Ils ont cru établir des opinions nouvelles, en renouvelant les erreurs des premiers artistes, et en rappelant les arts à leur première grossièreté.
Il est rare que dans l’assemblée un orateur puisse prévoir le tour que prendra la discussion, les adversaires qu’il aura à combattre, les arguments, les opinions qu’il faudra réfuter ; un discours préparé d’avance ne trouve pas toujours la place ni l’à-propos qui lui convient.
La troisième, qui était à la Croix du Tirouer3, ne se voulut pas payer de cette monnaie ; et un garçon rôtisseur, s’avançant avec deux cents hommes et mettant la hallebarde dans le ventre du premier président, lui dit : « Tourne, traître ; et si tu ne veux être massacré toi-même, ramène-nous Broussel ou le Mazarin et le chancelier en otage. » Vous ne doutez pas, à mon opinion, ni de la confusion ni de la terreur qui saisit presque tous les assistants ; cinq présidents au mortier et plus de vingt conseillers se jetèrent dans la foule pour s’échapper.
Au contraire, après avoir paru en maître, et pour ainsi dire régné sur la scène, il venait, disciple docile, chercher à s’instruire dans nos assemblées, laissait, pour me servir de ses propres termes, laissait ses lauriers à la porte de l’Académie, toujours prêt à soumettre son opinion à l’avis d’autrui, et, de tous tant que nous sommes, le plus modeste à parler, à prononcer, je dis même sur des matières de poésie1… Extrait du discours prononcé à l’Académie française, le 2 janvier 1685, pour la réception de Thomas Corneille2.
Folles opinions relatives aux éclipses.
Il faut en toute occasion témoigner une grande confiance au correspondant ; de cette manière on le dispose favorablement ; car vaudrait-il effacer par un refus la bonne opinion qu’on a de lui ?
Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare ; et, quoique j’eusse très-bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point connu.
Si l’on a bonne opinion de lui, il en est reconnaissant ; sinon, il se renferme en lui-même et se rend la justice qu’on lui refuse.
Je le crois, et je dis tout de suite que, dans mon opinion, cette qualité c’est l’intelligence.
Les mœurs considérées dans l’orateur consistent dans les qualités propres à lui concilier l’estime et l’affection, et à donner de son caractère une opinion favorable. […] Nous avons indiqué dans la première partie les diverses opinions des rhéteurs sur l’usage des divisions. […] La honte a peu d’empire sur leur âme, qui, moins sensible à la gloire qu’à l’intérêt, compte pour rien l’opinion. […] Nous oublions, comme lui, l’Europe qui nous écoute ; nous oublions la postérité dont l’opinion déjà se prépare. […] Peinture des variations infinies de la raison humaine et de l’incroyable mobilité de ses opinions.
« Aimons donc la patrie, soyons soumis au sénat, prenons les intérêts des gens de bien ; oublions les avantages présents, pour ne nous occuper que de la gloire à venir ; regardons comme le plus utile ce qui sera le plus juste ; espérons tout ce que nous voudrons, mais supportons tout ce qui nous arrivera ; pensons enfin que, dans les grands hommes, le corps seul est mortel, que les conceptions de leur âme et la gloire de la vertu sont éternelles ; et si nous voyons cette opinion consacrée dans la personne d’Hercule, ce héros vénérable, dont l’immortalité même vint, dit-on, recueillir l’âme et les vertus, dès que les flammes du bûcher eurent consumé son corps, nous devons croire aussi que ceux qui, par leurs conseils ou par leurs travaux, ont défendu, accru, sauvé une république aussi florissante, sont parvenus à une gloire qui ne mourra jamais ».
Ce jugement porté sur Isocrate, qu’un ingénieux helléniste appelait « la plus nette perle du langage attique », peut paraître trop sévère ; mais l’opinion exprimée ensuite sur Démosthène est d’une grande vérité.
Incapable de mener à fin un bon livre, il excellait pourtant à tracer en courant de belles esquisses ; mais ne lui demandons ni la tenue, ni l’équilibre du bon sens : sa plume est aussi téméraire que ses opinions ; un sophiste et un rhéteur se cachent sous l’artiste et le savant.
Enfin, à quarante ans, après une maladie noire causée par ses longues épreuves, il publie les Études de la nature (1784), œuvre originale dont le succès le tire de l’indigence et le rend le favori de l’opinion.
Si le gouvernement avait la moindre habileté, le roi se déclarerait populaire au lieu de susciter les défiances de l’opinion.
