Diderot 1713-1784 [Notice] Intelligence étendue, mais incomplète et anarchique dans laquelle se heurtent les défauts et les qualités les plus contradictoires, Diderot fut, pendant toute sa vie, un prodigue, dont la verve aussi désordonnée qu’inépuisable se dispersa dans une foule d’essais improvisés à bride abattue, et où quelques-éclairs traversent le chaos.
Ce que Mirabeau avait dit en mots précis, la foule le redisait en applaudissements, et, sous la dictée de ces applaudissements, bien à contre-cœur souvent, la législature écrivait.
Le peuple saint en foule inondait les portiques Du temple orné partout de festons magnifiques. […] Du temple orné partout de festons magnifiques Le peuple saint en foule inondait les portiques. […] En faveur de l’harmonie, la licence autorise des expressions semblables à celle-ci : ………………………… De joyeuses abeilles Viendront s’abattre en foule à leurs rideaux de lin. […] et une foule d’autres qu’il serait trop long d’énumérer, et qu’on remarquera en lisant les poètes.
C’est un précepte de goût, que les grands poètes n’ont jamais négligé, et dont Voltaire fournit une foule d’exemples. […] C’est un reproche qu’encourent rarement Fléchier et surtout Bossuet, qui nous donnent, dans leurs belles oraisons funèbres, une foule d’exemples de la manière dont il faut employer la prosopopée.
Le pied d’un ennemi foule en paix son cercueil. […] La métaphore est une des figures les plus fréquemment employées, parce qu’elle est une des plus riches, des plus agréables et des plus utiles ; elle fait image comme la peinture ; elle donne aux objets du corps, de la couleur, de la vie ; elle rend sensibles les choses même les plus abstraites ; elle fournit aux langues d’abondantes ressources pour exprimer une foule d’idées auxquelles les termes manquent.
Quant aux méthodes d’enseignement de ces langues, il existe une foule de bons livres spéciaux sur la matière.
L’exorde pompeux doit être préféré par l’orateur, quand une circonstance solennelle rassemble autour de lui une foule d’hommes accourus pour entendre sa parole.
tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles.
Au début des crises révolutionnaires, il y a des moments où les foules hésitent, incertaines de ce qu’elles doivent faire et comme effrayées des conséquences de leur audace.
il foule avec délice Son joli tapis vert. On nous dira peut-être qu'il y a ici équivoque, que l'on peut entendre : il (l'enfant) foule le tapis vert de lui, au lieu de il foule le tapis vert de la pelouse.
Je pourrais citer une foule d’exemples ; je me contenterai d’un passage de M. de Balzac, si habile pourtant dans certains portraits, mais qui, cette fois, dépasse le ridicule de l’Astrée et de Mlle de Scudéry.
Nodier, Courier, une foule de pamphlets et de journaux où l’on pourrait puiser à pleines mains ; et si l’on veut des romanciers, laissant de côté M.
A ce compte une foule d’allusions, d’allégories, d’arguments ad hominem, tournés de manière à pouvoir nier l’application, ces formes des comiques : Je ne dis pas cela… Oh !
Mais qu’une cour tous les jours environne Un faquin qui, sur un brancard, Foule les coussins de brocart Aux dépens du tiers et du quart, C’est là ce qui m’étonne.
Ce ne sont plus des salons, une cour, un public de cordons bleus, de financiers et de grandes dames, des coteries littéraires ou philosophiques qu’il faut contenter ; c’est la foule, un peuple de quarante millions d’hommes ; encore n’est-ce pas assez dire.
Une foule immense se précipite sur la place, entre dans l’église de Saint-Pierre et en sort ; quatre soldats emportent sur des sabres croisés une femme évanouie. […] Les bardes se sont conservés fort longtemps dans les montagnes d’Écosse ; Ossian est le plus fameux de ces poëtes calédoniens, successeurs de ceux de l’ancienne foule. […] Brissac, en présence d’une foule nombreuse, lui signifie son arrêt. […] Il entraîna dans cette conspiration une foule d’hommes semblables à lui. […] Une foule nombreuse était réunie sur la place publique d’Athènes.
