous.
Vous me déférez la couronne, et, si vous le voulez absolument, il faudra bien que je la prenne ; mais comptez que je mourrai de douleur d’avoir vu, en naissant, les Troglodites libres, et de les voir aujourd’hui assujettis. » A ces mots, il se mit à répandre un torrent de larmes. « Malheureux jour !
Du bord de la mer, on avertit un malheureux naufragé de la planche à laquelle il peut s’accrocher ; on lui jette, si l’on peut, un cordage.
Ce vers de La Fontaine : Et c’est être innocent que d’être malheureux, est juste au point de vue du sentiment ; car nous sentons que le malheur doit expier le crime ; mais pour l’esprit, ce n’est pas d’une justesse absolue. […] Non ; c’est de l’avoir faite reine malheureuse. » 6° Comparaison.
Cocyte, un des cinq fleuves des Enfers, selon la fable, et formé des larmes d’une multitude de malheureux, qui n’ayant point reçu de sépulture après leur mort, errent pendant cent ans sur ses rives, où ils ne cessent de pleurer. […] La fable dit que Thésée irrité, livra ce malheureux prince à la colère de Neptune, qui lui avait promis d’exaucer son premier vœu.
Elle peut s’étendre aussi à tout ce qui intéresse vivement les nations, comme les événements heureux ou malheureux ; et alors elle comprend toutes les odes qui ont pour principe et pour base l’amour de la patrie. […] Mais, si nous voulons spécifier davantage le genre élégiaque, nous trouverons deux sortes d’élégies : l’élégie ou poésie érotique, qui est le chant de l’amour heureux ou malheureux ; et l’élégie proprement dite, qui s’étend à tout le reste.
L’élision n’a pas lieu devant le h aspiré : Malheureux, j’ai servi de héraut à la gloire !
Donnez-lui tous les matins l’argent qu’il peut gagner chaque jour, à la charge qu’il ne joue point, vous le rendrez malheureux. » 1.
C’est ce talent si rare, et qu’il avait au dernier degré, qui lui tint tous ses amis si entièrement attachés toute sa vie, malgré sa chute, et qui, dans leur dispersion, les réunissait pour se parler de lui, pour le regretter, pour le désirer, pour se tenir de plus en plus à lui, comme les Juifs pour Jérusalem, et soupirer après son retour, et l’espérer toujours, comme ce malheureux peuple attend encore et soupire après le Messie1 1.
Mais songeons-nous un seul instant qu’il y a là des malheureux qui souffrent et peut-être vont périr ; dès là1 ce spectacle nous devient insupportable.
Sais-tu bien qu’à l’instant que son flanc mit au jour Ce triste et dernier fruit d’un malheureux amour, Je la vis massacrer par la main forcenée, Par la main des brigands à qui tu t’es donnée ? […] Rousseau : Arbres dépouillés de verdure, Malheureux cadavres des Bois… Si les idées qu’excitent les termes métaphoriques, ne peuvent pas être liées, la métaphore est défectueuse.
Il consola les malheureux habitants dont la détresse était encore plus grande qu’il ne l’avait cru. […] Elle nous touche moins qu’Andromaque parce qu’elle est moins douce et moins malheureuse. […] Le financier est tout cousu d’or, il a tous les biens qui manquent au savetier et il ne dort pas ; il est malheureux ; il en vient à souhaiter qu’on vende au marché le dormir comme le manger et le boire. […] Essayez de vous créer des occupations, vous serez d’abord moins malheureux, puis vous y prendrez goût, et vous retrouverez le calme de l’âme et la gatté. […] les vieillards sont malheureux quand ils voient ainsi les dieux héroïques de leur jeunesse, méprisés pour de nouvelles idoles, plus parées, mais plus vaines, pâles copies des objets de leur culte !
Quelle province, dans ces temps malheureux, s’est vue à l’abri des incursions de ces brigands ?
Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes ; Nous laissons nos chères compagnes ; Nous ne conversons plus qu’avec des ours affreux, Découragés de mettre au jour des malheureux, Et de peupler pour Rome un pays qu’elle opprime.
L’ambitieux a plus de désirs que de moyens pour les satisfaire ; Celui qui a plus de désirs que de moyens pour les satisfaire est malheureux ; Celui qui est malheureux est digne de pitié ; Donc, l’ambitieux est digne de pitié. […] Mais, malheureuse, dis-moi donc (apostrophe) ! […] Oui, j’espère qu’elle m’écoute, et je l’entends qui te reproche de me rendre si malheureux. […] Les modernes ne tiennent plus guère compte de cette règle, et la comédie a souvent un dénouement malheureux. […] 1° Genre tragique, ses diverses espèces Tragédie La tragédie est la représentation d’une action héroïque et malheureuse, dont le but est d’émouvoir par la terreur ou la pitié.
D’ailleurs, Ovide fut exilé et malheureux de son exil ; de sorte que l’élégie s’agrandit sous sa plume. […] Dans tout l’éclat du règne de Louis XIV, La Fontaine a fait sur la disgrâce de Fouquet, son protecteur, une élégie adressée aux nymphes de Vaux, qui est peut-être la plus belle de toutes les nôtres, et où on distingue ces vers : Les destins sont contents : Oronte est malheureux.