Il disait : Si quelque pouvoir sur la terre pouvait, ou si le grand pouvoir au-dessus de la terre voulait élever le drapeau de l’infaillibilité en fait d’opinions politiques, il n’y a, parmi les habitants de ce globe, pas un être qui fût plus empressé que moi d’y recourir, aussi longtemps que je resterai le serviteur du public.
Le poète et l’orateur en définissant un objet, ne le peignent souvent que du côté favorable à l’opinion qu’ils veulent en donner ; de là vient que de la même chose il peut y voir plusieurs définitions différentes et dont chacune aura sa vérité et sa justesse relativement à l’intention de l’écrivain. […] On doit caractériser la nature du fait, l’esprit d’une expédition, les motifs d’une entreprise, en donnant à chaque personnage sa part d’éloge ou de blâme, en évitant de juger avec passion, et en rapportant même les choses qui seraient contraires à nos opinions.
On a imaginé, il y a longtemps, que la nature agit toujours par le chemin le plus court, qu’elle emploie le moins de force et la plus grande économie possible ; mais que répondraient les partisans de cette opinion à ceux qui leur feraient voir que nos bras exercent une force de près de cinquante livres pour lever un poids d’une seule livre ; que le cœur en exerce une immense pour exprimer une goutte de sang ; qu’une carpe fait des milliers d’œufs pour produire une ou deux carpes ; qu’un chêne donne un nombre innombrable de glands qui souvent ne font pas naître un seul chêne ? […] D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indigues et du peintre et du coloris ; que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche.
Un exemple seulement pour montrer que d’idées et quelle variété d’idées et par là même d’expressions fait naître l’observation approfondie du caractère d’un peuple, modifié par l’opinion dominante, religieuse ou politique, de l’époque.
Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend.
Les larmes coulent, et tous les cœurs approuvent l’opinion de l’orateur quand il descend de la tribune.
Il le rendra bienveillant, si l’orateur donne à ceux qui l’écoutent une bonne opinion de son caractère, s’il parle avec probité, franchise et modestie ; il le rendra attentif, s’il fait envisager l’affaire dont il parle comme importante et capable d’intéresser la société.
Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps.
Ce qu’il y a de vrai dans cette opinion, c’est qu’une œuvre d’art n’est belle qu’à la condition d’être vivante, et, par exemple, la loi de l’art dramatique est de ne point mettre sur la scène de pâles fantômes du passé, mais des personnages empruntés à l’imagination ou à l’histoire, comme on voudra, pourvu qu’ils soient animés, passionnés, qu’ils parlent et agissent comme il appartient a des hommes et non à des ombres.
Malheur à qui pourrait mettre des opinions ou des préjugés en balance avec la patrie !
La narration possédera les couleurs de la vraisemblance, dit Cicéron, si elle s’accorde avec le caractère, l’intérêt, la condition, les mœurs des personnages, avec les circonstances des temps et des lieux, avec les opinions, les lois, la religion et les usages des différents peuples. […] Cependant, comme on doit avoir bonne opinion de ses amis, et leur donner bonne opinion de soi, il faut se surveiller sous le rapport des convenances, ne pas réserver les attentions uniquement pour les étrangers et les indifférents, et se bien persuader que le meilleur moyen de rendre les relations plus intimes et plus solides est de faire en sorte qu’elles soient toujours convenables, honnêtes et pures.
Ayez quelques heures dans la journée pour lire, et pour faire usage de vos réflexions. « La réflexion, dit un Père de l’Église, est l’œil de l’âme : c’est par elle que s’introduisent la lumière et la vérité. » « Je le mènerai dans la solitude, dit la Sagesse, et là je parlerai à son cœur, » c’est là où la vérité donne ses leçons, où les préjugés s’évanouissent, où la prévention s’affaiblit, et où l’opinion, qui gouverne tout, commence à prendre ses droits.
Attaquez, combattez ces choses ou ces hommes, si leur chute est nécessaire au triomphe des opinions que vous croyez justes et utiles et du parti que vous défendez, mais ne les raillez pas ; les respecter, c’est vous respecter vous-même.
L’architecture grecque a été, longtemps considérée comme la plus parfaite ; le moyen-âge a créé l’architecture gothique, à laquelle il a donné l’empreinte de sa foi ; et cet art, d’après l’opinion commune aujourd’hui, ne le cède ça rien au premier.
En un mot, c’est elle qui règne souverainement sur les esprits et sur les cœurs ; qui tantôt brise tout ce qui ose lui résister, tantôt s’insinue dans l’âme des auditeurs par des charmes secrets, et tantôt y établit de nouvelles opinions, ou déracine celles qui paraissent les mieux affermies.
Il trouve si douce la liberté d’opinion, qu’il ne cherche pas querelle aux dissidents.