— Le travail méthodique de la méditation d’un sujet peut produire des fruits très abondants ; souvent il arrive que les preuves se présentent en foule à l’écrivain ou à l’orateur ; il faut choisir : Pour moi, dit Cicéron, quand je choisis mes preuves, je m’occupe moins de les compter que de les peser… Rassembler un trop grand nombre de raisons frivoles et vulgaires, c’est donner lieu de penser qu’on n’en a point de fortes et de frappantes. […] Le bon sens de nos pères disait dans un langage tout familier, mais fort expressif : « À bon vin, pas d’enseigne. » La seule précaution à prendre est de bien détacher les bonnes preuves les unes des autres, de les montrer séparément, de peur qu’elles ne se perdent dans la foule. […] Ces inductions précipitées sont familières à la. foule, dont elles servent lès plus mauvaises passions : Un fait isolé, rare et sans conséquence, donné comme-constant, un abus passager, présenté comme un état de choses habituel et général ; voilà le grand moyen des révolutions. […] Comme, elles forment le langage de l’imagination, elles sont très-familières aux êtres les plus passionnés, c’est-à-dire aux enfants et à la foule non moins qu’aux poëtes et aux orateurs. […] Par exemple, dites : Il faut que M. de la Garde ait de bonnes raisons de se marier : je le croyais libre, mais enfin il faut venir au timon et suivre la foule.
Si la doctrine des lieux internes est une chimère, il faut avouer qu’elle a un puissant attrait pour l’intelligence, et qu’on ne doit pas s’étonner si, depuis Aristote jusqu’à Raymond Lulle13, une foule d’esprits ingénieux se sont occupés des catégories.
Elle n’a pas seulement pour effet de rendre les choses plus claires en les tirant de la foule, et en les mettant en présence du juge ; elle délasse encore son attention au moyen des limites qu’elle assigne à chaque partie à peu près comme ces pierres qui servant à masquer nos lieues encouragent le voyageur fatigué.
La nature des divers peuples est modifiée par une foule de circonstances.
Ils ont égaré le goût de la nation ; par un respect mal entendu pour la noblesse du style, ils ont banni de la poésie et même de la prose une foule de mots justes, précis et parfaitement français, pour y substituer des termes vagues et de convention85.
Vous allez, votre foule aux frontières se rue : Pieds nus, vous bondissez, vous courez en sarraux ; Et le fer se transforme, et, d’un soc de charrue, Vous forges en chemin la lance des héros !
— Mais j’ai des biens en foule, et je puis m’en passer.
Aussi n’y a-t-il d’écrivains résolus que ceux qui sont doués extraordinairement, ou cette foule qui n’a pas conscience de la difficulté1.
Massillon développe ainsi cette idée, que les actions des princes ont plus d’influence sur les mœurs publiques que la conduite des particuliers : « Les hommes ordinaires ne semblent naître que pour eux seuls rieurs vices ou leurs vertus sont obscurs comme leur destinée ; confondus dans la foule, s’ils tombent ou s’ils demeurent fermes, c’est également à l’insu du public ; leur perle ou leur salut se borne à leur personne, ou du moins leur exemple peut bien séduire et détourner quelquefois de la vertu, mais il ne saurait imposer et autoriser le vice. Les princes et les grands, au contraire, ne semblent nés que pour tes outres : le même rang qui les donne en spectacle les propose pour modèles ; leurs mœurs forment bientôt les mœurs publiques ; on suppose que ceux qui méritent nos hommages ne sont pas indignes de noire imitation ; la foule n’a point d’autre loi que les exemples de ceux qui commandent ; leur vie se reproduit, pour ainsi dire, dans le public ; et, si leurs vices trouvent des censeurs, c’est d’ordinaire parmi ceux même qui les imitent. » Remarquez comme toutes ces idées sont unies ensemble par un lien commun ; comme toutes les parties de ce développement se rapportent à une seule pensée, que le peuple se règle sur l’exemple des grands. […] Un auteur moderne, frappé du contraste qu’offrent dans une grande ville les plaisirs du riche et la misère du pauvre, s’exprime ainsi : « Dans cette ville où tout respire l’opulence, pendant les nuits les plus froides de l’hiver, une foule de malheureux dorment à découvert, la tête appuyée sur une borne ou sur le seuil d’un palais. […] Aussitôt que les élèves ont sous les yeux l’argument qu’ils doivent développer, le premier travail qu’ils aient à s’imposer, c’est de se recueillir en eux-mêmes et d’examiner leur sujet sous toutes ses faces ; alors le fait se passera, pour ainsi dire, dans leur tête, et les développements se présenteront en foule à leur imagination. […] À cette idée, toute son âme fut bouleversée ; il se retourna et ne vit plus aucun de ses matelots autour de lui ; le comte d’Erfeuil n’y était pas non plus ; et c’était en vain qu’il se serait adressé aux habitants d’Ancône : ils étaient presque tous occupés à sauver ou à faire sauver leurs marchandises, et trouvaient absurde de s’exposer pour des hommes dont il n’y avait pas un qui ne fût fou sans remède : « C’est une bénédiction du ciel, disaient-ils, pour eux et pour leurs parents, s’ils meurent ainsi sans que ce soit la faute de personne. » « Pendant que l’on tenait de semblables discours autour d’Oswald, il marchait à grands pas vers l’hôpital, et la foule qui le blâmait le suivait avec un sentiment d’enthousiasme involontaire et confus.