Mais ici notre imagination nous abuse encore ; la mort ne nous laisse pas assez de corps pour occuper quelque place, et on ne voit là que les tombeaux qui fassent quelque figure : notre chair change bientôt de nature, notre corps prend un autre nom ; même celui de cadavre, dit Tertullien, parce qu’il nous montre encore quelque forme humaine, ne lui demeure pas longtemps ; il devient un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes ! […] Il n’y aura plus sur la terre aucun vestige de ce que nous sommes : la chair changera de nature ; le corps prendra un autre nom ; « même celui de cadavre ne lui demeurera pas longtemps ; il deviendra, dit Tertullien, un je ne sais quoi qui n’a plus de nom dans aucune langue » : tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes.
Il cite comme exemple de paraphrase les vers d’Iphigénie : Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens, Dont la sanglante main m’enleva prisonnière, Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père, De qui jusques au nom tout doit m’être odieux, Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ; et comme exemple d’épiphrase les deux derniers vers de ce passage de Phèdre : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin, Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste !
Le malheureux est pestiféré : tout s’éloigne de lui, tout le fuit avec une sorte d’horreur ; son chien est le seul être qui, dans la nature entière, se montre sensible à sa misère, l’en console par ses caresses, et l’adoucisse en la partageant.
malheureux !
Malheureux es tu bien certes, qui me as faict pecher en ce poinct.
C’est par rapport aux mœurs que les hommes ont telle ou telle qualité, mais c’est par rapport aux actions qu’ils sont heureux ou malheureux. […] Du reste, pour donner une détermination absolue, je dirai que, si c’est dans une étendue conforme à la vraisemblance ou à la nécessité que l’action se poursuit et qu’il arrive successivement des événements malheureux, puis heureux, ou heureux puis malheureux, il y a juste délimitation de l’étendue. […] De plus, le fait d’être malheureux ou heureux se produira sur des données de cette nature. […] En effet, l’une surgit en présence d’un malheureux qui l’est injustement, l’autre, en présence d’un malheureux d’une condition semblable à la nôtre54. […] Par exemple, qu’un individu semble riche ou pauvre, ce point ne sera pas indifférent ; de même s’il semble être malheureux ou heureux.
Il va sur cette petite colline avec huit ou dix personnes ; on tire de loin à l’aventure un malheureux coup de canon qui le coupe par le milieu du corps, et vous pouvez penser les cris et les pleurs de cette armée : le courrier part à l’instant ; il arriva lundi, comme je vous ai dit, de sorte qu’à une heure l’une de l’autre, le Roi eut une lettre de M.
Malheureux effet de l’orgueil ou du libertinage !
Tous les événements heureux ou malheureux y servent également.
Vous êtes puissant, mais vous êtes juste ; je suis malheureux, mais je suis innocent. […] Qu’un autre à cet aspect frissonne et s’attendrisse ; Qu’il recule en tremblant des bords du précipice ; Qu’il ne puisse de loin entendre, sans frémir, Le triste chant des morts tout prêt à retentir ; Les soupirs étouffés d’une mère ou d’un frère, Suspendus sur le bord de son lit funéraire ; Ou l’airain gémissant, dont les sons éperdus Annoncent aux mortels qu’un malheureux n’est plus.
Un cœur dont la droiture s’est fait voir dans les états de la vie les plus malheureux, et qui y paraissaient les plus opposés, c’est ce qui doit être le sujet de votre instruction ; II. […] Le Prince de Condé nous est ici représenté dans les deux époques malheureuses de sa vie ; l’une par rapport à son roi ; c’est-à-dire, enveloppé dans un parti que forma l’esprit de discorde : l’autre par rapport à son Dieu ; c’est-à-dire, refroidi dans la pratique des devoirs de la religion.
substituer, pour le commun bonheur, Les lois de la morale aux lois d’un faux honneur, La raison éclairée au sombre fanatisme, Le devoir au calcul, l’amour à l’égoïsme, Développer l’essor des instincts généreux, Ne pas souffrir qu’en France il soit un malheureux, Fonder l’égalité, ce beau rêve du juste, En faisant respecter ce qui doit être auguste, Ce n’est pas là, Danton, l’effet d’un coup de main : C’est un travail immense et le chef-d’œuvre humain, Et la probité seule, alliée au génie, Peut des mœurs et des lois créer cette harmonie1.
Un jeune prince (de Brunswick) se dévoue pour secourir des malheureux qui vont périr ; et à l’instant une voix chère à la nation s’élève et demande : Qui veut parler avec l’enthousiasme d’une poésie éloquente, pour rendre à la mémoire de ce héros de l’humanité l’hommage, les vœux, les regrets de la reconnaissance universelle ? […] — L’homme aime la malignité ; mais ce n’est pas contre les malheureux, mais contre les heureux superbes ; on se trompe autrement. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui le poète disparait ; on ne voit plus que ce qu’il fait voir, on n’entend plus que ce qu’il fait parler. […] j’y verrais une malheureuse mère fondre en larmes et mourir de douleur. […] J’ai connu un commis des bureaux de Versailles, né avec beaucoup d’esprit, qui disait : « Je suis bien malheureux, je n’ai pas le temps d’avoir du goût. » Dans une ville telle que Paris, peuplée de plus de six cent mille personnes, je ne crois pas qu’il y en ait trois mille qui aient le goût des beaux-arts.
Voyez ce faible enfant que le trépas menace, Il ne sent plus ses maux quand sa mère l’embrasse : Dans l’âge des erreurs, ce jeune homme fougueux N’a qu’elle pour ami, dès qu’il est malheureux : Ce vieillard, qui va perdre un reste de lumière, Retrouve encor des pleurs en parlant de sa mère.
Voltaire n’était pas aussi malheureux qu’il le dit de vivre ainsi en plein tourbillon : le mouvement, le bruit, était son élément ; il s’y trouvait comme le poisson dans l’eau.