Nous ne suivrons pas d’ailleurs Rollin dans l’histoire de ses charges universitaires, ni dans celle des disgrâces que lui attirèrent ses opinions jansénistes. […] Il pressa les flancs de sa mule, qui, démentant l’opinion que j’avais d’elle, prit tout à coup un assez bon train. […] Les opinions prises, le Régent, se tournant vers M. le Duc : « Monsieur, lui dit-il, je crois que vous voulez lire ce que vous avez dessein de dire au Roi, au lit de justice ? […] A deux cents lieues de Paris, où il lui est interdit de rentrer, c’est vraiment lui qui règne sur l’opinion, qui la dirige à son gré, tantôt la soulevant avec raison contre des actes d’intolérance cruelle, trop souvent aussi l’entraînant à partager des colères dont l’âge avait encore augmenté la violence amère. […] Je la peuplais bientôt d’êtres selon mon cœur, et, chassant bien loin l’opinion, les préjugés, toutes les passions factices, je transportais dans les asiles de la nature des hommes dignes de les habiter.
3° Les témoins, qui servent à établir la vérité, d’après l’opposition ou la concordance de leur opinion, et suivant leur honorabilité. […] Ce sophisme dénature aussi quelquefois la question en prêtant à l’adversaire une opinion qu’il n’a pas. […] Elle prouve la justesse des opinions et des idées ; elle s’adresse au raisonnement et à la raison. […] Cette opinion sur le sonnet était tellement commune au xviie siècle que Lancelot, dans son Traité de versification française, déclarait qu’il n’y a guère d’ouvrages en vers plus beaux ni plus difficiles, et qu’il comprend à la fois la magnificence du style de l’ode et la grâce de l’épigramme. […] Quant au merveilleux chrétien, bien que Chateaubriand ait brillamment soutenu dans son Génie du christianisme une opinion contraire à celle de Boileau, il ne semble pas devoir fournir aux poètes épiques de l’avenir une matière nouvelle et féconde.
Dii me deæque pejus perdant quam perire me quotidie sentio, si scio. » L’histoire ajoute : « Adeo facinora atque flagitia sua ipsi quoque in supplicium verterant. » Les saintes Écritures, et les saints Pères qui les expliquent, sont partout de l’opinion de l’histoire, et ne trouvent point de pareil supplice à celui de la conscience. […] Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés, en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps. […] Il y avait là 500 millions dont on pouvait disposer sans inquiéter les consciences ni agiter l’opinion ; Necker en demandait dix fois moins pour mettre en équilibre le budget de la monarchie. […] Washington a été le représentant des besoins, des idées, des lumières, des opinions de son époque ; il a secondé, au lieu de contrarier, le mouvement des esprits ; il a voulu ce qu’il devait vouloir, la chose même à laquelle il était appelé ; de là la cohérence et la perpétuité de son ouvrage.
Point de flatterie d’ailleurs, si ce n’est fine et convenable ; recourez à la crainte de l’opinion, appuyez ou combattez les préjugés, etc.
On conçoit, en effet, d’après tout ce qui a été dit, que la noblesse varie nécessairement d’après les époques, les lieux, les circonstances, les convenances de personnes et de choses ; que ces nuances se multiplient à l’infini ; que la même idée, la même expression a pu être tour à tour anoblie ou avilie par l’opinion ; qu’ainsi il est à peu près impossible de prononcer à cet égard, quand il s’agit des anciens et des étrangers.
On a généralement mauvaise opinion de leur caractère, et leurs griffes leur ont fait beaucoup d’ennemis ; mais il faudrait aussi se rendre justice.
Cette puissance, la plus grande de celles qui ont jamais eu leur fondement dans l’opinion, l’accompagna jusqu’à ses derniers moments, où il se vit salué par l’enthousiasme d’une foule enivrée, qui applaudissait en lui au triomphe des idées nouvelles.
Une amitié posthume 13 Quoyque des fines gents14 se moquent du soing que nous avons de ce qui se passera icy aprez nous, comme nostre ame, logee ailleurs, n’ayant plus à se ressentir des choses de ça bas15, j’estime toutes fois que ce soit16 une grande consolation à la foiblesse et briefveté de cette vie, de croire qu’elle se puisse farmir1 et alonger par la reputation et par la renommee ; et embrasse tresvolontiers une si plaisante et favorable opinion engendree originellement en nous2, sans m’enquerir curieusement ny comment, ny pourquoi.
L’extrême rigueur dont on usa envers Fouquet, la justice exceptionnelle à laquelle on le livra, la partialité de quelques commissaires, l’âpreté des vengeances politiques, qui n’allaient à rien moins qu’à demander sa tête, les lenteurs et les péripéties du procès, qui dura plus de trois ans à instruire, tout concourut à retourner l’opinion et à gagner à l’accusé la pitié universelle.