Aussitôt une foule d’hommes armés fondent sur lui d’un lieu élevé, arrêtent la litière, en tuent le conducteur.
Dans la foule des morts tu descends confondu !
L’emploi de l’antithèse est très-fréquent et irréprochable en une foule d’occasions.
Son âme s’est ouverte au mouvement le plus généreux ; il a adopté sur-le-champ une foule d’enfants illustres et infortunés.
Qu’on médite attentivement son sujet, qu’on se pénètre profondément de sa matière, qu’on l’envisage sous toutes ses faces, qu’on en étudie tous les détails, et l’on trouvera assez de preuves intrinsèques ; qu’on enrichisse son esprit des connaissances nécessaires à la matière que l’on traite, qu’on lise avec attention les auteurs qui ont écrit sur le même sujet, et les preuves extrinsèques se présenteront en foule.
Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Réprimande d’un précepteur à un prince Je ne sais, Monsieur1, si vous vous rappelez ce que vous m’avez dit hier : que vous saviez ce que vous êtes, et ce que je suis 2 ; il est de mon devoir de vous apprendre que vous ignorez l’un et l’autre.
Mais comment entreprendre à la légère une lutte contre des hommes qui occupent un pays éloigné, qui ont une grande habitude de la mer, pourvus abondamment de toutes ressources, richesses privées et publiques, navires, chevaux, armes, population plus nombreuse que celle des autres contrées de la Grèce, et soutenus de plus par une foule d’alliés tributaires ? […] Cette foule innombrable de soldats, désordonnée, embarrassante, est redoutable pour le chef lui-même. — Ces milliers de nations seront arrêtés par un petit nombre de guerriers, dont les cadavres entassés fermeront le défilé dont on leur a confié la garde. — Certes, la Grèce est pauvre et peu étendue, mais elle est féconde en héros qui sauront tout souffrir, tout essayer pour la liberté, pour la défense de leurs autels et de leurs foyers. […] Quant à moi, pourvu que le premier je foule aux pieds les sables brûlants du désert, je consens à braver les feux du soleil, la morsure des serpents venimeux, et à m’exposer aux périls qui nous attendent. […] Il complimentera le prince qui a rendu la sécurité au genre humain. — Il représentera la foule des délateurs punis d’un supplice mérité, entassés dans des navires rassemblés à la hâte, abandonnés à la merci des tempêtes, pour être jetés sur des îles et des côtes inhabitées. — Ils sont chassés de leurs foyers, eux qui avaient fait exiler des innocents : ils tremblent d’effroi, eux qui semaient partout la terreur. — Enfin renaît la confiance, et la société humaine n’est plus en proie à des craintes mutuelles.
Tout le peuple au-devant court en foule avec joie ; Ils bénissent le chef que Madrid leur envoie. […] Tel un monarque, assis sur un trône éclatant de rubis et d’opales, annonce, par un coup d’œil, qu’il daigne se manifester aux regards de ses peuples ; la foule des courtisans se précipite, et tous se prosternent à ses pieds.
On foule aux pieds la loi qui n’a pas pour tutelle Le dogme d’un Dieu juste et d’une âme immortelle.
Le peuple, à ces mots, abandonne l’accusateur, et suit en foule le héros. […] On fait valoir soit en attaquant, soit en défendant, une foule de considérations que la justice pèse dans sa balance avec le plus grand scrupule. […] Démosthène réfute par un beau dilemme Eschine, son accusateur, qui lui reprochait d’avoir causé les malheurs de la république, en conseillant la guerre contre Philippe avec qui Athènes était en paix : « Quand Philippe subjuguait l’Eubée, quand il en faisait un boulevart contre l’Attique ; quand il s’emparait de Mégare et d’Orée ; quand il rasait Porthmos ; quand il établissait pour tyrans Philistide à Orée, et Clytarque à Erétrie ; quand il se rendait maître de l’Hellespont, assiégeait Bysance, renversait de fond en comble des villes grecques, rappelait dans les autres une foule de proscrits ; quand il commettait toutes ces violences, manquait-il à la justice, violait-il les traités, rompait-il la paix, ou non ? […] Au contraire, le bon roi Sésostris était en sûreté au milieu de la foule des peuples, comme un bon père dans sa maison, environné de sa famille1. » (Télém. l. […] Le mot honneur est un terme commun à une foule d’idées différentes ; sa signification varie selon les mœurs et le caractère de celui qui le prononce.