Qu’importent les pensées, les opinions ?
Le roi et toute la cour savent le scrupule que je me fais d’y aller9, et ils auraient très méchante opinion de vous, si, à l’Age où vous êtes, vous aviez si peu d’égards pour moi et pour mes sentiments. […] Dans l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui entra jamais dans l’esprit humain, savoir : que tous les droits de la société sont suppléés par la bravoure ; qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur ; qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité ; que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le lue.
Elle n’agit pas seulement sur les manières, mais sur l’esprit et le cœur ; elle rend modérés et doux tous les sentiments, toutes les opinions et toutes les paroles.
Ces vérités reconnues, et les exemples qui les confirment bien considérés, je ne puis trouver étrange qu’un livre qui me dit des injures ait été reçu avec faveur ; et pour cela je n’en ai pas meilleure opinion du livre, ni plus mauvaise de moi. […] Que si vous voulez demeurer dans votre opinion, je n’entreprends pas de vous l’arracher par force. […] Il veut être le premier de son opinion, et qu’on attende par respect son jugement. […] c’est l’opinion reçue dès l’enfance, et établie par le sentiment unanime de la nation, qu’un gentilhomme sans cœur se dégrade lui-même et n’est plus digne de voir le jour. […] Il suffisait pourtant à sa gloire d’être le talent le plus universel, le plus brillant et le plus fécond écrivain du dix-huitième : siècle : son ardente ambition voulut encore renouveler les opinions humaines ; il déclara la guerre aux plus saintes, aux plus inébranlables vérités.
Si vous m’avez, sous ces différents rapports, accordé quelque supériorité sur les autres, et si je dois à cette opinion flatteuse votre déférence à mes avis, pourquoi donc me faire un crime aujourd’hui d’une guerre que vous avez jugée indispensable ?
Si cette explication nous paraît contestable ou incomplète, si Vico, Herder et notre siècle cherchent ailleurs la clé des événements, l’idée de Bossuet, parfaitement en harmonie d’ailleurs avec l’opinion de son époque, était en même temps éminemment propre à donner à son livre l’unité littéraire.
Je trouve en moi une si grande douceur, un tel éloignement des extrémités, une constance si simple dans des opinions modérées, qu’en regardant ce qui est sorti d’un fond si pacifique, je ne puis m’en étonner assez.
Qu’il s’agisse de défendre sa vie ou son opinion, de faire punir un coupable ou condamner un rival politique, les moyens sont les mêmes dans les deux pays.
Nous sommes le jouet de fausses opinions. — 11. […] Empédocle se trompe sur beaucoup de points, et surtout il se fourvoie honteusement dans ses opinions sur les dieux. — 5. […] Cicéron [illisible chars][texte coupé] énuméré les opinions des philosophes sur la nature de dieux, à partir de Thalès de Milet. — 7.
Finissons ce sujet en rapportant l’opinion d’un de nos plus purs écrivains du xvie siècle, Balzac qui a donné à notre langue une élégance et une harmonie qu’on n’avait avant lui rencontrées dans aucun ouvrage en prose.
Il faut faire parler les personnages selon leur caractère, selon les opinions qu'ils ont émises dans la société ou dans leurs écrits. […] Le dialogue renferme une idée grande, noble ou singulière, contredite ordinairement par l'un des interlocuteurs : à la fin, l'opinion vraie ou morale doit demeurer victorieuse ; et celui qui l'a combattue, doit être amené graduellement à l'adopter.
Les diverses opinions que nous venons d’exposer nous font voir que certaines règles de l’art dramatique peuvent être considérées sous des points de vue divers. […] Cette opinion peut être celle d’un peuple sans délicatesse, qui ne demande qu’à être ému.
Tous les hommes, en effet, inspirés par l’intérêt et la passion, savent jusqu’à un certain point attaquer ou défendre une opinion ; mais les uns le font par instinct, sans règle ni méthode, et s’égarent, si l’intérêt et la passion les aveuglent au lieu de les éclairer. […] Lors même que l’orateur ou l’écrivain s’en passe tout à fait, et qu’il entre immédiatement en matière, c’est qu’il s’adresse à des esprits déjà préparés et instruits ; il continue une discussion, il réplique, il réfute des opinions exprimées avant lui. […] Ce sophisme ou paralogisme consiste à fausser la question en démontrant ce qui n’est pas contesté, ou ce qui est hors du sujet ; ou bien encore à imputer à l’adversaire une opinion qui n’est pas la sienne.