Les mauvaises nouvelles viennent en foule, le ciel est couvert de tous côtes. […] La vertu ne perce point la foule ; elle n’a ni avidité ni empressement’ ; elle se laisse oublier. […] Si les fleurs qu’on foule aux pieds dans une prairie sont aussi belles que celles des plus somptueux jardins, je les en aime mieux267. […] Les prédicateurs n’osent plus parler pour les pauvres, à la vue d’une foule de créanciers dont les clameurs montent jusqu’au ciel. […] À peine l’eut-on ouverte, qu’une foule de jeunes volontaires, qui suivait le roi, courut attaquer la contrescarpe et s’y logea.
Chacun des villageois jeta sur le cercueil Un peu de terre sainte, en signe de son deuil ; Tous pleuraient en passant, et regardaient la tombe S’affaisser lentement sous la cendre qui tombe : Chaque fois qu’en tombant la terre retentit, De la foule muette un sourd sanglot sortit.
Les topiques communs ou généraux étaient pris dans la différence entre le genre et l’espèce, entre la cause et l’effet, l’antécédent et le conséquent, la similitude et le contraste, dans les définitions, les descriptions des lieux et des circonstances, et une foule d’autres semblables. […] Voilà pourquoi les génies médiocres ont pu tout essayer ; mais il n’a été donné qu’à un bien petit nombre de s’élever au-dessus de la foule. […] Parmi les modernes, le président de Thou, en voulant rendre son histoire trop universelle, n’a pas su éviter ce défaut ; il met à la fois sous les yeux du lecteur une foule d’événements divers, arrivés en même temps dans les différentes parties du monde, et que rien ne lie l’un à l’autre. […] Il est vrai qu’Achille est emporté, violent ; mais il s’en faut bien qu’il foule aux pieds les lois et la justice ; il met trop de chaleur dans sa querelle avec Agamemnon, cependant la raison est de son côté. […] Les projets d’Énée, toujours traversés par Junon, font naître une foule d’événements qui occasionnent des voyages, des combats, et présentent au poète l’occasion de mêler aux détails de la guerre ceux des travaux et des plaisirs des peuples pacifiés.
Mais, après ces raisons trop faibles pour balancer les arrêts des dieux et l’orgueil de toute la Grèce, la passion éclate dans toute sa puissance ; l’amour maternel, argument irrésistible aux yeux de Clytemnestre, frappe les derniers coups, et les plus forts : Un prêtre, environné d’une foule cruelle, Portera sur ma fille une main criminelle, etc. […] Mithridate peint les Romains enrichis par la guerre : Des biens des nations ravisseurs altérés, Le bruit de nos trésors les a tous attirés : Ils y courent en foule, et, jaloux l’un de l’autre, Désertent leur pays pour inonder le nôtre. […] Par une controverse assidue sur des questions de métaphysique, ces pieux solitaires firent entrer dans l’usage du monde une foule d’expressions qui tendaient à spiritualiser notre idiome, et à le rendre plus exact et plus précis… Les admirables Discours sur la logique étaient, pour Port-Royal, le fondement de toutes les études de langue et de goût. […] Des prophètes menteurs la foule confondue.
C’est le héros qui parle : Les courtisans en foule attachés à son sort, Du sein des voluptés s’avançaient à la mort.
Il suffit qu’il puisse jeter sur le papier les idées premières ; une foule de détails viennent dans l’exécution.
Ils y courent en foule, et jaloux l’un de l’autre, Désertent leur pays pour inonder le nôtre.
Mais si leur voix n’est pas assez forte, écoutez Jésus-Christ qui se joint à eux : « Ingrat, déloyal, vous dit-il, tu manges5 et tu te reposes à ton aise ; et tu ne songes pas que je suis souffrant en cette maison, que j’ai la fièvre en cette autre, et que partout je meurs de faim, si tu ne m’assistes6. » La royauté Certes, ce ne sont ni les trônes, ni les palais, ni la pourpre, ni les richesses, ni les gardes qui environnent le prince, ni cette longue suite de grands seigneurs, ni la foule des courtisans, non1, non, ce ne sont pas ces choses que j’admire le plus dans les rois.
Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.
Se bâtant de placer et d’enchaîner une foule de réflexions et de souvenirs, il n’a pas un moment pour les affectations du bel esprit et du faux goût, et la brièveté le force à la perfection.
L’ancienne et riante Italie m’offrit la foule de ses chefs-d’œuvre.
Le talent oratoire, qui vit au milieu de la foule et se déploie dans le trouble, réclame ensemble toutes les forces de l’âme.
Auguste revenant en Italie après la victoire d’Actium, vit venir à lui, parmi la foule de ceux qui le félicitaient, un artisan qui portait un corbeau auquel il avait appris à dire : « Salut, César, vainqueur, empereur. » Auguste émerveillé acheta vingt mille écus cet oiseau complimenteur.
« Si je venais déplorer ici la mort imprévue de quelque princesse mondaine, je n’aurais qu’à vous faire voir le monde avec ses vanités et ses inconstances ; cette foule de figures qui se présentent à nos yeux et s’évanouissent ; cette révolution des conditions et de fortunes qui commencent et qui finissent, qui se relèvent et qui retombent ; cette vicissitude de corruptions tantôt secrètes, tantôt visibles, qui se renouvellent ; cette suite de changements en nos corps par la défaillance de la nature, en nos âmes par l’instabilité de nos désirs ; enfin ce dérangement universel et continuel des choses humaines, qui, tout naturel et tout désordonné qu’il semble à nos yeux, est pourtant l’ouvrage de la main toute-puissante de Dieu, et l’ordre de sa providence. […] Il serait aisé de le prouver par une foule d’exemples.
C’est là qu’il puisera facilement ces traits de lumière qu’il répandra dans ses discours ; maître de son sujet et embrassant dans toute son étendue l’objet qu’il voudra décrire ; ses paroles le peindront d’une manière frappante, les figures du langage se présenteront en foule à son esprit, et ses paroles auront toute l’énergie qui accompagne ordinairement la conviction. […] La diffusion est le contraire de la précision ; elle naît généralement de l’habitude d’employer une trop grande superfluité de mots, ou d’introduire des épithètes, des circonlocutions et des incidents superflus ; de délayer la pensée dans une foule de paroles, de l’affaiblir en l’étendant, et de l’embarrasser dans un amas d’idées accessoires. […] Cependant Longin pense qu’il y a des circonstances où l’on peut employer à la fois plusieurs métaphores et les accumuler les unes sur les autres ; quand les passions, comme un torrent rapide, les entraînent avec elles nécessairement et en foule. […] « La véhémence dépend moins de la force des termes que du tour et du mouvement impétueux de l’expression ; c’est l’impulsion que le style reçoit des sentiments qui naissent en foule et se pressent dans l’âme, impatients de se répandre et de passer dans l’âme d’autrui. » (Marmontel.) […] La jeunesse qui se presse en foule, au barreau ne laissera pas flétrir les lauriers de ses maîtres ; et, par une étude persévérante des règles de l’art, et surtout par celle des grands modèles, elle se montrera digne de leur succéder.
Cette foule de gens dont vous souffrez visite, Votre galanterie, et les bruits qu’elle excite, Trouvèrent des censeurs plus qu’il n’aurait fallu, Et bien plus rigoureux que je n’eusse voulu.
Pour le genre gracieux et le familier, nous en avons une foule en notre langue. […] Vous n’avez pas chez vous ce brillant équipage, Cette foule de gens qui s’en vont chaque jour Saluer à grands flots le soleil de la Cour.
Sénèque avait dit, dans son traité de la Providence, ch. 3 : « Scit eum sine gloria vinci qui sine periculo vincitur. » — Corneille, plus qu’aucun autre de nos auteurs, offre une foule de ces pensées, énergiquement rendues, que le bonheur de l’expression grave dans toutes les mémoires et qui deviennent des espèces d’adages, consacrés par l’admiration populaire.
Delille disait : Le cygne, toujours beau, soit qu’il vienne au rivage, Certain de ses attraits, s’offrir à notre hommage ; Soit que, de nos vaisseaux le modèle achevé, Se rabaissant en proue, en poupe relevé, L’estomac pour carène, et de sa queue agile Mouvant le gouvernail en timonier habile, Les pieds pour avirons, pour flotte ces oiseaux Qui se pressent en foule autour du roi des eaux, Pour voile enfin son aile au gré des vents enflée, Fier, il vole au milieu de son escadre ailée.